De l’utilité du sable du Sahara.
Rebelotte, il revient. Un deuxième épisode intense en quelques jours se déroule au-dessus de nos têtes. Ne laissez pas votre linge sécher à l’air!
Le sable du Sahara est habituel à cette saison. Le mécanisme météorologique est simple. Une dépression sur l’Atlantique génère une turbulence sur l’Afrique du nord. Elle aspire la couche d’air saharien (CAS) avec les poussières soulevées, et ses vents du sud transportent le sable, sous forme de poussière très fine et légère, parfois très loin au nord.
L’image modélisée (cliquer pour agrandir) montre l’étendue spatiale concernée. Les vents poussent le sable entre 1000 et 3000 mètres d’altitude, jusqu’aux portes de la Laponie ou aux sommets de l’Oural (images météoblue).
On a ici une première utilité de ces nuages. Ils permettent de visualiser la circulation atmosphérique dans ses premières couches. Les vents du sud puissants poussent le sable et donc aussi l’air chaud venu du Sahara. Ces langues de chaleur sont à l’origine des records ponctuels de températures parfois annoncés en Arctique (et Antarctique).
Ces vents du sud (pour l’hémisphère nord) sont responsables des pics et vagues de chaleur. Sans cette situation météorologique spécifique l’Europe serait plus froide, nonobstant la présence du Gulf Stream et autres courants atlantiques doux.
Le sable du Sahara freine la formation des ouragans ou en diminue l’intensité. Voici ce que dit le site Meteonews:
« La forte concentration de poussière dans l'air peut refléter la lumière du soleil et refroidir l'environnement. Ces vents du désert sont également très secs, ce qui prive les cyclones tropicaux de l'humidité dont ils ont besoin pour se développer et prospérer. Les effets combinés des températures plus basses et de l'air plus sec peuvent priver les tempêtes existantes des ingrédients dont elles ont besoin pour survivre, et l'environnement hostile paralyse les perturbations tropicales avant qu'elles n’aient une chance de se développer. »
Il a donc un effet rafraichissement par renvoi des rayons du soleil. Cela s’est passé hier en France. Selon le site Météo-Paris il a fait moins chaud que prévu, en particulier dans un quart sud-ouest (image 4):
« On nous promettait une journée exceptionnellement chaude, aux ressentis estivaux. A la fin de ce samedi, l'impression fut assez grise et un peu moins chaude qu'escompté. Que s'est-il passé? »
Un effet moins connu est la fertilisation de la forêt amazonienne, pauvre en nutriments. Selon watson:
« … la poussière du Sahara est la principale source de nutriments pour la forêt tropicale amazonienne. L'approvisionnement des forêts par le biais des minéraux constitue quasiment une fertilisation naturelle. »
L’image 1 montre le nuage qui traverse l’Atlantique pour aboutir au Brésil. La survie à long terme de la forêt amazonienne dépend du sable du Sahara.
Question rituelle: le réchauffement influe-t-il sur ce phénomène? Réponse quelque peu floue sur France info:
« Hervé Herbin : Le dérèglement climatique peut influencer la densité du sable de ces tempêtes, mais peu la fréquence de ces dernières. À court terme, on peut supposer que la quantité de poussière émise par les tempêtes augmente. Car le sable est présent dans des zones arides et, chaque année, les surfaces arides sur la planète augmentent, notamment à cause du réchauffement climatique. Aujourd'hui, les zones arides constituent 40% de la surface continentale, ce qui est énorme. Cela augmente donc la possibilité d'émission de poussière dans l’atmosphère. »
L’augmentation des surfaces arides est-elle si rapide et inéluctable qu’on pourrait en constater l’effet quantitatif d’une année sur l’autre? J’en doute. Ce que j’ai lu mentionne plutôt l’horizon 2100, pas un changement actuel, trop lent pour être visible à ce stade.
D’ailleurs l’aridité n’est pas un phénomène si simple, et pas inéluctable:
« Le lien de cause à effet entre le changement climatique et l’expansion des zones arides à la surface du globe semble relever de l’évidence. Il ne va pourtant pas de soi, bien au contraire, révèle une étude réalisée par des chercheurs de l’université d’Harvard, aux États-Unis. Leurs recherches, publiées dans la revue Nature Climate Change battent en brèche des années de projections climatiques prédisant l’extension des écosystèmes arides. »
L’épisode actuel pourrait durer jusqu’à mardi. Voir le ciel orange dépend de la densité du nuage. Nuage qui va ensuite s’évacuer par l’est sous la poussée d’un front froid et d’un retour des vents d’ouest-nord-ouest.
Commentaires
C'est toujours un plaisir de lire vos textes qui versent une bouffée d'air pur dans un climat anxiogène. Et, pour continuer dans le même registre, disons que cette lecture tempère les douches froides assénées par le discours climato-dogmatique.