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Sexe et politique: leçon de non-journalisme

S’il faut avoir fait des études pour écrire de cette manière, autant être inculte. On aurait au moins l’excuse de l’ignorance. Nombre de blogueurs mériteraient amplement d’avoir la place du journaliste du matin qui en remet aujourd’hui une couche sur l’élu UDC organisateur de gang bangs.

Et son style ne fait pas vraiment dans la dentelle. Le lynchage continue. Car à ce niveau, je ne vois pas quel autre mot employer. La volonté de démolir le désormais ex-élu UDC transpire à grosses gouttes de sueur nauséabonde dans les lignes. Mais voyons un peu.

«L'élu d'Yverdon  … a aussi joué un rôle-clé dans un salon de massage érotique. A ce stade, on ne parle plus de loisir, mais de passion. F… est un mordu de sexe.»


Ah ah, se dit-on, on va avoir droit à de nouvelles révélations croustillantes. Et grâce à ce journaliste on voit les lecteurs baver devant leur quotidien au point où la bave coule dans leur café qui en devient inbuvable. Vous aimez le café délayé, vous? Beurk!

Mais revenons à l’article: un mordu de sexe! Ouuuuuuuhhhhhh!!! On entend déjà les râles de jouissance pluriquotidiens, les gadgets emplissant son appartement et débordant de ses poches, les sex toys (non, pas les canards, ceux-là pour les dames sont très bien et très fun - ceux pour les hommes, sales et vilains et pervers) dissimulés dans la boîte à gant à côté d’une centaine de préservatifs, les 60 kilos de revues érotiques dans son coffres, l’abonnement à Canal pour le film érotique, les images pédophiles tant qu’à faire, bref, un vrai obsédé. Un mordu de sexe, quoi.

J’ajoute au rayon mordu de sexe qu’il devrait se méfier des pipes…

Alors qu’en est-il de ce mordu? Qu’a-t-il fait de si extraordinaire? «… cet employé de commerce a un emploi du temps décidément bien chargé: il a joué un rôle-clé dans la création d'un salon de massage récemment ouvert à Fribourg». Et plus loin: «Nous avons retrouvé une petite annonce parue en février dans le quotidien 24 heures sous la rubrique «Erotique emploi». Il est écrit que le salon «emploie des masseuses érotiques. … L'élu UDC est-il donc le grand patron d'un salon de massage érotique?»

C’est tout? C’est tout. Et comme c’est bien peu, il faut ajouter «grand patron» d’un salon. On n’en sait rien, mais on sait que la populace, méchante, bête, avide de vengeance contre les salauds de patrons et frustrée sexuellement, laissera monter sa haine contre cet ex-élu. Oh, le journaliste ajoute bien que le recrutement effectué par le monsieur concernait des masseuses érotiques. Mais ce n’est apparemment pas ce qui se pratique: «Une hôtesse nous a expliqué que des massages naturistes sont pratiqués, qu'il y a «un éveil de tous les sens», que «c'est très sensuel, mais pas sexuel».» Ce qui dément l’affirmation du journaliste, qui pourtant insiste lourdement sans même mettre de guillemets. D’ailleurs est-ce une hôtesse ou une masseuse? Le journaliste s’avance encore une fois. Ecrire «masseuse» n’est pas aussi salace qu’hôtesse.

Rien de bien intéressant, mais enfin il faut tirer (la corde) jusqu’au bout et faire son beurre en rajoutant tout ce qu’il faut pour orienter la lecture du citoyen décervelé devant son Matin: «cet élu du parti vantant les valeurs de la famille traditionnelle».

Donc en résumé: rôle-clé dans un salon de massage érotique (démenti), mordu de sexe, valeurs de la famille traditionnelle, grand patron d’un salon de massage érotique: ce journaliste fait appel à des réflexes moralisateurs encore plus traditionnels que ceux prêtés à l’UDC.

Bref, du journalisme putassier, populiste, abusif.

De la vraie pornographie intellectuelle!


Catégories : société 1 commentaire

Commentaires

  • Raghhh ... tiens revoilou les bonobos ;o))) j'les avais presque oubliés ceux-là, mais c'est vrai que c'est de saison ;o)

    (♥_♥)

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