Le dernier rebondissement de l’affaire Polanski soulève une question de fond: la Justice doit-elle être actionnée pour défendre la société ou pour donner un statut et un apaisement à la victime? On apprend ce matin que la victime, Samantha Geimer, a fait une nouvelle demande d’abandon des poursuites. La médiatisation de l’affaire l’a atteinte dans sa santé.
«Les avocats de Mme Geimer ont déposé la demande de leur cliente vendredi devant la cour d’appel de Californie, à Los Angeles. Selon les documents remis à la justice, Samantha Geimer, qui vit à Hawaii avec son mari et ses enfants, souffre de problèmes de santé, provoqués par le harcèlement médiatique dont elle serait victime depuis l’arrestation de Roman Polanski en Suisse, le 26 septembre dernier, sur mandat américain.»
On sait que certaines infractions sont poursuivies d’office, quel que soit l’avis de la personne qui en est victime, et d’autres non.
L’évolution de la pensée judiciaire depuis quelques décennies a fait une place plus grande aux victimes. C’est devenu un statut reconnu, qui donne droit à des réparations: réparation morale mais aussi financière. Cette évolution n’est que normale puisque dans certains cas les victimes subissent des conséquences durables dans leur santé, leur travail et leur psychologie.
On voit de nombreux procès où après condamnation de la personne coupable, la victime est soit soulagée par l’importance de la peine infligée, soit en détresse à cause au contraire de la légèreté de la peine.
Ce qui peut produire un certain malaise: on a parfois le sentiment que la justice est le théâtre d’une vengeance ou d’un règlement de compte personnel.
Pourquoi la Justice doit-elle condamner un-e criminel-le? D’abord pour faire respecter les règles et valeurs de la société. Un crime est un crime, c’est une notion générale, alors que la victime est à chaque fois un cas particulier. La Justice défend donc en premier lieu la société en rappelant les règles et en montrant que les mépriser fait encourir une sanction.
Cela dit, il est légitime pour la victime d’être entendue, reconnue comme ayant subi une infraction. Cette reconnaissance fait partie d’un processus de réhabilitation personnelle et sociale là où le crime avait violenté l’intégrité morale, matérielle et physique de la victime.
Toutefois on ne doit pas confondre réparation morale et sociale avec thérapie. La Justice ne saurait être une thérapie personnelle, le risque de vengeance prenant alors le pas sur la normale réparation.
Le statut de victime, s’il est légitime, ne doit pas non plus conduire à l’excès de victimisation. En Suisse, la LAVI, Loi sur l’Aide aux VIctimes, reçoit de nombreuses personnes se déclarant victimes d’agression. Elle reçoivent dans les centres LAVI des soins, des conseils juridiques gratuits, et souvent une première aide financière. Or, à ce moment-là, rien ne prouve encore la réalité de l’agression ni l’identité d’un-e supposé-e auteur-e de cette agression. La LAVI n’a pas mandat de mener une enquête. Elle croit donc sur parole, et selon le degré de stress de la personne qui consulte le personnel d’un centre LAVI va donner du crédit à un statut de victime.
S’il y a un-e supposé-e auteur-e dénoncé, la charge devant un tribunal sera d’autant plus lourde que la LAVI a en quelque sorte validé préalablement le statut de victime. Cette pratique a le malheureux effet pervers de passer outre la présomption d’innocence.
Et du point de vue de la défense de la socité, condamner un innocent est aussi grave, voire plus grave, que de renoncer à accorder le statut de victime à une personne. Car dans ce cas la vraie victime (l’innocent condamné) est doublement sanctionnée: par une peine injuste, et par la non-reconnaissance de son statut de victime. Ce qui du point de vue de la société est moralement insupportable.
S’il me paraît normal de reconnaître le statut de victime à une victime réelle, on doit cependant réfléchir aux biais que ce statut induit. En particulier, la LAVI devrait être repensée et corrigée à cause de ce statut accordé immédiatement et sans enquête. A l’heure actuelle, de vraies victimes consultent dans ces centres, mais aussi des fausses. Cela se voit par exemple dans le cas de fausses accusations de violences conjugales. Avant un jugement il n’y a pas moyen de déterminer la véracité des accusations. La LAVI rend en quelque sorte jugement avant les tribunaux.
Dans le cas de l’affaire Polanski, la Justice doit-elle suivre la demande particulière de la victime et abandonner les poursuites pour la préserver, ou doit-elle considérer que son rôle est d’abord de défendre la société? Doit-elle aller au bout de sa logique contre l’intérêt de la victime et satisfaire la société, ou doit-elle être plus nuancée et adaptée à la situation particulière selon chaque cas?
