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L’été du beluga (2) : méchant ?

Reçu une critique de mon précédent billet sur un autre site, où il est en attente de validation. Je la trouve intéressante et la reproduis et commente ci-après.

 

beluga,euthanasie,seineMéchant

La critique est celle-ci:

« vous vous placez dans un no man’s land assez méchant sans vous poser la moindre question sur la place de l’animal en ce bas monde, que notre immonde arrogance a polluée, rétrécie, envahie! qu’un animal qui traverse les océans se trouve seul si loin des siens n’a pas l'air de vous interroger. Quant aux élucubrations humanistes attaliennes, franchement, on s’en fout! »

Méchant, vraiment? Je n’en ai pas l’impression. Mon billet sur le beluga était plutôt écrit sur un ton ironique, un peu piquant parfois, mais méchant, vraiment?

Les perceptions varient. Chacun la sienne, et tout est dit? Je pourrais m’en contenter. Pourtant je me relis. Je ne suis pas tendre avec la Nupes en effet, mais il y a de quoi, sapristi! Critique, un peu polémique, mais je ne vois pas la méchanceté. Peut-être que quelque chose m’échappe.

Le paragraphe qui m’est adressé n’est pas tendre non plus, avec l’humanité et son « immonde arrogance ». Sommes-nous plus arrogants que le tigre qui déchire sa proie encore vivante? Si nous mettons les animaux (enfin, certains, pas les insectes par exemple) au même rang hiérarchique que l’espèce humaine, nous interdisant par là d’en manger, la même pratique doit s’appliquer entre eux. 

Question absurde mais légitime.

 

beluga,euthanasie,seinePlace

La suite de la critique est la place des animaux sur Terre.

« … qu’un animal qui traverse les océans se trouve seul si loin des siens n’a pas l'air de vous interroger … »

Mais si, justement, de manière décalée mais réelle. Détourné des siens par un courant changeant? Mais alors pourquoi lui seul? Chassé par les siens? Déjà malade et cherchant un coin pour mourir?

Une autre hypothèse est qu’il aurait été perturbé par des travaux d’installation d’éoliennes off shore au large du Havre. Si c’est vrai, cela n’explique pas ce qu’il faisait si loin de ses territoires préférés.

On peut invoquer le réchauffement, les gênes causées par des activités humaines, mais comme on peut supposer aussi une dérive solitaire d’un animal, comme cela arrive parfois. 

Il y a toujours des solitaires. Il n’y a aucun signe permettant d’invoquer le réchauffement du climat, et l’on ne peut pas tirer une généralité d’un cas isolé.

On apprend par Le Monde d’hier que:

« Des premiers examens ont été menés et ont permis de comprendre que la baleine blanche était âgée et qu’elle « n’avait plus de mobilité digestive », explique Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire du service départemental d’incendie et de secours. »

 

beluga,euthanasie,seineEuthanasie

Ce qui va dans le sens d’un individu plutôt proche de la fin de sa vie.

Il n’est pas impossible que malgré les précautions prises le transport ait été fatal à l’animal. On sait qu’il ne peut supporter son propre poids hors de l’eau. Il avait été installé sur de la paille pour tenter d’éviter cet écrasement sur lui-même. Or on peut lire dans la presse que l’animal a été euthanasié parce qu’il souffrait d’une grave insuffisance respiratoire. L’insuffisance respiratoire peut avoir plusieurs causes, et l’écrasement sous son propre poids en est une.

« Le visage fermé, le regard sévère, Florence Ollivet Courtois (image 2), vétérinaire du Sdis 91, a annoncé ce mardi matin que le béluga avait dû être euthanasié. «Durant le voyage [vers Ouistreham dans le Calvados], les vétérinaires ont constaté une dégradation de son état, notamment de ses activités respiratoires. L’animal était en anoxie, ventilait insuffisamment, la souffrance était évidente, explique-t-elle dans une vidéo publiée sur le compte de la préfecture du Calvados. Nous avons décidé que ce n’était pas pertinent de le relâcher et donc qu’il fallait procéder à une euthanasie. »

 

beluga,euthanasie,seineAmbassadeur

Selon un spécialiste des mammifères marins à Océanopolis, Samir Hassani (image 3 © Océanopolis), la remontée de la Seine par un tel animal est rare mais pas nouvelle.

« En 1948, un béluga avait été capturé dans un filet par un pêcheur sur la Loire. Il y a aussi quelques cas en Europe. En 2018, un autre avait été observé sur la Tamise, avant de ressortir lui-même du fleuve. Plus anciennement, en 1966, un béluga est remonté jusqu’à Bonn, donc très à l’intérieur du Rhin, avant de retourner vers l’embouchure. »

Pourquoi s’est-il perdu dans la Seine? Est-ce le réchauffement?

« Pour l’instant, il est encore trop tôt pour le dire. Il est uniquement question de quelques cas isolés, donc on ne peut pas tirer de conclusions. Scientifiquement, ça ne tient pas la route. »

Mais alors, pourquoi lui?

« Difficile à dire. Ce que l’on sait, c’est que les bélugas sont des animaux sociaux donc logiquement, ils vivent en société, en famille ou en groupe. Alors pourquoi cet animal s’est retrouvé en dehors de son groupe ? Qu’est-ce qui s’est passé ? On ne le sait pas. Peut-être qu’étant malade, il n’a pas pu suivre son groupe et, progressivement, il a été largué, c’est possible. »

Donc au final on ignore pourquoi ce béluga s’est trouvé là, et on ne le saura peut-être jamais, même après les résultats à venir de l’autopsie. Pas la peine d’évoquer un rôle supposé d’ambassadeur pour le cétacé, comme l’a fait la directrice de Sea Shepherd, Lamya Essemlali (image 4). Le beluga n’a aucune lettre de créance, n’est ambassadeur de rien et est possiblement venu mourir tranquillement.

Pour la tranquillité, c’est raté.

 

 

 

Catégories : Divers, Environnement-Climat 1 commentaire

Commentaires

  • Pourquoi l'homme devrait-il faire son mea-culpa chaque fois qu'un animal souffre ? Je ne nie pas la méchanceté de certains individus ou leur négligence dramatique envers les bêtes. Mais on ne peut pas dire que l'espèce humaine se plaît à torturer et tuer les animaux. Elle est d'ailleurs la seule à avoir conscience de la douleur qui peut exister dans l'élevage, la chasse, l'abattage, etc, et prendre des mesures pour y remédier. Il représente l'unique espèce capable de se nourrir de viande et être sensible aux conséquences de ses actes. Qu'il y ait des progrès à faire en ce domaine, on ne peut le nier (je pense à la corrida). Mais le statut de l'humanité sur la planète lui donne des responsabilités qu'il assume de mieux en mieux. Pourquoi en faire le bouc-émissaire de tous les maux de la Terre ?

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