Elle disait vendredi 14 mai: «J’ai été abusée de la pire façon qui soit à 16 ans». Elle, c’est donc Charlotte Lewis, qui accuse Polanski. Dans un précédent billet je m’étonnais de ces propos pour des raisons qu’on peut lire ici.
Elle disait aussi, argument fait pour attirer la sympathie que toutes les fausses victimes utilisent: «non seulement il n’est pas trop tard (pour parler), mais qu’il est même encore temps de le faire pour d’autres victimes, même si les faits présumés se sont déroulés il y a longtemps». C’est ainsi que l’on grossit la rumeur, que d’un homme qui a commis une faute il y a 32 ans on fait un monstre. Il y a quelque chose de pourri au royaume du sexe.
Aujourd’hui le quotidien Libération fait état une interview que Charlotte Lewis a donné au magazine américain News of the world. C’était en 1999, il y a 11 ans. Et ce qu’elle dit de sa relation avec était alors quelque peu différent:
«je voulais être sa maîtresse» raconte Charlotte Lewis. «Je le désirais probablement plus que lui ne me voulait.» Dans cet entretien, il est précisé que Charlotte Lewis avait 17 ans lorsqu’elle a couché pour la première fois avec Roman Polanski (et non 16 comme elle l’affirme aujourd’hui). Et que leur relation aurait duré plus de six mois.
Jamais dans l’interview Charlotte Lewis ne fait allusion à d’éventuels abus sexuels. Leur relation se serait terminée en Tunisie après que Polanski lui ait présenté un de ses amis: «Le fait est que j’ai séduit Warren Beaty (alors en repérage pour son film Ishtar). Mais comme il était marié, j’ai tiré un trait sur notre relation.»
Dans ce même entretien, Charlotte Lewis raconte dans le détail comment elle a commencé dès l’âge de 14 ans à avoir des relations sexuelles tarifées avec des hommes plus âgés. Elle y explique comment, alors qu’elle était élève à l’école catholique de Bishop Douglas de Londres, elle aurait commencé à sortir en boîte. «Je ne sais plus avec combien d’hommes j’ai couché à l’époque pour de l’argent. J’étais naïve. On me disait d’être gentille avec untel…»
Dans le reste de l’article, Charlotte Lewis relate dans le détail des voyages au Moyen-Orient où elle décrit clairement son rôle de prostituée, égrène les noms d’autres célébrités accrochées à son tableau de chasse, et fait mention de ses «cures de désintoxication».
Rappelons que Charlotte Lewis espérait vendredi dernier que sa déposition serait prise en compte par les autorités suisses au moment de rendre leur décision sur l’extradition du cinéaste.»
Loin de moi l’idée de jeter la pierre aux péripatéticiennes. J’estime qu’elles sont libres de leur corps et pas moins respectables pour autant. Sauf peut-être qu’à 14 ans, c’est tôt. Commencer sa vie sexuelle de cette manière, sans maturité physique et psychologique, c’est no way. Ce n’est pas pour rien que l’on met des limites inférieures au mariage, à la sexualité et à bien d’autres choses.
Ce qui ressort de cette interview de 1999, c’est que Charlotte Lewis voulait coucher avec Polanski, être sa maîtresse, que cela a duré 6 mois, et qu’elle avait l’habitude de coucher avec des tas hommes (je ne sais plus combien) depuis l’âge de 14 ans. A aucun moment il n’est question d’abus, encore moins «de la pire façon qui soit». Qu’elle fasse ce qu’elle veut même à 14 ans. Zahia Dehar, elle: les filles sont délurées et voient très tôt leur intérêt. Qu’elle séduise de son propre gré Polanski à 17 ans, c’est son histoire. Mais qu’elle accuse ensuite, qu’elle donne le nom d’un autre de ses amants connus, c’est inacceptable.
Quel est l’intérêt de Madame Lewis? On n’en sait rien. A-t-elle touché de l’argent? Le procureur américain qui veut la peau de Polanski trempe-t-il dans cette affaire? Pourquoi cela sort-il au moment où l’on commence à savoir qu’il a menti et où il semble - cela se redit de manière de plus en plus insistante - que les Etats-Unis ne donnent pas à la Suisse tous les éléments pour décider l’extradition?
Je n’en sais rien, je me pose des questions. Mais sachant que les fausses accusations sont devenues un business, je me demande qui profite de celle-ci. Et parfois la moutarde, et même un peu plus que la moutarde, me monte au nez...
PS: Max Göldi: Le Matin envisage pour la première fois qu’il ne sera peut-être pas libéré au bout des 4 mois de prison. J’ai déjà exprimé ici cette crainte. La Libye de Kadhaffi n’est pas fiable.
