L’auteur de la tuerie d’Oslo est en prison préventive depuis quatre mois. Pendant cette période il a été vu par deux psychiatres. Ceux-ci viennent de rendre leurs conclusions: ils évaluent qu’Anders Breivik était irresponsable de ses actes au moment des faits. Selon eux il souffre de psychose. Son état mental étant altéré il ne peut être considéré comme responsable de ses actes.
«La conclusion est qu'il est fou", a déclaré le procureur Svein Holden lors d'une conférence de presse.
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Il se voit lui-même comme quelqu'un d'élu pour décider qui doit vivre et qui doit périr, et il est l'élu pour sauver ce qu'il appelle son peuple, a dit Svein Holden. Breivik a décidé de commettre ces meurtres, ou exécutions comme il les appelle, en raison de son amour pour son peuple, a-t-il ajouté.»
Le procès pourrait déboucher sur l’internement psychiatrique et non la prison. En cas d’internement il repasserait tous les trois ans devant la justice. Au cas où il viendrait à ne plus être considéré comme dangereux, il pourrait alors être un jour libéré.
Le premier sentiment est un choc. A dire vrai c’est même difficile de trouver les mots. Quelque chose se sépare dans l’esprit, entre le constat de ce crime et une approche psychiatrique difficile à comprendre. Il y aura sanction car l’internement en est une, mais avec la possibilité d’une libération dans quelques années.
Un rescapé du massacre d’Utoya, âgé de 20 ans, a déclaré: «Le plus important est de ne pas punir Breivik. Ce qui compte c'est qu'il ne représente plus une menace pour la société.»
On est ici devant une conception très particulière de la justice. Le système judiciaire norvégien est réputé pour miser beaucoup sur la réinsertion. Il ne stigmatise pas le criminel mais le considère comme un humain perfectible.
Alors, si le rapport psychiatrique peut choquer, ce système représente en même temps ce qu’il y a de plus avancé en matière de respect de l’humain. On se plaint beaucoup ici de la récidive. On pense, souvent avec raison, que le séjour en prison aggrave le cas des condamnés. La prison est au mieux une punition qui infantilise puisque le coupable est simplement exclu et déconsidéré plutôt que d’être incité à effectuer un travail sur lui et sur ses valeurs. Au pire c’est une vengeance. On le voit quand une victime estime que la peine était juste (surtout si elle est longue). On entend même des victimes estimer ne pouvoir se reconstruire qu’à partir d’une certaine lourdeur de peine.
Le système pénal reste emprunt de la vieille loi du talion: oeil pour oeil. La grande difficulté est de sortir de cette conception, car si la sanction punit le crime et son auteur, elle donne un droit à la victime ou à son représentant légal: faire la même chose en toute impunité. C’est le cas en particulier de la peine de mort par laquelle la société devient criminelle sans en être sanctionnée.
Il est évidemment difficile d’évoluer vers une conception réparatrice de la justice. Réparatrice ne signifie pas que l’on renonce à une sanction. Il y en a une, il en faut une. Mais le simple emprisonnement n’a pas de valeur pédagogique. Je sais, je sais trop bien combien il est difficile de pardonner certains crimes. La conception norvégienne met en contradiction le désir de punition subtilement masqué par le besoin de réparation de la victime, et une réelle évaluation humaine avec possibilité de réhabilitation du criminel.
La justice ne répare pas les victime. Une condamnation ne répare pas. La réparation financière peut être exigée mais le jugement n’est pas une réparation individuelle, aussi difficile que cela soit à admettre. La justice fait respecter des lois qui préservent la société et invite celui ou celle qui y contrevient à aller méditer dans un espace clos. La sanction devrait être l’opportunité de cette réelle repentance du coupable. Il semble que ce soi la conception norvégienne. Conception dont on va sans doute beaucoup parler lors du procès.
Commentaires
Vous êtes pétri de contradictions, fait allusion à vos billets sur le terrorisme.si Breivik était un étranger turc, noir ou arabe, il n'aurait pas eu droit à tant de clémence, la conception norvégienne n'a rien à y voir.
"mé-tou-tafé!" Lire est une chose comprendre ce qui est écrit en est une autre!
