Le juge anglais en charge du dossier de Julian Assange, porte-parole de Wikileaks, vient de décider son extradition. Il se range à la demande de la justice suédoise qui avait émis un mandat d’arrêt européen pour «violence sexuelles» et «viol», accusation formellement contestée.
Le juge Howard Riddle a motivé sa décision en arguant d’abord du «respect mutuel et de la confiance du tribunal envers les autres tribunaux européens». Cet argument est intriguant. Il manifeste une forme d’allégeance envers une juridiction, alors même qu’une procédure contre une décision de justice doit être traitée sans aucune forme d’allégeance.
Un exemple: imaginerait-on une Cour d’appel confirmer un jugement contesté, par simple «respect mutuel et confiance» envers la Cour de première instance? Ce serait un déni de justice et la Cour Européenne serait sans doute saisie. D’autre part il n’y a pas encore de supranationalité en Europe et la Justice reste limitée à l’entité territoriale dont elle est redevable. Les traités internationaux d’extradition ne peuvent préjuger de la valeur d’une décision de justice d’un pays, fut-il ami et proche dans sa culture juridique. Tout au plus un juge peut considérer que le pays demandeur respecte ou non des propres lois. Ce que les avocats de Monsieur Assange ont contesté.
Il faut se rappeler que quand les accusations ont été proférées, Julian Assange était en Suède. Il y est resté un mois. Il aurait pu être interrogé dans cette période. La juge suédoise n’a pas vu l’utilité de le convoquer. Les accusations ont d’abord été classées, puis requalifiées pour des raisons que l’on ignore. Peut-être y a-t-il un lien avec la publication des documents sur le site de Wikileaks.
J’avais à l’époque commenté cette affaire car j’ai acquis une certaine expertise dans le domaine des fausses accusations. J’avais souligné l’incongruité de la notion de «sexe par surprise» reprochée à M. Assange.
Bonnes et mauvaises surprises du couple...
Or on retrouve cette accusation validée par le juge anglais alors même qu’une telle qualification pénale n’existe pas en Grande-Bretagne. Elle repose sur le fait que le mis en cause aurait eu un rapport sexuel avec son amie pendant qu’elle dormait. Ils a été précisé qu’ils avaient eu une relation consentante avant de dormir. La situation est donc celle d’amants consentant qui s’endorment dans le même lit après avoir fait une première fois l’amour.
Une relation sexuelle qui ne réveillerait pas la dame? Cela semble peu crédible, à moins qu’elle ne souffre d’une maladie du sommeil! Je n’ai personnellement jamais vu une compagne qui ne se réveille pas dans de telles conditions. Or cela m’est arrivé plusieurs fois. La dame avait donc tout loisir de dire non en se réveillant si elle n’était plus d’accord. Car quand on partage une relation consentante il n’est pas surprenant, ni anormal, ni criminel, de faire un câlin inattendu en pleine nuit. On présuppose l’accord du ou de la partenaire puisqu’un rapport a déjà eu lieu quelques heures avant. Et la dame devrait plutôt être flattée d’éveiller ainsi le désir de son amant. Nul doute qu'une telle accusation en est une, de surprise...
Le juge anglais a repris l’argument de la justice suédoise, bien que la loi anglaise ne le reconnaisse pas:
«Dans ses attendus, le juge Riddle a au contraire estimé que Julian Assange "avait délibérément eu une relation sexuelle (avec l'une des deux Suédoises), profitant de manière malhonnête du fait qu'étant plongée dans le sommeil, elle se trouvait désarmée". "Dans ce pays, cela équivaut à un viol", a dit le juge.»
Désarmée... On file droit vers la criminalisation de tout comportement spontané pour lequel il y a toutes les raisons de penser qu’il est légitime. Faudra-t-il dorénavant faire signer une décharge (sans humour...) à son ou sa partenaire avant chaque rapport? Est-ce cet avenir que les lois sur le viol, inspirées par le féminisme radical, promettent à l’humanité?
S’agit-il de fausses accusations? L’affaire n’étant pas jugée je ne peux y répondre. Mais les circonstances de l’affaire sont étranges. Ces deux femmes qui font connaissance alors que l’une d’elles vante les qualités de leur amant sur Facebook, puis se mettant ensemble pour déposer une plainte plusieurs jours après avoir réalisé qu’aucune des deux n’avait eu l’exclusivité de cet homme, cela parait pour le moins curieux. Et ces accusations sont ensuite divulguées à la presse du monde entier (par qui, au fait?) alors que M. Assange annonce les publications sur Wikileaks. Voilà qui est bien étrange.
La justice part du préjugé qu’une femme qui accuse dit la vérité et que l’homme est un prédateur. Les juges ne se posent donc pas de questions, ni le public. En outre, comment peut-on faire une fausse accusation? On le peut justement parce que celles qui le font ne sont quasiment jamais sanctionnées.
Au sujet d’une des deux accusatrices, Ana Ardin, féministe radicale connue, il est intéressant de découvrir ses recommandations sur «Comment saboter une relation sexuelle en sept étapes».
Sur cette affaire, en l’état tout n’est que suppositions. Peut-être serait-il utile que M. Assange aille en Suède pour tirer cela au clair. Mais dans ce pays au féminisme radical très influent rien ne garanti qu’il dispose d’un procès équitable, encore moins qu’en Suisse ou en France. C’est dire.
Concernant la décision d’extradition, l’avocat de Julian Assange annonce qu’il va faire appel de cette décision.
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