Commentaires
Bonjour John. Vous savez que la psychologie humaine, et en particulier celle qui se réfère à la sexualité, est d'une complexité folle. La prostitution, malgré les apparences de sa facilité, est extrêmement dangereuse pour les êtres humains. Rien ne va de soi dans ce milieu. Ce qui a été accepté un jour, est souvent refusé et nié de manière violente bien des années plus tard. Et je peux vous en parler en connaissance d'une certaine cause... Ne croyez pas que Charlotte est la seule coupable ni que Roman est un innocent que l'on maltraite aujourd'hui. L'adulte, c'était lui; le protecteur, c'était encore lui; le maître artistique, c'était toujours lui. J'ai développé un feuilleton durant la dizaine de jours que dure le festival de Cannes. Pour toutes celles et tous ceux qui veulent y lire une vision un peu décalé de la vision habituelle du monde, je conseille de venir lire mes petites chroniques intitulées "Zahia-Croisette". Bon après-midi à vous, John.
Bonjour Pachakmac, oui j'ai lu votre chronique au début, mais j'ai relâché, je trouvais un peu trop orienté... Mais bon, j'y retournerai. Pour Charlotte, Si elle l'a voulu comme amant et qu'ensuite elle rejette cela, c'est son problème à elle. On ne peut pas faire porter aux autres la responsabilité de ses propres actes.
Pour moi, cette notion de responsabilité de nos actes est du béton. Sinon, on tombe dans l'enfer. Le nombre de couple qui se séparent avec le déni de l'amour qu'ils ont partagé ferait exploser les statistiques sur le viol. Moi j'ai été dépucelé par une femme de 34 ans - j'en avais 17. Et bien, même si elle était visiblement contente d'avoir un jeune, je n'en ai pas fait un problème. Elle m'a invité chez elle, elle a créé une ambiance, et puis voilà... Ce n'est de loin pas ma meilleures expérience, j'étais même plutôt déçu. Mais voilà, je ne pratique pas le déni de mes choix.
Pour Charlotte Lewis, elle l'a voulu, elle l'a eu, pendant 6 mois, et plus de 10 ans après elle s'en vantait à un magazine sans se plaindre de quoi que ce soit. Ce qu'elle dit aujourd'hui sonne trop faux, et je me fie à mon instinct et à ma capacité de lecture de l'événement. Je ne peux lui accorder aucune circonstance atténuante sur ce qu'elle fait là.
O.K. John. Il y a quand même un problème de domination à la base. Polanski se sait très bien dans la position du "gourou" qui peut un peu faire tout à sa manière devant des jeunes filles "illuminées" par son aura de people reconnu. C'est exactement cette position qui est très nocive et dangereuse pour un homme s'il n'y prend pas garde. Nous avons tous nos instincts de mâle qui se réveillent quand les filles nous tombent littéralement dans les bras. C'est à nous, en tant que "maître de sagesse" de prendre garde à nos démons. Eh John, vous comme moi on ne cracherait pas dans la soupe si on avait des milliers de groupies qui nous tombaient dans les bras par bouquets de fleurs entiers :))))) Savoir garder la tête froide, c'est notre rôle de "papa" ou mieux d'"amant potentiel" de ces jeunes demoiselles... Ou alors c'est du sérieux et on en prend une, pas vingt (!) comme épouse et muse... Allez. toute bonne soirée et encore tous mes voeux de pleine santé retrouvée.
"elle l'a voulu, elle l'a eu, pendant 6 mois"
et ça ne l'autorise pas, actuellement à mentir, à salir, et elle sait trés bien
quelle peut salir ce cinéaste vu l'ambiance actuelle anti-homme.
« Il y a quand même un problème de domination à la base ». Ah ! parce que dans la séduction il n’y a pas de domination, fût-elle réciproque et donc paradoxale ? Quand à « Savoir garder la tête froide », mon cher Pachakmac, je voudrais bien vous voir au lit avec le sosie de Charlotte à 17 ans, « gardant la tête froide » ;-)
@ Alain: c'est bien pourquoi il n'aurait jamais du se retrouver au lit avec elle. Il aurait du savoir s'arrêter avant. Mais non seulement il ne l'a pas fait cette fois, mais il a fait la même chose à plusieurs reprises. En fait, toute sa vie, il a couché avec des femmes très belles et beaucoup plus jeunes que lui, actrices ou qui voulaient le devenir et prêtes à tout pour cela. Certaines très jeunes. Y compris celle par qui le scandale initial est arrivé, qui quelque part ressortait plus d'un cas limite de prostitution que d'un viol. Ce qui certes relativise sa faute, mais ne l'annule pas.
Il est fréquent qu'il y ait échange de bons procédés divers et variés dans une relation sexuelle ou une relation de couple. Mais le fait d'utiliser son argent, son aura ou sa renommée pour séduire de très jeunes femmes (ou de très jeunes hommes) est condamné par la morale et généralement par la société.
Il me semble que c'est juste. Qu'il est sain que la société fixe des gardes-fous aux dérives, sexuelles ou autres, y compris quand le vecteur de ces dérives est l'argent et la puissance.
On ne peut pas vivre sans morale et les fantasmes d'un Monsieur rendu célèbre par un film sur le comte Dracula (qui butinait les jeunes vierges et in fine les transformait en steacks hachés) doivent rester des fantasmes. La société humaine a besoin de limites, comme l'être humain a tendance à vouloir les franchir.
En me réveillant, j'ai réalisé la chose suivante: nous sommes partis,moi compris, sur les propos de cette femme, sans même savoir si elle a réellement eu une relation avec lui, et si oui à quel âge. En ce sens elle a gagné la première manche: qu'on la critique, qu'on la soutienne ou que l'on reste neutre, on se promène dans sa version. Comme si de toutes façons c'était évident.
La criminalisation de la sexualité masculine continue son chemin. Les hommes ont du soucis à se faire, décidément.
@ Philippe Souaille. La majorité sexuelle en france est 16 ans. Donc la relation de Polanski et Charlotte n'était pas punissable.
Dans cette interwie de 1999, c'est elle qui affirme qu'elle voulait être la maîtresse de Polanski alors que lui n'était pas chaud
Ce qui est punissable c'est le fait qu'elle ai menti pour accuser Polanski au près de la justice Suisse.
A vous lire on se doute que n'aimez pas Polanski.
Mais dans toute cette histoire je m'apperçois que la justice américaine ne veut toujours pas lever les scellés sur le témoignage clef du juge Gunson. Si ce témoingnage n'a aucune valeur pourquoi ne pas le dévoiler ???? J'espère que la justice Suisse en tiendra compte et demandera la levée des scellés avant de prendre leur descision d'extradition.
Courage Mr POlanski !!!!-
@ Philippe Souaille. La majorité sexuelle en france est 16 ans. Donc la relation de Polanski et Charlotte n'était pas punissable.
Dans cette interwie de 1999, c'est elle qui affirme qu'elle voulait être la maîtresse de Polanski alors que lui n'était pas chaud
Ce qui est punissable c'est le fait qu'elle ai menti pour accuser Polanski au près de la justice Suisse.
A vous lire on se doute que n'aimez pas Polanski.
Mais dans toute cette histoire je m'apperçois que la justice américaine ne veut toujours pas lever les scellés sur le témoignage clef du juge Gunson. Si ce témoingnage n'a aucune valeur pourquoi ne pas le dévoiler ???? J'espère que la justice Suisse en tiendra compte et demandera la levée des scellés avant de prendre leur descision d'extradition.
Courage Mr POlanski !!!!-
@ Rosy38. La majorité sexuelle en France n'est pas à 16 ans, mais à 15. Sauf que je cite :" L'âge limite de consentement est relevé de 15 à 18 ans dans le cas de relations entre un mineur et un ascendant ou toute personne ayant autorité par nature ou par sa fonction. Il s'agit alors d'une circonstance aggravante. La peine de prison a été relevée de deux à cinq ans dans ce dernier cas (séance parlementaire en date du 27 avril 2009)".
En l'occurrence, Polanski était son employeur potentiel et qui plus est son futur "directeur d'actrice" ce qui caractérise évidemment une autorité par nature et par fonction, donc une circonstance aggravante.
Le fait que j'aime ou que je n'aime pas Polanski n'a rien à voir dans l'histoire. C'est précisément parce que des tas de gens l'aiment, voire l'adule, qu'il se croit au-dessus des lois. Ce qui de mon point de vue n'est pas acceptable. Pour prendre un autre exemple, j'ai le racisme anti-noir particulièrement en horreur. Cela ne m'a pas empêché de trouver extrêmement déplacée la campagne en sa faveur de certains lobbys afro-américains.
Maintenant, est-ce que de profiter d'une starlette consentante est une saloperie, oui, je persiste et signe. Est-ce que cela mérite la tôle ? Je n'en sais rien. Sans doute pas à vrai dire. Mais dans un monde où les Etats-Nations font la loi, ce n'est pas à la justice suisse de réécrire les lois étasuniennes.
Ouile: adulent au pluriel of course... Et j'ai oublié de dire que je parlais d'OJ Simpson dans mon exemple. C'est mieux de se relire avant...
Philippe,
Sur l'autorité. Cette notion est héritée du 19e siècle. Si elle a été revalidée, réactivée, aggravée par la séance parlementaire que vous citez et qui date de 2009, cela montre pour moi que les ligues de vertu sont en passe de gagner. On revient peu à peu au 19e siècle, sauf que les hommes seulement sont visés. Rappelez-vous le peu de cas que la justice a fait de cette mère de 40 ans qui a initié un ado de 14 ans. On a même dit qu'il devait être valorisé. Et de cette autre mère qui caressait et suçait la queue de son fils de moins de 16 ans et qui n'a rien eu. Acquittée!
Deux choses sont donc très claires:
1. on revient en arrière. C'est la grande régression puritaine, le sexe est mal, la libération menées entre autres par des femmes est caduque. On n'en finit plus d'enterrer 68 pour réinstaurer progressivement l'ordre et la loi. Heil big mother!
2. dans ce retour en arrière les hommes sont clairement la cible privilégiée. Comme disent les malades féministes du Québec, "on va faire payer aux hommes 10'000 ans d'oppression.
Que faire? Sortir la Kalachnikov ou se flinguer?
Je continue sur la notion d'autorité. L'autorité actuelle n'a plus du tout la même force, la même prégnance ni la même primauté qu'au 19e siècle. Ce n'est pas parce que les adolescentes sont assez bêtes pour aller pleurer devant le chanteur de Tokio Hotel que cela fait de lui un salaud s'il couche avec elles. Elles veulent leur hystérie, leur extase, elles l'ont. Qu'elles ne viennent pas se plaindre, mais qu'elles apprennent plutôt ce qu'est la responsabilité et qu'elles prennent vite les leurs.
La notion d'autorité telle que vous la décrivez et telle qu'elle semble être admise dans la loi est clairement abusive. L'abus est là, pas ailleurs. L'abus d'autorité doit être réservé aux gens qui ont une position familiale ou sociale à laquelle il n'y a pas d'alternative: aux enseignants directs, aux parents bien sûr, entre autres. Mais pas aux gens qui ne sont pas des passages obligatoires. Car c'est bien cette notion d'obligatoire qui rend cette autorité incontournable et donc éventuellement abusive parce qu'abusant d'une position à laquelle on n'échappe pas.
Toute autre considération à ce sujet n'est que de la pudibonderie ou de l'allégeance suspecte aux Chiennes de garde. Ou alors il faut faire des lois pour empêcher un patron de sortir avec sa secrétaire, ou une patronne avec son secrétaire, à une danseuse étoile de vivre avec un de ses danseurs (Pietragalla), aux blanches (ces dominantes) d'épouser des noirs, etc, etc, etc. Revenons aux castes et poussons-les jusqu'aux relations affectives et sexuelles. L'apartheid total, quel bonheur.
Polanski n'était pas un passage obligatoire: La demoiselle pouvait prendre une autre direction professionnelle, ou passer des castings, ou tourner dans un autre film. Là elle est passé au-dessus de tout le monde pour aller directement à la source du fric et de la notoriété. Elle n'est pas idiote.
Tiens, au fait, où sont les parents? Elle passe son temps chez Polanski, elle va en Tunisie avec lui comme moins de 18 ans (17 ans, donc besoin d'une autorisation parentale). Mais on s'en fiche, les parents n'existent pas, elle se prostitue à 14 ans, ne se souvient même plus avec qui elle a couché. Ah si, elle se souvient de Polanski et de Beatty, des gens connus, riches, célèbres, adulés. Elle a bien choisi. Les autres n'étaient sans doute que des merdes à ses yeux, des puits à fric sans aucune existence réelle. Mais les riches vedettes, ça c'est bien!
Donc quand vous dites:
"Maintenant, est-ce que de profiter d'une starlette consentante est une saloperie, oui, je persiste et signe. " En effet, elle a fait une saloperie en profitant de stars du cinéma, même si Pol et Beatty étaient consentants. Tiens au fait, elle a rompu avec Beatty parce qu'il était marié (pas d'argent en vue?), mais cela ne la gêne pas de balancer 10 ans après? S'il était encore marié, son couple a dû voler en éclat. Il l'a cherché bien sûr, mais quelle saloperie de lui faire ça. Ca lui a rapporté combien de coucher avec des célébrités puis de balancer aprés dans des interview?
Gageons qu'elle va sortir un livre sur son supposé abus dans quelques mois. Stratégie publicitaire...
@ Ph. Souaille
Vous écrivez :
"La majorité sexuelle en France n'est pas à 16 ans, mais à 15. Sauf que je cite :" L'âge limite de consentement est relevé de 15 à 18 ans dans le cas de relations entre un mineur et un ascendant ou toute personne ayant autorité par nature ou par sa fonction. Il s'agit alors d'une circonstance aggravante. La peine de prison a été relevée de deux à cinq ans dans ce dernier cas (séance parlementaire en date du 27 avril 2009)".
En l'occurrence, Polanski était son employeur potentiel et qui plus est son futur "directeur d'actrice" ce qui caractérise évidemment une autorité par nature et par fonction, donc une circonstance aggravante."
Quelques petites observations :
1. La majorité sexuelle française à 15 ans est une majorité relative et non absolue. Il existe des limitations qui n'existent plus en Suisse dès 16 ans (ou avant si la différence d'âge des protagonistes est de moins de 3 ans).
2. Vous vous référez à une séance parlementaire du 27 avril 2009. Or,
Article 227-27 du code pénal français en vigueur ce jour prévoit :
"Les atteintes sexuelles sans violence, contrainte, menace ni surprise sur un mineur âgé de plus de quinze ans et non émancipé par le mariage sont punies de DEUX ANS d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende :
1) Lorsqu'elles sont commises par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ;
2) Lorsqu'elles sont commises par une personne qui ABUSE de l'autorité que lui confèrent ses fonctions."
Votre référence "parlementaire" est donc erronée quant à la peine encourue et omet le critère d'ABUS au cas où l'autorité découle d'une fonction. C'est dire que votre source est peu fiable et d'aucun intérêt s'agissant de comprendre le sens de cette disposition.
3. Quel était le droit applicable lors des faits ? Je vous rappelle que les lois pénales n'ont pas de caractère rétroactif (article 7 CEDH).
4. Vous alléguez que Polanski avait autorité "par nature et par fonction". C'est votre interprétation. D'emblée je ne vois pas de quelle fonction il s'agit. De plus que veut dire "par nature" ? Le texte de loin ne fait pas mention de "par nature". Avez-vous des références doctrinales et/ou jurisprudentielles ?
Vous mêmes dites que Polanski était un "employeur potentiel". Il n'avait donc pas l'autorité d'un employeur. Vous dites encore qu'il s'agissait d'un "futur directeur d'actrice". Vous lisant on devrait dire "un potentiel futur directeur d'actrice". Il n'était donc pas directeur d'actrice et n'avait aucune autorité à ce titre. Votre interprétation ne tient pas la route sans même se poser la question de savoir si l'ABUS de l'autorité n'est pas un élément constitutif de l'infraction.
A vous suivre Polanski pouvait et peut, en France, coucher avec qui il veut, mais doit s'interdire à tout jamais de faire appel aux service de la femme en question en qualité d'actrice ou ... de femme de ménage. Ridicule ! Pour coucher avec une 15-18 ans faut-il être inconnu, sans le sous et sans talent ?
5. Vous écrivez que cette autorité est une circonstance aggravante. Aggravante de quelle infraction de base ? Coucher avec une femme de plus de 15 ans est légal ! Lapsus révélateur.
6. C'est avec plaisir que je lirais un avis plus sérieux et motivé à ce sujet.
CEDH, comme d'hab, votre juridisme échevelé tombe à côté de la plaque. Comme l'expose très clairement la suite de mon commentaire, je ne me place pas sur le terrain de la loi, il y a des avocats pour ça, mais sur celui de la morale. Ce qui n'est apparemment pas leur for (aux avocats :-).
Si j'ai cité cet extrait, c'est pour répondre à cette personne qui déjà avait placé le débat à ce niveau, qui n'est pas celui qui m'intéresse. Elle le faisait en se trompant. Du tout au tout. J'ai rectifié. Ma rectification n'était pas d'une précision académique, vous y avez remédié, merci beaucoup. Je suis écrivain et journaliste, vous êtes juriste. Je m'attache à l'esprit, vous à la lettre. Je ne m'aventurerais pas dans un prétoire pour le compte d'autrui. Je résume et je vulgarise, à l'intention du grand public. Chacun son truc et les vaches seront bien gardées.
Ce qui ne m'interdit pas d'essayer d'avoir une influence sur le législateur, pour qu'il modifie la loi. Ou une fois celle-là écrite, sur les juges, pour qu'ils l'appliquent dans le sens qui me parait juste. Mais c'est à eux de décider. De me lire ou pas, de m'écouter ou pas.
Ceci dit, comme d'hab, je ne suis évidemment pas d'accord avec votre interprétation de la loi et de mes propos. Je n'ai jamais prétendu que Polanski devait être condamné par un tribunal pour ces faits. J'ai même dit le contraire. En plus, je ne sais même pas si la loi française s'applique, et où ces faits ont été commis ? Mais l'abus me parait nettement caractérisé, par la potentialité de l'emploi, précisément: "tu couches et tu as le rôle" = un très gros chèque et la notoriété. Un autre metteur en scéne bien connu a d'ailleurs été inculpé en France pour des faits similaires, même pas avec une mineure d'ailleurs ! Si mes souvenirs sont bons (pas la peine de chercher, je suis certains que vous saurez le faire à ma place) il est tombé sous le coup de la loi contre la prostitution. Qui punit en France, comme dans d'autres pays européens, le fait de payer pour des services sexuels... Mais là, encore vous allez précisez, je le souhaite en tout cas, n'ayant pas vraiment envie de me taper l'intégralité du code Dalloz... peut-être en étant payé pour, et encore...
