Le choc du drame haïtien soulève une vague de soutien légitime envers ce pays. L’urgence est là: il y a besoin de secours, d’eau, de médicaments, de vivre, d’argent.
Le niveau de destruction est terrible. Outres les bâtiments et les morts, il n’y a plus d’infrastructures, plus d’Etat - pour le peu qu’il y en avait avant - et pas d’argent pour reconstruire.
Une fois passé l’urgence il faudra dans les meilleurs délais organiser une conférence internationale, comme l’a proposé aujourd’hui Nicolas Sarkozy, répondant par là aux voeux des organisations humanitaires et des ONG.
Une telle conférence doit être placée sous mandat de l’ONU. En premier lieu il faudra évaluer les besoins: infrastructures vitales comme l’eau courante partout, l’électricité, un réseau d’évacuation des eaux efficace. Haïti est quasiment entièrement déboisée. Une reforestation est indispensable, mais en même temps il faut favoriser d’autres sources d’énergie domestique que le bois.
Le pays devra être doté d’un système d’observation sismique afin d’évaluer l’état du risque et de repérer les micro-séismes parfois précurseurs de secousses majeures.
Il faudra reconstruire selon des normes de sécurité et donner ainsi du travail aux entreprises locales. Peut-être même déplacer la capitale, posée juste sur une faille majeure.
Il y a un gros effort de formation à produire afin de créer en une génération les cadres capables de gérer efficacement le pays dans les domaines économique, politique, et autres. L’économie doit être diversifiée afin de moins dépendre de l’extérieur.
L’organisation de l’Etat doit être refaite presque complètement. Pour éviter l’incurie des clans politiques qualifiés de maffieux par des observateurs le pays devrait être mis sous administration internationale pendant une période d’au moins 20 ans.
Une culture politique doit être développée, en particulier sur la base d’associations citoyennes impliquées dans l’organisation des quartiers et de la vie quotidienne. Un encadrement temporaire de cette base associative permettra d’écarter durablement la mainmise des gangs et des factions politiques qui s’approprient le pouvoir à leur compte.
La justice devra être administrée également sous mandat international afin que l’équité soit rétablie dans le pays.
C’est un vaste programme à mettre en place sur 20 ans au minimum. C’est aussi un investissement financier très conséquent. Mais y a-t-il une autre solution?
Une telle conférence peut être organisée dans les six mois et rendre ses conclusion et un programme d’action dans 18 mois. D’ici là l’aide d’urgence veillera au plus pressé.
La balle est dans le camp des politiques. Vont-il relever le défi?
PS: Le sort des otages suisses en Libye devait être soumis à une autorité extérieure, un tribunal international. Mais personne ne respecte sa propre parole dans ce jeu de dupe.
Commentaires
Entre Toussaint Louverture et aujourd'hui, plus de 200 ans se sont écoulés. Entre l'idéalisme d'un homme de couleur noire, lui-même esclave, qui veut abolir l'esclavage, et la corruption moderne qui s'en fout royalement de l'idéal et ne pense qu'à tirer la couverture à soi, que l'on soit Blanc, Jaune, Métis ou Noir, il y a le même laps de temps. Les idéalistes sont moquées, les corrompus sont admirés, et la valse des faux-semblants continue. Jusqu'à quand? Le désastre d'Haïti va peut-être nous redonner un peu confiance en un idéal de solidarité. En attendant, écoutons, lisons, aidons, et échangeons nos espoirs. Bonne soirée, John.
Au fait, l'île dont je faisais allusion dans mon com d'humour grinçant sur le duel Oracle-Alinghi, était bien évidemment Haïti. On peut se transformer en pirates mais pour la bonne cause. Y'en a marre des faux pirates artistes qui jouent la subversion en vivant perpétuellement dans le luxe bling-bling.
Mais où est dieu et comment tolérer de pareil fatalité ! La nature nous rend la monnaie de sa pièce en s'en prenant au plus faible et au plus vulnérable. L'Homme en est-il responsable ? Les sismologues l'avaient prédis et en prédisent d'autres. Peut-on accuser les autorités haïtiennes de négligence pour autant ? Peut-être en partie même si me l'avouer semble cruel...
Mon cher confrère, si Dieu pouvait interférer le cours des événements, nous aurions eu vent de sa présence depuis longtemps. La vie fait en effet parfois preuve d'une dure cruauté. Nos problèmes de français semblent tellement dérisoires à coté de toute la misère du monde que j'en éprouve parfois de la honte.
.Pourquoi ne pas avoir confié ce mandat à des gens qui parlent la langue de l'Haïtien plutôt que de confier cette tâche à des gens qui ne peuvent communiquer avec les «indigènes». Pourtant il y a près de «7» millions de Québécois qui parlent la langue de ces gens et plus de 60 millions de Français qui peuvent agir aussi biensinon mieux que les Étatsuniens qui organisent le monde dans le désordre le plus complet. Ce n'est pas parce qu'ils sont près , géographiquement de «Haïti»,qu'on doit confier ce mandat à Bill Clinton qui ne pourra comuniquer avec ces gens. Lorsque nous disons que les Anglo-saxons veulent voir disparaître l'influience du français dans l'espace américain et dans le monde, il n'y a pas de moyen plus efficace que celui de prendre toute la place dans tous les domaines de la vie des peuples.L'exemple d'Haïti» en est le parfait modèle