Suite à mon article d’hier: «Faux souvenirs, fausses accusations», je propose aujourd’hui des extraits d’un article de Brigitte Axelrad, professeur de philosophie et de psychosociologie, paru dans *Science et pseudo-sciences» du printemps 2009.
«Dans les années 1980 se développa aux États-Unis un phénomène baptisé le « syndrome des faux souvenirs » [1]. Des parents furent accusés d’inceste par leurs enfants devenus adultes, qui suivaient une « thérapie de la mémoire retrouvée » (TMR). Avec dix ans de retard, ce phénomène s’est développé en France.»
«... Tout problème psychique fut réduit à un seul type de traumatisme possible, une seule cause : les abus sexuels subis dans l’enfance. Au départ, la thérapeutique de Freud ne consistait pas, comme il l’a ensuite prétendu, à écouter des souvenirs spontanés d’abus, mais à encourager ses patients à construire des scènes dont ils n’avaient aucun souvenir. Selon lui, les patients ne retrouvaient pas de tels souvenirs tant qu’ils n’étaient pas soumis à « la pression la plus énergique du procédé analyseur.» Il insistait sur le fait que seul le souvenir refoulé et donc inconscient constituait, une fois retrouvé, la preuve de l’évènement traumatique. C’est ainsi que les patients qui ne retrouvaient pas de souvenirs d’abus subis pendant leur enfance étaient considérés comme en proie au souvenir inconscient et donnaient justement la « preuve » de la réalité de ces abus et de leur rôle pathogène.»
«Le mouvement féministe puisa une partie de son énergie dans le rejet des confidences des enfants et des femmes réellement abusés. Ces victimes réelles, rejetées par les psychothérapeutes freudiens, se réfugièrent auprès de thérapeutes autoproclamés qui acceptaient de les écouter. Puis se joignirent à elles des femmes n’ayant pas de souvenirs d’inceste, mais que leur psychiatre ou psychothérapeute avaient diagnostiquées comme souffrant de souvenirs d’inceste refoulés. Des livres phares apparurent, tels que The Courage to Heal d’Ellen Bass et Laura Davis. Des groupes de thérapie pour « survivantes de l’inceste » se multiplièrent, puisant dans ces livres leurs arguments et leurs techniques de recouvrement de souvenirs : « Au milieu des années 1980, l’idée (désormais médiatiquement acclamée) que des millions de gens aux États-Unis souffraient de souvenirs refoulés d’inceste, alimentait une gigantesque machine thérapeutique à produire des faux souvenirs. ».
Les auteurs utilisèrent la naïveté de ces femmes : « Si vous pensez avoir été abusée et que votre vie en porte les symptômes, alors c’est que vous l’avez été. ». La liste des symptômes comprenait entre autres : la peur d’être seul dans l’obscurité, des cauchemars, une mauvaise image de son corps, des maux de tête, la nervosité, une faible estime de soi, etc.
Exprimant ses doutes, Webster écrit que, jamais jusqu’à aujourd’hui, on n’a pu apporter « des preuves solides qu’un seul souvenir d’abus sexuel retrouvé en thérapie corresponde à de réels épisodes. On a en revanche abondamment prouvé que la mémoire surtout la mémoire enfantine est extraordinairement malléable et imprécise. »
L’article complet propose des compléments d’analyse et des pistes pour comprendre comment un patient peut en venir à croire lui-même à des souvenirs pourtant induits par le thérapeute.
Le graphique ci-dessus montre indique pour chaque année le nombre de cas d’accusations survenus aux États-Unis pendant la période de 1970 à 2000, sur un échantillon de 1734 questionnaires envoyés aux abonnés à la Newsletter de la FMFS (False Memory Syndrome Foundation). Notons aussi que 20 ans de recherches universitaires et plus de 20‘000 sujets d’études ont permis à Elisabeth Loftus de démontrer que l’affirmation que des souvenirs peuvent être refoulés est sans fondement.
Un des aspects terrible de cette épidémie de faux souvenirs est le risque de ne plus croire les vraies victimes. Il importe donc de mettre au point de nouveaux outils psycho-socio-juridiques pour, d’une part, éviter d’accuser un parent à tort, et d’autre part éviter un enfant victime ne puisse jamais être entendu.
Cependant une prise de conscience a été faite:
«Cependant quelques lueurs d’espoir se font jour. Eric Kandel [20] expose ses recherches actuelles et celles des neurobiologistes. Il met en relief le caractère modelable et falsifiable de la mémoire. Les associations professionnelles de psychologues en Grande-Bretagne et aux USA ont mis en garde et même interdit à leurs membres dès 1997 d’employer des thérapies de recouvrement des souvenirs. On ne peut que souhaiter que les psychothérapeutes qui utilisent les TMR prennent conscience du non-sens de leur pratique et de l’ampleur des dégâts humains qu’ils provoquent. En France, le rapport de la Miviludes (Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires), publié en avril 2008, dénonce ces thérapies déviantes et contribue à mettre en pleine lumière ce phénomène.»
(http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1049).
France 2 a fait un reportage en caméra cachée assez impressionnant, où l’on voit une thérapeute déclarer à une «patiente» (en réalité une journaliste) qu’elle a subi des agressions sexuelles dans l’enfance.