"Par nature", je ne me plaçait pas du point de vue du droit (il n'y a pas que le droit dans la vie, dans la mienne en tout cas :-), mais du point de vue du cinéaste et du directeur d'acteurs. Qui exerce un ascendant certain, dont certains abusent, sur ces comédiens et comédiennes. Y compris sexuel, l'ascendant, et l'abus aussi. Y compris à Genève d'ailleurs où ce que l'on me raconte des pratiques de certains metteurs en scène et/ou coachs théâtreux est assez croquignolet. Dans le genre "si tu veux vivre ton art, il faut le vivre jusqu'au bout, par tous tes sens, tu vois. Et tous tes orifices..."
Maintenant, sur le fond, c'est à dire sur le morale: coucher avec une gamine de 15 ans quand on en a 40 ou 50, je ne trouve pas ça bien. Qu'on soit plombier ou directeur de banque. Que cela soit légal ou pas, c'est une chose, que cela soit moralement défendable en est une autre.
Je me souviens d'un fils de famille genevois (Parents gros commerçants, lui un peu débile, que la défonce n'avait pas arrangé) que j'ai croisé un jour à Cointrin rentrant du Sénégal, et qui m'a expliqué tout sourire qu'il allait là-bas pour se payer des gamines de 13, 14 ans, vierges, pour éviter le SIDA. Je me demande encore ce qui m'a retenu ce jour là de lui mettre mon poing dans la figure devant tout le monde. Le fait que je n'ai jamais frappé le premier, sans doute.
@ John: rentrer dans la vie intime des gens est à éviter. J'ai moi-même écrit et produit un film dont la femme que j'aimais à l'époque est l'actrice principale. Je trouve cela beaucoup plus rigolo que de disserter sur des articles de loi... Je l'aimais avant de penser au film et elle aussi m'aimait. Elle avait 24 ans, moi 34... J'étais un encore jeune journaliste de la TSR, elle était une magnifique jeune femme d'un pays exotique, rencontrée à Genève. A partir de quand une relation devient elle malsaine ou inéquitable, ou mercantile ? Difficile de le dire. Coucher avec une gamine de 7 ans, tout le monde est d'accord. 9 ans ? Il semble que certains messagers de dieu, par le passé, on trouvé cela politiquement correct. Faut vivre avec son temps.
Mais il faut des limites. La société les place de deux manières. Par le regard sur l'autre et par la loi. La loi est en principe, heureusement, plus pointue dans ses interdits que le regard sur l'autre, qui a tous les défauts possibles et imaginables. Mais on ne peut se passer ni de l'une, ni de l'autre.
Quand à votre regard sur l'autre, John, lorsque cet autre est impliqué dans une affaire de moeurs, n'est malheureusement plus très objectif. Même si je vous rejoins en partie dans votre combat contre un certain féminisme outrancier. Je suis personnellement contre toutes les outrances...
Aïe... Je devrais vraiment me relire... Au moins 5 fautes... grossières.
Qui les trouve ?
Philippe, je suis d'accord avec la notion de limites. Cela me paraît indispensable. Elles devraient être évidentes. Ces limites concernent aussi bien l'âge du travail pour les enfants, l'âge de la sexualité, l'âge de conduire une voiture, d'avoir un compte en banque, etc. Ces limites ont leur raison d'être.
Il peut arriver que certains individus soient difficilement classables dans les limites communes: QI très élevé qui fait passer la matu à 14 ans, maturité physique de filles ou garçons à 15 ans, etc. Difficile de faire du cas par cas. Mais à 17 ans passé, la nouvelle accusatrice de Polanski (dont il n'a toujours pas confirmé s'il a bien eu une relation avec elle) n'avait plus 15 ans.
Je trouve qu'avoir une relation avec une fille (ou un garçon pour les femmes) de cet âge-là n'est pas "immoral" mais incohérent en terme d'échange, de maturité, de capacité d'interaction. Pour moi la morale se fonde plus sur l'inaptitude à une relation qu'à un "mal" venu de je ne sais ou. La morale doit être fondée sur autre chose que "c'est pas bien".
Donc il n'y a pas de "mal" à mes yeux à ce que Polanski ait pu avoir une relation avec cette personne à l'époque, et je me refuse à le juger de vieux cochon, ce qui n'est qu'une dérive de la morale du "c'est pas bien".
Il aime les jeunes? Il n'est pas le seul. Il n'est pas plus vieux cochon que les femmes cougar auxquelles ont fait tant de pub actuellement.
