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Bach to music

Comment découvrir Bach sans ce sentiment d’une musique très calculée, cérébrale? Je n’ai jamais apprécié Jean-Sébastien Bach à cause de cela. Je n’y sentais pas d’émotion, comme j'en ressentais dans Debussy, Ravel ou Chopin.

bach_facsimilie_400.jpgJ’ai toujours été plus littéraire que matheux. Les matheux m’intriguaient: je me demandais où ils mettaient leur feeling. En fait je n’en sait rien. Et pour avoir en partie donné dans le feeling j’en connais aussi les pièges. Le sensible met en contact des mondes parfois si différents, avec le sentiment d’une possible communion. Il peut s’y fonder un langage commun. Toutefois la subjectivité du sensible fait qu’en dehors des grandes extases on ne peut être sûr de rien. Et ce monde-là s’use à brûler ses yeux dans la quête de la lumière, d'où sa propension à devoir se renouveler pour se sentir régénéré. Et se renouveler c'est changer: changer de voiture, d'amour, de décor. Le sensible est le moteur d'un monde où la consommation tient une grande place. La richesse et l'épuisement s'y côtoient en permanence. Je ne suis pas certain qu'il y ait évolution dans ce monde-là, mais seulement remplacement: on remplace une chose par une autre afin de provoquer la bouffée régénérante.

Il y a dans la rigueur logique quelque chose de fascinant, une clarté dans le déroulement de la pensée. On sait où on met les pieds. Une chose est une chose, pas une autre. C’est le monde des faits. Il ne devrait pas y avoir de malentendu. Tout a une place. Mais j’en vois aussi les limites: l’enfermement du monde dans un concept défini, donc fini. La tentation logique, débranchée du sensible, finit par être totalitaire. Car la logique tend à tout expliquer. Le «Je ne sais pas», ou la contradiction, n’y ont guère leur place. Toutefois ce monde-là ne s'use pas. C'est mon impression.

Romantique, je vient du sensible. Une part du monde m'était donc inconnue, comme absente. Pourtant le monde est tel que tout y a sa place. La seule limitation ou absence vient de l’esprit de celui qui regarde le monde et qui ne sait encore en voir la  globalité. Cette réflexion m'accompagne au fur et à mesure de mon évolution. J'ai en général privilégié le sensible, que je connaissais mieux, plus que le logique. Mais j’ai appris à mettre de la rigueur dans le sensible. Démarche passionnante et nécessaire, vitale pour mon sentiment de cohérence intérieure. J’avais déjà admis que je suis contradictoire, et que je n’a pas à choisir - sauf exception - entre deux termes d’une contradiction mais seulement à les considérer et à les laisser faire leur chemin en moi, dans leur silence prodigue. J’avais aussi perçu le monde comme un hologramme, et comme une représentation de l’un dans le multiple. «N’être qu’un, oui, mais lequel?» disait Alphonse Allais?

Comment donc associer la rigueur de Bach et le sensible? J’ai commencé à entrouvrir une porte dans ce sens. En me faisant expliquer Bach. Il y a dans ses mathématiques musicales une autre forme d’extase que dans le sensible et elle n’est pas moins belle et forte.

La musique est pour moi un espace d’exploration des émotions et de communication, de communion. Bach  compose de la musique. Il communique donc bien quelque chose. Voici les premières pistes que j’emprunte pour comprendre la musique de Bach. Et depuis cela je ne l’écoute plus de la même façon.

La première vidéo est pédagogique. Elle explique l’un des canons qui figure dans «L’offrande musicale». L’expression elle-même fait déjà rêver: "L'offrande musicale"!  La deuxième illustre le même thème un peu différemment.





Catégories : Art et culture 7 commentaires

Commentaires

  • Eh bien, les mathématiques sont nombreuses et diverses...

    Il y a une certaine beauté dans la facilité avec laquelle la diagonale de Cantor prouve non-dénombrabilité de l'ensemble des nombres réels...
    Et c'est la manière la plus simple de montrer qu'il y a des infinis plus grands que d'autres. Notion à priori illogique, mais finalement simple à comprendre.

    La logique contient en fait plusieurs logiques différentes...
    Il y a même la logique floue, qui n'a rien à voir avec la dualité classique noir/blanc, vrai/faux de la vie de tous les jours.

    Il y a cette beauté paradoxale qui consiste à pouvoir prouver que certains théorèmes sont indémontrables, donc ne peuvent être prouver ni justes ni faux !

