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Bertrand Cantat et la Grande Inquisitrice Anne Bisang

J’entends la difficulté que certains ont à accepter le retour sur scène de Bertrand Cantat, même si j’ai un autre point de vue. Pour beaucoup il est contradictoire d’avoir commis un crime grave et de redevenir un personnage public pouvant susciter l’admiration. Il faut prendre cela en compte: comment associer la pénitence que l’on attend d’un ancien criminel et la reconnaissance de son droit à se reconstruire, fut-ce en figurant à nouveau sur une scène si c’est son métier? Refuserions-nous d’acheter du pain chez un boulanger ancien taulard?

Bisang2.jpgLes procureurs-bis

Ce point divise. Certains attendent une discrétion, ne pouvant associer en eux-même le drame d’une mort et la fête d’un spectacle. Je peux comprendre la difficulté à associer cela. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que l’on puisse les associer. Peut-être faut-il vivre avec cette déchirure en soi. Car entendre Cantat chanter contre l'injustice comme il l'a fait, en sachant celle qu'il a commise, c'est réellement une collision difficile à vivre.

Le droit règle la chose par le constat de l’expiation de la peine judiciaire. Le condamné a reçu une peine précise, qu’il a accompli. Ce que la société lui demandait à travers la justice a été rempli. Il peut donc recommencer une vie et se reconstruire. Aussi difficile que cela soit à accepter pour certains, ce qu’encore une fois je peux comprendre, la loi est ainsi faite. Et c’est à nous de nous y adapter, pour ne pas devenir à notre tour des juges, plus sévères que les juges professionnels.

Or c’est ce qui se passe, malheureusement. Certaines personnalités sont passées de cette difficulté légitime d’accepter, au rôle de procureurs-bis. Me Marc Bonnant l’a fait. J’en ai déjà parlé ailleurs. Ce qu’il a rajouté dans le Matin de dimanche est si insignifiant que cela ne vaut pas de commentaire étayé. Je signale que son billet est intitulé «Une faute de goût». Il critique donc la présence de Cantat sur la scène genevoise: c’est une question de goût! Comme on critiquerait le fait d’avoir mis le couteau à gauche, ou une cravate verte avec des souliers rouges. Ce titre résume à lui seul l’insignifiance de Me Bonnant et la vacuité de ses cris d’âne quand il parle de l’abjection suscitée par Bertrand Cantat.

Me Warluzel en rajoute une couche. Il parle de l’indécence à se produire sur scène. Mais il ne parle pas de l’indécence de voir Cantat être traité publiquement de merde. La douleur justifie-t-elle cela? Y a-t-il une quelconque décence ou dignité à cet éclat médiatique du père de Marie? Il parle aussi de coups de poings, alors que l’expertise a démontré que ce n’étaient pas des coups de poings. Cela a son importance. Imaginer BC donner des gifles à MT. Puis imaginez-le la bourrer de coups de poings. La conséquence pour Marie est la même, pour des raisons exposées par Laurence dans le débat proposé sur le blog de Jean-Michel Olivier, mais l’intention elle, n’est plus la même.

Me Warluzel parle de l’impossible droit à l’oubli. Pour ma part je ne crois pas que l’oubli soit demandé. Qui peut oublier? Personne. Ce qui est demandé c’est le respect du Droit, et du droit de Cantat à se reconstruire.


Marie T. instrumentalisée

Mais la médaille de procureure en cheffe est gagné par Anne Bisang, ci-devant ex-directrice du théâtre de la Comédie et féministe sectaire.
Couple1V.jpg
L’instrumentalisation de la mort de Marie telle que menée par madame Bisang est certes un joli morceau d’écriture. J’entends les félicitations de ses copines féministes: «Waow, qu’est-ce que tu lui as envoyé, là!» Car c’est pour elles qu’elle écrit. Pas pour Marie. C’est elle qui instrumentalise la mort de Marie. «Elle meurt une seconde fois, sous les coups de l’indignité d’un metteur en scène.» Elle insulte au passage son successeur. De tels propos ne permettent même plus l’analyse critique, seulement le sentiment navrant d’une haine à peine policée. Il est vrai qu’après avoir produit elle-même tant de louanges à sa sainte personne toute remplie de bonne doxa radicale féministe, ce doit être insupportable de voir son successeur prendre sa liberté et ses propres initiatives.