Commentaires
Cet article est consacré et mettre, comme one le constatera, une (trop) forte loupe sur ce qui a été fustigé comme déviant aux USA de la part de praticiens de « thérapie de la mémoire retrouvée » (TMR). On fait état d’un problème ayant existé alors il y aura bientôt TRENTE ans ! On verra qu’en ce qui concerne hors USA, rien de consistant n’a été livré si ce n’est une séquence en caméra cachée qui n’a aucune valeur de généralisation, ni même exemplative vu l’indigence argumentaire pour ce touche les pays hors USA.
Suite à une recherche sur Internet, tous les liens que j’ai trouvé et qui parlent de TMR renvoient indifféremment à ce texte intitulé « Faux souvenirs et thérapies de la mémoire retrouvée » écrit par Brigitte Axelrad (SPS n° 285, avril-juin 2009) et qui relatent donc de tels faits en USA ; cependant, je ne vois aucune source qui désigne qu’une telle pratique existe bien réellement dans nos contrées… Cela pose déjà la question de la pertinence d’un tel article…
En effet, en dehors des USA, aucune autre documentation, ni référence, ni même à quelque procès que ce soit ! On voudrait donc nous mettre en quelque sorte en garde contre un phénomène déviant « tellement » important (au vu de ce qui s’est passé au USA), qu’il est totalement, non seulement, absent des annales judiciaires, mais sans doute n’ayant bénéficié (je n’ai rien trouvé) de quelque relation que ce soit sur le Net pour ce qui se passerait dans nos pays : c’est donc dire l’importance effective du problème chez nous !
Comme je l’ai développé dans un commentaire sur le même sujet et sur ce site, le patient peut être amené à faire émerger des souvenirs qui pourraient se révéler n’être, in fine, que des traces trangénérationnelles mais dont son inconscient lui présente comme s’il les avait vécus réellement. J’ai aussi rappelé ce que doit être l’attitude d’un accompagnant digne de ce nom en l’occurrence (neutralité, donc n’autorisant aucune interprétation et donc aucune induction à quelque niveau que ce soit).
( http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2009/07/14/faux-souvenirs-fausses-accusations-elisabeth-loftus-a-geneve.html )
Le reportage réalisé en caméra cachée montre le cas d’une thérapeute qui manifestement dérape : elle n’avait pas à interpréter quoi que ce soit du vécu du patient et donc d’induire des faits d’abus sexuel ! Je constate que l’article n’offre que ce seul exemple concret pour ce qui se trouve hors USA : c’est trop maigre comme étayement pour mettre en garde contre des risques présentés comme pourtant bien réels dont on induit ici (l’arroseur arrosé !) que ce serait donc monnaie courante chez nous ! Quelle manipulation des faits par analogie …
Fait parfaitement occulté dans cet article : en toute objectivité puisqu’on parle d’abus sexuels, il aurait été attendu qu’on répercute (tout de même) que, suivant de nombreuses études concordantes, plus de 40 % des sujets féminins auraient été, sinon abusés, du moins soumis à des attouchements dans l’enfance et l’adolescence. Il ne faut donc pas s’étonner qu’en thérapie ce genre de traumatisme puisse revenir à la surface et donc pour diables quelle raisons (dont l’entendement m’échappe) on crie ici bien trop vite à la suspicion de « faux souvenirs induits » de la part d’un nombre qu’on voudrait donc croire important de thérapeutes, au point qu’il faille consacrer sur ce site plusieurs articles !
Plus sérieusement, je pense que face à la mise au jour de tels traumatismes, la famille proche aura donc beau jeu dans 40 % des cas sinon de mentir, du moins d’occulter sciemment les faits, pour ne pas se voir mettre en cause. Etant donné de tels dénis, comment voulez-vous alors qu’il n’y ait pas une frange de gens, comme notamment l’auteur de cet article, qui se soient laissé abusés par une telle distorsion de la réalité, se faisant alors involontairement complices de tels dénis (ce qui sera plus que dommageables aux victimes puisqu’elles ne se sentiront pas crues en lisant cet article !).
Je suis étonné qu’un tel fait n’a pas été présenté ici, en toute objectivité : cela déforce d’autant le bien fondé d’un tel article et en déforce indéniablement la pertinence, vu qu’on aurait beaucoup de peine à établir une liste significatives de tels agissements ne fut-ce qu’en France ou en Suisse : on veut en effet mettre en garde ici mais MATERIELLEMENT contre quel danger réel ??? (L’Enfer étant en l’occurrence manifestement pavé de « bonnes » intentions).
N’aurait-il pas fallu accorder plutôt son attention sur les effets mortifères (bien réels ceux-là et pharaoniques) des traitements médicaux ? Suivant le recoupement de plusieurs statistiques émanant d’organismes officiels ou dont la probité est incontestée, ils seraient la première cause de mortalité au monde ! Je doute fort que ce genre d’information puisse un jour faire l’objet d’un article sur un grand média tel que celui-ci vu les incontestables intérêts en jeu !
En savoir plus : : http://www.retrouversonnord.be/chimiotherapie.htm#jama
Cherchez donc l’erreur !