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Laisse-moi te manger!

«Je t'aime, je te mange.»

Ne dit-on pas que les amoureux se mangent de baisers? Un nouveau-né ne se nourrit-il pas, d’une certaine manière, du corps de sa mère grâce à l’allaitement? Et quand une mère ou un père mordille un orteils de son bébé n’y a-t-il pas comme une envie de le manger pour le faire un peu plus sien?

baiser1-French_Kiss.JPGUn article de Léopoldine Gorret dans le Matin du 15 mai revient sur le cannibalisme à partir du fait divers du Slovaque qui voulait manger un citoyen suisse. Pour mémoire le Suisse voulait en finir avec la vie. Il avait eu contact avec le Slovaque par internet. Puis, voyant que cet homme semblait sérieusement vouloir l’aider à mourir puis le manger, le Suisse s’est ravisé et a signalé la chose à la police. Qui a arrêté l’anthropophage.

La question qui se pose à la journaliste est: qu’est-ce qui peut pousser un homme à vouloir en dévorer un autre?

La journaliste constate qu’il y a plusieurs cannibalisme. Il y a celui de survie, qu’un accident d’avion dans la Cordillère des Andes il y a quelques années avait rendu célèbre. Un film en a été tiré. Il y a le cannibalisme guerrier où la victoire donne le droit de manger le coeur de son ennemi. La transgression des règles sociale semble aussi être une motivation. Il y a le cannibalisme amoureux, et un cas célèbre avait défrayé la chronique en 1981: Issei Sagawa avait tué son amie avant d’en manger des morceaux. On peut aussi se demander si les pratiques amoureuses buccales ne pourraient pas être assimilées là encore à du cannibalisme.

Et il y a le cannibalisme spirituel: on mange et boit le symboliquement le corps et le sang du Christ au travers de l’hostie et du vin.
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L’idée de manger vraiment un autre humain est normalement repoussante. Le respect du mort ainsi que la valeur donnée à l’humain doivent mettre une barrière infranchissable. Les rites passés liés au cannibalisme ont disparu depuis longtemps, et si les sacrifices humains existaient encore chez les Aztèques au moment de la conquête espagnole, ces pratiques sont aujourd’hui désignées comme des crimes d’une gravité particulière.

Mais un auteur, Julien Piquart, analyse le cannibalisme sous un angle original. Dans «Notre désir cannibale, du mythe au fait divers» il revisite cette pratique à travers une lecture symbolique. Il affirme même qu’il n’y a de désir que cannibale, et que «Si l’on ne mange pas son amoureux, c’est simplement parce qu’il ne repousse pas».

Le désir serait-il cannibale? Selon l’auteur:

«Cela commence bébé, avec l'allaitement. Il y a un amalgame entre fusion émotionnelle et satisfaction alimentaire.»

D’ailleurs, ne dit-on pas aussi «consommer le mariage»?

Et puis, dans le désir d’embrasser ou même de dévorer de baisers, n’y a-t-il pas aussi le désir de faire sien l’autre, de le prendre en soi, au plus intime, jusqu’à ce qu’il intègre nos cellules?

Manger, symboliquement, c’est choisir et abolir toute distance. C’est au fond assez proche de la sexualité.

Catégories : Philosophie 2 commentaires

Commentaires

  • Nos femmes nous consomment, elles nous consument, même avec modération! Finalement mieux vaut être Bouddhiste...Sous la cape ça ne se voit pas...Hum...

    Bonne soirée John..

  • @Pierre NOËL

    L'homme commence à consommer au sein. Il l'aplatit même! lol Vous me direz les femmes aussi... Certes, mais c'est pour l'apprentissage... :))))))

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