Contradiction sur le possible effondrement du Gulf Stream.
Le quotidien 24heures annonçait en février un risque accru de basculement du climat européen. L’arrêt du Gulf Stream en serait la cause. Ce nouvel article disait entre autres: «D’après les chercheurs, les observations et les modélisations montrent qu’un léger ralentissement peut déjà être constaté. Cela pourrait indiquer que les courants marins atlantiques se dirigent bien vers un point de basculement. »
En contradiction je republie cette note que j’ai écrite en janvier suite à une autre étude récente:
On nous annonce pour bientôt la fin du courant chaud de l’Atlantique nord. Certains la voient plutôt lente, d’autres abrupte, d’autres enfin affirment que c’est déjà en cours. « Craignez le pire : l’effondrement du Gulf Stream pourrait provoquer un chaos mondial d’ici 2025 », selon le New York Post. »
Déclin
2025!?
Un tel arrêt modifierait la météorologie, principalement l’européenne mais pas seulement. Le Gulf Stream (image 1 Nasa, clic pour agrandir) réchauffe les masses d’air froid et humides venant du Groenland. Une des théories est que son ralentissement réchaufferait moins d’air polaire et produirait des hivers plus froids en Europe.
L’air froid qui vient du nord-ouest n’est pas le plus intense comparé à celui qui vient d’Asie. Moins humide, l’air sibérien est responsable des grandes vagues de froid. Les hivers les plus glacials ne sont pas causés par une modification du Gulf Stream.
Récemment donc cette annonce alarmiste annonçait la fin du courant possiblement dès 2025. Les chercheurs en sont certains à 95%: l’effondrement aura lieu entre 2025 et 2095.
Depuis, on peut lire partout cette date de 2025. Le magazine Geo, entre autres, relaie cette info:
« Comme dans un cauchemar climatique, ou comme dans le film Le Jour d'après de Roland Emmerich (2004), le déclin du Gulf Stream est confirmé. Ce courant océanique qui circule du Golfe du Mexique au nord du Canada perd de sa vigueur. »
Anticyclones
Conséquences dramatiques: hivers beaucoup plus froids en Europe, sécheresses en Inde et en Afrique. Le magazine Epsiloon affirme de son côté que les conséquences seraient incalculables:
« Un point de bascule. Un système incapable de repartir. Et un bouleversement complet du climat mondial. C’est le scénario glaçant qui émerge aujourd’hui des modèles, effrayant physiciens et climatologues. »
Le Gulf Stream aurait perdu 4% de sa puissance depuis quelques décennies, selon des relevés dans le voisinage de la Floride. C’est possible, il peut ralentir, pourquoi pas. Mais faiblement. Néanmoins on serait à un point de bascule? De changement irréversible, comme on nous le dits? J’ai de sérieux doutes.
Cette notion de basculement dont la menace nous pendrait au nez est pratique. Elle accroît la peur d’une imminence apocalyptique. On en entend parler depuis quelques années. J’y reviendrai dans une note ultérieure. Pour l’immédiat rien n’indique que le système se bloque. On nous dit seulement qu’il y aurait un ralentissement, unique depuis 1 600 ans.
Or les courants mettent 1600 ans pour revenir à leur point de départ. On n’est pas plus avancés.
Et sur 5 000 ans? On ne sait pas. Les courants océaniques mettent des siècles à accomplir leurs circuits. Et le Gulf Stream se forme d’abord sous l’influence des vents d’ouest générés par les anticyclones de l’Atlantique nord, des Açores en particulier.
Vents
Selon Futura-Science c’est bien le moteur de ce courant:
« Quelle est donc la cause du Gulf Stream ? C’est le vent, le vent associé à l’anticyclone des Açores autour duquel il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre : la circulation des vents d’ouest au nord de l’anticyclone des Açores et les alizés de nord-est sur ses flancs est et sud. »
C’est encore confirmé par un autre site réalisé, vitrine de chercheurs de différents laboratoires associés au CNRS.
« La cause du Gulf Stream se trouve dans le vent, lui-même généré par l’énergie reçue du Soleil. »
En précisant:
« Cette grande circulation atmosphérique entraîne l’océan, en miroir, dans une grande « noria » anticyclonique qui inclut, à l’ouest, le Gulf Stream. Ce courant a ses équivalents dans les autres océans : le courant du Brésil dans l’Atlantique sud, le Kuroshio dans le Pacifique nord et le courant des Aiguilles dans l’océan. »
Pour conclure ainsi:
« Pour que le Gulf Stream s’arrête, il faudrait que l’anticyclone des Açores, lui-même, s’évanouisse, et donc que la source chaude équatoriale ne soit plus là où elle se trouve, ou que la Terre elle-même cesse de tourner. Hypothèses très hautement improbables ! »
Retournement
Si la mécanique de plongée des eaux dans les profondeurs, l’AMOC, peut ralentir, ces scientifiques n’envisagent pas son effondrement. Pour eux l’Europe ne se refroidirait pas mais connaîtrait un moindre réchauffement.
