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Qui se ressemble s’assemble

Dès que l’on choisit d’adhérer à une idée, une parole ou une position, on en exclut d’autres. C’est inévitable. On parle et aux yeux des autres on prend une forme. On rapproche nos propos de telle ou telle mouvement politique, ou telle période historique.

 

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On est catégorisé et classé dès la première prise de position. On perd toute universalité car on ne peut être en même temps au nord et au sud.

Cette position forme une sorte de gangue psychique, une enveloppe, une identité, une limite, une cage, comme un cocon identifiable, et l’on constate la chose suivante: des groupes se forment selon leurs ressemblances.

Les groupes se constituent autour d’un ou deux thèmes dans lesquels les individus se retrouvent intellectuellement ou émotionnellement. Semblables ou en accord, sur un thème il acceptent les autres aspects par glissement conformiste.

Un ami a fait l’expérience du conformisme dans un groupe des années 1970 censé être en rupture avec le modèle et le conformisme social de l’époque. Il m’a envoyé un texte dont j’extrais ce paragraphe, sans donner de détails pouvant l’identifier:

« Avec les années et l’expérience, j’ai développé une sorte de perception suraiguë de ce que tous les groupes - constitués ou informels - induisent forcément sur les membres qui les constituent : le conformisme. Alors que la commune *** s’était créée en réaction à un modèle social, comme un projet révolutionnaire contre l’emprise de la société sur l’individu, elle n’a rien fait d’autre que de développer un autre conformisme en béton armé, en créant un autre modèle social. 


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Puis, en portant le regard plus loin que cette expérience particulière, je me rends compte que le conformisme n’était pas issu de la radicalité même du projet ***, mais qu’il est produit par n’importe quel type de communautés : culturelle, intellectuelle, spirituelle, politique, professionnelle, de loisir, etc., aux contours strictes ou flous, bref tout type de communauté. 

La question de l’évaluation des avantages/risques de l’adhésion par conformisme au groupe versus l’individualisme vient plus tard et n’est pas du tout aisée. La vérité se trouve-t-elle dans le mouvement de balancier ? sur le pas de la porte ? dans le passage entre le dedans et le dehors ? Cette question a dû se poser à tout être humain une fois ou l’autre dans sa vie ; pour moi elle s’est posée avec acuité, plus souvent qu’à mon tour. »

Je suis d’accord avec lui et je pense que le conformisme est inévitable si l’on ne s’en extrait pas volontairement et consciemment. 

Toute ressemblance induit un rapprochement, par exemple entre enfants du même âge qui vont spontanément les uns vers les autres. Un rapprochement produit un regroupement par affinités visibles. Un regroupement est une forme de communauté. Qui se ressemble s’assemble.

Ainsi nos gangues se multiplient les unes les autres et forment des groupes, des gangs de gangues qui pensent pareil. Le communautarisme est naturel à l’espèce humaine. Avec bonheur ou pas.

 

 

Catégories : Philosophie 14 commentaires

Commentaires

  • Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
    Est plus de quatre, on est une bande de cons
    Bande à part, sacrebleu, c'est ma règle et j'y tiens

    https://youtu.be/eWS-PAC1BDg

  • Georges, si tu nous regarde!!!...

    Dès qu'il y a du nombre une hiérarchie se met en place. Parfois bonne, parfois moins. La question des hiérarchie est que certains confondent service au groupe et pouvoir personnel. Il y aurait lé beaucoup de développements à faire.

  • Ah oui, les hiérarchies qui se mettent en place naturellement... Je suppose que vous connaissez l'expérience des rats plongeurs? La voici rapportée par Bernard Werber:
    http://www.bernardwerber.com/unpeuplus/ESRA/hierarchie_rats.php

    Cette mise en place "spontanée" d'une hiérarchie est une des raisons de mon allergie à toute forme de communauté. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, plus jeune, de m'intégrer dans divers groupes d'intérêt, sous prétexte que l'Homme est un animal social et qu'il n'est pas bon de rester à l'écart de ses semblables.
    Malheureusement, quand le naturel n'y est pas, l'effort devient surhumain et les autres à la fin s'en rendent compte et vous écartent peu à peu - quand vous ne le faites pas vous-même.
    J'ai fini par en prendre mon parti, et même s'il m'arrive parfois d'éprouver une forme d'envie vis-à-vis de ces gens qui se réunissent en clubs et entre bandes de potes, je sais que ce n'est pas pour moi.

  • Je viens de lire le texte de Werber, que je ne connaissais pas. C'est impressionnant.

    La notion de grille m'intéresse. C'est dérangeant car elle implique un déterminisme des groupes, une sorte de "guide" invisible qui se met en place par un automatisme. Mais cela expliquerait bien des choses, à commencer par le fait que tous les pouvoirs reconstituent des hiérarchies et des dominations.

    On pourrait penser que le plus fort est naturellement en haut de la hiérarchie. Ce n'est pas toujours le cas. D'autres qualités et données interviennent. Si la force seule n'est pas la cause unique, alors en effet il y a possiblement une grille invisible qui moule les relations, et qui fait qu'à un moment l'un se soumet à un autre.