Mais ce que madame Bisang devrait comprendre, c’est que la mort de Marie n’appartient pas aux féministes. Elles n’ont aucun droit de parler en son nom, comme c’est le cas ici. On est devant l’abus intellectuel et moral sur fond de manipulation des esprits.

En réalité, à part quelques phrases qui méritent juste d’être oubliées aussitôt que lues, Anne Bisang fait simplement le énième procès des hommes. Marie T. ne sert qu’à démontrer que les hommes sont les salauds, comme d’hab. Quelques phrases sont éclairantes:


- «La faute involontaire réclame l’indulgence.» Tout est dit.» En effet. Il n’y a pas de faute involontaire puisque c’est un homme. C'est forcément volontaire... Et pas d’indulgence possible.

- «Ce qui a été fait ne peut se défaire. Au-delà de la justice pénale et de l’exécution d’une peine, celui qui a payé sa dette envers la société, reste sur la scène, espace dévolu au jeu des signes, le meurtrier brutal d’une femme.» On avance vers la thèse féministe, tout le reste n’étant que verbiage et prétexte.

- «Sept ans après la mort de Marie Trintignant, Wajdi Mouawad pense qu’il est temps de pleurer avec Bertrand Cantat. Alors qu’associations, villes et pays tentent de lutter contre le fléau de la violence domestique – qui tue une femme tous les quatre jours en France –, Wajdi Mouawad pense qu’il est urgent de faire de Cantat le symbole de la rédemption possible. Dans un spectacle qui s’intitule «Des femmes». Chacun appréciera.» Elle termine donc en utilisant encore une fois la mort de MT à son profit. Car ne nous y trompons pas: ce féminisme-là a du profit aux drames. N’oublions pas que chaque chiffre donné fait renter des millions de subventions dans l’escarcelle des mouvements féministes.

Pour accentuer le manichéisme de l’ange Marie face au démon Bertrand, Anne Bisang parle d’elle comme d’une «comédienne sublime». Sublime? Ce terme n’est-il pas réservé aux plus grandes? Sans vouloir dénigrer, je ne crois pas que MT peut être qualifié de sublime. Dans la tête d’Anne Bisang, l’inflation sur les mots leur fait perdre tout sens.


larme.jpgLa part des choses

Je serait plus enclin à accepter cela si Anne Bisang, en procureure en cheffe, n’oubliait de parler de l’entièreté de la réalité et faisait la part des choses. Elle ne peut ignorer qu’en France un homme meurt sous les coups de sa conjointes tous les 14 jours. Ce n’est pas assez? Pas assez pour que l’on en parle? Ou cela dérange d’en parler? Il est vrai que le meurtre conjugal est le dernier bastion de violence où les femmes sont beaucoup plus victimes que les hommes. Pour la violence physique, les victimes sont des hommes de 20% à 50%, selon les études et indicateurs suisses, français ou canadiens. 20% à 50%!

Et si l’on prend la violence psychologique, le dénigrement, l’humiliation, le contrôle, quelle est la répartition? Les chiffres varient là aussi, mais les hommes en seraient majoritairement victimes. Et si l’on prend les violences telles que définies par la ministre Roselyne Bachelot, qui inclut le sexisme et le mobbing au travail, combien d’hommes victimes?

Pauvre Marie. Combien de fois es-tu morte dans ce discours qui te fais étendard d’une cause politique biaisée? J’ai connu un féminisme joyeux, réformiste, tellement légitime, et que les hommes soutenaient avec plaisir et conviction. Ce féminisme-ci n’en finit pas de jeter au visage des hommes et du monde des cadavres. La lutte contre la violence dans la société n’est pas l’affaire d’un genre ou d’un clan. Elle est l’affaire de tous. Et il faut se rappeler que, toutes violences confondues, ce sont les hommes qui paient le plus lourd tribut. En attribuant à un genre et pas à l’autre la charge de la violence domestique, rien n’avancera. Les hommes refuseront même de montrer toute compassion pour les victimes femmes puisqu’eux-mêmes seront en position permanente de bourreau. La culpabilisation habituelle des hommes, dont le but à mon avis sert une nouvelle stratégie de domination, n’est pas un chemin juste.

