Je prends quelques lignes pour surfer sur l’idée que j’écrivais dans mon précédent billet: faire de la Grèce un nouveau paradis en Europe. Les forêts y joueront un rôle majeur. Elle offriront un adoucissement des fortes chaleurs, des espaces de vie confortables, et pourquoi pas des créations extraordinaires.
J’ai à nouveau plongé dans l’Histoire pour sonder ce que nos aînés ont réalisé. À des époques épiques où l’on ne connaissait ni le pétrole ni l’électricité, où l’on ne disposait pas de bulldozers et de grues, les civilisations anciennes ont réussi des prouesses architecturales et environnementales.
Les romains ont construit des aqueducs impressionnants, comme celui d’Uzès à Nîmes (images 1 et 2). 50 km en pente douce, avec le célèbre Pont du Gard à mi-parcours. Des parties étaient souterraines, creusées dans la roche.
Environ 2’000 ans avant Rome, en Mésopotamie, Babylone dressait ses hautes murailles contre la hausse incontrôlable de la nappe phréatique qui l’inondait. Signe que même en région aride et très chaude (température estivale à l'époque moyenne de 110°F, soit 43°C), l’eau abondait grâce au fleuve Euphrate jamais à sec. Et signe également qu’une variation climatique régionale importante s’est produite sur une durée assez longue pour faire grossir le débit du fleuve et la nappe phréatique.
Canaux et réservoirs fournissaient de l’eau en permanence. Les cultures anciennes ont très tôt appris à gérer l’eau. L’irrigation a été décisive pour le développement des premières civilisations. Elles ont su la capter, la conserver, la piloter, avec des moyens technologiques incomparablement moindres que ceux dont nous disposons aujourd’hui.
Babylone est connue pour ses jardins suspendus (image 3, vision imaginaire, source). La réalité de cet ouvrage reste contestée. Mais nous pourrions nous en inspirer et, à partir de ce qui est peut-être un mythe, imaginer et transformer les grandes villes de Grèce en havres de quiétude et de bien-être.
Vincent Boqueho (32 ans) est astrophysicien et professeur de physique en classes préparatoires à Nice. Pour lui:
« … nous avons avancé une hypothèse : une société n’est pas motivée à faire preuve d’innovation si l’environnement ne lui propose pas d’aiguillon. En particulier, c’est le spectre des famines qui invite à domestiquer la nature pour augmenter l’abondance de nourriture. »
Autrement dit, la « crise » climatique est une chance. Raison de plus pour en discuter sans panique.
Pour leur survie et leur développement les anciens ont réalisé des oeuvres extraordinaires. Nous devrions, nous aussi, en être capables. Et si les températures de Grèce resteront très chaudes en été, à cause de la région et de son climat méditerranéen, il doit être possible de s’adapter.
Pour les forêts je suggérais dans mon précédent billet une irrigation régulière pendant les périodes sèches, par le sol. Il faudrait quadriller des milliers de km2 avec des conduites conçues pour apporter et diffuser l’eau dans la terre, sans excès mais de manière à garder des sols humides et plus frais.
L’eau est abondante autour du pays, mais elle est salée. C’est la mer. Pour l’utiliser il faut la dessaler. L’eau douce naturelle existe mais le concept New Paradise en demandera beaucoup.
Cependant il s’agit surtout de soutenir la forêt pendant une période de renouvellement et de croissance, et d’intervenir lors de sécheresses de durées considérée comme excessives (à définir). Il ne s’agit pas d’un arrosage permanent, les essences végétales régionales n’en ont pas besoin.
Par la suite une forêt plus forte pourra mieux supporter les périodes chaudes et sèches, et se suffire peut-être à nouveau des pluies hivernales.
Les forêts devront bien sûr être nettoyées, replantées et surveillées. Si la nature, soit le feu, ne peut plus nettoyer et régénérer les forêts, alors c’est à l’homme de le faire. L’objectif est de garder un sol moins aride pour protéger, renforcer les forêts et casser la dureté des fortes canicules et sécheresses.
De tous temps les variations climatiques ont nécessité de s’adapter. Aujourd’hui beaucoup d’idées intéressantes et de recherches technologiques environnementales tendent à se faire une place, malgré la grosse caisse des lamentations apocalyptiques. Ainsi la végétalisation des villes.
Je n’y vois pas une solution miracle mais un moyen de nettoyer l’air ambiant, de le rafraîchir et de réduire l’importance des ilots de chaleur urbains. Y a-t-il une contre-indication à long terme, comme une éventuelle corrosion plus grande de certaines structures à cause de la vie biologique plus intense qui devrait se développer? À voir, mais il faut le tenter sur 50 ou 100 ans pour le savoir.
On en profitera pour remettre les stations de relevés météorologiques englouties par l’extension des villes, dans des endroits plus proches de la nature. Les chiffres du réchauffement pourraient diminuer grâce à ce déplacement des stations vers des conditions plus normales que celles qui prévalent dans les villes.
Les villes se verront habillées de plus de verdure. Athènes devra céder une partie de ses constructions pour créer des couloirs longs et larges dans lesquels le vent aère l’air et chasse les accumulations de chaleur. De nouveaux parcs ou des quartiers végétalisés devraient être pensés en divers endroits.
Un tel projet devra trouver un financement, et s’étalerait sur des décennies. Il créerait de très nombreux emplois, et une raison nouvelle pour les Grecs, femmes et hommes de toutes conditions, d’appartenir à cette terre et à cette nation de bâtisseurs et philosophes, plutôt que de la vendre aux Chinois.
L’enjeu est à la fois régional et international.
Nos ancêtres ont montré que l’on peut modeler des montagnes et déplacer des fleuves. Nous le pouvons aussi. Mais si nous n’inventons pas, nous pourrions voir ce pays passer au niveau de développement de pays émergent.
Je n’ai aucune idée du coût et de la faisabilité, mais il faut agiter les idées pour qu’elles entrent éventuellement en effervescence. On peut alors en faire la critique et voir si elles contiennent quelque chose de prenable.
Commentaires
Lu et approuvé. De bonnes idées à creuser, un peu de courage et de volonté politique devant ces catastrophes. A entendre les médias, qui confondent systématiquement météo et climat, il est déjà trop tard, à moins de se soumettre au diktat de l'écologie politique. Pas de panique ! Comme le montre l'histoire de l'humanité, l'Homme saura s'adapter.
Merci Henri.
En mettant des gros moyens l'essentiel d'un tel projet (ou d'un autre, ambitieux), s'il venait à voir le jour, ne prendrait peut-être qu'une vingtaine d'années.
Hola Homme Libre,
Des tas d'idées si bienvenues ! Vous avez tellement raison, les hommes ont toujours trouvé des solutions. déjà on replante des arbres un peu partout, on remet des animaux genre des chèvres dans les forêts pour qu'elles soient nettoyées, mais il faut des projets plus ambitieux.
Bon week-end.
Hola Colette,
Des choses concrètes sont possibles, relativement rapidement si une volonté se manifeste. J'espère que ces idées, ou d'autres allant dans le même sens, trouvent écho et se concrétisent.
Bonne soirée.