PS: Les otages suisses de Kadhafi sont victimes, eux, d’un marchandage entre deux pays. Combien de grains de sable devront-ils compter avant de revoir leur pays et leurs familles? 15 mois déjà...
Commentaires
C'est une bonne question que vous posez. Je pense que ça repose aussi la question de l'imprescriptibilité dont Polanski est paradoxalement le premier à subir les conséquences. Dans ce cas on voit bien que la victime aurait voulu oublier cette affaire et que la remise sur le tapis de l'affaire n'est pas à son avantage. C'était le principal argument des défenseurs de la prescription. Je pense aussi que pour la victime il n'est pas sain à priori de devoir se remémorer ces évènements si longtemps après. Toutefois, il est évident que l'avis de la victime n'est pas important dès lors qu'il s'agit d'un crime puni par le droit pénal. Dans ce cas, la victime ne peut être entendue qu'à titre de témoin à charge. C'est l'état qui poursuit l'accusé. Et surtout, je pense que la justice rendue peut à terme jouer en faveur de la reconstruction de la victime. Même si pour cela elle doit passer par des moments très désagréables.
Pour ma part, je pense qu'il est bien que toute la lumière soit finalement faite sur cette affaire. Il est même possible que l'attitude de la victime supposée cache quelque chose qu'il serait bien de mettre en lumière. Et pour cela, seul un procès équitable et conduit à son terme pourra le permettre. Et ça n'est pas à la justice suisse de délibérer à ce propos. Le seul rôle de la Suisse est de se conformer aux accords internationaux et donner suite au mandat d'arrêt international, puis de transférer Polanski aux USA.
"Toutefois, il est évident que l'avis de la victime n'est pas important dès lors qu'il s'agit d'un crime puni par le droit pénal."
Il me sembel jsutement la question que'hommelibre soulève. Si le droit pénal n'a pas ou, dans ce cas, plsu à deféndre une victime, parce qu'elle ne se considère plus comme victime de Polanski. Par contre elle est devenu victime d'un droit pénal qui la rend à nouveau victime, victime de l'acharnement judiciaire.
PS: Selon mes informations, Polanski a déjà été condamné pour ce crime et il a payé un dédommagement à la victime. Il s'agit dans cette continuation de poursuite d'un acharnement d'un juge qui ne veut pas accepter le premier jugement pour des raisons personnelles.
La justice a pour but que l'accusé ne recommence plus.Les demandes de la victime qu'on laisse tomber cette affaire,ne protège pas les futurs victimes.
"Selon mes informations, Polanski a déjà été condamné pour ce crime et il a payé un dédommagement à la victime. Il s'agit dans cette continuation de poursuite d'un acharnement d'un juge qui ne veut pas accepter le premier jugement pour des raisons personnelles."
L'affaire n'était pas close,vu que Polanski à fuit la justice américaine et que cette dernière demande l'extradiction.Quand aux dédommagements,je trouve cette excuse abject.Ce genre de crime ne peut être monnayable.C'est trop facile et cela donnerait ce même droit à tout les pédophiles.
D.J
Je ne vois pas quel dédommagement peut être suffisant pour avoir saoulé et drogué une fille de 13 ans dans l'unique but d'obtenir son consentement et pouvoir la sodomiser. Enfin si c'est vrai. Car bien sûr, tant que Polanski n'a pas véritablement été condamné, il bénéficie de la présomption d'innocence. C'est ce que je voulais insinuer lorsque je disais que l'attitude de la victime pouvait cacher des faits inavoués...
Elle ne doit pas avoir la conscience tranquille! Kad, arrêtez de fantasmer. Elle n'a pas été violée. Il lui a demandé si elle pèrenait la pilule ce à quoi elle a répondu non... alors qu'elle avait déjà une vie sexuelle très active avec son petit copain dont on ne nous a pas dit l'âge? Donc, saoulée, droguée... c'est là que doit être le mensonge pour sûrement avoir une monnaie d'échange pour surenchérir le chiffre de la part des parents!
Maintenant c'est une affaire entre Polanski et la Justice! Elle pourra évoquer ce qu'elle voudra cela ne changera rien! Il refuse l'extradition. J'ignore comment cette affaire se terminera?!
D.J Vous ne pouvez parler de pédophilie car il n'y a pas récidive s'agissant de l'affaire Polanski qui date de 32 ans! A moins que vous en faites une affaire personnelle?!
oups "prenait"
Je passais.....