" Alors, si le rapport psychiatrique peut choquer, ce système représente en même temps ce qu’il y a de plus avancé en matière de respect de l’humain. "
Moi cela ne me choque pas que l'on mette Breivik dans une institution psychiatrique à la place de la prison de moment que la justice ne le remet pas en libérté.
D.J
Why davi said that Saltzman, Executive Director of Robin Hood. “Robin Hood will never stop fighting poverty and fighting for New Yorkers in need.
La Norvège fidèle à sa justice ! Y a plus qu’à transférer le TPI de Lahaye à Oslo ! Ainsi tous les extrémistes iront en asile psychiatrique. Pour les psy, Breivik était en état psychotique au moment des faits. Alors que Breivik a tout planifié et prémédité ses actes en plusieurs années. Pour les psy, Breivik en quelques heures, a trouvé des explosifs, des armes une camionnette piégée, placée dans un quartier très sécurisé, puis terminer son massacre tranquillement, diversion, sur une ile, et la police completement ailleurs. Trop fort pour un état psychotique ! Breivik a t il été examiné par des psy ou l’inverse ? Ou bien parce que c’est un extrémiste anti-musulman qu’il faut pardonner ? Les services secrets trop penchés sur al-kaida, mais pas assez sur l’extrême droitze européenne. C’est l’échec de la police qu’on veut occulter, en faisant passer Breivik pour un irresponsable.
Son manifeste de 1500 pages avait été rédigé avant qu'il commettre son acte. Un psychotique qui rédige 1500 pages ordonnées selon un plan, avec différentes parties, un index, des références chiffrées etc, c’est tout de même étonnant. Il était également franc-maçon. La franc-maçonnerie est réputée pour n’admettre en son sein que des gens mentalement structurés. Je suis vraiment étonné par ce jugement.
Bonjour,
Les psychiatres! ils auraient beau être six, les six donneraient chacun une version tout à fait différente des cinq autres.
Comment on fait des fous, grâce à des prétentieux en noeud papillon.
Breivik, terroriste ou psychopathe? le débat fait rage en Norvège d'après l'article, nettement plus consistant d'Olvier Perrin paru sur le site LeTemps.
@ benvoyons:
Questions pertinentes.
@ mé-tou-tafé:
"si Breivik était un étranger turc, noir ou arabe, il n'aurait pas eu droit à tant de clémence, la conception norvégienne n'a rien à y voir."
Je comprends que vous souleviez cette question. Mais avez-vous un exemple pour valider ce point de vue?
Sur les contradictions:
1. Je fais une différence entre un état de guerre dirigé contre un pays par un groupe organisé, armé, soutenu par un Etat, et un acte individuel. La guerre noie les règles de la société. L'acte individuel est lui redevable des lois de la société. En temps de guerre les combattants se tuent. En temps de paix le criminel est jugé selon des lois. Ce sont deux temps et deux comportements différents. Les sociétés vivent avec cette apparente contradiction.
2. Les contradictions sont importantes. Elle signifient que la position n'est pas tranchée définitivement, qu'il y a des espaces de réflexion et de doute. Faire la part des choses et tenir comte du maximum d'éléments prend du temps.
3. Si je comprends la démarche de la justice norvégienne en général je me questionne sur la justesse des expertises dans ce cas particulier, et jusqu'où le comportement de Breivik pourrait être comparé à des comportements connus et organisés politiquement (ex. le fascisme) et responsables juridiquement ou s'il doit être associé au délire d'un fou.
hommelibre, croyez-vous qu'il va mieux comprendre ce qu'il a déjà interprété à sa manière?
Dit comme ça vous placez la barre haut, Patoucha. On est en effet face à quelqu'un qui n'a pas seulement bravé les règles et défié la société: il a construit son histoire et posé d'autres règles.
"en raison de son amour pour son peuple" a-t-il ajouté.
Cette phrase a son importance et a pesé sur le verdict. Vous ne croyez pas hommelibre?
"le séjour en prison aggrave le cas des condamnés."
L'internement est pire au vu de la quantité de médicaments qui lui seront prescrits et de ce qu'on lui fera subir.... On pourra considérer dès lors "...qu'il ne "représente(ra) plus une menace pour la société.»
