Il est largement admis que la période de l’an 900 à 1300 environ était au moins aussi chaude qu’aujourd’hui. Jusqu’à 2° de plus qu’au XXe siècle. Des recherches récentes attribuent ce refroidissement à des volcans.
À cette période et à d’autres périodes chaudes que l’actuelle, les glaciers avaient reculé autant qu’aujourd’hui. Prenons le glacier d’Aletsch, le plus grand d’Europe. Selon cet article bien documenté: « Il y a 2 900 ans par exemple, des mélèzes poussaient en rive droite vers 2 200 m au bord d’un glacier encore plus réduit que de nos jours. »
Comme les températures, les glaciers font du yoyo. Celui d’Aletsch n’y manque pas. Sa plus grande extension sur une période de 3’300 ans est récente. Elle date de 1850 (image 2, d’après Holzhauser et Zumbühl, 2003).
On le voit bien: le PAG est une période exceptionnelle, froide, où le glacier atteint des longueurs elles aussi exceptionnelles et anormales en regard des moyennes d’il y a 2’000 ans et plus.
L’une de ces avancées de glace a inquiété les habitants de la région. Suffisamment pour qu’ils y mêlent la religion:
« En effet, inquiets devant la progression continue du glacier qui n’a pas ménagé leurs bisses, voici que les habitants de Naters « enjoignent » la glace d’arrêter sa course afin d’épargner les alpages de l’Üssere Aletschji.
Les jésuites venus en renfort organisent une procession de « bannissement du glacier » avec deux pères prêchant pendant sept jours d’affilée.
Prières, chants, procession organisée jusqu’au front du glacier pour conjurer le Mal, le tout avec aspersion d’eau bénite, on sort les grands moyens pour impressionner le « monstre »… »
Une telle cérémonie de bannissement de glaciers avait déjà eu lieu en 1644 à Chamonix:
« … en mai 1644, les syndics de Chamonix, effrayés eux aussi de voir maisons et champs écrasés par les « horribles glacières », au premier rang desquelles le Glacier des Bois (aujourd’hui la Mer de Glace), mais aussi Argentière, le Tour, les Bossons, en appellent au coadjuteur de Genève, Charles de Sales, pour venir arrêter leurs ravages. (…) … la question devenait pressante car le Glacier des Bois menaçait purement et simplement de barrer l’Arve et d’inonder toutes les terres situées en amont. »
Nous sortons donc d’une période froide, très froide pour cette interglaciaire. Le PAG a laissé des famines et des épidémies massives. Alors que l’optimum médiéval avait permis d’augmenter les récoltes, la suite est davantage marquée par des disettes régulières dues au froid humide.
Mais qu’est-ce qui a causé ce PAG? Remontons d’abord plus en arrière avec l’image 3. Le réchauffement de l’Holocène a atteint son maximum en l’an 7890 avant le présent (BP).
Selon Carlton B. Brown, l’Holocène se refroidit depuis lors, et a déjà perdu 5° en 8’000 ans. Au point où ces derniers siècles (sauf le XXe) nous étions dans la phase la plus froide depuis plus de 10’000 ans. Cet auteur recommande d’ailleurs de bien évaluer le risque de refroidissement à venir avant de se priver des hydrocarbures.
Don J. Easterbrook, géologue, a utilisé et replacé les données de 10’000 ans du GISP2 ice core sur une droite qui représente la température mondiale en 1987 (image 4, se lit de droite à gauche). Nous étions en effet dans la période la plus froide de notre interglaciaire.
« Un dégel s’est produit depuis le petit âge glaciaire, mais les températures ne sont pas encore revenues au niveau où elles étaient pendant presque tout l’Holocène. »
Que s’est-il passé?
D’une part le soleil est invoqué. Une diminution de son activité magnétique va de pair avec une température globale plus basse. Cette activité est mesurée par la quantité de taches à la surface de l’étoile. Mais pas seulement.
L’analyse de certaines particules enfermées dans des glaces y contribue. En l’occurrence les deux types de mesures semblent corrélées. Et certaines particules liées à une baisse de l’activité solaire ont connu une variation importante:
« Par exemple, le taux de production des cosmonucléides a augmenté de 30 % à 50 % par rapport aux valeurs actuelles pendant le minimum de Maunder, tout comme la quantité de 14C archivée dans les cernes des arbres. »
D’autre part on évoque des éruptions volcaniques. Le point de départ aurait été une éruption « mégacolossale » en 1257, celle du Samalas (ou Mont Rinjani) en Indonésie. Il aurait craché des cendres jusqu’à 43 km dans la stratosphère. Son éruption
« … a enrichi la stratosphère en aérosols soufrés, qui ont alors réfléchi une plus grande partie du rayonnement solaire vers l’espace, ce qui a contribué au refroidissement progressif de l’hémisphère nord. Les particules en suspension se sont rapidement déposées, mais d’'autres mécanismes (nouvelles éruptions moins importantes, rétroactions diverses, etc.) ont pris le relais et ont donc maintenu le Petit Âge glaciaire durant encore plusieurs siècles. »
Cette hypothèse est troublante et ne fait pas l’unanimité. Une éruption volcanique refroidit la Terre pendant un an ou deux, rarement plus. Pour refroidir pendant des siècles faudrait alors de très fortes éruptions répétées, en chaîne.
Or les plus fortes entre l’an 1200 et l’an 1850, susceptibles de refroidir l’atmosphère, se comptent sur les doigts d’une main: Samalas, Kuwae, Huaynaputina, Laki, Tambora. Elles sont espacées de longues périodes, entre 100 et 200 ans.
Il n’y a pas là de raison de déclencher un refroidissement de 6 siècles. Les explications scientifiques ne sont ni convaincantes ni prouvées.
Par contre, si cette hypothèse devait un jour être confirmée, cela signifierait ceci, qui met à mal les théories alarmistes et réchauffistes: si des volcans ont fait baisser la température terrestre, elle devait donc à l’origine être plus haute.
Comme, par exemple, pendant l’optimum médiéval ou l’optimum romain. Cette température, et celle d’aujourd’hui qui s’en rapproche, serait la bonne température, la « normale ». Il n’y aurait dès lors pas de problème de réchauffement. Nous revendrions enfin à la normale.
La norme moyenne de la température terrestre ne serait pas de 14° ou 15°, mais de 1 ou 2 degrés de plus. Elle serait fixée non pas sur la médiane des températures, refroidissement compris, mais sur les périodes chaudes (puisque les périodes froides seraient des anomalies causées par des volcans ou une moindre activité solaire).
Dans cette hypothèse la Terre devrait éventuellement être plus chaude. D’ailleurs les périodes chaudes (minoenne, romaine et médiévale) se sont déroulées sans problème climatique majeur ni mise en danger du vivant. Au contraire elles sont associées à des périodes plutôt prospères.
Et si la norme était plus chaude? Une telle hypothèse serait dévastatrice pour les réchauffistes. Mais elle reste à explorer et à vérifier, si cela est possible.
Commentaires
Nous sommes en plein Saints de Glaces jusqu'à samedi, et on le sent!!!
Excellent article, comme toujours! Documenté, scientifique, équilibré, intéressant! Bref, à mille lieues de la doxa et des méthodes de martèlement univoques réchauffiste! Continuez, Hommelibre!
Merci Jacques. Je suis aussi un peu dans les archives avec ce thème!
:-)