Hier ma ballade dans Bruxelles m’a permis de développer quelques réflexions préliminaires sur mon implication dans la condition masculine.
L’affaire douloureuse que j’ai vécue pendant sept ans a été un bouleversement dans ma vie. Sans revenir sur les détails qui se trouvent sur mon site perso ( hommecible.com ), j’ai découvert les biais, les violences et les discriminations vécues pas les hommes, et j’en garde une marque durable dont la colère est l’une des manifestations.Je reviens sur cette colère en quelques mots. Il est vrai qu’elle n’est jamais très loin quand j’entends ou vois une discrimination systémique contre les hommes. Cette colère s’exprime avec vigueur, dans des termes forts et parfois provocateurs. Je ne veux pas nier la tension qui m’habite sur ce sujet. Elle s’exprime d’ailleurs autant à l’encontre de la justice et ses errements qu’envers le féminisme radical (marxiste) dont l’objectif est la déconstruction du masculin.
Je pense toutefois que cette colère doit évoluer. Le débat sociétal hommes-femmes vaut plus qu’une colère. Si ma parole veut prendre sens au-delà de ma propre expérience, si je souhaite qu’elle devienne efficiente dans le monde, elle doit peu à peu délaisser l’imprécation au profit d’une analyse toujours réargumentée. Car si ma colère vient d’une profonde blessure et dispose d’une légitimation viscérale et expérientielle, elle n’a qu’un temps. J’en fais donc une analyse critique. Seule la conceptualisation au-delà de la colère peut donner à la parole une vie dans le temps – et sans durée, pas d’efficience.
Il se peut que cette colère pointe encore le bout du nez mais je serai plus attentif dorénavant au ton que j’utilise dans cette problématique. Pour autant je ne cesserai pas ma critique forte et fondée du féminisme radical et de sa volonté de prise de pouvoir sur les hommes et sur la société.
Hier soir, 90 minutes de rire! La pièce “Où sont les hommes” est une collection désopilante de clichés sur les hommes, parfois égratignants, toujours justes. Il paraît qu’elle existe en dvd mais je n’en ai pas la référence.
Au moment où le congrès commence, déjà les thèmes fondamentaux sont: la discrimination systémiques des hommes: garde des enfants en moyenne à 82% aux mères avec évacuation des pères, fausse allégations (68% au Québec), tendresse suspecte des hommes-pères à l’égard des enfants, programmes scolaires défavorables aux garçons, sexisme des médias, santé des hommes objet de moins de recherche, entre autres.
Débat aussi sur la structuration de la personnalité du garçon, pour qui la mère toute-puissante ne saurait lui inspirer des limites nécessaires en l’absence du père. La perte du père est une perte du re-père. Le machisme des jeunes hommes actuel illustre comment le manque de modèles masculins clairs et forts engendre de nouveaux machos. L’égalitarisme forcené de notre époque, qui nie toute différence de genre pour n’en faire qu’une construction sociale interchangeable, est aussi extrême et dangereuse pour l’équilibre des rapports hommes-femmes que le sexisme que les femmes ont subi à différentes époques. Assumer une différence des sexes est une manière d’établir des rapports plus clairs et mieux délimités entre genres. Ce sont les réflexions apportés par les premiers orateurs.
J’ajoute que la forte tendance du féminisme radical de nier toute différence des sexes est de nature à ôter tout fondement philosophique, culturel et éthique au respect entre sexes. Si un gars et une fille n’ont pas de différence, pourquoi un garçon respecterait-il une fille? Pourquoi ne la taperait-il pas comme il taperait ses copains? La seule base du respect devient, dans cette optique, la juridiciarisation des relations, et seule la peur du juge ferait que les hommes respecteront les femmes (et vice-versa). Il n’y a là plus d’éthique personnelle fondamentale pour gérer les relations humaines.
Autre sujet abordé: on croit souvent que la libération des femmes en a fait d’audacieuses amazones sexuelles, prenant l’initiative, et face auxquelles les hommes se sentiraient castrés car ayant peur de ne pas être à la hauteur. La réalité proposée par un sexologue belge est très différente: les femmes se refusent beaucoup plus qu’on imagine. La peut d’être objétisées rend les femmes fermées aux désir des hommes. Dire non, se refuser (en couple) est d’ailleurs une affirmation d’un pouvoir: quand la femme s’est ouverte sexuellement elle a comme perdu ce formidable pouvoir de dire non. La sexualité devrait être ouverte, communicante, joyeuse, plutôt que coincée et coinçante.
