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La naturopathie entre contrainte et plaisir

Ces quinze dernières années la naturopathie a fortement évolué socialement: reconnaissance plus grande, mise en place de registres des praticiens dans certains cantons, prise en charge partielle par des assurances complémentaires, développement et affinement des formations.

Par contre sur le plan clinique et sur celui de la communication du chemin reste à faire.

nutrition.jpgLe plan clinique est le plus lent à faire progresser. Comment par exemple valider l’effet thérapeutique de la nutrition sur une arthrite ou un rhume des foins? Cela se fait empiriquement: chaque praticien peut constater (ou non) l’amélioration de l’état d’un patient grâce à la mise en place d’un changement alimentaire.

Mais l’empirisme a ses faiblesses.

D’une part on peut améliorer un état pathologique avec plusieurs types d’alimentation. Entre le végétarisme, le crudivorisme, la macrobiotique, l’alimentation détoxinante, ou la simple mesure quantitative, laquelle est la plus efficace, la plus rapide, la mieux supportée et celle dont les effets sont le plus durables? Il n’y a pas de certitudes tranchées sur ces questions. Comment savoir si c’est un type d’alimentation plutôt qu’un autre qui agit? Et comment être certain que ce n’est pas le simple fait de changer? Ou de se prendre en main? Ou est-ce l’impact psychologique du thérapeute? Il est difficile de faire la part des choses.

D’autre part la clinique suppose, pour valider un traitement, de mettre en évidence une action moléculaire spécifique. Or il n’y a pas d’unité de recherche qui permette de mettre en chiffres les résultats en naturopathie. On peut certes s’en passer. D’ailleurs on s’en passe depuis des générations. Dans une démarche holistique, l’amélioration thérapeutique est le résultat de plusieurs facteurs. C’est donc difficilement quantifiable. Et c’est bien cela qui rend difficile la reconnaissance officielle des méthodes naturelles de soins.

Pour bien faire il faut repenser les protocoles d’expérimentation et la notion de résultat (leur nature, leur étendue, leur source). Les autorités ont besoin de preuves, de précision, ce qui est en partie compréhensible. Pour cela il leur est difficile de valider des approches moins scientifique ou plus holistiques. Une solution serait de reconnaître les praticiens non par la validation de l’aspect scientifique de leurs méthodes mais par le biais d’associations professionnelles agréées auxquelles serait confiée l’autorité d’évaluation et de validation de leur sérieux.
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Sur le plan de la communication la naturopathie  est imprégnées de «il faut»: il faut manger comme ceci, il faut penser comme cela, il faut faire cela, il faut, il faut. Le thérapeute fonctionne trop souvent en donnant des consignes ou des ordres au patient. Il est «celui qui sait» et, se calquant en partie sur l’habitude qu’ont bien des médecins d’avoir réponse à tout, ils conduisent le patient dans une sorte de monde idéal du «il faut» où la santé parfaite leur sera donnée.

Il y a dans la naturopathie cette ambition de perfection et de réponse globale qui la fait parfois flirter avec une forme d’intégrisme. Je vois des patients qui, lors de leur premier rendez-vous, s’excusent de boire du café, ou de manger de la viande. Ils se positionnent en être imparfaits face au détenteur supposé des lois et secrets de la santé parfaite.

Le thérapeute n’est pas à l’abri de tomber dans ce schéma. Il propose un modèle parfois trop idéal, et en réalité met le patient dans une contrainte supplémentaire. Le domaine de la nutrition est très marqué dans ce sens. Le «il faut» règne en maître. Or on est face à une personne qui souvent ne connaît pas ses vrais besoins, avec de nombreuses croyances (par exemple: «il faut nourrir la fièvre»), et à qui l’on donne encore plus de consignes. On ajoute des contraintes nouvelles aux contraintes déjà existantes.

C’est une raison majeure de l’échec dans la mise en place d’une réforme alimentaire ou d’un projet de traitement naturel à long terme. Les contraintes suscitent à terme une forme de résistance.

La naturopathie aurait tout intérêt à devenir enthousiasmante et ludique. Donner envie est préférable à contraindre. Donner envie, c’est parler avec le patient, négocier, faire une proposition et lui demander comment il la ressent, s’il se sent prêt, disposé et capable de modifier quelque chose de sa vie ou de ses repas. De plus les propositions gagnent à être simples: une marche à la fois, même petite, c’est toujours une progression. Les petits pas sont plus simple à franchir que les grandes enjambées, et le résultat plus vite obtenu. Ce qui produit une satisfaction et l’envie de continuer. A contrario imaginons un patient pour qui le changement proposé est compliqué, prise de tête, trop contraignant: d’une part il le fera sans plaisir et donc sans vraie récompense, et d’autre part si la barre est trop élevée il y a de fortes probabilités qu’il abandonne, déçu de lui-même, dévalorisé, ou déçu de la naturopathie.

Dans l’aspect communication on peut aussi inclure le sens à donner à la maladie. Que révèle-t-elle de notre manière de nous gérer? Tant dans la proposition thérapeutique que dans le sens à donner à une maladie je privilégie dans ma démarche une prise en compte du ressenti et de la dynamique personnelle du patient.

Respecter le pas-à-pas du patient, le motiver sans le contraindre, fait partie de la communication positive envers le patient. C’est lui redonner un peu de son propre pouvoir sur lui-même. Ce qui au final est un des objectifs de la naturopathie.

 

Pour info voir le site de l'Ecole de Soins Naturels.

Catégories : Santé 5 commentaires

Commentaires

  • " Les petits pas sont plus simple à franchir que les grandes enjambées, et le résultat plus vite obtenu".

    j'aime bien cette phrase et j'y adhère totalement.

    Pareil pour la notion de culpabilité, et le "il faut - il faut pas", "il fallait - il faut plus", on sait plus ce qui est bon ou mauvais, y compris pour les médicaments prescrits par de grands médecins-spécialistes et qui finalement ont détruit la santé de beaucoup.

    il est temps de revenir à une médecine plus naturelle, réfléchie, qui prenne en compte tout un tas de facteurs pour restructurer l'être et parvenir à son harmonie personnelle dans un but de guérison ou du moins de confort physique et moral.

  • manger un peu de tout chaque jour et surtout entouré de gens optimistes sans se culpabiliser avec son comptant d'heures de sommeil, vous êtes certains de vivre longtemps,les régimes et autres modes alimentaires ne servent à rien qu'à faire vendre des produits ou médicaments qui ensuite auront détraqué votre organisme!et surtout ne jamais se priver de chocolat!

  • le chocolat vous aidera à débusquer toutes les fausses rumeurs de la presse torchons de poubelles et servies sur un plateau d'argent.
    bonne soirée à vous!

  • C'est du charlatanisme, croyez-moi.

  • Réflexion très intéressante qui mériterait d'être abordé dans l'ensemble des écoles et formations en naturopathie. Mais je crois que cet intégrisme ou "orthodoxie" naturopathique appartient un peu à l'ancienne génération et les nouveaux naturopathes qui arrivent sont un plus porteur d'une naturopathie plus simple et moins contraignante.
    Merci

    "Porphyre": c'est un peu rapide non...? que d'affirmer "C'est du charlatanisme, croyez-moi."

Les commentaires sont fermés.