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Local et Global, l’aveugle et le sourd

Faut-il désespérer de l’Homme sur Terre? Un internaute exprimait ainsi son sentiment sous mon précédent billet. Il faut dire que voir toutes ces rivières de plastique couler indéfiniment sans qu’aucune solution n’apparaisse, c’est lourd dans le cœur.

 

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L’humanité avance entre autre par ses erreurs. Parfois elle va loin dans l’erreur avant de se reprendre. Par exemple la pollution. On ne voit pas tout de suite les effets d’un comportement polluant. 

On voit ce qui est près de nous, sous nos yeux. On s’éveille à la vie d’abord dans la proximité. Jeter une bouteille en plastique dans l’eau, ça fait plic. On ne voit pas où elle va alors cela ne nous concerne plus.

Je pense que ce fonctionnement est normal, mais il ne suffit pas. Il est normal car on ne peut penser à tout en même temps, ni même le voir. Conséquence: l’attention portée au Local nous empêche de voir le lointain, le Global. Nous sommes d’abord aveugles au lointain. 

Mais si la personne qui jette une bouteille dans l’eau la suit jusqu’au bout de son voyage, elle verra comment cette simple bouteille s’agglutine avec d’autres et finit par asphyxier l’eau, en plus de la rendre impropre à la consommation. 

L’attrait du Local c’est celui des fourmis, chacune occupée à  sa tâche spécifique. Dans la recherche de nourriture, chacune ne voit qu’un petit bout de la chaîne des actions et de leurs répercussions.

Le Local c’est la proximité, bien que sa vertu écologique soit amoindrie par la perte de diversité et de complexité économique qu’entraînent par exemple les circuits courts. C’est le homeland. C’est notre dimension naturelle.

C’est le chant d’un merle en haut d’un arbre en bourgeons. Le Local c’est Je et Tu. C’est Small is Beautiful. Tellement que l’on n’ose plus mettre un pied dans l’herbe de peur d’écraser des fourmis.

 

 

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J’ignore si certaines personnes ont spontanément un pressentiment du Global, ou si c’est seulement un apprentissage, une structure intellectuelle que l’on pose par-dessus l’égoïsme naturel et nécessaire du Local.

Le Global s’intéresse à ce qui se trouve au-delà du simple geste, de la vue immédiate. C’est une bonne chose que de réfléchir avant d’agir, et d’anticiper en tenant compte de l’expérience passée et des outils scientifiques.

Le Global tente de résoudre les problèmes que, sans le savoir, le Local génère. La masse de plastique dans les fleuves et les océans, c’est une somme d’actions locales accumulées au bout des courants.

Parce qu’il voit plus loin le Global pense savoir mieux et plus. Fort de sa bonne vision il veut alerter le Local sur les conséquences de ses actions. Cela ne se fait pas sans mal. Il est normal que le Local réagisse lentement. Il croit à ce qu’il voit sous ses yeux.

Alors le Global se sent investi d’une mission d’éducation qui passera par des lois, des règlements, des contraintes diverses, mélangeant le goût personnel pour le pouvoir avec le prétexte de servir une noble cause. Parfois ce sera au détriment des intérêts locaux. Le Global est le dirigeant politique qui a dépassé le stade de Maire. Il voit en grand. Il commence à penser pour tout le monde.

Le Local a l’habitude que les Globaux décident pour lui. On lui impose des autoroutes, des usines, et toutes sortes de choses qui écrasent beaucoup de fourmis.

Mais le Global a un défaut: il est sourd. Il n’entend pas les cris du Local, du petit, des fourmis. Il ne voit que l’image sur plan de la cité heureuse qu’il veut construire, et des bulldozers et grues qui permettront de l’édifier. Et sur plan, tout va bien.

 

C’est tout, il n’y a pas de morale à cette fable.

 

 

Catégories : Environnement-Climat, Philosophie, Politique, société 8 commentaires

Commentaires

  • Je pense que les fourmis s'en tireront sans trop de dommage. Sauf les fourmis vertes, qui seront très déçues.
    P.S. J'écris de Genève en Suisse, où il n'y a pas, contrairement à l'Australie, de fourmis vertes au sens premier.

  • Je découvre les fourmis vertes grâce à vous. D'après ce que j'ai lu je n'irai pas planter ma tente à côté...
    :-)

    Comptine australienne:
    "Une fourmi verte..."

  • https://lilianeheldkhawam.com/2021/03/05/un-passeport-vert-pour-un-etat-mondial-numerise/

  • Hola John,
    Avoir des lunettes "double foyers" , de près, de loin. (Maintenant on appelle progressifs ces verres.)

    Deux visions indispensables, complémentaires....

    À propos de fourmis, je ne vois plus jamais de fourmis rouges...y en a-t-il en Suisse ?

    Bon week-end, hasta pronto.

  • Hola Colette,

    Ah les verres progressifs, encore une belle invention..

    Deux visions complémentaire oui, qu'il faut articuler, ajuster.

    Pour les fourmis rouges, il me semble qu'elles vivent plutôt en forêt. Cela fait un moment que je n'en ai pas vu non plus, mais je n'y ai pas spécialement porté attention ces dernières années. Si je trouve quelque chose je vous dirai.

    Bonne soirée, bon week-end. Ici encore frais (courant de nord-est, l'écharpe n'est pas de trop) mais très beau.

  • On pourrait envisager une pédagogie sur ce modèle: aller du près au loin en suivant le parcours et les étapes. On trouve des docus ou émissions qui montrent tout le cycle de vie d'un objet. On pourrait y ajouter les implications multiples que cet objet et son cycle génèrent, en soulignant les risques et inconvénients mais aussi les bienfaits.

    On aurait ainsi une vue non clivée, en plusieurs dimensions, avec les moyens de faire la part des choses.

  • Comme la pollution de l'air ou de l'eau ne peut être arrêtée par les frontières des hommes, il est indispensable d'envisager les choses d'un point de vue global. Même si notre regard ne porte pas naturellement plus loin que notre cercle immédiat ( ne parlons pas du bout de nos nez !), on est désormais capables non seulement d'aller à l'autre bout de la Terre, mais aussi de concevoir des dimensions qui nous dépassent. En tout cas en Occident.
    Bien sûr, il y a des problèmes ponctuels partout, à résoudre localement, mais comme beaucoup de phénomènes, la pollution ne peut pas être envisagée que par le petit bout de la lorgnette.
    Avec le covid, c'est pareil. Il faut à la fois des mesures locales et internationales.

  • C'est exact, il faut voir les conséquences de nos actes au niveau mondial. La fourmi n'est qu'un animal qui, instinctivement, arrange son environnement en fonction de ses intérêts. Un peu comme nous au niveau local, sauf que l'être humain est capable de comprendre qu'il faut dépasser ce stade. C'est là que l'intelligence intervient, par l'information scientifique, l'éducation, la pédagogie et l'anticipation. Faisons confiance à cet avantage que nous avons sur les animaux, même si nous sommes les premiers pollueurs de la planète.

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