Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Delphine, Romane et Elsa (45): le débriefing

Après la mise en ligne du dernier épisode (lire ici), je propose un débriefing sur ce roman commencé par hasard, vécu comme une grossesse et mené à terme avec bonheur. Avant toute autre pensée je veux remercier ici l’internaute Olga, qui à partir d’un billet léger et sans lendemain m’a proposé un challenge que j’ai relevé et porté plus loin. Elle a perçu mon imaginaire.

Banon-village-.jpgDébriefing

De manière générale l’écriture d’un texte long sur un blog est un exercice étrange. Pour garder un rythme il faut publier régulièrement. Une fois par semaine est trop peu. Entre l’écriture de quelques pages et leur mise en ligne il ne se passe parfois que 24 heures, voire moins. Une fois publié le texte est fixé, figé. Il n'y a donc pas de relecture avec recul. Sans ce recul la cohérence de l'ensemble est fragilisée et j'ai déjà décelé quelques cohérences incertaines. J’ai apporté des retouches après publication. A chaque fois j’ai pris une nuit ou 24 heures avant de poster. La relecture m’est indispensable pour retoucher le texte au moins de façon sommaire.

Le plus gros du roman est donc en place.

Mais la relecture partielle des premières parties me montre ce qu'il y a à retravailler. Il lui faut un toilettage: retouche de phrases pas assez bien tournées, suppression des redites, choix de mots dansants quand ils manquent de relief, réduction des verbes avoir et être et des adverbes, refonte des angles d’attaques à certains endroits, allègement de quelques passages, paragraphes à supprimer ou à déplacer, préciser le rythme et la musique des mots. Sculpter le texte dans le détail. Peut-être refaire la fin, l’expliciter davantage.

Je peux aussi être moins linéaire dans quelques passages où l’évidence est trop montrée par le texte.

J’ai choisi un style impressionniste qui me va bien: ne pas trop décrire ni expliquer, laisser des plages à l’imaginaire du lecteur qui construit lui-même une partie de l’histoire ou de ses collatéraux, laisser le mot ou l’image suggérer l’alentour.
oppedette-1_063.jpg
J’ai aussi choisi de ne pas trop décrire les personnages: look, gestuelle, psychologie, cela peut être en partie reconstruit par le lecteur selon son propre imaginaire. Le lecteur devient co-auteur. Enfin, je le souhaite. J’ai aimé mes personnages, tous, même les «méchants». J’aurais pu développer davantage Manu, Aïcha, et je ne sais pas encore jusqu’où j’irai dans les retouches. Mais devenir trop précis c’est écrire un autre roman.

J’ai aimé le goût du bonheur de mes personnages, ou au moins leur aspiration à cela même dans leurs mécanismes sombres. Romane y aspirait. Elle a lâché trop vite. Je suis triste de sa fin. Etrange alors que c'est moi qui l'ai écrite et voulue. Mais c'est ainsi. Mystère de l'écriture.

Si vous avez tout lu, quel courage! Et si vous n’avez que parcouru, à tous merci. Ce nouveau roman m’habite et me soulève. J’espère qu’il trouvera un accomplissement.

Merci d'avance de vos commentaires et critiques.

Catégories : Elsa 13 commentaires

Commentaires

  • Bravo à Olga pour sa perception.
    J'ai bien aimé le mode feuilleton, qui m'a ramené des années (lumières) en arrière,lorsque toute la famille se fédérait pour suivre le nouvel épisode Du feuilleton du moment.
    Au delà de cet aspect,qui pourrait rester très anecdotique, Il y a cette démarche d'accoucher de quelque chose de soi qui est remarquable dans le contexte.
    C'est une manière un peu périlleuse de s'exposer sans filet, mais remarquable en tant qu'exemple d'une démarche thérapeutique que nous devrions tous expérimenter une fois à un moment donné de la vie. Trouver un vecteur d'expression qui récapitule les forces ou les personnages qui s'agitent en nous.
    Ayant lu ce feuilleton à travers ces lunettes, j'aurais souhaité un zoom sur la personnalité de Lone, puisqu'il est le personnage supportant une souffrance qui le conduit à la violence et à créer une souffrance chez les autres.En ce sens c'est le personnage clé du "drame".
    Il pourrait être intéressant de faire une suite publique ou privée sous forme de zoom sur les personnages ?.
    En tout cas merci d'avoir partagé cette expérience sur ce blog. J'aurais aimé commenté plus le contenu sur ce que j'ai apprécié, mais là je fois y aller et je cède la Place aux autres blogueurs.
    A.+

  • Aoki, Merci pour ce comm.