"Le séjour en prison agrave le cas des condamnés"
"l'internement est pire au vu de quantités de médicaments qui lui seront prescrits.."
Quelle peine mérite donc cet assassin?
Et pendant ce temps, ses très nombreuses victimes qui avaient avant de le rencontrer malencontreusement un avenir, pourrissent dans un cercueil au fond d'un trou.
Chacun son trou et le sien ne m'intéresse pas plus que cela, mais pourvu qu'il y soit.
En prison ou en hôpital psychiatrique, il aura peut-être un petit moment à accorder à ses nombreuses victimes, qui elles,n'avaient nullement envie de mourrir ce jour-là particulièrement.Mais au vue des rapports des psychiatres, il n'y a absolument aucune chance qu'il verse une larme. Peut-être dans quelques années, quand le temps aura passé sur lui, se souviendra t-il d'elles.
Mais abruti de médicaments, il aura oublié pourquoi il est interné;
A moins que comme d'habitude, il ressorte libre comme l'air dans quelques années libre de recommencer à refaire le monde à sa façon.
Les convictions politiques de B. sont-elles délirantes ?
On pourrait se poser la même question sur les convictions politiques de Hitler. A notre époque, il serait considéré comme fou et aurait été interné.
Petit coupé/collé de mon commentaire à stephanemontabert.blog.24heures.ch
Un individu peut très bien être atteint de schizophrénie paranoïde et être rationnel et organisé dans la poursuite obstinée d'une fin, surtout si elle est unique. C'est dire que la préparation des attentats n'infirme en rien la thèse de la schizophrénie paranoïde.
Au demeurant, contrairement à ce que d'aucun pensent, les convictions politiques de Breivik ne sont pas délirantes. Pas plus que celles qui ont amené Adolf Hitler à devenir chancelier. En effet, un délire est une conviction inébranlable qui n'est pas partagé par un groupe social. Or, les convictions de Breivik (et d'Hitler) sont (étaient) partagées par beaucoup.
Ce qui semble être pathologique chez Breivik ce sont les convictions mythiques et mystiques qui l'ont amené à se considérer comme élu, désigné, pour agir comme il l'a fait. A ce sujet, les comptes rendus sont peu loquaces. Ce qui démontre clairement que le public ne se rend pas compte de ce qui est déterminant. C'est d'ailleurs le caractère étrange de ces convictions périphériques qui amène à considérer que le délire est bizarre et donc pertinent à une schizophrénie.
Pour mieux comprendre, je crois utile de rappeler qu'il n'est pas pathologique de considérer la prostitution comme abominable et de lutter politiquement pour son abolition (peut-être est-ce erroné, mais suffisamment partagé pour ne pas être considéré comme un délire). Par contre, se croire investi de la mission de tuer les prostitué(e)s, ou celles et ceux qui défendent leurs intérêts, est pathologique.
Votre analyse profane passe à côté de la problématique psychiatrique. Quant à prétendre qu'il y a échec de la justice, je ne vois pas en quoi. Peut-être est-ce les lois que vous estimez inadéquates, puisque vous êtes apparemment partisan de la peine de mort. Mais alors il ne s'agit plus du problème de la justice mais du législateur.
Mais il y a une question qui me turlupine. Etes vous favorable à ce que l'on condamne pénalement, lors même qu'il n'y aurait aucune faute, au vu du seul résultat ?
@ CEDH: lma difficulté est d'accepter l'irresponsabilité pénale. Je ne suis pas disposé à faire facilement confiance à la psychiatrie. Il y a une part d'aléatoire dérangeante.
La définition et les conditions de l'irresponsabilité ne sont pas claires à mes yeux. Séparer un acte de la notion de faute est possible, l'intention étant déterminante. D'où les notions d'homicide involontaire, de circonstances atténuantes, entre autres. En l'occurrence il y a eu acte mais on en abstrait la notion de faute, alors même que l'acte est intentionnel.
Se prendre pour le sauveur... il y en a eu d'autres. Je ne sais pas que penser, cela me laisse très perplexe.
Par ailleurs non, je suis contre la peine de mort. Mais peut-être cette partie de votre comm ne s'adressait-elle pas à moi.
