Début décembre différentes agences météorologiques annonçaient un anticyclone et un temps sec au moins jusqu’à la première semaine de janvier. Ce n’est pas le cas et la pluie revient en force, en même temps que le redoux de Noël.
Après quelques années plutôt sèches où le niveau des nappes phréatiques avait baissé parfois de manière préoccupante, 2021 remet les pendules à l’heure, si j’ose dire. Les niveaux sont aujourd’hui excellents en Europe de l’ouest.
La pluie, mais aussi la neige, ont généreusement couvert notre pays. La neige en records, d’ailleurs. Les glaciers adorent, eux qui souffraient non seulement du réchauffement mais aussi du manque de précipitations.
À part dans le sud et sud-est de l'Europe, en 2021 les régimes d’ouest, voire de nord-ouest, avec de grandes pluies, se sont renforcés. Pendant longtemps un régime de sud-sud-ouest apportait de la chaleur et des précipitations plus limitées en quantité. Une balance dans l’aérologie de l’hémisphère nord pourrait être en train de s’opérer avec un retour aux conditions qui prévalaient il y a quatre ou cinq décennies.
La baisse d’activité du soleil en cours devrait favoriser cette tendance par l’augmentation de la masse nuageuse. Conjointement à l’augmentation de l’évaporation due à une atmosphère plus chaude, on pourrait voir ici une rétroaction négative, c’est-à-dire qui atténue le risque et tend à ramener les choses aux conditions antérieures. En effet l’augmentation la masse nuageuse réduit l’ensoleillement et le réchauffement de l’atmosphère.
C’est évidemment à vérifier les prochaines années, voire dizaines d’années, car l’évolution des conditions climatiques n’est pas linéaire mais cyclique. Elle s’opère par avancements et reculs en fonctions des variations naturelles. Et pour les séries répétées (par exemple de sécheresses) il faut au moins 50 ou 100 ans avant d’y voir le signe d’une tendance.
L’augmentation des pluies correspond à une augmentation de la masse nuageuse. C’est une bonne chose. Elle était en diminution depuis des dizaines d’années puisque l’ensoleillement augmentait.
L’image 1 (clic pour agrandir) montre la moyenne des précipitations en Suisse depuis 1864. On peut voir une très faible et variable tendance à l'accroissement, ce qui toutefois ne se vérifie pas à Genève.
L’image 2 met ensemble l’augmentation de l’ensoleillement et la diminution des précipitations à Genève. Elles vont de pair et suivent d’assez près la montée de la phase de réchauffement depuis les années 1980. Mais le coup de chaud depuis 2015 pourrait avoir été provoqué ou intensifié par El Niño de 2015-2016, exceptionnellement puissant, et long parce que rapidement redoublé et peu compensé par La Niña. Sauf en partie par l’actuelle, dont on ne sait si elle suffira à revenir au plateau des températures 2002-2015.
Cette année a été arrosée, dès le printemps qui fut froid. C’est bien pour la végétation et les nappes phréatiques, c’est moins bien pour les maraîchers et les cerises.
L’image 3 illustre les périodes de température au-dessus de la moyenne et celles en-dessous. On voit de longues plages de froid. Elles ont pu correspondre, comme au printemps, à une longue période de bise poussée par un anticyclone au nord du continent. Une bise fraîche et tenace. C’est aussi une configuration classique d’il y a quelques décennies.
La moyenne annuelle est en baisse de 1°. Sans la douceur de fin janvier-début février, nous aurions probablement une moyenne de 2° en moins, sur une année. Une année peut perdre plus que 150 ans de réchauffement.
2121 est une année météo intéressante sur l’ouest de l’Europe. Il faut maintenant voir si le soupçon de balancement du sud-sud-ouest vers l’ouest-nord-ouest dans le régime des courants aériens, complété par ces incursions répétées de bise, se confirme sur la durée, en sachant qu’une année peut dire le contraire de la précédente sans que cela ne change la tendance de fond.
Il faut des années et des années d’observation de la météo pour commencer à parler de climat. Il faut apprendre à regarder le ciel, sentir les vents, évaluer les pluies, distinguer les différences de luminosité, par sa propre observation, puis étudier le passé climatique, et ne pas donner foi aux seuls modèles.
La plupart des journalistes et beaucoup d’écologistes ne connaissent rien à cela. Que savent-ils du ciel? Des chiffres et des graphiques sur un écran d’ordinateur.
Que savent-ils du vent?
PS: comme j’en ai parlé je donne cette info toute récente. Le volcan Cumbre Vieja de La Palma s’est rendormi. L’éruption est officiellement terminée, à part quelques fumerolles et de petits séismes en diminution (image). Pour mémoire, si vous avez 8 minutes, un résumé en images:
Cumbre Vieja: