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Croyances obsolètes

Samedi soir de pluie, une pluie fraîche portée par un vent de nord-ouest. Un moment propice à une méditation plus personnelle. Retour sur des croyances qui m’ont animé et qu’aujourd’hui je ne soutiens plus.

 

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L’âge, la diminution de mon énergie vitale, l’effilochement de ma mémoire, me motivent à en parler, à la fois pour me situer et pour transmettre une expérience, et parce que le temps m’est compté. J’ignore l’utilité d’une telle entreprise mais sait-on toujours à l’avance où va le vent?

Une croyance tenace et durable était qu’il faut être spontané. C’est touchant, souvent, la spontanéité. Elle s’exprime à l’état naturel chez les enfants. Être spontané c’est laisser sortir de soi des élans instantanés, rapides, et non réfléchis ni calculés. Il n’y a pas de calcul des risques ou des intérêts.

En cela elle peut paraître comme une expression plutôt « pure » de l’être, c’est-à-dire non parasitée par un enjeu dissimulé. Cela permet aux enfants d’entretenir des relations vraies par lesquelles ils se construisent et apprennent la vie. La spontanéité peut aussi déclencher une réaction en chaîne incontrôlée, positive ou non selon le contexte.

Mais ce qui vaut pour un enfant est-il encore approprié pour un adulte? Ne doit-on pas, à un moment, privilégier le long terme, et pour cela freiner ses élans? Je le pense aujourd’hui, avec cette nuance que l’on peut rester spontané avec des proches qui nous connaissent bien. L’élan instantané s’inscrit alors dans la durée s’une amitié et n’effarouche personne.

 

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Je viens d’une époque où il était bien vu de montrer ses fragilités, sa sensibilité, être transparent, sans discriminer avec qui l’être. Je pense maintenant que l’on peut partager cela avec quelques personnes mais pas avec tout le monde. Par exemple, pas à la télévision dans des émissions à vocation presque exclusivement émotionnelle.

J’ai gardé longtemps une part active de spontanéité. Je me demande aujourd’hui si ce n’était pas une forme de résistance à devenir adulte. Brel, que j’aimais beaucoup, chantait « Et puis, les adultes sont tellement cons, qu’ils nous feront bien une guerre… » dans Fernand.

Il chantait aussi l’importance d’être « vieux sans être adulte » dans La chanson des vieux amants. De cela je me souviens. J’en ai été influencé.

Pourtant ce n’est pas si négatif! Être adulte c’est entre autres réduire les mouvements spontanés de l’enfant, prendre plus de temps de réflexion et d’anticipation. J’ai eu besoin de temps pour le comprendre et pour accepter de retenir nombre de mes élans sans sentiment de perte ni renoncement à ce qui est important à mes yeux.

Aujourd’hui je ne considère plus le fait d’être spontané comme une valeur mais seulement comme un élan ou un mécanisme occasionnel qui demande à être surveillé, encadré et limité. Rester centré demande une certaine réserve face aux élans et influences. 

L’image de la déesse hindoue Parvati maîtrisant le tigre (force et imprévisibilité) illustre pour moi cette réserve, alors pourtant que ses multiples bras pourraient s’activer vers autant de possibles. 

 

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Une autre croyance de ma vie passée, de mon « ancienne vie », était l’importance de décloisonner, relier des choses apparemment séparées. Il y a un bon côté à cela: on ne s’enferme pas dans une classe sociale, par exemple, et l’on s’ouvre à certains mélanges de personnes.

Mais Emmanuel Macron nous donne un exemple de ce que le décloisonnement peut induire comme erreur de comportement. Je repense à cette photo où on le voit avec deux jeunes blacks dans une attitude qui n’inspire pas la distance due à sa fonction. C’est décloisonné, mais trop de proximité annule son autorité – dont il ne devrait pas se départir, du moins pas de cette manière.

Le décloisonnement extrême serait « tout, tout à la fois, partout, en même temps » (il pourrait même s’agir d’une volonté cachée de toute-puissance). Je pense que le cerveau ne peut pas gérer cela et qu’un décloisonnement total mène à une forme de folie. Cela s’entend dans l’apparente incohérence du langage de ces « fous » alors qu’il s’agit d’esprits qui établissent des liens multiplies entre tout et tout mais qui ne peuvent les gérer intelligemment (rationnellement).

Aujourd’hui je pense toujours utile que des liens s’établissent en dehors des protocoles admis, mais il me semble souhaitable que tout ne soit pas mélangé, pas ouvert en permanence tous azimuts. L’idée qu’il y a une place et un temps pour chaque chose me parle bien. Les distances sont si nécessaires.

