“C’est pour aujourd’hui...” pensait-il en se réveillant. Non, en fait il n’avait pas dormi. Il repensait à tout ce qu’il allait perdre, à tous ses rêves non réalisés. L’homme qui avait peur sentait monter l’angoisse. Comme un chat s’agrippe désespérément au tronc d’arbre au-dessus de la rivière en furie.
A huit heures il appellerait son employeur pour lui dire enfin tout le mal qu’il pensait de lui. Il souffrait depuis des années. Le sourire obséquieux qu’il arborait au bureau cachait approximativement ses états d’âme. De toutes façons ce n’était pas grave, il n’irait plus travailler. Il avait envoyé la veille une lettre d’insultes à ce collègue qui lui avait pris la place de sous-chef de service des archives, poste qu’il estimait devoir lui revenir après vingt-cinq ans d’attente bilieuse et servile.
Il devait aussi téléphoner à ses enfants. Leur demander pardon d’avoir été un père si fade, si couard, si peu intéressant. Jamais capable de les emmener ailleurs qu’à Iquéa, où il les laissait jouer seuls dans le parc à boules multicolores pendant qu’il regardait à travers la vitrine un nouveau jour qui ne venait jamais.
Il se leva, n’ouvrit pas les volets. Il passerait ses dernières heures enfermé. Il se prépara un petit noir, mit en boucle la chanson de Johnny “Noir c’est noir”, et s’installa dans un fauteuil avec pour lecture “Le rouge et le noir” de Stendhal. Une plaque de chocolat noir à ses côtés. La télé était éteinte. L’écran noir lui évitait de tomber à l’improviste sur un film avec Michel Blanc.
Il pensa encore une fois à ce jour terrible qui commençait: le 10 septembre, jour du grand trou noir qui allait dévorer la terre! Il allait disparaître, tout allait disparaître. Plus de chef de service, plus de factures, plus d’images de boat people noyés entre la pub de Chanelle et celle de Diorejadore. La paix éternelle arrivait à la vitesse du Big Bang.
Puis il commença la lecture. Il lut pendant des heures sans voir le temps passer.
Le soir, il lisait encore, cherchant vainement dans le roman de Stendhal le passage où il expliquerait les coloriages.
Le lendemain matin il était endormi sur son fauteuil. Le lendemain matin était le 11 septembre...
Commentaires
Bonjour à tous,
Je sais que "l'homme libre" conforme à son esprit offre l'asile sur son blog lorsque les bloggeurs craignent la sanction des moralistes socialistes, communistes et autre marchands de boniments qui retirent les commentaires qui ne leur plaisent pas.
Un peu comme le sorcier du village qui fait des incantations pour apporter la pluie alors que sa tribu vit dans le désert!
J'ai laissé un commentaire sur le blog d'information socialiste (belle contradiction les socialistes n'informent pas ils endoctrinent)de M. Holenweg
Comme il risque de le retirer, je vous le pose ici aussi.
Merci pour l'accueil!
mon commentaire adressé à M. Hollenweg:
Vous oubliez que l'invalidation ne touche pas M. Cerutti qui est sorti blanchi ni le MCG lui aussi mis hors de cause.
Cette invalidation est une mascarade de justice que je croyais réservée à mon pays d'origine.
Les socialistes ici me font bien rigoler avec leurs larmes de crocodiles. Ils encaissent d'abord et seulement après ils s'occupent de ce qui leur apporte des électeurs.
Quant au verts, chez nous on les aiment bien cuits. Pas de doute qu'avec le baiser de la mygale libérale (certains l'appellent la veuve noire) ils le seront après cette élection qui se transformera en érection finale.
Contrairement à Messieurs Charbonnier et Ronget qui portent tous les deux l'odeur du bois des sièges du conseil municipal sur leurs habits à cause du nombre d'années qu'ils les usent, ils n'ont jamais fait le dixième de ce qu'à fait Thierry Cerutti en une année. Cet homme que je ne connaissait pas c'est mis à notre écoute, déposé des pétitions (que les partis des deux uatres combattent alors qu'elles sont nécessaires)agit comme député pour défendre la cause de Vernier. C'est lui que nous souhaitons, même si nous ne pouvons pas voter!!!
Bien que votre peur de perdre les avantages qu'offre le pouvoir fait pitié, je constate que vous n'échapperez pas au proverbe africain qui dit que lorsque le lion est malade il reçoit même des coups de pieds de l'âne!!!
Bonjour Honoré, merci de votre visite. En effet ici c'est un espace de liberté, donc c'est avec plaisir que j'accueille votre commentaire. J'aime beaucoup l'Afrique, j'y suis allé plusieurs fois (Nigéria surtout), j'ai lu pas mal de contes africains, mais je ne connaissais pas ce joli proverbe. Il y a toujours dans la sagesse africaine un sens concret qui me plaît beaucoup, une jolie façon de relier la Terre aux étoiles.
J'aiemrais vous demander ce que vous pensez de la chanson que j'ai composée, inspirée de cette Afrique que j'aime et qui souffre aussi. Vous la trouverez tout à la fin de mon billet: http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2008/09/01/constituante-je-suis-candidat-presentation-et-premieres-idee.html
Bien à vous.
Ah, bon! Vous ne connaissiez pas ce "joli proverbe"? Pourtant:
LE LION DEVENU VIEUX
Le lion, terreur des forêts,
Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets,
Devenus forts par sa faiblesse.
Le cheval s'approchant lui donne un coup de pied ;
Le loup, un coup de dent ; le boeuf, un coup de corne.
Le malheureux lion, languissant, triste, et morne,
Peut à peine rugir, par l'âge estropié .
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,
Quand, voyant l'âne même à son antre accourir :
Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ;
Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.
et c'est du regretté La Fontaine!
Et bien Azrael, autant pour moi. C'est vrai que La Fontaine n'est pas vraiment ma tasse de thé, bien que j'en ai lu à l'école. J'ai une vague mémoire du corbeau et du renard, des bribes du loup et de l'agneau, et des traces de quelques autres. Cette forme de poésie ni ne m'inspire ni ne s'incruste dans ma mémoire. Quand au proverbe africain, soit Honoré s'est trompé, soit il existe le même en Afrique. Savoir si La Fontaine l'a repris, ce serait possible car bien des africains, parfois célèbres, ont vécu en Europe dès le XIIIe siècles, certains ayant mêmes des charges honorifiques dans certaines cours européenne. Ou simplement la sagesse peut exister dans les mêmes termes au sein de cultures différentes.
Ou bien aussi les Africains l'ont repris à leur compte à partir de La Fontaine. Il faut envisager toutes les possibilités!
"...ni ne m'inspire ni ne s'incruste dans ma mémoire."
Dommage, certaines ont une petite musique syncopée plutôt jazzy.
Quoi qu'il en soit, puis-je vous conseiller de jeter un oeil à "La laitière et le Pot au lait"; on ne sait jamais...
Je l'ai fait, Azrael. Je dois dire que l'écriture est magnifique! Le rythme, les mots, les images, l'esprit, la construction du texte, la densité du contenu apparemment anodin, d'accord, bravo La Fontaine. J'aime la belle écriture et là je me suis régalé. Merci de votre suggestion.
Par contre j'ai toujours de la peine avec l'aspect moraliste - c'est fait pour, c'est le principe d'une fable, mais ce n'est pas qu'avec La Fontaine que je résiste. La généralisation de cet aspect moraliste me dérange.
Je suis dans une perception des humains beaucoup plus relativiste, Gestaltiste, situationiste peut-être, et les conclusions morales des fabulistes sont en général trop généralisées.
D'ailleurs on pourrait conclure par différentes autres observation et morales, autres que celle proposée par La Fontaine. Exemple: Perette finalement pourrait être bien contente d'avoir laissé tombé son lait, car un charmant jeune homme est venu l'aider, ils ont fait connaissance, se sont aimés, et sont partis aux Amérique et devenus riches grâce à une concession minière. La conclusion pourrait être: les châteaux en Espagne sont parfois le début de la route vers les étoiles!
Je réalise que je m'étais arrêté uniquement à l'aspect moraliste et que je n'avais pas apprécié l'écriture. Vous m'avez ouvert une porte, et je vais à l'occasion relire La Fontaine autrement.