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Reliance et séparation: une philosophie politique pour la cité?

J’emprunte à Edgard Morin quelques mots sur la reliance, pour tenter d’en dégager des idées-forces concernant le fondement de l’organisation politique. “L’Organisation fonde l’unité du multiple et assure la multiplicité dans l’un; elle produit des émergences, qualités et propriété inconnues au niveau de ses constituants isolés…” . Et encore: “La vie est l’union de l’union et de la séparation”.

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L’organisation prospère de la cité se fonde sur l’équilibre entre le bien individuel et le bien collectif. L’individu est le séparé, le multiple, le complexe, et la république est l’union, l’unité ou nous tous individus pouvons vivre. L’individu crée, satisfait ses besoins, chacun à sa manière et selon ses intérêts. Les intérêts croisés et convergents produisent de l’activité, de la pensée, de la richesse, et demande de l'organisation.

Aucun système vivant ne peut survivre que par un élément unique. Comme notre physiologie, ou comme la Terre et son atmosphère, tout système est composé d’une complexité d’éléments. Dans la complexité, chaque élément individuel est indispensable en lui-même, tout comme chaque enzyme digestif l’est pour une bonne assimilation. La séparation permet le développement de l’individu, comme la séparation du bébé d’avec la mère à la naissance permet son développement. Le développement de chaque individu est indispensable à la communauté. Mais un élément isolé, aussi Reliance4.jpgindispensable soit-il, ne sert à rien s’il est seul, de même que les enzymes digestifs entre eux se complètent et se stimulent. Ce n’est que par l’ensemble que chacun réalise le mieux ce pour quoi il est fait individuellement. Le vivant est interactif.

Ainsi une Constitution, qui est la règle unique, doit permettre à tous les individus (à la complexité) d’exister et de réaliser ce qu’il savent faire. La complexité ne survit que s’il y a un référent commun qui relie tous les éléments. Sans quoi ce serait la dispersion et la fin de chaque élément individuel, après des phases d’hypertrophie de certains qui détruiraient les autres avant de se détruire eux-même.

La crise financière est un exemple de dé-reliance. La loi du marché n’est pas une loi, ni même un mécanisme en elle-même. Elle ne saurait être régulatrice puisqu’elle est dépendante une fois de l’offre, une fois de la demande. Elle est au mieux un mécanisme oscillant, un rapport de force, ce qui n’est pas un facteur d’équilibre durable. L’hypertrophie d’un élément menace l’ensemble.

Reliance9.jpgUne loi commune est donc nécessaire pour préserver l’ensemble. C’est un facteur régulateur qui, parce qu’il est durable, maintient la complexité en état de marche. Et qui, parce qu’il est reconnu par tous, peut évoluer tout en étant relativement fixe. En termes économiques et politiques, le capitalisme est le multiple: liberté de penser, d’agir, de créer son activité, de mouvement. Mais il ne peut être un système complet. Car si l’accumulation et la concentration sont utiles à la création, comme l’accumulation d’énergie produite par un gaz froid dans l’univers crée une étoile chaude (et donc les conditions de la vie), de même cette création ne perdure que si elle connaît ses limites et complète le mécanisme de concentration et de création par un autre mécanisme de conservation et de répartition. Le vivant est un éco-système.

Dans un système de reliance-séparation, la droite traditionnelle représente plutôt la séparation: elle valorise l’individu, l’esprit d’entreprise, la concurrence, la création d’idées et de possibilités nouvelles, la responsabilité individuelle de nos actes, etc. C’est grâce à la force créatrice des ses Reliance2.jpgcomposants-individus qu’un ensemble se développe et s’enrichit matériellement et spirituellement. Dans ce même système la gauche représente la reliance, le social, la mutualité, la solidarité, sans lesquelles le système se disperse tôt ou tard et s’éteint. Le problème du clivage politique droite-gauche est que l’ensemble de l’organisation humaine a besoin des deux pôles pour vivre et durer. Le clivage, exigeant d’être d’un bord ou de l’autre, ne peut qu’aboutir à des blocages et déséquilibres. Aucun des deux éléments du binôme gauche-droite n’est un éco-système en lui-même. L’union des deux est seule dynamique et évolutive.

La nouvelle constitution devrait tenir compte de cela. Les clivages y seront présents et portent le risque de la faire échouer. Je ne sais pas si les constituants seront conscients de cela. Je l’espère.

 ConstitLogo4.jpgOutre la nécessité d’une régulation financière, cette notion de reliance-séparation amène à fonder certains principes. Par exemple, si la responsabilité individuelle de nos actes est un facteur positif pour la communauté humaine, elle doit être appliquée à tous les échelons comme un principe.

J’y reviendrai dans le prochain billet.


AfficheMCG.jpgJohn Goetelen
Liste No 9 MCG
Mouvement Changer Genève







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Catégories : Politique 10 commentaires

Commentaires

  • Bonjour l'hyper-actif, Très intéressant, cet article!
    Bonne journée
    Ark

  • Bonjour Ark, merci pour l'appréciation. Dans le prochain j'irai plus dans le concret à partir du même fondement reliance-séparation. La pensée d'Edgar Morin pose des regards fondamentaux, je m'y retrouve et m'en nourris.

