À Derna en Libye : aucune chance.
L’oued Wadi Derna prend source dans le Djebel Akhdar, à 60 km à l’ouest de la ville. Une ville de 100 000 habitants. L’oued la traverse. Sur les berges, des commerces et des habitations.
La ville reçoit en moyenne 250 mm de pluie par an. En comparaison Lyon en comptabilise plus de 800 mm/an. Or la tempête Daniel a fait tomber environ 400 mm en deux jours.
Sur ces terres très sèches, incapables d’absorber l’eau, les niveaux montent rapidement et le ruissellement court à la vitesse d’une gazelle.
Toutefois un événement particulier a rendu cette crue très meurtrière: la rupture de barrages sous la pression du fleuve devenu énorme. Ces retenues étaient destinées à réguler les eaux de l’oued en cas de pluie. Signe que les fortes précipitations ne sont pas exceptionnelles dans cette région aride.
L’image 2 montre un de ces barrages, dont la structure mise à nu semble fragile et peu à même de contrer de fortes intempéries.
Quand un barrage cède il produit un effet tsunami: une vague puissante et massive engloutit tout sur son passage. Des milliards de m3 d’eau stockés dans ces retenues foncent soudain dans la plaine à une vitesse de camion. Quand l’eau monte à cause de la pluie on dispose en principe d’assez de temps pour se mettre en sureté. Mais ici la vague est trop rapide.
Elle a tout emporté sur 50 mètres de part et d’autre de l’oued: maisons, routes, magasins.
Et les gens. La crue, trop rapide, ne leur a laissé aucune chance. En comptant les morts, les disparus et les blessés le bilan oscille entre 10 000 et 20 000 victimes à l’heure actuelle.
La question habituelle vient ensuite: est-ce lié au réchauffement? Cette tempête était-elle plus intense? Difficile à dire. Les experts sont incertains.
On a affaire à un medicane, une sorte de cyclone méditerranéen. J’ai traité une fois ce sujet. C’est une forte tempête qui a des allures d’ouragan: parfois un oeil, une composante convective, une dépression très resserrée, un coeur chaud et des pluies exceptionnelles.
Ces medicanes font partie de la famille des TLC, ou Tropical-like cyclone. Ce ne sont pas de véritables ouragans. Il s’en forme un à trois par année. Certains passent inaperçus des médias. Celui-ci, nommé Daniel (image 3, NOAA), a d’abord inondé une partie de la Grèce avant de toucher la Turquie, la Bulgarie et maintenant la Libye.
Un magazine, Sciencepost, s’aventure cependant à faire une prédiction basée sur un nouveau modèle climatique. Selon ce modèle la fréquence des TLC (Tropical-like cyclone) serait en baisse en 2100 mais leur intensité augmenterait. Cette fréquence diminuerait de 34%. C’est peu convainquant. Un tiers sur un à trois par année ne signifie pas grand chose.
Cependant, selon la théorie en place, le réchauffement devrait en renforcer les précipitations en dégageant plus d’humidité. À voir. La réalité peine à donner raison à la théorie. La tendance est plutôt à la sécheresse même là où elle n’était pas attendue comme en Europe de l’ouest et du nord.
Enfin on peut supposer que l’entretien des barrages et des infrastructures laissait à désirer, dans ce pays divisé et miné par les querelles politiques depuis la mort de M. Khadafi.
Ci-dessous (suivre le lien) une vidéo de 44 secondes sur Tweeter reconstitue la vallée du Wadi Derna et les barrages:
Vue aérienne de la vallée du Wadi Darnah où s'est engouffrée l'eau qui a dévasté Derna en Libye.
— Meteo60 (@meteo60) September 12, 2023
2 barrages sont présents et ont pu céder.
Via @YouStormorg pic.twitter.com/FKS6F7UDUB
Commentaires
Je ne vous comprends pas Homme libre. Au lieu de verser votre tristesse sur le nombre de victimes, et formuler l'empathie vous préférez polémiquer sur le réchauffement climatique. Bien à vous
Ne trouvez-vous pas intéressant et utile d'essayer de comprendre pourquoi le phénomème a justement fait autant de victimes?
Les victimes, les proches, n'ont pas la tête à chercher à comprendre... un mot empathique à leur adresse aurait pu embellir vos propos . Ce qui m'est incompréhensible, c'est ce monde froid où les hommes cherchent à avoir raison, alors que d'autres pleurent. pris dans la tourmente n'en n'ont rien à cirer. Des tempêtes meurtrières, des tremblements de terre, des éruptions volcaniques, il y en a toujours eu depuis que le monde existe, pollution ou pas, alors ne cherchons pas midi à quatorze heures, exprimons notre tendresse pour ceux que la calamité agresse. Bonne soirée
Personnellement je ne sais pas à quoi ils ont la tête, je n'y suis pas. Vous non plus.
Et il ne s'agit pas ici d'un concours d'empathie. L'envie de comprendre est une forme d'empathie non sentimentale. Vous êtes un sentimental, moi je m'en soigne.
Comprendre si les barrages ont cédé uniquement à cause du flot ou parce que la structure était insuffisante c'est prendre en compte le futur de cette ville et de ses habitants à venir, car il faudra reconstruire en tenant compte de ce drame.
C'est chercher comment mieux protéger les habitants. C'est analyser pour prévoir les adaptations futures, compte tenu aussi des risques climatiques éventuellement accrus. L'empathie revêt différents visages.
Il y a beaucoup de monde déjà sur le créneau de la tendresse, dans certains cas j'y suis aussi. Mais parfois je suis dans l'analyse, et c'est bien ainsi. Il n'y a rien à changer dans mon propos, pas à l'embellir. La mort de cette manière n'est pas belle, et je préfère envisager ce qui pourra être fait pour éviter cela.
Mon avis sert-il à quelque chose? Je l'ignore, d'ailleurs d'autres plus compétents et plus concernés doivent probablement se pencher sur cela dès maintenant, mais qui sait.
Bien à vous.