Le tournant du 9 novembre en Europe s’est préparé des semaines à l’avance déjà. Cette date est certainement symbolique, mais un mois auparavant une autre date avait marqué l’affranchissement des allemands de l’est et resterait dans les mémoires.
Le 9 novembre ce fut la chute du mur de Berlin et l’ouverture des frontières entre les deux Allemagnes. Le 9 octobre à Leipzig a été un jour décisif vers la fin de la dictature rouge.
Leipzig est une ville de l'est de l’Allemagne d’environ 500‘000 habitants. Fondée il y a 1‘000 ans, elle dispose d’une des plus anciennes universités du pays. Elle fut pendant des siècles un centre majeur du commerce européen, grâce notamment à ses trois grandes foires annuelles. Elle a été le théâtre en 1813 d’une des grandes défaites napoléoniennes, après la bataille de Russie, et l’armée française fut chassée par les armées prussiennes, russes et autrichiennes, préparant la chute définitive de l’empereur-dictateur. Après le deuxième guerre mondiale elle fut incluse dans la partie du pays annexée par Staline.
En 1989, des manifestants avaient décidé de descendre dans les rues chaque lundi pour demander davantage de démocratie. Peu nombreux au début, il se mobilisèrent en masse ce fameux lundi 9 octobre. Environs 70‘000 habitants défilèrent ce jour-là à travers toute la ville. La foule calme fut tolérée par la police anti-émeute.
Une euphorie partagée gagna peu à peu le cortège. Un témoignage de manifestant paru dans Libération du 8 octobre relate cette atmosphère incroyable, en particulier la dernière heure de manifestation:
«Nous nous sommes retrouvés sur la place Karl-Marx. C’est cette heure-là qui nous a transformés. Nous étions devenus plus libres, plus joyeux, plus résolus que jamais. Mais nous n’étions pas les seuls à nous être transformés. La ville, comme l’ensemble du pays, s’était transformée durant cette heure-là. Notre joie, le soulagement, notre exultation résonnaient sans doute plus fort que les trompettes de Jéricho. Tout allait changer, tous les murs allaient tomber.»
Un mois après jour pour jour, sous la pression de la rue et de Gorbatchev, le gouvernement ouvrait les frontières, le mur allait tomber, et les pays d’Europe de l’est se sont progressivement libérés de la dictature rouge.
PS: Un mur de sable entoure les deux otages suisses en Libye depuis plus de 14 mois. Quand tombera-t-il en poussière lui aussi?