Je n'ai pas parlé non plus d'échec de la justice. Je trouve même que la conception norvégienne donne un sens non seulement répressif (vengeur) mais pédagogique à la sanction.
@hl
Excusez-moi, il s'agissait uniquement d'un coupé-collé. Le texte de Montabert me semblait pétri de certitudes par trop tranchées et bien proches du sens commun.
Moi aussi cela me laisse perplexe. D'ailleurs nous en somme tenu à des suppositions. Ne sommes pas informé sur l'essentiel. Je me méfie aussi de l'expertise psychiatrique en matière pénale. Mais tout autant de la réaction des profanes qui n'ont jamais réfléchi à la question.
Intention = Conscience et volonté de mal agir. Là est le problème. L'assassin des prostituées qui a entendu des voies divines lui intimant d'agir pour le salut de la société et des pécheresses qu'il tue, vous en faites quoi ?
Même questionnement difficile. Parfois je me dis qu'il faudrait prendre les criminels à part, les emmener 6 mois traverser le désert, en devant collaborer, partager, bosser pour la survie de tous. Passer de longues soirées à remettre les choses dans un ordre plus respectueux des autres.
Utopie, je sais, et vu le nombre de criminels de par le monde, cela ferait du monde dans le désert!
Celui qui dit avoir entendu des voix divines doit être sanctionné. C'est la règle. Si quelqu'un avait pu tuer Hitler il aurait aussi été sanctionné, même si son geste aurait peut-être sauvé des millions de gens. C'est la règle: il doit être sanctionné. Pas de sanction peut signifier ou faire croire à l'auteur d'actes criminels qu'au fond ce qu'il a fait n'est pas si grave, est même peut-être tolérable.
Difficile.
Pour ce qui est de ne pas être informés sur l'essentiel, comme souvent en effet.
dans une société maternante il n'y a plus de coupables plus de sanctions.
"Dans l'ensemble de la société, de culpabilité, point. Le mot coupable est relégué au code pénal, où d'ailleurs on ne l'emploie même plus comme racine du mot inculpé, remplacé par mis en examen. « Ce n'est pas ma faute. » Répété après chaque coup porté, ce cri par lequel Valmont parachève le meurtre de Mme de Tourvel dans Les Liaisons dangereuses7, est-il devenu le mot d'ordre d'un peuple d'irresponsables ? Valmont, à la fin, paie le-prix du mal qu'il a causé et acquitte sa dette d'homme libre - à l'époque on disait libertin. Tout autre est le visage de l'individu contemporain : un maniaco-dépressif balançant entre le besoin d'avoir trop et le sentiment de n'être rien. La plainte est devenue la forme douce et socialisée de la haine. Serions-nous tous finalement des hommes sans qualités, souf¬frant d'être quelconques et se croyant uniques, ne cessant de se plaindre que pour gémir, tirant les bénéfices de la comparaison tantôt avec les favorisés, tantôt avec les défavorisés, remâchant une basse envie et se délectant d'une pitié dangereuse ?
Tant d'innocence affichée, pour masquer quelle culpabilité diffuse mais terrible ? Freud voyait dans le sentiment de culpa¬bilité « le problème capital du développement de la civilisa¬tion ». Le progrès de celle-ci « doit être payé par une perte du bonheur due au renforcement de ce sentiment8. » Est-ce tou¬jours vrai ? Cet affect, au centre du complexe d'Œdipe et qui prend sa source dans l'infantile, est-il en voie de disparition ? Non pas, car bien que peu d'entre nous se considèrent consciemment comme coupables de quoi que ce soit, le senti¬ment de culpabilité inconscient, lui, n'a pas disparu. Il a changé de nature. Ce sentiment en fait a deux sources, paternelle et maternelle. Le désir de se débarrasser du père en intériorisant la loi qu'il représente, la « culpabilité envers le père », a, semble-t-il, fort décliné, et la perte du sens moral chez les très jeunes