Autre intervention: quand les hommes parlent de leurs problèmes on dit qu’ils chialent. Quelle que soit la manière ils n’ont pas le bon ton, la bonne manière. Le sexisme contre les hommes a gagné la publicité et des médias. Les hommes sont devenus une cible facile, et la ridiculisation des mecs dans la pub serait impensable s’agissant d’une femme. Les images d’actes violents commis par des femmes passe facilement pour de l’affirmation de soi ou de l’auto-défense et sont valorisés comme tels, alors que chez l’homme il s’agit juste de sa violence haineuse et sa domination de genre. Quand au cliché homme bourreau-femme victime, avec des chiffres faux ou abusifs sur par exemple la violence conjugale, il doit cesser car gravement discriminants pour les hommes et engendrant des conséquences dramatiques – dont ma propre affaire n’est qu’une des nombreuses illustrations.
Les groupes de parole pour hommes, initiés par Guy Corneau, sont également présentés ce matin. Ces groupes ont permi à des hommes de se reconstruire après des divorces, ou de pouvoir définir leur identité, en particulier pour des hommes qui ont été éduqués dans des familles matriarcales.
Les interventions sont calmes, posées, pointues, et toutes vont dans le sens de renforcer l’égalité et de refuser les discrimination, quel-le-s qu’en soient les victimes. Pas d’exclusion, au contraire. Chacun déplore le fait que parler de la condition masculine soit parfois perçu comme la négation des questions féminines. On ne peut avancer dans une perpective de lutte et de domination, ou faire une comptabilité unilatérale des blessures. Refuser d’entendre la blessure des uns à cause de celle des autres n’a aucune légitimité. Nous sommes là tous ensemble pour tenter de comprendre, et peut-être de soigner des blessures. Il n’y a pas de gagnants contre des perdants. Le seul bon système est celui du gagnant-gagnant. Il est à noter qu’il y a environ 30% de femmes participantes à ce congrès.
Bon début en ce vendredi matin!
Le congrès se déroule dans les bureaux de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes de la région Wallone, avec le concour de la Communauté française de Belgique, de la province du Brabant wallon, de l’école des parents.
Par contre, pas de wifi au centre de congrès. Le cyber-café proche me demande de travailler sur un clavier Azerty et un PC au lieu d’un Mac, donc trop long à reprendre mon texte en word pour le retaper ailleurs. Je vais donc rapidement faire un saut dans un fast food où il y a une borne wifi ouverte. Cela pour dire que je ferai du mieux pour commenter les travaux du congrès mais sans garantie de pouvoir le faire 2 fois par jour. Et si je n'arrivais pas à poster plus (le programme est très serré) ce sera pour plus tard. Et je ne pourrai répondre aux éventuels commentaires qu’ultérieurement.
A part cela, grand ciel bleu ce matin sur la Wallonie!
John Goetelen
PS: Les Belges que je rencontre sont décidément toujours aussi gentils, naturels et ouverts. Un vrai délice!
Commentaires
Je n'ai pas beaucoup de temps poour revenir sur cet article mais tuotefois...
"Si un gars et une fille n’ont pas de différence, pourquoi un garçon respecterait-il une fille? Pourquoi ne la taperait-il pas comme il taperait ses copains?"
Pas d'accord, pas d'accord, pas d'accord!! Un garçon respecte les filles comme il doit respecter les garçons... le respect est le même pour l'un et l'autre genre...
Et cette histoire de taper?? ... taper garçon ou fille n'est pas bien! Donc de nouveau pas de différence à faire...
Boo, les garçons ont besoin de se mesurer. Chez eux la lutte, y compris physique participe à la construction de l'image de soi. Bien sûr que fondamentalement je n'approuve pas la bagarre, que le respect doit passer en priorité. Mais dans les faits cette notion de lutte fait partie d'un moment de leur évolution. Le mieux est qu'elle soit canalisée afin de ne pas en arriver à s'amocher physiquement juste pour prouver qu'on est le plus fort. La vraie force doit être ailleurs: dans l'intellect, le coeur, la maîtrise. Pour cela il faut avoir des modèles qui montrent le chemin. Et parfois il faut construire soi-même ce modèle, cela prend du temps, et le passage par la lutte physique n'est pas toujours évitable.
Chez C. Castaneda des réflexions pareilles passent pour être indulgentes au temps que je les encourage bien, car c’est dans les pensées de cette sorte l’être humain se manifeste. Merci, il était plaisant de lire cette « confession » en quelque sorte.