Madame Bisang mérite plus que le titre de procureure en cheffe: celui de Grande Inquisitrice lui va à merveille. Au fait, un tribunal vaudois juge ces jours une femme qui a tué son compagnon d’un coup de couteau dans le coeur. Madame Bisang va-t-elle s’indigner de la violence faite aux hommes?

Je retiens d’un précédent débat cette suggestion: il serait utile de réaliser une émission «Faites entrer l’accusé» sur l’affaire Cantat. Une émission creusée, qui analyse les relations passionnelles, les comportements des deux protagonistes, l’opération qui a fragilisé le visage de Marie, l’attitude des uns et des autres, les relation de Cantat avec sa famille et celles de Marie avec la sienne, entre autres. Que l’on comprenne le mécanisme et peut-être la co-responsabilité qui se met en place dans la violence de couple, ainsi que les multiples facteurs qui mènent à un tel drame. Enfin tout revisiter en détails. C’est peut-être nécessaire si l’on veut un jour digérer cette affaire douloureuse. Il faudrait que la vérité soit la seule intention, sans politisation ni instrumentalisation. Que tout soit dit enfin.

Après, peut-être, Marie T. pourra être pleurée sans être une fois de plus sortie de son cercueil et exhibée sans pudeur par une quelconque Grande Inquisitrice récitant son catéchisme dogmatique et communautariste.


Les billets et débats de ces derniers jours:

http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2011/05/14/bertrand-cantat-ou-le-sacrifice-perpetuel.html

http://billets.blog.tdg.ch/

http://jmolivier.blog.tdg.ch/archive/2011/05/11/cantat.html

 

Bientôt:

CouvDiable.jpg

Catégories : société 13 commentaires

Commentaires

  • Tout simplement : BRAVO !

  • Merci et bravo. Dans ce féminisme mortifère, il y a effectivement instrumentalisation d'un crime. Le comportement de la directrice de la Comédie est tout simplement indigne.

  • et non, elle n'était pas " comédienne sublime " comme vous dites et non, lui n'est pas un grand poète, et oui, on en a marre des gens qui défendent le retour sur scène d'un mec qui n'en vaut pas la peine.

  • Je vous remercie de cet article brillant qui résume très précisément ma pensée.

    Je partage également l'opinion de Zorg, oui il s'agit bien d'un féminisme mortifère, et d'instrumentalisation indigne.

    Je considère pour ma part que Bertrand Cantat est bel et bien un grand poète, même si bien sûr je ne cherche à en convaincre personne, et si je peux moi aussi comprendre que certains s'insurgent contre son retour sur scène, j'estime que personne, absolument personne n'a le droit, ni légalement, ni moralement, de s'y opposer dans les faits.

    Et surtout pas une Anne Bisang qui par son discours haineux, insultant, se discrédite elle-même.

    Je salue au passage son successeur, et lui apporte mon soutien le plus chaleureux.

    Dénoncer et combattre les Grands Inquisiteurs est un noble combat, une nouvelle fois il faut le répéter :

    Nul n'a le droit de s'ériger en juge après que la justice soit passée ;

    Nul n'a le droit d'interdire à un homme qui a purgé sa peine de reprendre son métier où bon LUI semble, et où des dizaines de milliers de personnes, dont je suis, l'attendent :

    sur scène.

    Si nous devons respecter l'opinion de ceux que ce retour dérange, il est légitime d'attendre d'eux qu'ils respectent la nôtre.

    Car il faut le redire et le répéter sans cesse :

    personne n'oblige personne à aller voir Bertrand Cantat sur scène.

    Lui interdire son retour est une double atteinte gravissime à la liberté : la sienne, et la nôtre.

