Je cède la parole aujourd'hui au regretté Pierre Desproges, humoriste iconoclaste et grinçant. Tiré de "Fonds de tiroirs" aux éditions Points.
RITE
La copulation, chez le footballeur, s'accompagne d'un rite amoureux immuable. Chaque dimanche, ces magnifiques vertébrés supérieurs se retrouvent par hordes de vingt-deux individus dans une immense clairière à l'herbe drue.
Après une période de danse désordonnée autour de la clairière, un de ces bestiaux envoie la balle entre les bois. C'est la femelle. Aussitôt cinq ou six mâles de la horde se jettent sur elle et l'enlacent, la serrent, la pétrissent, tandis que monte vers la nue ce hurlement d'un érotisme torride, si caractéristique de l'orgasme footballistique: "Ouailémèc, Alémèc, Adidonlémèc, Chapolémeèc, Oualémèc".
C'est tellement beau qu'on pourrait se prendre à croire en dieu.
Et cette petite perle sur un autre sujet:
MITTERRAND
Si Mitterrand était allé sur la tombe de Jean Moulin avec un paquet de farine à la main, ça aurait fait rire. Il aurait été ridicule. Tandis qu'avec une rose on n'a jamais l'air con.