Je ne défends pas particulièrement Polanski, je ne l'ai pas défendu jusqu'ici, mais je trouve le procédé de cette femme inacceptable. Après, ce n'est que le jugement moral d'une société de lynchage qui peut lui donner raison. Pas la loi ni une morale fondée sur autre chose que "c'est pas bien".
Mon propos était beaucoup sur la notion d'autorité. je refuse clairement cette interprétation qui parle d'abus d'autorité dès qu'il y a un rapport professionnel. Le simple fait d'une relation affective ou sexuelle entre employeur et employé n'est pas un abus. Il ne le devient que si l'employeur pose comme condition à un engagement le fait de coucher, et que l'employé n'a pas d'autre solution que de s'y soumettre.
Cela revient aux textes que CEDH a mis plus haut, et qui sont censé limiter quelque peu l'interprétation de l'abus. Je trouve votre interprétation beaucoup trop extensive, et dangereuse car sans limites nettes et raisonnables.
Pour ce qui est de mon expérience personnelle qui marque en partie mon regard sur toutes ces questions, je pense qu'elle m'a ouvert les yeux et rendu plus lucide que la moyenne, et que je suis comme une sentinelle qui prévient à l'avance du danger car elle le voit venir de loin!
Edifiant, votre billet, cher John! Qui peut-on croire encore dans cette affaire où tout est faux ? Surtout pas une actrice de cinéma, plus ou moins répudiée par le Maître ? La plainte de Miss Lewis la discrédite et donne un argument supplémentaire aux défenseurs de Polanski. Mais c'est triste d'en arriver là!
Le débat a lieu sur 2 billets simultanément. Voir aussi ici:
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/05/15/nouvelle-affaire-polanski-la-curee.html
Philippe, je mets ici aussi le comm que je viens de poser sous l'autre billet:
Philipe, je ne suis pas convaincu. Le "ce n'est pas bien" ne me suffit pas. Pourquoi ce n'est pas bien? Dans le temps - et parfois encore - on disait bien que l'homosexualité c'est contre la nature et donc "ce n'est pas bien". On dirait que Bien c'est l'ange et mal c'est le diable. La morale devrait être plus raisonnée que cela. Elle n'est pas d'abord un jugement mais une organisation des moeurs qui pose des cadres, des limites, et qui se fonde sur des raisons les moins émotionnelles possibles.
Pour moi dans le cas de l'inceste c'est l'enfermement qui est inadéquat - non seulement biologique mais aussi psychologique et affectif. L'humain se développe en allant à l'extérieur, pas en restant à l'intérieur. Voilà pour moi une raison morale (en ce sens qu'elle organise les moeurs) qui est fondée et pas émotionnelle. Idem pour les enfants: ils n'ont aucune maturité pour vivre une vie d'adulte, sur aucun plan. Donc l'interdit est fait pour leur permettre d'acquérir peu à peu la force qu'il faut pour être adulte. Voilà une raison morale hors du "ce n'est pas bien", fondée, et non émotionnelle.
Mais sur certains individus cela varie. Et d'un abus manifeste, on peut faire dans certains cas une très belle histoire déchirante qui obtient l'assentiment d'une large partie du public: "Mourir d'aimer". Elle aimait vraiment, me direz-vous. Qui dit que Polanski n'aime pas aussi, plus souvent simplement? Dans Mourir d'aimer c'est l'histoire d'une vieille cochone vraiment amoureuse d'un jeune pintadeau....
Non je n'accepte pas de dire vieux cochon. Cliché parmi les clichés! Si cet homme a une forte pulsion reproductrice, que dire de certains vieux lions qui fécondent de nombreuses jeunes lionnes? C'est la nature des choses chez de nombreux mammifères. Chez d'autres animaux la femelle tue et mange le mâle après l'accouplement. Chez l'humain il n'y a pas assez de mâles pour cela, l'espèce serait perdue si les femelles tuaient les mâles après l'accouplement.
On constate plus de culture dans l'espèce humaine, oui. Mais elle n'est pas pour autant coupée de son animalité et de certaines pulsions qui ont dû et doivent jouer un rôle dans la survie de l'espèce. Et les femelles font tout ce qu'il faut pour stimuler cet instinct. C'est ainsi.
Pour le refrain du patriarcat autoritaire, ça il ne faut plus me la faire. Il y a eu le code napoléon, oui, une aberration pour les femmes. Il y a eu aussi une distribution des rôles, des fonctions et des pouvoirs, qui avaient des raisons d'être et n'étaient pas une simple volonté de domination. Ce n'était pas automatiquement autoritaire. Quand j'étais gamin, ma mère et les mères de mes copains avaient la voix au chapitre, géraient souvent l'argent du ménage, décidaient de l'éducation, parlaient entre elles de leur mari, etc.
