Contre les inondations : des rivières libres dans les villes.
L’urbanisation accroît le risque d’inondations. C’est parfaitement prévisible. Dans le temps les terres absorbaient l’eau des pluies. Des zones naturelles d’expansion des crues en stockaient l’excédent et en réduisaient l’impact.
Bétonnage et bitumage, rendent aujourd’hui étanches des kilomètres carrés de surface. L’eau n’a plus ses zones naturelles de délestage. Elle s’engouffre dans les rues et les égouts. Mais ils sont trop petits pour tout drainer. Alors ils refluent.
Certaines régions sont plus vulnérables: les terres plates où la pente et très faible comme le Pas-de-Calais (entre autres) et les zones montagneuses où le ruissellement prend des proportions catastrophiques (Ouvèze et Vésubie parmi d’autres).
Un architecte a mené une réflexion sur la protection des villes contre les inondations. Puisque celles-ci ont toujours eu lieu il faut apprendre à vivre et composer avec.
Éric Daniel-Lacombe, 64 ans, exprime ainsi ses fondamentaux:
« Faire preuve de prudence, observer le mouvement de la nature, cultiver la mémoire des catastrophes passées, constituent en somme une bien meilleure protection qu’une digue qui laisse croire à l’insubmersible. »
Il a délaissé la posture de confrontation avec la nature.
« Être pour ou contre la nature face à l’architecture, c’est un débat stérile. (…) L’architecture, c’est un dialogue entre la vie et le cadre de vie. »
Chargé de mission par l’État il aménage un quartier de Romorantin, le quartier des anciennes usines Matra. En 2016 la rivière Sauldre connaît une crue centenale et inonde la bourgade.
« Le quartier Matra, conçu comme un affluent de la rivière, résiste. « Quand l’eau est montée, le fait d’avoir laissé sa place à la rivière a sauvé le quartier », relate Éric Daniel-Lacombe. Le parc public et le bassin de rétention ralentissent la crue et laissent le temps aux habitants de prendre des décisions. La décrue, elle, est rapide. »
L’image 1 montre comment la crue a été contenue naturellement et a évité le gros de la ville.
« Exposée au risque de crue, la commune de Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) n’a pas fait le choix de se barricader en renforçant ses digues. « Cela aurait été une fausse bonne idée, car lorsqu’elles cèdent, le déferlement de l’eau n’a plus rien à voir avec une montée tranquille », expose l’architecte Éric Daniel-Lacombe, qui a dessiné les plans du quartier Matra… »
La cité fluviale de Matra est décrite également sur le site de l’architecte.
Cela suppose une nouvelle philosophie de développement des villes. Par exemple « … seul 20 % de l’espace revient à l’emprise architecturale, le reste étant dédié à la rivière. »
À Mandelieu-La Napoule, Éric Daniel-Lacombe aménage les parcelles nommées Vergers de Minelle en zones d’expansion des crues. Ce projet est détaillée dans ce document officiel.
Selon le plan des travaux la ville devrait être à l’abri des crues catastrophiques en 2026.
L’architecte travaille également avec des communes à haut risque, en recherchant de cas en cas, sans dogmatisme, la solution la plus adaptée. Celle qui rend une partie de la liberté à la nature et à ses excès tout en permettant une organisation fluide et prévoyante de la vie humaine.
Des rivières enfermées et que cet enfermement rend d’autant plus dangereuses, aux rivières libres dans les villes, une nouvelle histoire urbaine commence à faire son chemin.
Commentaires
Du simple bons sens. Cela s'appelait 'l'aménagement du territoire !
Oui, c'est évidemment l'extension des villes et l'excès de bitume qui provoque les inondations, bien plus que le changement climatique. Il y a des solutions mais l'augmentation de la population est sans doute un frein à la maîtrise des pics météorologiques.