Il est arrivé au bon moment, dans le creux estival de l’information. Très rapidement les caméras se sont braquées sur lui. On se demandait: « Que vient-il faire ici? »
Il tombait à pic. Le sujet d’été idéal, celui qui relègue les infos politiques en arrière-plan. Un beluga sous le coude il faut toujours avoir, disait maître Yoda. Ce n’est pas plus mal: la France subissait la crise d’hystérie antisémite de la Nupes.
Nauséabonde elle est, cette gauche qui sabote les débats de l’assemblée nationale, qui exclut et discrimine (incapable de vrai débat elle sort de l’hémicycle selon qui parle), et qui se fiche de ses propres électeurs.
Mais le beluga.
Ce blanc cétacé des mers froides s’est offert une escapade jusque dans la Seine. Peut-être voulait-il découvrir Paris, grimper la butte Montmartre, arpenter les grands boulevard dans son habit de lumière.
Réputé grégaire, suiveur du troupeau, quel refus de son destin glacial l’a poussé à fuir le homeland de ses frères et sœurs? Il est parti seul, abandonnant les mers froides et nourricières et, qui sait, abandonnant de même femme et enfants.
L’appel de la liberté était trop fort, faire comme les autres trop pesant. Il aurait pu chanter une niaiserie genre Laisse-moi vivre ma vie. Heureusement il ne chantait pas. Il promenait sa drôle de bosse sur la tête, qui a inspiré à Airbus son A 300 « Beluga ».
La suite vous l’avez vue à la télé. Ses lentes virevoltes dans une écluse, l’important dispositif pour tenter de le sauver, les femmes et hommes sur le terrain, les émissions spéciales avec entre autres une envoyée spéciale en pleine nuit, le beluga dans le filet dodelinant comme une peluche sur la plage arrière d’une berline.
Et la fin, apprise hier: il a dû être euthanasié. Mort de chez mort avant d’avoir revu l’océan. De quoi faire monter la larme à l’oeil des sentimentaux qui voulaient le sauver et le voir vivre. Alors que, si ça se trouve, il venait juste mourir naturellement au pied de la pyramide du Louvre.
« La souffrance était évidente pour l'animal. Il ventilait insuffisamment. Nous avons décidé qu'il n'était pas pertinent de le relâcher et donc il fallait procéder à son euthanasie. »
Selon l’ONG Sea Shepherd le beluga ne présentait pas d’infection mais il ne s’alimentait plus.
La France s’est émue de cette triste histoire. Elle qui abandonne si facilement ses animaux de compagnie en été, aurait bien voulu sauver celui-ci. Comme entendu sur BFMTV, la France est de plus en plus sensible à la cause animale et aux conséquences du réchauffement.
Le réchauffement? Hypothèse sans preuve. Le réchauffement troublerait les migration des animaux marins. Si le réchauffement, via peut-être une influence sur les courants marins, devait troubler les migrations de cétacés, pourquoi celui-ci était-il seul dans la Seine? Il aurait dû venir avec tout son troupeau.
Si cela se trouve ce n’est qu’un mâle solitaire méchant exclu par les siens, ou trop vieux et cherchant à mourir au soleil, ou une tête de linotte qui a cru bon de faire autrement que les autres.
C’est bien joli tout ça, mais comme a tweeté l’ineffable Jacques Attali:
« 80 personnes pour sauver un beluga c’est magnifique. Combien pour sauver de la faim chaque enfant du monde? »
Ah ben voilà. Il manquait que ça. Sauver un beluga n’empêche pas de sauver des enfants. Des milliards sont envoyés par l’Occident pour aider les populations qui souffrent de famine. Si les familles chez eux, les gouvernements et les États ne font rien, ce n’est pas notre responsabilité. Que chacun s’occupe de sa cuisine et le monde ira mieux.
D’ailleurs, que fait Attali contre la faim dans le monde? Il voyage d’hôtels 5 étoiles en suites luxueuses, le ventre rebondi. Les enfants malingres aux yeux exorbités lui disent bravo et merci.
Un océanographe, François Sarano, ancien collaborateur de Cousteau, a pour sa part jugé indécent l’émoi médiatique autour du visiteur marin.
« Si les personnes s’apitoyant sur le sort de ce béluga renonçaient à manger du Nutella, elles épargneraient la vie de dizaines d’orangs-outans à qui l’on détruit les forêts pour cultiver l’huile de palme. »
Décidément ils se sont ligués pour nous culpabiliser. Perso je ne suis pas concerné, je ne mange pas de Nutella. Le monsieur ajoute:
« On a mobilisé le ban et l’arrière-ban, pendant qu’à nos portes, en Méditerranée, des centaines de nos frères humains se noient. On refuse de les accueillir, des associations comme SOS Méditerranée peinent à se faire entendre... Toute cette disproportion m’écœure. »
Écœurez-vous bien. Ces frères humains qui se noient sont les victimes des passeurs, leurs frères de race, et de la volonté de leur part de venir chez nous sans passer par les voies légales.
Attali et Sarano mélangent, font des amalgames douteux et manipulent par l’émotion et la culpabilité.
À part cela on peut aussi se demander pourquoi les hommes ont toujours besoin d'intervenir. Ne pouvait-on laisser faire la nature?
L’été du beluga se termine, mais gardons ceci à l’esprit: pour faire diversion, pour manipuler les foules ou simplement pour verser un larme et humidifier nos yeux secs de chaleur, il est utile d’avoir un beluga à portée de main.
Commentaires
Parfaitement bien vu
Faut-il s'émouvoir en même temps sur le sort des orangs-outans ou sur celui des clandestins qui se noient, quand un béluga décède ? Curieux raisonnement, car les misères du monde sont multiples et infinies. En choisir une ne signifie pas que les autres n'ont aucun intérêt. Mais, comme le montre H L, ces idéologues voudraient concentrer l'empathie de l'humanité sur la cause qu'ils défendent. Celle-ci peut être plutôt bonne (les orangs-outans) ou plutôt discutable (les migrants), rien n'empêche de s'intéresser à autre chose. Et l'on sait que l'actualité médiatique est un moyen efficace pour mobiliser les esprits.