  • "Le clivage, exigeant d’être d’un bord ou de l’autre, ne peut qu’aboutir à des blocages et déséquilibres." J'ajoute qu'il favorise aussi l'auto-mutilation intellectuelle. A une époque historique où la mondialisation est un fait, avec ses avantages et ses inconvénients, il serait bienvenu de penser "global" et "ensembles organisés" et poser des références fondamentales sur lesquelles le global peut être pensé. Gros boulot et gros challenge, car il se confronte à des modes de penser individuels et ancestraux, à des fixations émotionnelles, et pleine de choses dont il serait opportun de se débarrasser.

  • Salut N06, Just for the fun:

    "Le clivage, exigeant d’être d’un bord ou de l’autre, ne peut qu’aboutir à des blocages et déséquilibres."

    Il y a dans cette affirmation comme une contradiction dans les termes. On ne peut pas être à la fois contre les blocages ET contre les déséquilibres.

    Le blocage c'est l’immobilité (en politique on appelle ça immobilisme) qui est justement la conséquence d’un EQUILIBRE des forces en présence. Seul le DESEQUILIBRE est facteur de mouvement ; contrairement à cette doxa qui voudrait que c’est l’équilibre des forces politiques qui est facteur de mouvement « positif ». Comme pour la marche à pied, c’est le déséquilibre répété qui fait avancer le Monde.

    Ceci pour dire que, malgré toutes ses évidentes imperfections, le clivage gauche/droite n’est pas l’absurdité ringarde que vont répétant ceux qui, majoritairement, se situent sur la droite du « fromage » politique. C'est même ce "clivage" qui pousse les uns et les autres à faire bouger les lignes.

    Et n’oublions pas qu’ «Est bien fou du cerveau qui prétend contenter tout le monde et son père »!

  • @ Azrael : ni la droite ni la gauche n'ont fait quelque chose depuis trente ans. Les clivages n'ont d'autre but que de maintenir quelques castes en place et l'immobilisme en est la conséquence puisqu'en ne changeant surtout rien, les pouvoirs (de gauche comme de droite) maintiennent leur ascendant sur la population, qui elle reste toujours dans le besoin, dans l'expectative, dans une non liberté réelle en matière de droits économiques et sociaux bien que la liberté formelle soit sauvée en apparence par des droits civiques et politiques.

    Mais à ce jeu de dupes, on voit bien (1) combien de lois ne sont pas appliquées par la sphère dirigeante, ne respectant pas l'expression d'un plébiscite et (2) combien de fois on est contraints à choisir entre du lard et du cochon...

    Voilà, excusez ce ton un peu didactique. Mais je pense avoir répondu à votre question, si cruciale.

    Cordiales salutations au très prolifique Hommelibre!

  • @Micheline.

    Ce n'était pas une question. Et ce n'était pas non plus de cela qu'il était question.

    Pas grave... :o)

  • Salut Miaou: Je vois différemment. Immobilité n'est pas automatiquement blocage, elle peut être repos ou arrêt temporaire, en laissant la possibilité d'une remise en mouvement. Blocage est plutôt l'immobilité durable avec peu ou pas de remise en mouvement, comme pour une articulation arthritique. Le blocage aboutit à la désadaptation.

    Imaginez-vous pont du Mont-Blanc, 18 h, pour une fois ça roule, les feux sont verts, et vous vous arrêtez au milieu (sans panne): c'est l'immobilité... Si vous restez durablement immobile, ce deviendra un blocage et la désadaptation. :o)

    Sur le déséquilibre, je pense au déséquilibre pathologique, non compensé par un temps de rééquilibre, comme en effet pour la marche. Et ce déséquilibre est dynamique et productif, c'est le mouvement.

    Le déséquilibre est dynamique jusqu'à un point. L'équilibre ne l'est plus.

    Si l'on en vient au clivage, il est une expression des systèmes binaires inhérents au vivant: les muscles = contraction/détente; le coeur = dilatation/contraction; la marche = gauche/droite; la respiration; etc. Je reconnais que ces systèmes binaires font partie de la vie. Mais ils sont généralement logés dans des fonctions hyper-basiques. Je ne suis pas convaincu que ce système binaire soit approprié dans les affaires humaines complexes.

    Le but n'est pas pour autant de contenter tout le monde, mais de penser plus large et de ne pas refuser systématiquement ce qui vient de l'autre bord. Si c'est être de droite que d'essayer de penser autrement, plus global, je trouve cela valorisant pour la droite.

  • @ Azrael : pas grave si vous n'avez pas compris. Plus simplement : il n'y aucune contradiction dans les termes de clivages, de blocages et de déséquilibres car il ne faut y voir aucun équilibre des forces gauche-droite - c'est un abus de langage - et que les déséquilibre vécus, bien réels et maintenus comme tels dans notre société sont provoqués par ces clivages et non par un quelconque mouvement.

    Hommelibre se présente à la Constituante sur la liste "Mouvement Changer Genève". Ce serait une excellente chose s'il était élu!

  • No6, vous me prenez pour un débile mental?

  • Miaou, j'avoue ne pas comprendre... Vous ai-je blessé?

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