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Bertrand Cantat, la rédemption et les féministes

Le chanteur de Noir Désir est remonté sur scène hier samedi à Bègles. Son retour annoncé a été longuement ovationné. La sécurité avait été renforcée. Son retour ne fait pas l’unanimité. Des féministes en particulier estiment qu’il n’a pas payé assez et qu’il devrait se taire, même sa dette payée. Mais la prestation de Cantat ne vaut pas cette indignation opportuniste.

cantat1-800wi.jpgDeux choses sur ce retour.

D‘abord, anecdotique cette réaction des féministes. Anecdotique parce qu’en liant le crime de Bertrand Cantat aux violences faites aux femmes elles capitalisent le sang et la mort, en font un territoire exclusivement masculin et transpirent le désir de vengeance contre les hommes. L’appel aux lois d’exception discriminant le genre masculin n’est pas loin. On sait part ailleurs que ces lois anti-genre existent déjà. Il y a une charrette d’années qu’à cause de ce féminisme la démocratie et l’égalité sont mortes.

Elles seraient plus crédibles à nettoyer leurs propres poubelles. Dans les meurtres ou assassinats d’hommes par leur conjointes, celles-ci sont systématiquement moins condamnées que les hommes. A crime égal les meurtrières sont avantagées. Ainsi la dame russe qui a tué son mari de 48 (48!) coups de couteau en 2003 à Genève a été condamnée à 6 ans de prison. Pourtant, 48 coups de couteau démontrent qu’elle avait l’intention de tuer, qui plus est par crainte d’être déshéritée pour cause de risque de divorce. Elle a été mise au bénéfice d’une responsabilité restreinte et d’un repentir sincère...

Bertrand Cantat ne reçoit pas les mêmes égards: pour lui la double peine, la prison et le silence. Condamné à perpétuité en quelque sorte. J’ai recherché d’autres exemple de meurtrier ayant purgé sa peine et redevenu une personnalité publique. Henri Charrière, dit Papillon, avait écrit un livre sur ses années de bagne après sa condamnation pour meurtre. Mais lui a toujours nié avoir tué.

Je comprends combien cela est difficile à digérer pour une société. Quelle place faire à ceux et celles qui l’ont mise en danger? Comment les accueillir à nouveau?
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Cantat n’a pas nié sa responsabilité. Il n’a pas fait appel du jugement. Il a accompli sa peine et s’est tu tant que cela lui a été imposé. Il reprend maintenant son métier. Que devrait-il faire d’autre? Pourquoi devrait-il se taire encore?

Il y a eu crime, il y a eu châtiment. La dette est socialement et pénalement payée. Mais pas éteinte. Il sera socialement toujours un ex-meurtrier. Ses fans fidèles lui ont pardonné - peut-être n’ont pas pris la mesure de la gravité d’un meurtre. D’autres ne lui pardonneront jamais. Dont celles qui nourrissent leur idéologie du sang des victimes. Ce féminisme a fait du tort à Marie Trintignant en lui volant sa mort à son profit. Il fait du tort à Bertrand Cantat en lui refusant un pardon sans lequel il continuera à subir la double peine. La violence conjugale ne doit pas être considérée comme un crime aggravé, qui plus est dont seuls les hommes porteraient la charge. On sait que cela est faux.

La voie qui se présente à lui est celle de la rédemption. Hors religion cette notion garde sa valeur: le rachat de ses fautes. Par un comportement et des actions plus méritoires que la moyenne des gens. Par pour plaire aux gens. On s’en fout bien de plaire aux gens. De toutes façons les foules sont infidèles et versatiles: vouloir leur plaire est entrer en enfer. Non, c’est pour lui-même. Car j’imagine que l’on ne doit pas être le même après avoir tué qu’avant, même si c’était accidentel.

Les chansons qu’il a reprises hier soir sont dans la ligne du Cantat d’avant. Je me demande s’il va ensuite créer autre chose, quelque chose de porteur de son expérience, porteur de signes vers le monde.

Si, ayant tué, il continue à chanter son propre mal-être ou ses chansons d’avant, alors il n’aura rien à apporter au monde. Franchement, son mal-être d’ado, rien à cirer. Ça ne vaudra même pas la peine d’acheter ses disques.

