La Suède n’est pas le seul pays à subir les aléas de l’énergie éolienne (voir précédent billet). Le Texas a dû procéder à des coupures de courant. Plus d’un million de personnes sont chez elles sans électricité alors qu’une vague de froid historique frappe l’État. En Europe la douceur revient sur l’ouest pendant que la vague de froid se déplace vers la Turquie (image 2 Windy, clic pour agrandir).
Selon La Chaîne Météo les températures inférieures moyennes sont pulvérisées:
« Les températures vont littéralement s’effondrer jusqu’à près de -25°C au nord du Texas. … des températures inférieures de 20°C aux moyennes… »
« Les -20°C pourraient être frôlés dans la région de Dallas mardi matin : il s'agirait d’un record de froid absolu. … Il s’agira de la plus longue période sans dégel jamais observée avec des températures inférieures de 10 à 20°C aux moyennes de saison. »
Et là, mauvaise surprise: les éoliennes flanchent. Elles n’aiment pas le froid.
« Le Conseil de fiabilité des équipements électriques du Texas (ERCOT) a signalé dimanche la panne de la moitié des éoliennes de l’État dont les turbines étaient gelées. Cela a entraîné une perte de 12 000 mégawatts. »
On peut tenter de se consoler en pensant qu’une vague de froid dure seulement une, deux ou trois semaines. Et ce n’est pas tous les hivers. Quoique ce n’en soit pas loin, tant les vagues de froid et les hivers glaciaux se succèdent aux États-Unis année après année.
Mais même une, deux ou trois semaines c’est beaucoup. Beaucoup trop pour les industries, les hôpitaux, les centres de recherche, les communications, les transports, et tout ce qui ne peut se passer de courant sans subir des dégâts considérables et impacter nos existences.
Le contenu de notre congélateur peut être mis aux pertes et profits, de même que votre ordinateur quand, subissant des coupures régulières, il s’arrêtera de manière répétée ou en pleine installation d’un nouveau système. Mais les passagers des avions en cours d’atterrissage?
J’espère que certains services sont branchés sur des réseaux différents de ceux du public. On ne peut imaginer une tour de contrôle éteinte et sans moyen de communiquer avec les pilotes. On espère que le risque de pénurie est prévu (c’est normal) même s’il introduit une discrimination entre les humains prioritaires et les autres (c’est moins normal) et s’il favorise une société à plusieurs vitesses.
Des éoliennes résistantes au froid commencent à exister. Elles sont plus chères. On peut aussi utiliser des générateurs individuels lors des coupures, sauf qu’ils fonctionneront aux hydrocarbures.
Ou mieux: on peut garder des centrales à gaz, à charbon ou nucléaires, dont la production est stable et pilotable, dans un esprit de pluralité des ressources. Une pluralité que ce genre d’incidents avec les éoliennes rend nécessaire.
Certes la technologie évolue rapidement. Celles de ces turbines à vent s’améliorera. Mais dans leur nature même le défaut existe: leur production est aléatoire, intermittente.
Et c’est un défaut majeur, rédhibitoire pour une société qui nous apporte tant de bienfaits: santé, sécurité, créativité, etc.
On assiste au retour d’une société à coupures. Avec l’intermittent, l’accès à l’énergie deviendra rationné.
Quelques semaines par an, est-ce supportable? Non, d’autant que la récurrence d’hivers très froids aux USA laisse penser que cela continuera et pourrait même s’accentuer.
« Les plaines du sud se préparaient à affronter les conditions hivernales pendant la majeure partie du week-end. »
« Au Kansas, où le refroidissement éolien a chuté à moins 30 degrés Fahrenheit (moins 34 degrés Celsius) dans certaines régions, la gouverneure Laura Kelly a déclaré l’état de catastrophe. »
Mais aussi selon la Chaîne Météo (images 1):
« A Houston, toujours au Texas, la température devrait plonger entre -10 et -15°C ce mardi matin. »
« On relève déjà plus de 50 cm de neige cumulée au sol à New York depuis le début février, soit un record d'épaisseur de plus de 100 ans. »
Cet hiver est particulièrement froid et neigeux en de nombreuses régions de l'hémisphère nord. L’Espagne il y a quelques semaines, les États-Unis, la Russie, les pays nordiques, l’Allemagne, la France.