« Le changement climatique en cours n’interrompra pas le Gulf Stream mais il risque d’en diminuer l’intensité. Cette situation s’est déjà produite dans les périodes glaciaires mais pas dans une période interglaciaire comme celle que nous vivons actuellement, et elle aura certainement des conséquences climatiques en raison de la diminution du transport océanique de chaleur vers le nord dans l’Atlantique. »
Je mentionne encore Andrew Weawer, professeur des sciences de la Terre et de l’océan à l’Université de Victoria:
« Cette récente rhétorique alarmiste est un cas d’école sur la manière dont il ne faut pas communiquer sur la science du climat. Ces titres ne contribuent en rien à sensibiliser le public, et encore moins à influencer les politiques publiques en faveur des solutions climatiques. »
Il cite entre autres le dernier rapport du Giec de 2021:
« Il n’y a pas de preuve observationnelle d’une tendance dans la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC, ou Atlantic Meridional Overturning Circulation), sur la base de l’enregistrement décennal de l’AMOC et de plus longs enregistrements des composantes individuelles de l’AMOC. »
Conclusion
Il resort de ces informations que seul un arrêt ou un ralentissement des vents pourraient arrêter le courant de surface.
Or ce scénario semble peu possible. De plus on constate l’inverse: les vents s’accélèrent.
« Chaque décennie, la vitesse des vents augmente de 2 %. Voilà le constat établi par les chercheurs. Selon eux, ce phénomène a contribué à l’accélération des courants marins jusqu’en profondeur, à de 2.000 mètres sous la surface. »
Le seul événement en mesure de réduire cette circulation de retour est la fonte de la calotte de glace du Groenland, en raison de l’eau douce qui s’étale sur l’océan. Sans sel l’eau ne descend pas vers les profondeurs. Ce n’est pas ce qui semble se produire. L’AMOC bénéficie même de cette accélération des vents, qui accélère les courants:
« Une accélération de la vitesse moyenne de la circulation océanique provoque le déplacement de masses d’eau et de chaleur plus important. De plus, elle se fait sur plusieurs milliers de mètres de profondeur. La chaleur de la couche d’eau supérieure est transférée plus efficacement vers les abysses. »
La théorie super-alarmiste qui prévoit l’arrêt probable du Gulf Stream dans moins de deux ans (ou durant ce siècle) est contredite. C’est un mythe moderne.
La télé n’en dit rien. Pourquoi? En matière d’information sur le climat il y a beaucoup à vérifier.
Commentaires
Je ne suis aucunement compétent en marière de climat. Je me borne à constater que la m.étéorologie n'est aucunement une science mais un art. Qie faut-il croire ? Au réchauffement climatique ou au gel hivernal ? Info ou intox ?
Bonjour,
Il y a réchauffement, mais beaucoup de questions en même temps, sur la part anthropique, sur les risques, sur l'histoire du climat. Et sur la communication climatiste qui tend à tout amplifier.
Il y a un consensus scientifique pour dire que le réchauffement climatique est réel. L'accumulation des gaz à effet de serre en est la cause première. A partir de là, les multiples infos médiatiques basées sur des variations météorologiques, et non climatiques, ne sont pas forcément crédibles. Le Gulf Stream caresse le nord de ma Bretagne et permet des cultures précoces. Un éventuel refroidissement nous amènerait donc à les produire dans le sud de la péninsule ? Et alors ?
Le consensus est un argument auquel je ne suis pas sensible. La science ne peut être le fruit de consensus mais de choses démontrées, faites, refaites, contestées, re-refaites. Le terme de consensus est malheureux car il met la question climatique en objet politique et préférentiel.
Pour moi, entre autre, le recul des glaciers est un signe, en plus un signe déjà constaté dans le passé.
Par consensus j'entendais consensus scientifique très majoritaire. Mais même les scientifiques peuvent se tromper en envisageant l'avenir. Ils se basent sur une augmentation des gaz à effet de serre et les conséquences connues de ce phénomène. Certains scientifiques les minimisent mais je pense qu'il est plus raisonnable de privilégier la majorité.