Louer un hectare de terre cultivable au prix d’un euro par année, c’est possible! La Tribune fait mention, sous la plume d’Andrés Allemand, d’un rapport de la Banque mondiale révélé par le Financial Times. Ce rapport concerne la prise de contrôle des terres arables africaines par des investisseurs étrangers.
De nombreux pays font actuellement la chasse aux bonnes terres d’Afrique. Le risque de crise alimentaire fait peur à de nombreux gouvernements, qui ne sont pas certains à terme de pouvoir nourrir leurs populations. D’où la ruée vers l’Afrique dont seule une partie des terres arables sont cultivées.
La Chine fait bien sûr partie des pays dont les besoins sont immenses, mais aussi certains pays arabes qui n’ont que du désert et pas de terre cultivable, la Corée du Nord, entre autres. Dans la Tribune papier, une infographie détaille les acquéreurs pays par pays.
Selon l’article (extrait): «L’ennui, reconnaît la Banque mondiale, c’est que ces investissements, loin d’être une aubaine pour le continent noir, finissent par nuire à des populations déjà pauvres et à des économies précaires. Car les acquéreurs ciblent les pays avec les législations les plus faibles, arrachent des locations à prix cassés, à des taux d’imposition ridicules voire inexistants, sans forcément créer de l’emploi ni développer les infrastructures locales.»
Certains projets prévoyaient même une prise de contrôle gratuite sur les terres:
«C’est déjà le Financial Times qui avait révélé, à la fin de 2008, un incroyable contrat négocié à Madagascar par la compagnie sud-coréenne Daewoo Logistics. L’accord prévoyait le contrôle de la moitié des terres arables du pays pour une durée de 99 ans. Le tout gratuitement. Le deal fut abandonné, après avoir contribué à un coup d’Etat.»
Dans les pays qui louent leurs terres, les paysans sont perdants. Ils n’ont souvent pas de titre de propriété, même quand ils cultivent depuis plusieurs générations, et sont expulsés sans ménagement. De plus les nouveaux arrivants n’engagent pas de personnel local et n’améliorent pas les infrastructures. Il n’y a guère de bénéfice pour les Africains, sauf les intermédiaires ou agents des gouvernements.
On pourrait se dire que si seulement 25% des terres arables sont cultivées, pourquoi ne pas louer les autres? Alors il faudrait d’abord faire un état des lieux et des besoins et commencer par redistribuer les terres aux paysans. On peut imaginer une location du reste mais selon des conditions de respect du sol. Car les polluants (pesticides, engrais à hautes doses) laisseront, à la fin lointaine des baux de location, des terres épuisées et devenues des poubelles. On peut aussi imaginer la création de grandes unités de production qui vendront leurs produits sur le marché international. L’Afrique gagnerait en autonomie.