L’adaptation au réchauffement pourrait modifier nos paysages. Bientôt finies les grandes étendues blondes de juillet que rien ne semble limiter? Il ne serait plus étonnant de voir pousser les céréales non plus en plein soleil mais sous la protection d’allées d’arbres.
Aujourd’hui on a l’habitude de voir nos cultures séparées les unes des autres. Pourtant le mélange des espèces sur une même parcelle a des avantages. Cette méthode ancienne est aujourd’hui redécouverte et ajustée aux besoins de la mécanisation.
C’est l’agroforesterie. Sur ce site on parle même « d’arbre paysan ».
« L’association de l’arbre et des cultures est vieille comme le monde. (…) Pourtant, au milieu du siècle dernier, les systèmes agricoles ont pris un tournant brutal. En France et en Europe, le remembrement des parcelles agricoles a fait disparaître les arbres et les haies. Pour les énormes machines sillonnant les monocultures, l’arbre devenait un obstacle. Sont apparues les gigantesques monocultures et l’utilisation massive des produits phytosanitaires. »
Mais les pratiques changent peu à peu, pour préserver les sols mais aussi pour protéger les cultures des coups de vents violents et des sécheresses.
« Aujourd’hui, l’arbre entame lentement son retour dans les champs et de nouvelles formes d’agroforesterie apparaissent : les noyers avec les blés, les cormiers avec les vignes, les oliviers et le maraîchage… »
Les avantages sont résumés très simplement sur cet autre site, qui rappelle d’abord la tradition:
« … en Grèce antique, vignes et oliviers étaient espacés pour recevoir des cultures de céréales ou de légumineuse. En Indonésie, sous de très grands arbres, sont plantés des palmiers, sous lesquels se trouvent d’autres cultures supportant l’ombre. En Égypte, sous les dattiers poussent les oliviers et des agrumes, sous lesquels se retrouvent les plantes potagères … »
Les oasis du Maghreb sont conçus sur ce mode à trois étages de culture pour une même parcelle (image 6, source).
Les avantages sont nombreux et importants.
Et d’abord:
« Les arbres préservent les cultures des phénomènes climatiques violents : ils limitent les effets de la grêle, ils protègent des vents violents et atténuent la sécheresse . Ainsi, l’ombre limitera l’évaporation et des températures excessives. Par ailleurs, leurs racines limitent l’érosion des terres et les inondations. »
Mais aussi:
« La présence d’arbres favorise la présence d’une multitude d’espèces. Chauve-souris et chouettes vont y trouver refuge, tout comme le hérisson dans les haies. Ce dernier va limiter les ravageurs de cultures comme les limaces et les escargots. Les chouettes se nourriront des campagnols, également nuisibles pour les cultures. De manière plus générale, les insectes vont se multiplier et les prédateurs à leur tour. »
Et encore:
« Comparativement à un milieu en monoculture, une parcelle exploitée en agroforesterie va absorber et stocker une plus grande quantité de carbone. (…) Elle permet également d’améliorer la fertilité des sols : les arbres, par leurs racines, vont puiser des éléments nutritifs en profondeur, qui nourriront le sol de surface lors de la chute des feuilles. »
Enfin il y a un intérêt financier pour le producteur: ces arbres peuvent donner des fruits, et/ou leur bois peut être utilisé et vendu.
Les recherches continuent pour obtenir les meilleures associations. Techniquement la culture sous arbres a moins de rendement qu’en plein soleil, et d’ailleurs toutes les plantes comestibles ne s’y prêtent pas. Ce rendement moindre est équilibré par des pertes moins importantes lors d’années de sécheresse précoce:
« Le rendement en grain est en général plus faible sous un ombrage partiel (jusqu’à 40%) comparé au rendement d’une culture pure en milieu ouvert. Cependant, lors des années de forte chaleur en début de printemps, la croissance des céréales en système ouvert a été entravée et les rendements observés sont inférieurs à ceux observés en système agroforestier. »
En résumé: « Les arbres permettent de réguler le climat au sol, en protégeant les cultures du vent et en diminuant l’évaporation à la surface du sol. »
La nature est souvent bien faite: on peut se faire du blé sous les arbres!
Néanmoins il faudra tester sur une longue période si les quantités réellement produites suffisent à nourrir les populations.
Plus d’infos sur cet autre site, celui de l’Association Française d’Agroforesterie.
Ici, le site officiel de la Confédération Helvétique.
Ici, le site d’un projet concret d’agroforesterie en Suisse romande.
Enfin, un exemple d’agroforesterie en Bolivie pour les plantations de cacao (image 5).
Commentaires
Hola Homme Libre,
Rien à ajouter à votre billet si bien documenté.
Les hommes, il est plus que temps, (si pas trop tard à certains endroits) se rendent enfin compte que de la biodiversité dépend notre survie. Finie la course effrénée au rendement maximum qui n'est et n'a été rentable qu'à court terme....
Alors en ce dimanche à la météo agréable, je vous souhaite une bonne journée et merci pour ce billet, un sujet si important !
Excellent article, c’est encourageant !
L’agroforesterie est une des bonnes solutions pour favoriser la biodiversité dans l’agriculture, surtout sur les terres ouvertes et assolées.
De plus, les arbres stockent du CO2, produisent du bois d’œuvre ou de chauffage, freinent l’érosion des sols et maintiennent un micro climat propice aux cultures lors de fortes canicules ou de grands froids.
Quelques voisins de notre région et mon fils, paysans bios, se sont lancés dans l’agroforesterie depuis quelques années. Ils font partie du projet romand.
Certes, cela implique pas mal de travail supplémentaire et une baisse de rendement, mais ils pensent que cela sera bénéfique à long terme, tant pour la nature que pour production agricole.