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100 millions, 1 milliard, etc: le retour du cannibalisme


- Voyons, se dit un chef de petite entreprise, il me faudrait quoi? Un million, peut-être deux, pour disposer de quelques liquidités, de quoi passer encore une année de crise et sauver mon entreprise?

- Faut pas rêver, lui répond le banquier, vous n’êtes plus solvable, mettez la clé sous le paillasson et allez vous inscrire au chômage, vous et votre petite clique de gagne-misère.

pauvreté2.jpgLes traders de BNP vont eux empocher 1,5 milliards de francs, ceux d’UBS 1,7 milliards, etc.

Ah, les traders... Ceux qui spéculent sur des produits dérivés pourris, ceux qui ont fait perdre des centaines de milliards épongés par les impôts des employés aujourd’hui menacés, ceux qui ont ruiné des millions de gens, ceux qui jouent à la roulette russe juste pour faire du chiffre, du chiffre juste pour avoir plus de bonus. La Tribune, sous la plume d’Elisabeth Eckert, cite le cas d’Andrew Hall.

«Trader-vedette chez Citigroup, spécialiste de l’énergie, il nous a fait une petite crise parce qu’il exige, pour 2009, ses 100 millions de dollars de bonus, comme l’an dernier. Ou alors, il s’en ira!»

Mais qu’il s’en aille! Pas de problème. On sait qu’il va recommencer à miser sur des produits dangereux, générateurs de gros revenus à court terme et de grosses pertes peu après.

1 milliard d’euros pour la BNP. Avec cette somme, ont peut donner une prime urgente de 200€ à 5 millions de foyer en grande difficultés. On peut sauver bon nombre de PME et leurs emplois. On peut construire des logements sociaux pour ceux qui sont à la rue. On peut effacer les dettes de quelques millions de ménages pour les aider à se remettre à flot.

Mais non, pas de ça.pauvreté3.jpg

On n’est plus dans le capitalisme ici, qui a sa légitimité dans le développement d’entreprises qui sont l’économie réelle, celle qui fait vivre la majorité des gens.

On est dans le cannibalisme! Un monde qui se mange lui-même. Les gains sur les produits dérivés pourris, c’est juste manger ses propres excréments. Les traders puent? Normal, voyez ce qu’ils mangent.

C’est l’ère du cannibalisme coprophage.

Pour moi qui suis libéral dans l’âme, qui bosse comme indépendant depuis des années sans amasser une quelconque fortune et qui considère que la liberté des uns ne peut laisser les autres crever sur le bord de la route, ce n’est plus du libéralisme. Je ne peux me reconnaître dans ce jeux de l’avion dont les moteurs sont déjà en feu au moment du décollage.

Une société où l’économie libre n’est pas articulée au social perd son sens, perd la simple notion d’espèce. On n’est plus ici dans une culture de l’individualisme créatif, soutenu par l’enseignement de Jésus qui exaltait la conscience individuelle: on est revenu à une culture cannibale.

Dangereux, très dangereux. Ces traders sont en train de mettre à mort le système qui les nourrit, le vrai libéralisme social, l’individualisme responsabilisant.

Très dangereux, ce jeu irresponsable. Jeu de la mort. Nourrir les traders, c’est comme faire l’amour avec un scorpion géant. Ou comme donner carte blanche à un médecin fou qui répand des virus (produits dérivés, subprimes, etc) pour remplir son cabinet.

En vrai libéral, soucieux de la responsabilité de l’individu et du bien-être de tous (car la liberté d’un c’est la liberté de tous), ce n’est pas le monde tel que je le conçois.

Et sans encourager à une quelconque dissidence sociale, je peux comprendre que nombre de gens ne veuillent plus adhérer à ce monde-là.

 

111UnAn.jpg

Catégories : société 6 commentaires

Commentaires

  • C'est exactement cela, hommelibre. du cannibalisme. Et le pire de tout, c'est lorsque le cannibalisme atteint la sphère intime d'une famille normale. Quand Madame exige ses fringues, ses vacances, ses sorties avinées, ses amants de pacotille; quand Monsieur pète un câble, qu'il n'en peut plus d'assumer, de se culpabiliser, et qu'il finit au bordel en tombant amoureux d'une fille douce comme le miel qui ne lui a jamais rien fait de mal. Alors là, c'est la bombe atomique et la famille cannibale qui explose carrément. Mais de cela, les médias ne parlent jamais. Bien trop gênants de crier au grand jour la perversion d'un système qui fait de nous des objets plutôt que des sujets de la société. Continuez votre belle réflexion, hommelibre. Même si on n'en parle pas, cela ne tombe pas toujours dans l'oreille d'un sourd et dans la bouche d'un muet.

