Quand faire du blé use la terre.
La France exporte du blé en quantité, pour plus de 3 milliards d’euros par année. Si c’est bon pour la balance des paiements ça l’est moins pour le sol. Ce blé qui part du port de Rouen est cultivé intensivement dans la région.
De grande surfaces sont ainsi utilisées, des surfaces où l’on ne trouve plus d’arbres ni de haies. Or les arbres permettent de faire de l’humus grâce à la décomposition des feuilles et d'entretenir une flore microbienne utile sous la surface. Les haies abritent des oiseaux qui se font un régal des insectes.
Un reportage de 52’ montre le big business du blé: champs à perte de vue, gros transporteurs qui conduisent ces milliers de tonnes de céréales vers la Chine et l’Afrique du nord.
Pour produire autant il faut stimuler les sols, par des engrais. De plus cette monoculture sans végétation favorise les maladies. C’est un exemple typique du conflit entre la productivité (dont l’argent n’est pas forcément la seule raison) et la reconstitution nécessaire des sols.
La terre s’use, malgré ou à cause des ajouts qu’on lui donne.
Certains agriculteurs acceptent ce système pour maintenir leur exploitation. Je peux les comprendre, de même que je comprends que la productivité peut contribuer à diminuer des pénuries.
Si certains ne l’acceptent pas et préfèrent cultiver de manière mesurée, d’autres le feront. Le choix peut s’avérer difficile. Les exploitations plus locales peuvent éviter l’intensif si elles trouvent des débouchés régionaux, et éviter ainsi la course au gros rendement. Mais avec des charges souvent élevées du fait d’une moindre production.
Il faudrait alors que tout le monde pratique ainsi pour permettre à chacun de gagner sa vie et aux sols de se régénérer. C’est essentiel à long terme. Mais on ne peut imposer une telle mesure au niveau mondial.
Entre produire suffisamment pour tout le monde, bien gagner sa vie et régénérer les sols, un équilibre est à trouver. En ayant bien à l’esprit que la reconstitution du sol est vitale à long terme.
Commentaires
Etre raisonable, respectueux de la nature n'est plus de mode. Aujourd'hui il faut produire plus pour vendre plus et puis jeter. Revenir en arrière ? Trop tard. Il faut attendre la mort parce qu'elle produit le renouveau, la renaissance, la pureté de l'origine ! C'est ce que porte notre jeunesse, l'espoir du monde nouveau !
En effet, l'agriculture intensive use les sols ; cela est très visible dans les anciens terrains marécageux drainés, comme la Plaine de l'Orbe ou le Seeland, mais cela se remarque aussi dans les terres à brunes du grenier à blé du canton de Vaud.
Et voilà que nos deux chambres fédérales viennent de refuser d'obliger l'agriculture suisse à consacrer 3,5 % des TO (terres ouvertes) à la biodiversité. En précisant que les paysans suisses réservent déjà, et cela depuis des décennies, 7 % de leur SAU (surface agricole utile) en prestations écologiques requises, mais pas obligatoirement installées sur des TO.
Et cela, malgré les promesses du Conseil fédéral et du précédent parlement pour contrer les initiatives sur les phytosanitaires.
Les greniers à blé, comme la plupart des monos-cultures, sont à la fois un échec écologique et un avantage économique. Mais actuellement le blé français est largement concurrencé par le blé ukrainien importé sans taxe. Ma Bretagne aussi a connu ces transformations, mais à plus petite échelle, par le passé. Nommée "remembrement", cette action a changé le paysage dans le but de produire davantage grâce à la mécanisation de l'agriculture. Les parcelles cultivables ont été agrandies. Les talus ont disparu et, avec eux, les arbres et les arbustes abritant une faune qui n'est plus. Le vent et la pluie ont nettoyé le sol qu'il a fallu engraisser artificiellement. Aujourd'hui, on revient en arrière et l'on plante des haies le long des champs. L'écologie c'est aussi prendre conscience que l'Homme n'est pas le seul être vivant sur Terre.
Je suppose qu'à l'époque on pensait bien faire.
Aujourd'hui on commence à savoir que c'était une erreur.
La monoculture sur de grandes surfaces a pu représenter un allègement de la peine du paysan. Mais avec de nouvelles contraintes et de nouveaux stress en plus d'a affaiblissement des sols.
Intéressant résumé de l'historique et de l'importance des haies.
En Provence elle permettent de couper un peu les vents forts et asséchants.
https://professionnels.ofb.fr/fr/haies-bocage