Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CERN et LHC: vers quel monde allons-nous?

En suite à mon précédent billet sur le redémarrage du LHC et des quelques considérations que cette expérience suggère, il faut encore ajouter d’autres réflexions qui justifient sans hésitation cette expérience.

cern2.jpgLa recherche du boson de Higgs, l’un des objectifs du LHC, est destinée à vérifier une théorie fondamentale: celle du Big Bang. L’univers est-il né de ce point de densité infinie pour ensuite s’expanser, ou bien le scénario est-il différent?

Le LHC permettra aussi de tester la théorie des 11 dimensions, l’une des théories actuelles sur l’univers.

Les enjeux sont multiples, et l’un d’eux est: l’univers a-t-il été créé ou existe-t-il de manière infinie dans le temps? S’il a été créé, comment et par qui? S’il est incréé, c’est qu’il est Dieu, puisque Dieu est entre autre nommé l’Incréé, soit celui qui n’a pas de géniteur, d’antérieur, de précédent hiérarchique et chronologique. Si l’univers est Dieu, la connaissance de la matière et de l’humain est la plus sûre démarche vers Dieu. Les religions seraient sérieusement mise à mal dans ce scénario, la transcendance et la révélation serait reléguées au rang de mythes compensatoires à l’ignorance de leur époque.

C’est une base de notre compréhension de la vie qui est en question. Les religions postulent que l’univers a été créé selon un ordre, et que cet ordre est immuable. Or, la physique des particules, la physique quantique, nous placent devant un principe d’incertitude: on ne peut tout contrôler, tout vérifier, tout anticiper, comme notre société ultra-sécuritaire tente de le faire.
univers1.jpg
Le destin lui-même ne serait plus écrit: à chaque instant nous réinventons le monde et nous-mêmes, mais sans aucune certitude d’être quelque part. La logique et la raison pure perdraient de leur pouvoir magnétique au profit de l’intuition et de ce qu’elle a de génial et de fragile. Tout est vrai et rien n’est vrai. La justice ne serait plus cette gardienne de principes durable, mais le résultat de rapports de forces.

On imagine les conséquences philosophiques sur nos croyances, nos lois, nos règles: tout est relatif. Un tel monde ouvre la porte soit à une extraordinaire liberté, soit aux abus les plus insensés. Le principe d’incertitude, ou d’indétermination, remplacerait ce monde qui se croit fondé et dont les règles semblent éternelles. Seule la lenteur relative de l’évolution nous ferait croire à un univers régi par des lois immuables.

Faut-il oser aller jusqu’à cette connaissance déroutante où les structures mêmes de la vie sont aléatoires, ou faut-il privilégier la sécurité de croyances indémontrables mais si rassurantes? La liberté nous dissoudra-t-elle ou au contraire nous fera-elle naître à la conscience plutôt qu’à la Loi?

Ces questions, et bien d’autres, légitiment pleinement les expériences prévues avec le LHC.

desert-04.jpg

Catégories : Science 5 commentaires

Commentaires

  • Bonjour,
    il ne faut pas oublier les possibles répercutions technologiques qui sont encore impossible à prévoir. C'est grâce à la physique théorique que l'on a pu créer l'informatique (et donc ces blogs) qui sait ce que es théories en test pourrons nous permettre de développer? Même sans ces retombées indirects la quêtes philosophie (à ce niveau la philosophie rejoint toujours la recherche) justifie à elle seule ces couts.

  • Il y a une profonde méconnaissance de la physique qui ressort de votre article.

    Quelques remarques non exhaustives:
    1) L'existence du boson de Higgs, ou sa non existence, ne remettent pas en cause le principe d'un Big bang. Le boson de Higgs est une particule du modèle standard permettant d'expliquer (c'est-à-dire de calculer en utilisant des maths) la masse des particules.
    2) La théorie du Big bang enlève la signification du terme "création" de l'univers. En effet, le temps est une dimension (presque) comme une autre et apparaît lors du big bang. Il n'y a donc pas selon cette théorie d'avant Big bang. Stephen Hawking utilise la comparaison avec le pôle Nord. On ne peut être plus au Nord qu'au pôle Nord.
    3) Vous dites "Vers quel monde allons-nous?". L'origine de l'Univers et sa destinée sont indépendantes du fait qu'on les connaisse ou non. Le fait de ne pas (vouloir) savoir ne nous donnera pas plus de connaissances, mais basera nos déductions (philosophique ou pas) sur de fausses bases.
    4) Il est fort peu probable que le LHC puisse trancher sur l'existence ou non des 8 dimensions "enroulées". Il faudrait pour cela que les mini-trous noirs soient effectivement produits. Mais il permettra surtout de mettre des contraintes fortes sur ces théories, éliminant bon nombre d'entre elles.
    5) Comme Hassan le dit, les retombées annexes sont énormes: le web a été inventé au CERN pour aider à traiter les données fournies par le précédent accélérateurs qui utilisait l'anneau de 27 km, le LEP. Les détecteurs développés permettent de faire des radiographies avec 1000 x moins de rayons X qu'aujourd'hui, etc, etc.
    6) "Le destin lui-même ne serait plus écrit". S'il était écrit, nous n'aurions plus de libre-arbitre. Que de fous ont tués en disant "Dieu nous l'a demandé"... Il est à noté que la prédestination, et donc la perte de responsabilité, est une notion typiquement protestante. Finalement, ce que vous voulez c'est abolir le libre-arbitre par peur de l'inconnu, du dérangeant.