  • Salut hommelibre,

    Tu as raison. Nous ne vivons pas dans un système libéral au niveau mondial, car le libéralisme est une vision politique, alors qu'actuellement le vrai pouvoir n'est pas politique; au mieux, nous sommes revenu au Laissez-Faire du XIXe siècle.

    Les monopoles, les cartels et oligopoles pullulent, les fortunes particulières décuplent au dépend de celle des autres et les Etats n'ont jamais eu autant de pouvoir sur les individus.
    Le citoyen et donc le peuple est en train de perdre souveraineté, liberté et même parfois dignité.

    Je te conseille de te renseigner sur l'ordolibéralisme ou même le néolibéralisme, ainsi que sur l'économie sociale de marché, pour remarquer que nous ne vivons pas du tout sous ce régime, comme certains peuvent l'imaginer et le fustiger.
    Mon avis est que le capitalisme a quitté ses simples racines économiques pour devenir un régime politique. S'il est vrai qu'il est certainement le meilleur système économique, je doute de ses capacités à traiter les questions sociales, sociétales et environnementales, qui ne peuvent pas simplement être nominalisées en capitaux.

    Les articles Wikipédia en allemand sont les plus pertients si tu veux des informations rapides et facilement accessibles.
    http://de.wikipedia.org/wiki/Neoliberalismus
    http://de.wikipedia.org/wiki/Ordoliberalismus

    Parallèlement si tu regardes le rapport Brundtland sur le développement durable, tu constates que les ensembles SOCIAL-ECOLOGIE-ECONOMIE sont placés en relations horizontales plutôt que verticales, en interconnectivité plutôt qu'en opposition, ainsi qu'en rapport cyclique plutôt que linéaire.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Brundtland
    http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9veloppement_durable

    Le chemin est encore long, compagnon!
    Amitiés,

    Q.

  • @ Quentin:

    Très intéressant, merci pour l'info.

    Impressionnant de voir comment banquiers et traders n'ont rien appris ou cultivent délibérément une amnésie dangereuse: même pas sortis de la crise, ils recommencent les même pratiques qui ont contribué à engendrer la crise...

  • J'ajoute, Quentin, qu'il y a à notre époque une pensée à redéfinir sur ce que nous voulons comme monde, avant d'essayer de trouver des solutions comme des patchs posés dans l'urgence et sans vision.

  • Le pouvoir de la finance a pris le dessous sur le pouvoir de l'Eglise dans notre société occidentale. Nous sommes impatients d'amasser de l'argent dans un travail effrené peut-être que nous ne supportons plus nous-mêmes, c'est la fuite en avant. Mais les louanges de l'argent vite gagné use notre force nerveuse et nous soustrait de la réflexion, de la méditation, du rêve. Cette agitation moderne pour ne pas rater l'affaire du siècle (en Bourse) devient irraisonnée. Comme disait Georges Marbeck : "Chassez les marchands du Temple, ils reviennent au galop déguisés en Père Noël de supermarché ou en golden boys de banque d'affaires ".

  • - "La cagnotte de la loterie italienne monte à 119 millions d'euros"
    - "Transfert - Ronaldo estime que 94 millions d'euros est son "juste" prix"

    "On est dans le cannibalisme!" Vraiment?

    Dans les trois cas, traders, loterie et transfert, l'argent vient de sponsors volontaires. Il s'agit d'une simple redistribution de capitaux, et non pas d'une destruction. Rien n'est perdu.

    Tous ceux qui contribuent à cette manne le font de leur plein gré, personne n'est forcé. Et s'il n'y avait ni traders, ni loteries, ni transferts, les "donneurs" investireraient leur argent ailleurs. Eh oui, il y en a qui perdent dans ces jeux, mais co,mme c'est leur argent, c'est leur droit.

    Mais nous n'avons pas besoin d'avoir honte, parce que nous tous contribuons, par la force des choses et la force de l'Etat, à l'aide humanitaire:


    "Les contributions financières ont pris de l'importance ces dernières années dans le contexte des actions d'envergure menées par les organisations internationales. Ces contributions représentant aujourd'hui près des deux tiers du total des dépenses humanitaires de la Confédération.

    Ses partenaires sont avant tout les grandes organisations telles que le Comité international de la Croix Rouge, le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU, l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) ainsi que le Bureau des Nations Unies de coordination de l'aide humanitaire internationale OCHA.

    Les organisations non gouvernementales jouent également un rôle essentiel pour la coopération internationale. Ce sont entre autres la Croix rouge suisse (CRS), Caritas, l'Entraide protestante suisse EPER, Terre des hommes Lausanne TdHL et l'oeuvre suisse d'entraide ouvrière OSEO.

    DDC - Moyens d'engagement http://www.deza.admin.ch/fr/Accueil/Activites/Aide_Humanitaire/Moyens_d_engagement"

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