  • Il parait qu'un homme est mis en prison pour purger sa peine.
    Il parait qu'après être sorti de prison, sa dette est payée, et il doit se ré-insérer dans la société.
    Alors que proposent ceux qui pensent que Cantat ne doit plus faire son métier ?
    On le flingue ? on lui offre le RSA à vie ?
    Comme vous le dites, même si j'apprécie son travail d'artiste, je sais que le jour où j'irai le voir en concert, jamais ne n'oublierai son geste et je tacherai de gérer cette faille là. La vie demande souvent des accommodements de ce genre...

  • Il parait qu'un homme est mis en prison pour purger sa peine.
    Il parait qu'après être sorti de prison, sa dette est payée, et il doit se ré-insérer dans la société.
    Alors que proposent ceux qui pensent que Cantat ne doit plus faire son métier ?
    On le flingue ? on lui offre le RSA à vie ?
    Comme vous le dites, même si j'apprécie son travail d'artiste, je sais que le jour où j'irai le voir en concert, jamais ne n'oublierai son geste et je tacherai de gérer cette faille là. La vie demande souvent des accommodements de ce genre...

  • Anne Bisang est une femme vivant hors de toutes les vicissitudes de la vie quotidienne et ne saurait être un phare de la pensée. De plus, ce n’est pas son athéisme qui en fait un modèle à suivre…, sauf pour celles qui ont appris à naviguer dans les eaux troubles des femmes sentant le patchouli et la perte blanche.

  • Débattre des représentations que chacun se fait de l'homme, de sa réalité, sublime ou non, est précisément ce à quoi nous invite cette situation inédite.

    Laurence apporte une voix au débat qui émeut. D'autres éructent et blessent.

    Qu'on s'attache à analyser ces réactions est sans fin mais y renoncer serait très regrettable. Ainsi, poursuivre ici et là les échanges est très enrichissant et souhaitons qu'ils le soient aussi pour les plus récalcitrants au dialogue.

  • Elle se prend pour qui cette femme? Son attitude est vraiment indigne; Bertrand Cantat a le droit de remonter sur scène!

  • "Que l’on comprenne le mécanisme et peut-être la co-responsabilité qui se met en place dans la violence de couple"

    je pense que Marie était en plus co-auteur dans la violence qui a entrainé son décés, Bertrand n'avait pas comprisqu'il avait affaire a une enfant roi, que l'assertion et plus était inutile, une hystérique.

    sa mére ferait mieux de réfléchir à l'éducation quelle a donné a sa fille, au lieu d'éructer en affirmant que Bertrand était coutumier des violences conjugales physiques avec ses ex, apparement ça n'a pas l'air de l'inquiéter beaucoup de blesser Bertrand par ses propos calommieux.

    et comment Madame Bisang peut t'elle faire partie du milieu de la justice vu comme elle fonctionne, c'est une hônte pour la justice d'avoir une personne comme elle dans ses rangs.

  • "Que l’on comprenne le mécanisme et peut-être la co-responsabilité qui se met en place dans la violence de couple"

    je pense que Marie était en plus co-auteur dans la violence qui a entrainé son décés, Bertrand n'avait pas comprisqu'il avait affaire a une enfant roi, que l'assertion et plus était inutile, une hystérique.

    sa mére ferait mieux de réfléchir à l'éducation quelle a donné a sa fille, au lieu d'éructer en affirmant que Bertrand était coutumier des violences conjugales physiques avec ses ex, apparement ça n'a pas l'air de l'inquiéter beaucoup de blesser Bertrand par ses propos calommieux.

    et comment Madame Bisang peut t'elle faire partie du milieu de la justice vu comme elle fonctionne, c'est une hônte pour la justice d'avoir une personne comme elle dans ses rangs.

  • leclercq, Anne Bisang est l'actuelle directrice de la Comédie de Genève. C'est son successeur, Hervé Loichemol qui a décidé d'accueillir le spectacle auquel participe Bertrand Cantat. Anne Bisang est donc interrogée en tant que femme de théâtre. Ce qui n'explique ni ne justifie rien mais c'est pour votre info.

  • erreur de ma part, elle ne fait pas parti de la justice, elle la remplace, sans aucune objectivité de sa part, en idéologue, comme d'autres femmes qui elles fonts partie de la vrai justice.

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