Mais la grande chaleur ne convient pas mieux aux éoliennes. Toujours au Texas, en 2019:
« Au plus fort de l’été, les journées écrasées par 42° à l’ombre, voient la demande d’électricité monter en flèche, les ménages et les entreprises mettent leurs climatiseurs en marche. Et dans cette configuration, la très faible production de l’éolien est devenue un véritable casse-tête. »
C’est compliqué. Si je comprends bien, les éoliennes fléchissent quand on a le plu besoin d’elles. Comme cet hiver en France. 9’000 éoliennes se sont trouvées en panne. C’était la configuration la plus improbable selon les fabricants.
Pourquoi? Parce qu’un anticyclone d’hiver, stable et immense, a éteint le vent sur presque toute la France. Ce qui n’aurait jamais dû arrivé était là. L’Info du Jour n’est pas tendre avec la politique énergétique française, dont il dénonce ce mythe:
« Le 7 janvier 2021 au matin, pour une puissance installée voisine de 14.000 MW, les éoliennes ont fourni 946 MW soit 1% du total de la consommation électrique des Français. »
Cette réalité balaye tous les mensonges perpétrés depuis des années par l’agence de maitrise de l’énergie (ADEME) et les promoteurs qui se targuent du nombre de milliers de foyers qu’une nouvelle éolienne va alimenter en affirmant qu’il y aura toujours du vent quelque part du au « foisonnement » qui garantira la production du parc éolien français. »
En principe l’éolien doit assurer 23% des besoins de la France depuis 2020 (il était à moins de 7% en 2019):
« Les objectifs fixés dans la loi sont ambitieux. Elle prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d’énergie en 2020, et à 32 % en 2030. »
On en est loin, et madame la ministre verte Barbara Pompili a annoncé la couleur: la société verte sera celle du rationnement. Un des plus mauvais scénarii qui puisse être imaginé:
« Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a averti que cet hiver la France pourrait devoir faire face à des coupures d'électricité. Un tel scénario, inimaginable jusqu'alors en raison de l'indépendance énergétique fournie par le nucléaire, pourrait devenir commun avec le projet de faire dépendre le pays uniquement des renouvelables et de l'hydrogène vert d'ici 2050. »
Ainsi on apprenait en janvier dernier que:
« Nous avons frisé la rupture et nous avons pu faire face grâce à l’hydraulique qui marchait au maximum, aux centrales à gaz et aux importations » précise Jean-Louis Butré, Président de la fédération Environnement Durable et expert du groupe Energies & Vérités qui alerte le gouvernement. »
La société française paie le prix du kW/h éolien le double du marché. EDF paie la différence. Une éolienne terrestre moyenne (2Mw, 150 m de hauteur) coûte environ 3 millions d’euros. Elle n’est pas rentable au prix du marché. Selon une étude de la Fondation iFRAP qui analyse les politiques publiques:
« En 2018, le coût brut de l’électricité éolienne terrestre est 2 fois supérieur à celui de la moyenne de la production en France, 3 fois pour le coût complet en tenant compte de son caractère intermittent et aléatoire. Des possibilités de baisse de coût existent, mais aussi des risques de hausse. Pour que la promesse d’une production éolienne compétitive se matérialise, il faudrait que les baisses l’emportent fortement sur les hausses. »
Ce n’est pas le cas et le risque de hausse se situe à + 10% par an (image 6, selon l’iFRAP).
Jean-Louis Butré, cité précédemment, accuse:
« … depuis des décennies la politique énergétique de notre pays a été un exemple de réussite qui nous a permis d’avoir l’une des électricités les moins chères d’Europe, nous procurant ainsi un avantage compétitif. Ce succès de nos ingénieurs et de nos responsables politiques n’est plus qu’un souvenir tant les efforts du lobby écologiste ont détruit avec constance cet atout national. »
Même si l’intermittent contribue pour une part grandissante dans la production de courant, il faut prendre ses précautions et faire comme dans « le monde d’avant »: avoir un générateur et de l’essence. Et ne pas s’y livrer les yeux fermés.
