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L’exemplarité ou la République du diable

Élus, élues, ne soyez pas trop exemplaires. Pourquoi vous demanderais-je l’exemplarité alors que j’ai moi-même des kilomètres de défauts, comme la plupart des humains? Je ne veux pas vous mettre au-dessus de moi. 

 

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Je ne veux pas non plus prendre le pouvoir sur vous en vous demandant d’être parfaits et en guettant le moindre de vos faux-pas. 

Je déplore certes la corruption, qui nuit gravement à la démocratie. Profiter d’un mandat électif pour obtenir des avantages personnels détruit l’égalité devant la loi. Mais j’accepte une marge d’erreur de l’élu ou l’élue, et je suis clément si la chose reste dans des proportions acceptables.

D’un point de vue strict j’ai tort. Même se faire payer un repas peut créer un lien personnel, qui ensuite peut influer sur des prises de décision politiques. En politique rien n’est innocent. Une petite corruption peut mettre les élus en position de dépendance.

Mais j’ai aussi raison car les bonnes décisions n’émergent pas d’une simple idéologie ou de l’application stricte d’un programme mais de la connaissance des humains et de relations de confiance établies entre les dirigeants de différents pays ou régions, ce qui suppose une certaine proximité. Laquelle proximité peut parfois prendre un tour équivoque.

 

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Être exemplaire met l’individu dans une grande pression. Il doit accomplir plus que son mandat: il doit satisfaire un besoin de morale publique. Cela exacerbe la tendance à la soumission aux électeurs et électrice. 

Il est difficile de reconnaître la douloureuse imperfection humaine.

Je ne vous demande donc pas d’être exemplaires. Pour moi il suffit que vous suiviez la loi. Elle contient ce qu’il faut comme limites et garde-fous.

Ne soyez pas des héros de l’exemplarité. Intégrité, soit le fait de rester indépendant malgré les diverses pressions, me paraît préférable. On peut être intègre sans avoir vocation d’exemplarité. Non, s’il vous plaît, ne soyez pas exemplaires.

D’abord cela me donnerait des complexes. Ou pire, je glisserais en dépression tant l’écart entre vous et moi sera grand. Mon estime de moi ne survivrait pas à l’accablement produit sur ma petite personne par la perfection indomptable de votre grandeur morale. Vous voir me serait rapidement insupportable.

 

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Ensuite, j’avoue que je me méfierais plus de vous si vous prétendiez être exemplaires que si vous faites simplement, honnêtement, votre boulot. Vos erreurs vous humanisent et me rassurent.

Enfin, j’admets préférer une république où l’on ne fait pas trop cas d’erreurs ou de fautes humaines classiques, sans proportions démesurées ni privilège personnel outrageant.

La république exemplaire ne peut conduire qu’à une forme d’intégrisme et de chasse aux sorciers et sorcières.

L’exemple devrait être dépouillé de sa charge moralisatrice et ne demeurer qu’une simple technique de transmission (parents-enfants par exemple): je fais et je te montre. Je ne cherche pas l’exemplarité.

Celui (ou celle) qui met l’exemplarité en avant comme une vertu cardinale est très exposé à la critique. Aucune erreur ne lui est permise. Au moindre faux-pas il sera crucifié sur l’autel du Bruit Médiatique. Et ceux qui le cloueront seront peut-être les pires salauds ou salaudes de la Terre. On l’interpellera au nom d’une morale qu’ils revendiquent – mais qui vérifient qu’ils la pratiquent?

Là où est l’ange, le démon n’est pas loin. Derrière la notion d’exemplarité il y a un diable ou une diablesse ricanant avec sa fourche de feu.

Je préfère la République de l’erreur à la République du diable.

 

 

Image 1 MAP

Image 2 DDC

 

Adepte anonyme des rézos soso reprochant à un élu "exemplaire" de trop regarder le décolleté de la journaliste qui l'interroge sur une invitation dont il a bénéficié et faite par la mairie de Montcuq:

 

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Catégories : Philosophie, Politique 3 commentaires

Commentaires

  • Certains veulent excuser des corrompus brillants.
    Or le corrompu interfère dans le fonctionnement de l'Etat jusqu'à le corrompre, c'est une question de temps. C'est le cancer de la démocratie.

    Celui qui trompe sa femme ne m'intéresse pas. Celui qui met en danger une saine démocratie oui. Et lorsqu'un corrompu minimise ses actes, on voit le danger du personnage sur la démocratie.

    Ce n'est pas l'exemplarité morale qui est demandé, mais l'exemplarité du gardien de la démocratie.

    Le pourri nuit aussi à la confiance du peuple envers ses institutions, et par conséquent déstabilise la société. L'exemplarité est donc bien sûr nécessaire.

  • J'ai vu récemment une vidéo où Jean Dominique Michel citait Albert Jaquard :
    "Nous sommes en train de construire une réalité excessivement dangereuse, en privilégiant l'accession aux poste de responsabilités, soit des gens hyper conformes, soit des gens hyper-compétitifs dépourvus d'empathie"

    Il enchaîne " effectivement on voit un ensemble de dirigeants franchement pervers au sens sociopathique du terme entourés de la lâcheté de ceux qui sont conformes qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts"

    Je crois que ceci définit très bien la réelle problématique actuelle.

    Ces conformistes peuvent bien se montrer exemplaires, c'est pour la façade ! Quant aux autres, ils semblent très bien assumer leurs travers narcissiques. Ni les uns ni les autres ne sont souhaitables.

    L'intégrité républicaine n'est actuellement que très très peu représentée pour l'instant dans le monde politique français.

  • Cela vaut la peine de l'entendre dans son entièreté d'ailleurs:

    C'est à 57'30''


    https://infovf.com/video/krusiere-amuse-jean-dominique-michel-slobodan-despot-edouard-broussalian-2021--8411.html

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