    Il n'y pas tant de choses si définies que cela, tout compte fait. Donc, quand vous dites que :


    "
    La tentation logique, débranchée du sensible, finit par être totalitaire. Car la logique tend à tout expliquer. Le «Je ne sais pas», ou la contradiction, n’y ont guère leur place.
    "

    Eh bien non. Non seulement la logique n'explique pas tout mais elle prouve qu'elle ne peut pas tout prouver. Il reste la place pour le feeling, la poésie, les illusions, l'espoir, et malheureusement aussi pour les arnaques, manipulations...

    Cela rejoint mon commentaire à propos de l'existence de Dieu : la logique, ni les mathématiques, ni aucune science ne prouvera jamais rien, le débat existe depuis des millénaires et n'avance pas parce qu'il ne PEUT pas se résoudre une fois pour toute et irréfutablement. Et il n'y a que cela qui est démontrable, d'où pour moi la totale inutilité d'un tel débat.


    Ceci dit, il y a une autre manière de voir Bach, mais je vous en ai déjà tant parlé, de ce bouquin. Celui avec ces magnifiques dessins d'Escher, la beauté dans l'art de l'illusion d'optique qui trompe si facilement la logique...

    Définitivement, je vais le racheter ce livre, j'ai vu que l'auteur a apporté quelques ajouts par rapport à sa première version d'il y a plus de 20 ans. Une bonne raison, logique ou non, de le relire pour moi.

    Bonnes réflexions récursives à vous !

  • Greg, je vous attendais, j'espérais vous voir intervenir ici. Ce billet est un mélange du livre et de mes propres réflexions. J'ai failli y mettre un dessin de Escher, mais bon, non, trop voyant.

    Il y a quelque part sur youtube une animation de Bach sur Escher.

    J'entends bien la question du débat religieux irrésoluble. Le débat est figé dans la pierre. Mais peut-être faut-il encore le refaire pour qu'un jour, collectivement, ou par électrons libres, on sorte de ce mécanisme répétitif de la contradiction prévisible et que peu à peu s'élaborent de nouveaux paradigmes.

    Ce débat sur la religion je ne sais pas pourquoi je le mène parfois. A cause des soumissions meurtrières que j'y vois? Pour tenter d'épurer la foi? Pour trouver un langage pour ma propre mystique? Parce que je suis intéressé par la notion de Dieu? Parce que, rebelle à toute soumission, je n'ai pas encore totalement fermé la porte au saisissement mystique - dont pourtant je me méfie comme de la Bête?

    Je me sens chez moi dans ces abstractions d'Hofstadter. L'acceptation du paradoxe, de la non démontrabilité de certaines choses, n'est pas dérangeante. Cette démarche consistant à accepter de ne pas tout savoir, de ne pas tout démonter, d'être à la fois dans le détail et dans le global, dans l'implication et dans le recul, (le ET/ET), n'est pas désagréable. Au contraire, cela fait partie de mon économie.

    Hormis ces abstractions je dois encore mieux identifier les adversaires invisibles contre lesquels je me bats.

  • @ Hommelibre:


    Ach! Bach! Kolossal...! ;o)


    J'attendais désespérément que quelqu'un post un commentaire intelligent, avant de venir mettre mon grain de sel...

    Maintenant que c'est chose faite, à l'abordage!


    C'est dommage que vous n'ayez pas ajouté à votre article un dessin d'Escher... Ces oeuvres sont certes archiconnues, mais elles sont néanmoins toujours autant troublantes... même à la vingtième vision (?)...


    Cela dit, les illusions d'optique étaient déjà utilisées dans l'Antiquité, par exemple en architecture chez les Grecs; le Parthénon en est la meilleure illustration.

    Dans les arts, elles sont foison. De Giuseppe Arcimboldo avec ses « Saisons », en passant par Jérôme Bosch, ancêtre des surréalistes, avec ses perceuses-visseuses... Oups!... Avec sa triptique du « Jardin des Délices »... ;o)


    Avant eux, il y eut Giotto di Bondone et ses peintures en trompe-l’œil dans sa décoration de la chapelle Scrovegni (1305). Puis vint la codification de la perspective en peinture, établie par les peintres italiens de la Renaissance, parmi lesquels on peut citer:

    - pour l'école florentine: Piero della Francesca, Masaccio, Paolo Uccello, ainsi qu'un certain Botticelli... ('connais pas...!) ;o)

    - pour l'école vénitienne: Giovanni Bellini, Giorgione, puis Titien, Tintoretto, ou Véronèse.

    On peut y ajouter Melozzo de Forlì, Andrea Mantegna, etc...

    Sans parler des Léonard de Vinci, Raphaël et autres « Mickey L'Ange »... ;o)


    En Allemagne, un peu plus tard, on trouve Albrecht Dürer, ou Hans Holbein (le Jeune) et sa fameuse anamorphose dans son tableau « Les Ambassadeurs ».