    Un moyen de contourner en partie les hiérarchies, du moins d'en réduire les effet néfastes, est de les considérer comme un contrat, qui peut toujours être annulé, et non comme conférant une valeur supérieure à cette hiérarchie.

  • On dit de certaines personnes qu'elles ont une "autorité naturelle", la capacité d'imposer leur point de vue sans user de violence ni de contrainte. Est-ce une qualité innée de ces personnes, ou bien le résultat d'une construction sociale?
    Peut-on rapprocher cela de la notion de "charisme"? Ou encore de "séduction".
    Certains hommes ont une capacité de séduction hors du commun vis-à-vis des femmes, ou du moins de la plupart d'entre-elles, et ce ne sont pas forcément ceux qui bénéficient du physique le plus avantageux. Là aussi, est-ce une qualité innée ou acquise? Il est vrai que pour certains qui étaient peu gâtés dans leur adolescence, c'est arrivé avec l'âge, généralement avec l'exercice du pouvoir. Mais pas toujours.
    Vastes questions... que je me réjouirais de voir développées ici.

  • Cette réflexion critique m'amène à penser aux groupes les plus petits : le couple ou la famille.
    On doit avoir un projet commun minimal, avec l'acceptation de contraintes et de compromis. Oui, une sorte de contrat implicite ou explicite. S'il n'est pas respecté, on peut arriver au divorce.
    Il faut considérer la famille nucléaire et la famille élargie.
    On ne choisit pas la famille dans laquelle on naît et encore moins la famille de son conjoint ...
    Dans le contexte familial, il y a tout un apprentissage de la vie en groupe, puis à l'école.
    On ne choisit pas non plus son école et généralement, on reste assez rebelle face au système, de nos jours. Peu de suivisme aveugle !

    Mais si on choisit un groupe, comment y trouver sa place ?
    Il serait intéressant de connaître des expériences de groupes qui fonctionnent et de comprendre ce qu'il faut pour qu'on arrive au but visé. Qu'il s'agisse d'une entreprise, d'une équipe de foot , d'un groupe de botanistes ou d'alpinistes de haut niveau.

    Je suppose qu'il faut beaucoup d'idéalisme et d'abnégation. Des facultés de négociation, en rapport avec l'idée de contrat.

    J'ai participé à beaucoup de groupes et associations et ça a toujours été compliqué. On s'assemblait parce qu'on se ressemblait en certains points. Mais peut-être pas assez, puisqu'une des plus grandes difficultés était le manque d'engagement et de disponibilité des participants, pas tellement la prise de pouvoir ou la rigidité.
    Les gens n'arrivent généralement pas à consacrer assez de temps et d'énergie au projet. On ne trouve pas de dates pour se réunir ! Tous ont d'autres priorités, personne ne veut renoncer à ses engagements antérieurs.
    Je n'ai fait que l'expérience du délitement, pas du suivisme ou du conformisme.
    Je me demande si le gang ou le groupe conformiste ne se construit pas autour d'un ou plusieurs leaders charismatiques.
    Afin qu'on puisse renoncer aux idées personnelles ou aux convictions dissidentes, ne faut-il pas une ou des figures de proue qui rassemblent d'une façon un peu irrationnelle ?

  • Oui Olivier, je le ferai probablement pour échanger sur ce thème hyper intéressant.

  • @ Calendula:

    J'ai aussi connu plusieurs associations dont j'étais membre du comité. J'ai vu le manque d'engagement. Je pense que les gens vous défèrent leur pouvoir et attendent que vous fassiez tout. Pour moi il y a aussi une sorte de suivisme, surtout quand les asso permettent l'éclosion des egos (ce qui est quasi inévitable). On accepte le pouvoir et ses décisions, très souvent. Le délitement est parfois une sorte de suivisme extrêmement lent: on accepte d'abord un peu à reculons, et lentement la personne se détache du groupe si elle n'est pas satisfaite.

    Le suivisme ou le conformisme permettent de s'adapter à un groupe à moindre frais. C'est fréquent mais loin d'être idéal. Suivisme et conformisme contiennent en écho la notion de soumission.

    Je pense que les chefs ont souvent un charisme naturel qui surclasse les autres qui n'en ont pas.

    Je regarde parfois des reportages sur les grandes équipes de foot ou les entreprises à succès. Le succès est bien sûr dû aux joueurs et employés, mais derrière eux il y a un chef, l'entraîneur ou le patron. Il doit diriger, exiger, mais avec intelligence, le faire en tenant compte des qualités propres des personnes pour leur permettre ensuite de gagner par leur talent épanoui. Un autocrate autoritaire n'arrivera probablement à rien.

    Dans une hiérarchie un chef efficace ne commande pas tout, il fait avec les autres.

    Mais pourrait-on se satisfaire par exemple de l'autogestion pour diriger une entreprise? Je pense que cela ne marche pas, sauf peut-être pour de très petites structures, et encore.