Clic sur les images pour les agrandir.
Image 5, montage: ce qu’il faut d’éoliennes pour remplacer la centrale nucléaire de Flamandville.
Commentaires
En lisant ce billet, j'étais intriguée d'apprendre qu'un état comme le Texas, producteur de pétrole et gaz naturel était passé à une production significative d'électricité éolienne.
Il s'avère que l'éolien représente env. 20% de la production totale. Gas naturel env.50%, charbon 19%, nucléaire env.10%. Le solaire seulement 1 %.
https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_power_stations_in_Texas
Je me suis demandée si la mise hors-service du 20 % suffisait pour créer le chaos.
Il semblerait que le problème touche également les autres générateurs d'électricité.
Voici ce qu'en dit The Independent :
https://www.independent.co.uk/news/world/americas/tucker-carlson-texas-storm-blackouts-green-energy-b1802927.html
"About half of Texas’s wind turbines froze over this weekend, according to earlier reports.
Texas wind farms typically generate a total of 25,100 megawatts of energy, the Austin-American Statesman reported. On Sunday turbines accounting for 12,000 megawatts had iced over, ERCOT, which manages the state’s power grid, confirmed.
However the turbines don’t typically operate at full capacity in winter, MRT noted, adding that strong winds were turning the state’s “unfrozen coastal turbines at a higher rate than expected, helping to offset some of the power generation losses because of the icy conditions”.
La moitié des éoliennes a gelé.
Sur la côte, les éoliennes tournent en fait plus vite que d'habitude à cette saison à cause de la tempête. La moitié du parc total est en fonction et contribue plutôt à améliorer la situation.
"Experts also said that the rolling blackouts were actually caused by the cold weather slowing down the production of natural gas, a fossil fuel, as the liquid is freezing inside of pipelines, which are not made for the current conditions in the state.
Energy policy reporter Molly Christian at S&P Global tweeted that climate consultancy ICF said while ERCOT’s wind output “is slightly below expectations... the main supply issue is lack of available thermal generation (both gas and coal) due to freezing conditions”.
Dr Emily Grubert, assistant professor of Civil and Environmental Engineering at the Georgia Institute of Technology, tweeted: “Let us be absolutely clear: if there are grid failures today, it shows the existing (largely fossil-based) system cannot handle these conditions either."
Le plus gros problème réside dans le fait que le gas gèle dans les pipelines et ne permettent pas d'alimenter correctement les centrales thermiques classiques. Le problème ne provient donc pas uniquement du 10 % d'éolien hors-service.
Votre démonstration, Hommelibre, est excellente, et ne laisse pas de place au doute, il me semble. Avec les verts et leurs nombreux alliés, l'Occident fonce droit dans le mur! J'aime bien la dernière citation de Jean-Louis Butré, elle dit tout! Ici, en Suisse, on nous prépare la même catastrophe, et pour quoi? Pour rien, je le crains. Bien à vous!
@ calendula:
Alors vive la tempête!
N'empêche, ce que l'on constate est que l'éolien est fragile, incertain, et, en terme de fiabilité et de permanence du service, ne remplace valablement ni le nucléaire ni le charbon.
La France quant à elle admet la politique d'interruption et de restrictions.
Je veux bien passer moins l'aspirateur, dont je ne suis pas un fan absolu, mais la question n'est pas vraiment là. La question est que nous dérivons vers une société non durable (parce qu'intermittente) au nom de la durabilité. Les gros et très gros consommateurs, comme certaines industries, ne peuvent tabler sur des coupures.
Le fait que cela arrive par défaut de conception et non par accident est très gênant. Déjà que les éoliennes sont tributaires des vents et de la météo qui évolue dans le temps, qu'il ne faut ni trop ni trop peu de vent, que le solaire fournit le moins quand il y a le plus besoin (le soir), je ne vois aucune solution à long terme hors d'un mix des ressources dans lequel la place de l'éolien et du solaire sera relativisée, alors qu'aujourd'hui elles sont présentées comme la solution.