délinquants est à relier au déclin historique du complexe d'Œdipe sur son versant paternel. C'est un changement majeur dans la psychopathologie de la délinquance : ceux qui enfrei-gnent la loi ne reconnaissent plus la légitimité de la sanction. Aussi voit-on le conflit intrapsychique (révolte adolescente) faire place à la violence intergénérationnelle (violence des enfants et des jeunes). Mais cette dernière, justement dite gratuite, sans cause ni enjeux, est le propre de ceux qui ne sont pas entrés dans le conflit avec les parents, pourtant nécessaire à leur matu¬ration. Il en résulte une violence qui n'est plus en rapport avec une quelconque loi et des délinquants affranchis de tout senti¬ment d'avoir commis un délit ou un crime, et ne voyant plus en quoi ils ont fait quelque chose de mal. Freud parle des criminels par sentiment de culpabilité9. Il n'avait pas prévu l'apparition de criminels dépourvus de sens de la culpabilité. Chez les enfants, la limite entre ce qu'on peut et ce qu'on ne doit pas faire (battre un petit, tabasser en groupe un isolé, frapper une fille, menacer un surveillant) est remplacée par un pur rapport de fait et de forces : il y a simplement ce qui se peut et ce qui ne se peut pas. À un ordre névrotique structuré selon le rapport symbo¬lique entre l'interdit et le permis se substitue un ordre - ou un désordre - pervers n'opposant plus que l'impossible et le pos¬sible. La loi et ses représentants sont perçus par les délin¬quants comme une autre bande (s'ils sont des jeunes de ban¬lieue) ou un autre pouvoir (s'ils appartiennent à la part corrompue des élites), non comme une instance imposant une norme. On n'est plus puni (à tort ou à raison), ce qu'ont tou¬jours reconnu les délinquants, on est attaqué par la loi. On est victime de la société et non sanctionné par la justice. Entendu en effet à la radio en décembre 2000 : un athlète a été victime d'un contrôle positif à la nandrolone. On ne dit pas : « reconnu coupable de s'être dopé » - ou, plus neutre : « a fait l'objet d'un test positif lors d'un contrôle antidopage ». Non : victime. "
suite
"Une histoire vraie. À l'automne dernier, un collège d'une ville du Sud-Ouest. Un engin incendiaire est lancé depuis l'exté-rieur sur le bâtiment. La principale prévient, dans l'ordre, le commissariat et le rectorat. Là, on lui demande si elle a pré¬venu la police. Évidemment, répond la responsable, ce qui mécontente beaucoup en haut lieu : les statistiques de violences à l'école ne s'arrangeront pas : « Ce n'était pas la peine. Nous allons vous envoyer une équipe de psychologues pour apaiser le traumatisme des enfants. » Exemplaire, cette confrontation entre la fonctionnaire qui croit encore que l'État est là pour sanctionner les coupables et une administration qui se soucie d'abord d'écouter les victimes. On peut d'ailleurs penser que le meilleur moyen de répondre à l'angoisse des élèves et des pro-fesseurs aurait été d'identifier et de punir les auteurs de l'acte. Mais ce n'est pas très tendance. La politique des mères prend d'abord la forme d'un État maternel."
l'auteur de la tuerie on ne pense plus à le punir mais à le soigner."
. L'État est-il une bonne mère, laissant ses enfants devenir des hommes ? Ou bien rêve-t-il de nous main¬tenir dans l'enfance ? Kant considérait le gouvernement pater¬naliste (regimen paternale) comme le plus despotique de tous, puisque traitant les citoyens comme des enfants23. Les formes actuelles du despotisme démocratique donnent plutôt à voir un pouvoir plus tutélaire que correcteur, ou pour reprendre les mots du philosophe Michel Foucault, plus dédié à guérir et pro¬téger qu'à surveiller et punir. Le pouvoir aujourd'hui est incon¬testablement plus maternel que paternel. N'est-on pas ainsi passé d'un État-gendarme des violences de classes à un État-thé¬rapeute de la société souffrante mais pacifiée ? "
"Winnicott affirmait qu'« il serait dangereux d'adopter sur les bancs de la magistrature un but purement thé-rapeutique 13 ». Une telle attitude ignorerait le fait que la popu-lation veut voir la justice s'exercer. Le potentiel de vengeance inconsciente deviendrait dangereux s'il n'y avait, pour le prendre en compte dans des formes instituées, la loi et ceux qui la font respecter. Mais, dans tous ces domaines, quel homme politique oserait briser le tabou de la victime innocente et irresponsable "
extrait de big mother de michel Schneider