 

 

 

Catégories : Divers, Philosophie 7 commentaires

Commentaires

  • On ne peut que souscrire à ces idées qui sont le fruit d'une profonde réflexion. La jeunesse a tendance à ne mettre aucune limite. C'est une qualité qui crée un élan parfois nécessaire, une prise de conscience immédiate avant qu'il ne soit trop tard. Mais c'est aussi un défaut qui néglige l'analyse nécessaire avant de s'engager. La sagesse s'apprend avec le temps qui passe. L'expérience évite bien des drames. Mais on a sans doute autant besoin de l'impatience juvénile que du discernement des anciens. Révolutionnaire ou conservateur ?

  • Et bien moi HL j'aime bien votre spontanéité naturelle !
    (avec bien sûr raison garder). Salutations.

  • C'est très gentil, je vous remercie.

  • Je me demande, si les jeunes ont le choix entre être pondérés et spontanés. Votre billet fait ressortir le facteur de l'âge. Jeune, on va faire des choix sans grande expérience, si on se trouve dans une société qui permet des choix.
    On peut profiter de l'expérience d'autrui, mais il faut aussi faire ses propres expériences et avec le monde qui change si vite, il est difficile de compter sur l'expérience des générations précédentes.
    Ainsi, un jeune va se retrouver à se casser la figure plus ou moins sévèrement dans l'environnement qui est le sien.
    Certes, il y a 50 ans, l'anticonformisme et la spontanéité étaient dans l'air du temps. La jeune génération s'imaginait plus ou moins comme de bons sauvages.
    "Soyez spontanés" était une sorte d'injonction paradoxale et ce qu'on nommait "la libération sexuelle" en faisait partie.
    Beaucoup d'entre nous se croyaient très libres, alors qu'au fond, on suivait la tendance dominante. Avec bonheur, mais aussi avec douleur. Il n'y a pas de formule magique pour s'en sortir sans bleus et bosses.

    A présent, on n'entend plus tellement d'injonctions du type spontanéité -liberté, les jeunes me semblent davantage dans un conformisme de suivisme, on se follow sur les réseaux et on assume cette sorte d'uniformisation. Elle est recherchée
    A mes yeux, les influenceurs sont un phénomène consternant, probablement parce que mon schéma de base serait quelque chose comme ... la spontanéité ou le naturel ! ;-))

    Ces concepts sont bien sûr sujet à caution, difficiles à vraiment circonscrire, mais il me semble que l'idée générale est assez limpide. Entre chercher à se connaître soi-même et se laisser guider par une influenceuse ou un influenceur, il y a un monde.

  • Hola Homme Libre,

    Le décloisonnement tous azimuts, restreint?

    Je pense des relations basées sur des affinités plus que reliées à des classes sociales, cercles fermés, des origines etc sont beaucoup plus éclectiques et riches. Cela se passe dans le sport mais pas que, heureusement.
    Unir ses efforts, ses talents dans un but, et voilà les barrières qui sautent. Organiser ensemble. Ou apprendre ensemble, (je pense à des cours de cuisine dans mon village), réunit toutes sortes de personnes venant d'univers fort distincts.
    Dans ce sens là, le but n'est pas de décloisonner, c'est le résultat.
    J'espère ne pas avoir été trop...spontanée ?:-))

  • Bonjour Calendula,

    Les influenceurs sont un phénomène intrigant. Ce sont de nouveaux vecteurs de publicité pour des produits présentés comme un coup de coeur par une personne qui utilise des codes de proximité, Je suis étonné par le suivisme, moi aussi.

  • Hola Colette,

    Ce sont de bons exemples, et l'union autour d'une tâche commune peut faire tomber des murs dans certains cas.

    Je n'en fais cependant pas une théorie, pas un élan spontané obligé. Sauf dans certains cas comme sauver des personnes d'un incendie ou d'un accident. C'est l'action qui crée la proximité et le relatif décloisonnement, pas la théorie. En ce sens vous avez raison le rapprochement est le résultat d'autre chose qui passe aussi par un geste spontané mais plus instinctif que théorisé.

    Dans la théorie on agit pour décloisonner et l'on s'en valorise personnellement. Dans la pratique que vous évoquez on agit pour l'autre sans se soucier trop de soi et de ce que l'on en tirera.

    Vos nuances sont bienvenues.

    Bonne journée..

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