    La technique du trompe-l'oeil verra son apogée avec le "trompe-l’œilliste" le plus fécond, le peintre néerlandais Cornelis Norbertus Gysbrechts, vers la fin du XVIIe siècle.


    Enfin, c'est entre la fin du XIXe et la première moitié du XXe, que furent "théorisées" les illusions d'optique et autres objets impossibles dont s'est inspiré Escher: le Triangle de Penrose (en réalité créé par l'artiste suédois Oscar Reutersvärd), l'Escalier de Penrose, le Cube de Necker et le cube impossible, le blivet, etc...


    Pfffffffff....!



    Quant à vos interrogations mystico-existentielles, j'ai bien deux chansons à vous proposer:

    http://www.dailymotion.com/video/xe9ff6_monty-python-s-the-meaning-of-life_fun

    http://www.dailymotion.com/video/xe9fjl_monty-python-s-the-meaning-of-life_fun



    À vous de faire le reste.. ;o)



    Bonne continuation.



    =:oB

    PS: Toutes mes excuses pour les éventuelles erreurs ou omissions. Je ne suis pas (encore) historien de l'art...

  • En effet, quoi de plus beau pour expliquer la récursivité que le dessin des 2 mains s'auto-dessinant d'Escher...

    C'est le paradoxe des Crétois menteurs ou de sa version papier recto-verso sur lequel on lit d'un côté : La phrase au dos est fausse,
    et de l'autre côté : La phrase au dos est juste.

    Ceci dit j'ai découvert tout par hasard un site avec de petites énigmes sympathiques et leur solution :

    http://bric-a-brac.org/enigmes/

    De quoi se torturer un peu les méninges.

  • @ L'Avis de Brian,

    Well, en effet, j'aurais pu mettre Escher. D'autant que je suis dedans avec le livre de Hofstadter: Gödel, Bach, Escher, les brins d'une guirlande éternelle.

    Je suis bien branché par les Boucles étranges, paradoxes, mais mettre un dessin de Escher sans en donner la raison ne me convenait pas. Je le ferai quand je pourrai rendre un peu plus du livre et donner envie à d'autres d'entrer dans les concepts développés. Donc c'était prématuré. Déjà c'est par ce bouquin que je découvre Bach différemment, et j'ose déjà en faire un billet!

    Merci pour votre commentaire. Ben, Brian, vous n'aviez pas encore révélé celle folle culture!

    Waow, je suis admiratif.

    Yes!


    @ Greg: Cette manière d'aborder le paradoxe, les Boucles étranges, ça me va bien. Je n'avais pas vu Escher sous cet angle. Pourtant j'avais dans ma tête cette conscience du serpent qui se mord la queue, ces systèmes qui se renversent comme les dessins, et qui sont à la fois en déséquilibre permanent et dans une stabilité extrême car quasiment invariables.

    Je connaissais les sensations psychiques de ces boucles étranges, les images fugaces du retour au même endroit, sans pouvoir les figurer. Et je n'avais jamais encore eu le déclic de voir cela en Escher.

  • Greg encore: pour le bric-à-brac, pas mal. De quoi soigner la migraine... ;o)

    La maison et le sud, j'ai une solution toute simple: la maison et située exactement sur le pôle nord.

  • @ Hommelibre:


    Merci beaucoup pour vos compliments... mais je ne sais pas mon "savoir" tient plus de la culture ou de la lecture... ;o)


    Cela dit, j'ai toujours eu un faible pour les arts, et la peinture en particulier... Même si je suis (j'étais?) plutôt un matheux... en tout cas attiré par les sciences. Un peu comme vous, non? ;o)

    Par exemple, qui peut rester insensible devant la beauté et le raffinement du tableau de Sandro Botticelli "La Naissance de Vénus"?

    http://www.dailymotion.com/video/xeb4wf_monty-python-botticelli-s-venus_fun


    Pas moi! Indéfectiblement, les larmes me viennent aux yeux...


    Mais mon amour de la peinture ne s'est pas fait tout seul; j'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'emmenait régulièrement voir des expositions.

    http://www.dailymotion.com/video/xeb50t_monty-python-s-flying-circus-art-ga_fun


    J'en ai d'ailleurs gardé de profondes séquelles... ;o)


    Bien sûr je m'intéresse également à l'histoire. Et plus spécialement à l'étude des législation sociales au XVIIIe siècle:

    http://www.dailymotion.com/video/xeb6fj_monty-python-flying-circus-social-l_fun


    Par contre, je ne sais vraiment pas d'où me vient cet intérêt si prononcé... ;o)



    Bon, assez d'âneries.


    Bonne continuation.


    =:oB

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