    On ne peut pas effacer le pouvoir ni donc les hiérarchies, mais on peut atténuer ses excès, faire que que chacun en ait une parcelle.

  • Nous sommes génétiquement programmé à aller vers nos semblables, dès l'enfance. Dans le cas d'une expérience, l'enfant choisissait l'ourson qui aimait manger la même chose que lui.

    La communauté en soi n'est pas un souci, si on se sent bien. Le communautarisme est différent, c'est une communauté formé qui se veut être en dessus de l'Etat, avoir ses lois, et surtout, c'est le rejet des autres. Dans ce cas, c'est le fonctionnement pacifié de la société qui a des ratés : France, US, ...

    Avec internet, le communautarisme a explosé, beaucoup préférant un site qui partage les mêmes idées.
    Quant aux communautés sur le net, ça peut aider des personnes.

    En résumé, il n'y a rien de mal si on se groupe par affinité. A l'opposé, le communautarisme religieux, raciale, est rarement non discriminant parce que faisant partie d'une identité volontairement placé au centre de la vie de ces communautés.

  • "On ne peut pas effacer le pouvoir ni donc les hiérarchies, mais on peut atténuer ses excès, faire que que chacun en ait une parcelle. "
    D'où l'importance du contrat que vous évoquiez plus haut. Pour une association, ce sont les statuts.
    L'assemblée générale annuelle peut servir à changer d'équipe dirigeante ou à affiner les structures du règlement ou des statuts.
    De nos jours, l'autoritarisme d'un chef est insupportable. Ca ne passe pas. Ceux qui se retrouvent chefs ont souvent des qualités particulières et à mon avis, la capacité d'écoute est particulièrement nécessaire et une vision de l'ensemble du contexte.. Il peut être très volatile, évoluer rapidement et il faut savoir s'adapter.
    En ce moment, le cas de Boris Johnson est très intéressant. Il a été un super leader pendant un moment particulier et puis il n'a plus su analyser la situation correctement.

    Il y a ce délicat équilibre à trouver dans le leadership. Pour ça, les équipes de sport sont de bons exemples.

  • Je partage la distinction que vous faites entre communauté et communautarisme.

  • "De nos jours, l'autoritarisme d'un chef est insupportable."

    En effet, et là je vois une vraie évolution de notre culture, et des comportements "reptiliens".

  • @Calendula
    "Afin qu'on puisse renoncer aux idées personnelles ou aux convictions dissidentes, ne faut-il pas une ou des figures de proue qui rassemblent d'une façon un peu irrationnelle ?"

    C'est une remarque très pertinente, et n'est-ce pas ce genre de schéma qui conduit aux dérives sectaires? Il faut sans doute, outre un leader charismatique à l'égo démesuré, un groupe de personnes présentant une certaine vulnérabilité qui les conduit à ne pas vouloir ni pouvoir (pour quelque raison que ce soit) remettre en cause cette autorité, voire cette emprise. Cela peut même a priori concerner des gens que l'on aurait crus insensibles aux croyances irrationnelles.

    En général, ce genre de comportement s'applique à un petit nombre d'adeptes, quelques dizaines au maximum. Au-delà d'un certain nombre en revanche, le contact direct le gourou devient plus ténu, et il me semble qu'on soit alors face à un engouement de masse irraisonné plutôt qu'à l'effet du seul charisme du leader? Voir la folie nazie qui s'est emparée de l'Allemage des années 30.

  • @Olivier Levasseur,

    On pourrait s'imaginer que des leaders charismatiques commencent leur action petite échelle. Généralement, leur rayonnement reste confidentiel, mais parfois il prend de l'ampleur, si les circonstances s'y prêtent ou si ce leader interesse d'autres instances.
    On a pu expliquer l'ascension de Hitler par de multiples facteurs objectifs, en plus de sa capacité à envoûter les foules avec un discours hystérisant et maléfique.
    Ce "charisme" qui a fonctionné dans toute son horreur et qu'on contemple avec perplexité à postériori. Comment ça a pu fonctionner ? Même s'îl y a des explications rationnelles, il reste une part de mystère.
    De nos jours, je crois qu'on regarde encore toute ascension politique fulgurante avec méfiance, à travers ce prisme des années 30. On cherche des indices, des ressemblances, des signaux d'alerte. Entre autre d'un glissement vers l'autoritarisme. On craint que soudainement, ce soit trop tard et que le piège d'un état totalitaire ne se soit refermé subrepticement.
    Je crois que l'Histoire nous a appris quelque chose.
    Si on pense à des situations contemporaines, on constate que les citoyens sont très méfiants, en Occident.

    Pour en revenir à des schémas moins tragiques et à notre réalité actuelle :
    En France, beaucoup de candidats aux élections présidentielles espèrent probablement émerger de la multitude de prétendants. Pour cela, ils devraient arriver à donner l'impression qu'ils s'adressent au maximum de concitoyens et que ceux-ci se reconnaissent dans le discours du candidat lambda. C'est cela "rassembler".
    Une fois qu'on a été élu, tout se complique ! Entre les promesses de campagne et la réalité de la gouvernance, il y a un fossé.

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