J’écris ceci parce qu’ayant vu et entendu 3 vidéos de ce qu’il a chanté je reste perplexe sur le personnage: la profondeur qu’il aurait pu gagner par l’acte qui lui a valu châtiment n’est visiblement pas au rendez-vous. On dirait qu'il ne s'est rien passé dans sa vie. Le même style ado attardé, la même gestuelle narcissique sur scène, la même violence rock cultivée pour vendre, les mêmes chansons aux textes désolants d’immaturité, le même Temps des cerises vaguement destroyé punky. Secouer la tête ou hurler en se roulant à terre ça ne fait pas un artiste à mes yeux. Ça ne fait pas non plus une rédemption.

Pauvre Bertrand, qu’en d’autres temps j’avais défendu contre le féminisme prédateur sans pour autant minimiser son acte. Peut-être n’a-t-il au fond aucune exigence intérieure. Ou bien a-t-il des factures à payer.

Catégories : société 5 commentaires

Commentaires

  • Il me semble que Cantat n'a pas le droit d'écrire ou simplement de s'exprimer sur son meurtre. Il a passé un deal avec la famille de la victime. C'est dommage. Un des moyens pour canaliser la violence de ce type est d'écrire et de se produire sur scène. Il est fort probable, qu'il enregistre secrètement des morceaux sur ce sujet... à écouter après sa mort.

    Il a des factures à payer comme tout le monde, mais qu'a-t-il à gagner de se produire dans un petit festival? en tout cas pas de quoi être millionnaire. Il a besoin de la scène, c'est vital pour sa santé mental probablement. Ses fans lui ont pardonné, pas certains. Alors autant passer à la chaise électrique que de devoir vivre en silence, prostré dans son coin. C'est compréhensible.

    Cette affaire me fait penser au reportage sur le machisme dans les cités, passé sur Arte. Certes les circonstances ne sont pas les même, que le meutre de Sohane. Mais il est plus facile de pardonner pour une vedette (cas Polanski), que pour un inconnu. Les gens du Show Biz étant une sorte de nouvelle caste remplaçant les nobles d'antan, qui déjà se mariaient entre eux et faisaient rêver les gueux.

    Comme tous les groupes revendicatifs commercialement correcte, Noir Desir était Le groupe "moralisateur" fustigeant les hommes d'affaires pressés, les fascistes du FN ou les impérialistes ricains. Dans ce nouveaux contexte, il sera intéressant de voir quelles thématiques seront abordées par un groupe très loin de pouvoir donner des leçons de morales.

  • merci pour l'article intéressant !

  • "D‘abord, anecdotique cette réaction des féministes. Anecdotique parce qu’en liant le crime de Bertrand Cantat aux violences faites aux femmes elles capitalisent le sang et la mort"

    oui leur nouveau leitmotiv, que l'engrenage de la violence conjugale peut finir par la mort de la femme. sous-entendu finit par la mort de la femme.

    évidement rien n'est dit dans les derniéres campagnes qui jouent sur ce sous-entendu sur l'infime proportion d'homicide dans les cas de violence conjugale.

    d'ailleurs la mort de marie trintignant en tant que symbole de la violence conjugale, c'est quand même pas mal tiré par les cheveux, pas d'antécédents de violence conjugale dans la vie de couple de bertrand Cantat, ni non plus dans sa relation avec marie Trintignant. là on est clairement en face d'une situation où la femme est co-responsable de la violence physique qui a entrainé sa mort accidentelle. en plus c'est elle qui a commencé la violence physique dans la dispute.
    Bertrand s'est rendu compte un peu tard qu'il avait en face de lui, une enfant Roi narcissique égoiste. en plein bovarysisme, larguant les hommmes commme des chaussettes, pour passer à autre chose, et les gardant comme amis, ce qu'accepte les personnes de cinéma à l'esprit très "ouvert". 4 enfants 4 péres différents.


    Marie par jalousie n'acceptait pas que bertrand ait des contacts avec son ex épouse, mais estimait normal, elle d'avoir des contacts proches complices affectueux avec ses anciens compagnons, et estimait normal en bonne enfant gatée élevée dans un cocon n'avoir de compte à rendre à personne, et c'est là
    quelle a eu une vrai attitude d'enfant roi, elle est devenue hystérique pendant la dispute insultant l'ex femme de bertrand.
    les vrais responsables de la mort de marie ce sonts ses parents qui l'on élevé
    comme une enfant roi.
    le bovarysime féminin actuel est aussi responsable de sa mort.