Et c'est ainsi depuis longtemps. Il y a eu des hommes autoritaires, oui. Il y en a encore. Comme il y a eu et il y a des femmes autoritaires. Qui sont les plus nombreux? On serait surpris si l'on faisait une vraie statistique. Alors je ne sais ce qui vous prend de vous aligner ainsi sur les thèses féministes les plus radicales et les moins démontrées. Je ne sais pas ce que vous tenter de réparer ainsi. Une culpabilité? Un père qui en a trop fait ou qui a été exclu (donc pas d'image positive de l'homme)? Une peur de ne pas être aimé si vous contrez les femmes? Parce que le féminisme est un bon moyen de drague pour les hommes? En tous les cas, cette posture flagellante pour les hommes vous enlève sérieusement du crédit à mes yeux. Je ne comprends pas comment vous, intellectuel parfois audacieux, vous pouvez donner dans ce discours convenu.
Ah; peut-être n'avez-vous pas rencontré assez de vieilles cochonnes expertes, de grosses salopes qui font des trucs pas possibles, et vous pensez encore des les femmes sont des brindilles... :o))) !!!
Je vous imagine tout-à-fait prendre les devants dans la protection, sans attendre que la femme vous la demande. En faire beaucoup pour être presque sûr d'en recevoir au moins un peu. Il y a là quelque chose de l'ordre de l'estime de soi qui tente de se réparer. Je vous vois montrer à la femme combien vous êtes un homme prévenant, moral, tellement attentif aux mauvais côté de l'homme et à l'écoute de la femme plus que de vous-même. Et je vous imagine étouffant, étouffant, et pas vraiment rassurant malgré la première impression... Voyez, l'histoire du type qui va trouver des vierges en Afrique: mais laissez les femmes lui casser la figure. Vous prenez la défense sans connaître la réalité et sans qu'on vous l'ait demandé. Mais laissez donc les femmes se défendre elles-mêmes. Offrez-leur ce respect de penser qu'elles en sont autant capables que vous! Quel paternalisme étouffant Philippe... de l'air! Faites-leur ce cadeau immense, de les laisser dire d'elles-mêmes ce qu'elles souhaitent et de ne pas agir ou penser à leur place (comme vous le faites pour miss Lewis). Ne les précédez pas, ne continuez pas à "marcher devant". Oui il y a des hommes très lourds et je les vomis. Mais il y a plusieurs façons d'être lourd.
Oups, j'ai peut-être été plus loin que ce que vous accepterez. Mais bon, comme vous parlez des hommes et des femmes avec beaucoup d'interprétations sur eux, sur leurs comportements, je me suis permis de faire un peu de même avec un homme (vous) qu'au moins je connais un peu directement - ce qui n'est pas votre cas avec Polanski.
Il paraît qu'on peut écrire à Roman Polanski à l'adresse suivante :
R.P. Productions
102 Avenue Champs Elysées
75008 PARIS France
Je viens de lui envoyer cette lettre :
Cher monsieur Polanski,
J’ai beaucoup hésité à vous écrire, car on se sent toujours un peu ridicule, quand on n’est rien, à s’imaginer qu’un artiste comme vous puisse accorder quelque importance au réconfort d’un inconnu.
Ainsi donc, vous êtes l’homme à abattre. Ils sont tous là, nos moralistes, la pierre à la main devant le monstre « Polansky », avec un « y » pour montrer qu’ils le connaissent bien, ce monstre… La dernière en date sait peut-être orthographier votre nom et se souvient en tous cas, après vingt-cinq ans de réflexion ou quelque chose comme ça, avoir été « violée », ou « abusée », enfin je ne sais plus, le sait-elle, je n’ai pas tout retenu, j’ai lu ça vite fait, en un lieu sombre et propice à la méditation, où j’avais seulement besoin d’un peu de papier.
Nous allons sans doutes en apprendre de belles à votre sujet, dans les mois à venir, avec tous ces humanistes qui connaissent des gens qui vous connaissent qui leur ont dit que… Dites-moi, j’y pense : Barbe Bleue, ce n’était pas vous, par hasard ?
J’essaie d’imaginer ce qu’est votre vie en ce moment, et souhaite de tout cœur que vous trouviez la force de compisser la meute en continuant, malgré elle ou peut-être grâce à elle, à créer. Pensez à vos amis qui eux aussi, de Kundera au dernier que je suis, sont autour de vous, à s’interposer.
Cette affaire est riche d’enseignements, mais ce que j’en retiens surtout, c’est qu’il n’y a plus aucun doute à avoir sur la vraie nature de l’Internet, comptoir des procureurs du dimanche, marécage de la diffamation éthique, cloaque du lynchage citoyen et de la lapidation démocratique, et avant-goût du joli monde à venir que nous prépare le politiquement correct.
Ces temps sont à vomir. Comment a-t-on pu en arriver là ?
Amicalement.