    L'idée d'un zoom tient la route. J'ai longuement hésité justement à développer le passé de Lone mais je n'ai finalement pas trouvé le chemin pour le faire. L'aspect impressionniste rend peut-être ce personnage trop léger. Et comme vous le dite il est celui qui fait basculer l'histoire.

    Dois-je le laisser comme un levier petit (en texte) mais grand (en effets), où faut-il le développer? Je vais y réfléchir.

  • @ aoki: j'ajoute à propos de Lone qu'autre chose a aussi déterminé mon choix: je voulais le laisser comme un objet imaginaire, représentation symbolique du Mal sur lequel on puisse greffer ses propres représentations. Lui donner une histoire personnelle précise, le relier à l'Histoire avec un grand H, aurait peut-être exigé de donner aussi plus de détails sur les autres personnages et leur propre histoire, et de quitter l'impressionnisme.

    J'ai indiqué quelques pistes avec Carpentras, j'ai fait dire à Romane qu'il devait y avoir chez lui une souffrance, et je suis resté sur ce seuil. Je vais de toute façons réfléchir à l'ensemble en faisant mes retouches au texte.

  • Bonjour Hommelibre,

    Que dire sinon que c’était très sympa de lire ce roman. Suivre et voir l’évolution des personnages.

    Perso, j’aime quand il y a un fil rouge, conducteur, dans une histoire. J’ai eu quelques fois un peu de peine à « suivre », surtout lorsque vous avez introduit des faits d’actualités et puis surtout le personnage de Lone … qui a donné un tournant à la trame. J’ai eu de la peine à comprendre ce qu’il faisait là.

    Mais mes considérations de lectrices …. On s’en fiche! Le plus important étant que vous ayez pris du plaisir à l’écrire, il me semble que ce fut le cas. Alors un grand merci à Olga ;o)

    Et comme le dit Aoki (Bonjour!) c’était amusant et plaisant d’attendre le prochain épisode. J’espère que vous remettrez ça ! ;o)

  • Merci Loredana

    Pour l'élément d'actualité, c'était imprévu, et il m'a amené à Lone. Là s'est constitué la majeure partie de la trame de l'histoire. A partir de là j'avais le roman en tête quasiment jusqu'au bout.

    Le fil rouge, je comprends bien. Si l'on regarde avec recul on le voit, on se rend compte que Lone est utile à l'histoire, même si a priori on ne sait pas ce qu'il vient faire là, mais je ne pouvais pas le dire avant sinon l'histoire aurait été trop "téléphonée".

  • Loredana, un détail encore concernant l'irruption avec l'actualité dans l'histoire. Je ne sais pas si je garderai cela dans le manuscrit retouché. J'ai hésité à écrire une histoire beaucoup entremêlée entre réalité et imaginaire, incorporant plus d'actualité et devenant limite délirante et drôle.

    J'y ai renoncé et suis finalement resté dans quelque chose de plus classique car j'ai rapidement aimé les personnages et je voulais leur donner une vraie histoire à vivre.

  • @Hommelibre,

    "J'ai hésité à écrire une histoire beaucoup entremêlée entre réalité et imaginaire, incorporant plus d'actualité et devenant limite délirante et drôle."

    Hé bin voilà de quoi inspirer une nouvelle saga! En ce moment un peu de délire déridant les zygomatiques ne ferait pas de mal ;o))

    Pour les retouches et autres corrections vous saurez! Je le sais ;o))

  • Oupss "je le sens" me parait plus nuancé ... ;o))

  • J'ai une toute petite fenêtre de temps ...
    "Dois-je le laisser comme un levier petit (en texte) mais grand (en effets), où faut-il le développer? Je vais y réfléchir."

    J'aurais envie de dire un accouchement à la fois et il ne faut probablement pas le chercher en forçant si cela ne vient pas tout seul.
    Lone comme vecteur impersonnel du mal existant dans l'histoire humaine est un concept cohérent. Il existe beaucoup de forme pouvant représenter le mal chez l'être humain. Cependant dans le récit, Lone a une personnalité assez typée ce qui pourrait justifié un jour un développement sur le gaillard. Mais chaque en son temps peut être.

    Cela dit j'adhère aussi à l'idée de Loredana (mes hommages) d'un récit délirant, d'un poème dada ou encore autre chose pour actionner les zygomatiques. ça c'est une autre histoire ...

