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L'APOCALYPSE (conte déraisonnable, seconde partie)

On étudia d'où partait le son. On constata qu'il venait de la surface du sol. Cette année-là les grillons avaient proliféré et avaient même envahit les villes. Quel lien avec ces quatre mots:

"Je t'aime. mon amour"?

Et bien, aussi incroyable qu'inimaginable, on vit alors que c'étaient les grillons. Les grillons parlaient l'humain! Etait-ce une mutation liée aux tonnes de produits chimiques déversés chaque année dans la nature? Etait-ce une capacité d'imitation vocale inconnue, comme celle du merle des Indes? On ne trouva pas la réponse: tous les appareils de recherche étaient eux aussi hors-service.

Partout, les grillons avaient repris en choeur ces quatre mots.

On chercha alors comment cela était possible. On analysa les témoignages, et l'on découvrit que cela avait commencé dans une prairie à l'ouest de Vierzon. On cerna encore plus le sujet pour enfin constater qu'il y avait un endroit très précis d'où tout était parti. On désigna même la prairie où les premiers grillons avaient chanté.

Et là, on entendit encore ces quatre mots: deux amoureux fous, éperdus, se disaient à chaque seconde: "Je t'aime mon amour". Ils le disaient si souvent que, sans que l'on comprenne pourquoi, les grillons autour d'eux les avaient répété, puis les grillons autour des grillons, puis sur toute la Terre des milliards de milliards de grillons répétaient ces mots.

On arrêta les deux amoureux et on les mit en prison. Après tout, leur amour avait causé une catastrophe mondiale, ils devaient en répondre.

Cela lança un grand débat international. Personne n'ayant plus rien à faire, tout le monde mit son grain de sel. Les uns voulaient faire taire les amoureux. On proposa de leur couper la langue, ou de les isoler séparément loin l'un de l'autre. Certains voulaient en finir et les faire mourir. Mais beaucoup d'autres estimaient qu'ils n'étaient pas responsables des grillons, qu'ils devaient vivre librement, quelles qu'en soient les conséquences.

Le débat s'envenima. Les partisans des deux camps en vinrent aux mains, puis pire. On assista pendant quelques semaines à de terribles carnages. Les gens étaient devenus fous, et la famine commençait car tous étaient démotivés à cause de la catastrophe.

Puis, voyant que l'humanité risquait de disparaître, la bataille cessa. De six, les humains étaient passés à trois milliards. Alors on décida de tout reconstruire. On en profita pour tout repenser, partir sur de nouvelles bases. Jamais on n'avait vu autant de palabres, d'idées nouvelles, d'enthousiasme partagé. Les désaccords se réglaient non plus par une lutte de pouvoir, mais par des principes objectifs sur lesquels l'espèce se réorganisait.

Par chance, aucun sauveur n'émergea. Chaque humain était également concerné et impliqué dans la reconstruction.

On ne sait pas pourquoi, les grillons cessèrent soudain de parler l'humain.

Et les deux amoureux continuèrent à s'aimer de toute leur âme, au son de ces quatre mots:

"Je t'aime, mon amour".


Fin

Catégories : Humour 2 commentaires

Commentaires

  • Probablement qu'"il y a plus de raison dans le corps que dans la meilleure sagesse. » (Nietzsche)

  • l'amour peut deplassé des montagne ..dans ce conte elle a presque cosé l'apocalypse ..c'étais super

Les commentaires sont fermés.