    Connaître le monde sera sûrement dérangeant et inconfortable, mais ne pas avoir le droit de le connaître parce qu'il dérangerait des bien-pensants mais bien plus insupportable.

  • @ ploum:

    1. N'étant pas physicien, j'en connais ce que je lis dans les magazines de vulgarisation, souvent très bien fait d'ailleurs. J'ai bien lu que le boson de Higgs expliquerait la masse des particules. Il me semble avoir lu aussi que sans lui, il manque un élément pour valider la théorie du big bang.

    2. Dans la théorie du big bang il n'y a en effet pas d'avant. Ce qui suppose qu'il y a un commencement, une apparition initiale, à partir d'un point de densité infinie. Mais un commencement par rapport à quoi, puisque justement il n'y a pas d'avant? C'est bien la question posée par le postulat des religions: dans une autre perspective que la physique, il y a une force créatrice intemporelle qui donne existence à l'univers, Dieu. Le fait que dans la théorie du big bang il n'y ait rien puis qu'il y ait quelque chose, laisse place aux mythes religieux de la Création. En ce qui concerne le point initial de densité infinie, le langage, en utilisant le terme "point", suppose déjà un espace dans lequel l'univers se déploie. D'ailleurs la question est posée: qu'y avait-il au-delà de l'horizon de notre univers? Rien? Quelque chose et rien peuvent-ils cohabiter? Sous quelle forme? Ces questions sont très spéculatives puisque qu'il n'y a aucun moyen de vérification.

    Dans la théorie du rebond, par exemple, il n'y a pas de "début" (je mets de guillemets en référence au paragraphe précédent), et l'univers pourrait être présent depuis une durée infinie. Il n'aurait donc pas été créé par un Dieu ou une force quelconque. Il faut noter que dans les deux théories il y a en commun la notion d'infini.

    3. Quand j'écris "vers quel monde allons-nous", en rapport avec le contenu du billet, il s'agit de la représentation du monde que nous nous faisons, basée sur des connaissances qui bousculent les acquis. Quand on a admis et vérifié que la Terre n'est pas le centre de l'Univers, et que la voûte céleste n'est pas un dôme sur nos têtes, c'est une partie de notre représentation de l'humain et de ses organisations sociale qui a été remise en question. Le système féodal et la royauté s'accommodaient bien par exemple d'une vision héliocentrique de l'univers. Jusqu'au Roi-Soleil.

    4. Les contrainte que le LHC mettra sur certaines théories, et en en éliminant peut-être, est déjà en soi quelque chose d'utile en effet. Eliminer ce qui ne tient pas la route c'est préciser un peu plus ce qui est plausible.

    5. Hassan a bien fait de compléter mon propos en évoquant les retombées annexes, bénéfices collatéraux précieux.

    6. "Finalement, ce que vous voulez c'est abolir le libre-arbitre par peur de l'inconnu, du dérangeant." Je m'étonne que vous m'opposiez l'idée que justement je soutiens. Vous m'avez mal lu car je ne dis pas du tout cela. Je spécule sur différentes attitudes d'esprit de l'humain, je n'ai pas écrit que j'adhère à la notion de destin ou de prédestination. Au contraire. Je privilégie la responsabilité et le choix sur toute autre considération. La dernière phrase de mon billet confirment ceci, car s'il en avait été autrement, j'aurais plaidé contre le LHC.

    J'ai d'ailleurs fait deux billets en septembre 2008, au début du LHC - avant sa panne - pour démonter la croyance en la fabrication d'un trou noir susceptible "d'avaler" Genève. J'ai aussi défendu son coût et ses bénéfices collatéraux quand d'autres affirmaient que mettre de l'argent dans ce genre d'expérience ne sert à rien.

    Vous voyez, nous sommes d'accord.

  • LE LHC: RISQUES NÉGLIGÉS OU NÉGLIGEABLES ?
    ----------------------------------------
    Avec le redémarrage du LHC il faut espérer que les théories non vérifiées de Stephen Hawking sur l'évaporation des trous noirs s'avéreront exactes et que rien de fâcheux ne résultera de la part d'inconnu liée au fait que l'on recréé ainsi les conditions du big bang originel (au sein des collisions la température sera de 1E+17 degrés celcius soit l'endroit le plus chaud de l'univers...)

    Mais soyons optimistes car si cela devait mal se passer , il resterait toujours notre bonne vieille lune qui continuerait à orbiter tranquillement (au moins quelques milliards d'année) autour d'un petit trou noir , attestant ainsi qu'une civilisation d'abrutis habitait bel et bien à cet endroit avant qu'ils ne bousillent leur planète...

  • Stephen Hawking est un génie: il faudrait l'écouter un peu plus!

Les commentaires sont fermés.