  • Goethe a écrit un jour un petit roman qui n'a pas eu beaucoup de succès sur le moment; "les affinités électives". Oeuvre qui transposait dans les relations humaines, 2 couples en l’occurrence, les attractions, les séparations et toutes les réactions chimiques. Histoire un peu téléphonée pour un lecteur d'aujourd'hui, parce que provenant probablement d'une démarche intellectuelle.
    Alors que là, la démarche a été inverse et on sent nettement les protagonistes très vivants et attachants. D'ailleurs le fait d'avoir écrit la fin d'un personnage et en éprouver de la tristesse évoque bien le fait que les personnages ont leurs vie propre qui va au delà de la volonté consciente de l'auteur. C'est cela qui est passionnant et qui rejoint Goethe par une autre démarche: L'alchimie de la vie et ses voies souterraine qui créent des liens sous-jacents -c'est Lone qui est dans une souffrance suicidaire, mais c'est Romane qui se suicide- qui pouvait anticiper une telle relation ? Ce sont les personnages et leurs interactions qui ont amené l'accomplissement de l'oeuvre (alchimique).

    Le récit a été plaisant, des protagonistes haut en couleurs avec des rebondissements, plein de petits moments délicats, de tensions, de drames et d'extases. Allez, mesdames avouez ! Vous avez délicieusement frissonner devant l'omniprésence des sens exacerbés tournés vers la nature et la sensualité à l'érotisme délicatement maîtrisée. Non ?

  • Woaw... Je suis pas rouge, je suis complètement écrevisse après le passage dans la marmite! Quel compliment magnifique! J'avoue que cela me fait infiniment plaisir. Le fait que Goethe soir cité, bien sûr... Pfff... Teuf teuf teuf (je tousse...).

    Mais aussi que ces personnages aient été attachants pour vous autant qu'ils l'ont été pour moi. Oui j'ai cherché leur vie propre, et il m'ont plus d'une fois étonné. Car j'écris assez d'instinct, je ne calcule pas d'avance tout, et certains liens ne m'apparaissent qu'après, ou quand d'autres personnes me les montrent. Le lien entre Lone et Romane, je l'avais vu dans la révolte vers la vie de Romane venue d'un passé si douloureux, et la volonté de Lone de faire taire justement en rappel à ce passé. Mais je ne l'avais pas vu jusque dans le suicide de Romane. En effet. Pour moi cela ne pouvait en rester simplement là. Elle ne pouvait rester intacte de tout cela. C'eût été minimiser son extrême sensibilité et le fil fragile de vie qu'elle oppose à la violence brute de Lone.

    Pour la sensualité et l'érotisme, je suis franchement très content que cela ait passé, ce n'était pas le plus facile à écrire.

    Thanks aoki.

  • Haha ben oui je comprend, Goethe ça fait une sacrée référence, mais sincèrement c'est une association d'idée spontanée qui est venue moins pour la forme que pour le fond.

    J'aimerais souligner après avoir lu les blogs sur la violence conjugale ou les interrogations sur le cancer, que bien souvent nous agissons et réagissons sans toujours comprendre pourquoi nous prenons telle direction ou telle autre direction. Nous avons aussi des pensées des impulsions que nous filtrons plus ou moins pour rester dans le "socialement correct". Je dirais même que parfois nous nous conformons bêtement à la pression sociale que Simone Veil à qualifié une fois de "bête de l'apocalypse".

    Mais voilà, une fois dans la tourmente d'un mauvais procès ou de la maladie on a plus le choix, la distance devient trop grande entre ce qui nous anime réellement et l'etablishment social. Alors dans l'isolement de son intimité (l'oeuvre au noir) faire face en empoignant ses composants intérieurs et les mettre en scène dans une expression créatrice quel qu'elle soit est sans doute un acte thérapeutique et une réalisation de soi en même temps. Peu importe sa reconnaissance extérieure en fait. C'est cette démarche que je voulais saluer. Mettre en ligne cette expérience fais aussi partie de cette créativité et est finalement très logique puisque de cette manière les paramètres impondérables (traduire les liens sous terrains incontrolable) sont arrivés avec Olga, la "pygmalionne".

    Une dernière remarque, il y a dans le nom Lone quelque chose de Lonesome cow-boy ... -_-

  • N'ayant pas eu le temps de tout lire, je ne puis me prononcer sur l'arrivée de Lone ....

    A bientôt! (suis débordée)

Les commentaires sont fermés.