Le dénominateur énergétique est que l'activité de la société doit durer et ne pas s'interrompre par pénurie.
@hommelibre,
Sans la tempête, ce serait probablement plus simple ... ;-))) Alors à mort la tempête !
Tout ce domaine de la production énergétique et des conditions climatiques ou météorologiques a quelque chose d'émotionnel. Ca touche fortement la vie des gens on a besoin de donner notre avis sur la chose, sans forcément en embrasser toutes les dimensions.
Longtemps, j'ai exercé un métier au sujet duquel tous et toutes avaient l'impression de comprendre les tenants et aboutissants et j'ai entendu toutes sortes de choses sincères, agressives ou bienveillantes, mais inopérantes dans le monde actuel. Ca m'a rendue prudente. A chacun son métier. Et personne ne contrôle tout
J'ai décidé ( comme avec le covid) que je ne me laisserai pas envahir par de sombres prédictions, car pour finir, on se retrouve devant des situations inattendues contre lesquelles on ne pouvait pas être armés. Une partie de nos contemporains est persuadée qu'on aurait malgré tout pu prendre plus de précautions, se préparer au pire et d'autres trouvent qu'on fait des histoires pour rien ou qu'on devrait faire l'exact contraire de ce que les autorités diverses et variées décident.
Comment trancher ?
Ainsi avec la production d'électricité. Faut-il s'en tenir aux méthodes éprouvées ou serait-il malin d'essayer de nouvelles approches, sachant que nous sommes environ 8 milliards sur Terre et que tous aspirent à une qualité de vie proche de la nôtre ? C'est un défi inédit.
En ce qui concerne les tentatives de développement d'énergies nouvelles, je me dis qu'il faut que le processus passe par l'amélioration par l'échec. On n'a pas inventé le train, l'automobile ou le téléphone parfait du premier coup.
La théorie et la pratique ne coïncident pas parfaitement et malheureusement, on ne s'en rend compte que par l'échec.
Pour prendre l'example des éoliennes, je pense qu'on pourra aboutir à un outil qui sera peut-être aussi éloigné du modèle actuel que l'est le natel du premier téléphone portable qui était lourd et encombrant.
Sur le sujet, ce dessin de presse du 17 février est génial (si vous cliquez sur le lien après cette date, il vous faudra revenir en arrière en utilisant la flèche de droite pour trouver le dessin du bon jour)
https://www.foxnews.com/politics/cartoons-slideshow
Pour complément d'information :
Si l'on veut comprendre pourquoi le Texas n'a pas importé d'électricité des états voisins, il faut prendre connaissance d'un fait : leur réseau est quasiment indépendant des réseaux nationaux. Le Texas fait cavalier seul depuis les années 1930 pour d'éviter d'être soumis à la régulation fédérale.
https://www.texastribune.org/2011/02/08/texplainer-why-does-texas-have-its-own-power-grid/
La dernière grande panne a eu lieu en 2011 et à ce moment-là, le Texas s'est fourni auprès du Mexique.
Beaucoup de Texans sont furieux parce que le gouvernement n'a pas obligé ERCOT à prendre des mesures pour isoler les installations contre le froid.
Le gouverneur Abott a essayé de mettre la faute sur l'énergie verte lorsqu'il a passé sur Fox news, alors que sur les chaînes de télé locales, il a admis que les installations de gaz avaient gelé.
Les Texans connaissent la situation de l'intérieur et savent qui est aux commandes depuis 20 ans dans leur état. Abott peut éventuellement se dédouaner auprès du reste des Etats-Unis, mais pas auprès de ses électeurs.
Je pose ces liens à tout hasard. J'avoue ne pas maîtriser grand chose dans le domaine du nucléaire...
https://lesakerfrancophone.fr/lindustrie-nucleaire-decrepite-des-etats-unis-promet-une-catastrophe
https://ratical.org/radiation/Chernobyl/C1Mcasualties.html