    "Bertrand Cantat, très jaloux, ne supporte pas ce petit mot et entre dans une violente colère. Il faut dire que Marie refuse qu'il téléphone à son ex-épouse Kristina Rady. Il venait d'ailleurs de lui signifier qu'ils n'auraient plus de relations qu'à propos de leurs enfants pour prouver à Marie qu'il se consacrait totalement à elle."

    http://www.affaires-criminelles.com/dossier_6-1.php

    http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2031/articles/a218615.html

    "Marie est choyée, adorée, écoutée, nimbée d’amour parental: «J’ai reçu une tendresse infinie de mes parents. Presque trop. Le monde extérieur devenait hostile. J’étais affolée par l’école, tellement j’étais bien avec eux.» (1) L’école la terrorise? Ses parents l’entendent et l’en retirent, sans en faire un drame. Ainsi va la vie des Trintignant, libre, aimante, aussi loin que possible des contraintes de la société. Jusqu’au drame de 1969. Marie a 7ans, sa petite sœur Pauline meurt étouffée à l’âge de 9 mois. Elle voit ses parents s’écrouler. Ils s’accrochent à elle comme à une bouée de sauvetage. «Soit on se suicide, soit on accepte de vivre pour Marie», se persuade alors Jean-Louis (3). Ils l’aiment follement cette fille, et font sans doute peser sur ses épaules un poids invisible: comment être ce cordon qui les rattache à la vie sans se sentir responsable de ses parents? Ainsi se tisse le lien hors du commun qui unit Marie à ses parents, comme la promesse muette qu’on ne se lâchera jamais."

    "Marie aussi était jalouse de Kristina, qu’elle lui avait demandé de rompre tout contact avec elle. Il le fait. «Je n’ai pas compris quand il m’a annoncé cela, dit la jeune femme. Mais je pense maintenant que c’était une sorte de contrat: il attendait qu’elle fasse la même chose de son côté.» Alors, quand arrive le texto de Samuel Benchetrit se terminant par un mot tendre, Cantat se sent trahi, il pense que Marie se moque de lui. Lui demande des explications. Elle se tait, elle n’aime pas les conflits. Il insiste encore et encore. «C’est un garçon capable de parler des heures, de ruminer des nuits entières quand quelque chose ne va pas. Qui ne lâche jamais l’affaire», dit un de ses amis."

    "Elle le sent loin. Marie, de toute façon, n’a pas peur des ruptures amoureuses. «Elle était très exigeante, au travail comme en amour, dit sa meilleure amie Zoé. Ses hommes, elle ne les trompait pas, mais quand elle sentait les choses s’émousser, elle les laissait. "

    "Reste qu’entrer dans la vie de Marie n’est pas chose simple. Car elle a un passé, qui ne ressemble pas exactement à un long fleuve tranquille. Quatre enfants, de quatre pères. Marie pourrait être une publicité pour la famille recomposée. C’est sans doute cela qui la rendait si attachante, cette volonté de tout être, tout vivre, sans rien sacrifier: mère, fille, amante, amie, actrice. Mère de famille mais femme libre de son cœur, "

    "http://lci.tf1.fr/france/2004-02/version-bertrand-cantat-4858906.html

    "C'était des gifles vraiment fortes, très fortes. Ça s'est passé très vite. (...) . Il est possible que la tête de Marie ait heurté le chambranle. (...). Je ne peux pas dire exactement où je l'ai frappée. (...) J'en avais assez de tout cela, je voulais la faire taire. "

  • Bonsoir,
    Je suis stupéfaite de vous voir dans les médias, à la télévision. Nous vous voyons remonter sur scène... "l'air de rien"... Comme le dit votre avocat, vous avez le droit de reprendre une vie "normale". Qu'est ce qu'une vie normale d'ASSASSIN??? Vous avez tué Marie Trintignant sous VOS coups !!! Vous me dégoutez, même si je pense que chacun a droit à une seconde chance. Vous avez certainement le droit de vivre "une" vie après le décès de DEUX femmes. Mais faites le dans l'ombre. Qu'on ne vous voit plus sur scène et surtout que vous ne vous faites pas d'argent en revenant sur la scène !!!!!

  • J'ai aimé la vidéo. Je suis si heureux que je voyais.

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