Parmi les acquitté d’Outreau un couple est revenu à la une des médias. Pour des raisons assez tristes puisqu’il passera à nouveau en jugement en janvier 2012. L’accusation mentionne des violences sur mineurs et une une corruption de mineurs, les mineurs étant leurs enfants.
Il s’agirait d’une part de punitions infligées à deux de leur enfants. Au printemps ces enfants étaient partis du domicile familial pour retrouver la nounou chez laquelle ils ont été placés pendant et après le procès d’Outreau. C’est là qu’ils se sont plaints de sévices punitifs. Un médecin aurait constaté des lésions.
Les enquêteurs ont alors saisi les ordinateurs du couple et ont découvert la vidéo d’une fête alcoolisée où certains adultes se sont retrouvés nus devant les enfants. Ils ont déduit - ou constaté, ce n’est pas clair - des scènes à caractère sexuels devant les enfants. Ce que les époux contestent.
Ils ont récemment trouvé d’autres films sur d’autres soirées alcoolisées, avec là aussi des scènes de nudité au moins partielle devant les enfants de 10 et 11 ans.
Tout cela doit être formulé avec prudence. D’une part la presse ne donne par définition que des informations partielles. On peut se demander d’ailleurs pourquoi, encore une fois, des informations qui devraient être placées sous le secret de l’instruction se retrouvent à la disposition du public. Cela semble devenir une habitude en France avant les procès, en particulier dans les affaires à caractère sexuel. Cette manière de faire est décidément étrange. Elle est forcément intentionnelle, mais on ne sait pas quelle intention elle sert.
On ne peut préjuger du contenu de l’accusation ni des pièces qu’elle présentera au procès. Peut-être que ces époux ont l’habitude de jeux libertins. Le fait de se dénuder devant des enfants n’est pas a priori un délit si par exemple les parents ont l’habitude de pratiquer du naturisme à leur domicile. Certains parents le font sans que l’on puisse les suspecter d’actes délictueux. On ne connaît pas le contexte des faits ni leur nature précise: il convient donc d’être prudents. Par contre le fait d'organiser des fêtes bien alcoolisées avec séquences de nudité n'est pas ce que l'on peut considérer comme du naturisme familial. Et si l’exposition à des actes de nature sexuelle a eu lieu, elle tombe évidemment sous le coup de la loi.
L’hypothèse selon laquelle ce couple aurait réellement commis des délits de corruption de mineurs et aurait exposé ses enfants à des scènes à caractère sexuel est évidemment gênante. Elle l’est parce que l’on peut penser que, peut-être, ce couple a passé entre les gouttes et a bénéficié d’un acquittement immérité au deuxième procès d’Outreau.
Il convient toutefois de noter que les faits actuellement reprochés, s’ils sont vérifiés, datent de bien après l’acquittement. Ce couple aurait-il dérivé? Aurait-il été atteint par les accusations faites à l’époque? Rappelons qu’ils ont été séparés de leurs enfants pendant plusieurs années, même après leur acquittement. Les relations parents-enfants ont probablement été profondément perturbées.
Rappelons aussi à quel point ces accusations ont atteint les victimes: un accusé s’est suicidé en prison, un autre a perdu travail et famille. On ne sait ce que tous deviennent aujourd’hui mais on peut imaginer les conséquences à long terme d’un tel traumatisme. Ces parents ont-il «pété un câble»? Ont-ils pu être à ce point déstabilisés qu’ils en aient perdu des repères de base? La prudence à propos de ce couple est de mise: d’une part faute d’éléments précis et complets sur les accusations, d’autre part à cause des conséquences traumatisantes de ce qu’ils ont vécu de 2001, date du début de l’instruction, à 2005, date du procès en appel qui les a acquittés.
Commentaires
Je ne peux que saluer l'honnêteté, la prudence, la conscience, de la personne qui a rédigé cet article.
Cela honore la Tribune de Genève, alors que dans la presse française, sur des affaires de ce genre, moins on en sait plus on en dit.
Il est bon de rappeler qu'on n'accuse pas sans preuves ou au moins indices sérieux, il est bon de rappeler la présomption d'innocence.
Il est bon aussi de rappeler que qui dit nudité ne dit pas forcément activité sexuelle.
"On ne connaît pas le contexte des faits ni leur nature précise: il convient donc d’être prudents.": oui, encore oui. Bravo!
Je suis d'accord avec Claire. Il est rare de lire un article aussi impartial. Je dis également bravo à l'auteur.
@ Claire et Christine:
Je vous remercie. Il faut essayer de dire les choses autrement que dans la tendance au lynchage tous azimuts que l'on constate actuellement.
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2012/02/24/74c121224a352b519a770573cdbe756a.html
Trop beau cette affaire Outreau !!! Caviardée et orchestrée par Nicolas Sarkozy et son exécutif en faisant tout pour ridiculiser et discréditer pour toujours la parole de ces enfants prolo, mais aussi en général la parole d’enfants en matière de pédophilie et pédocriminalité et pour causes :
-Détourner l’attention et minimiser l’affaire de pédocriminalité qui se déroulait dans le même temps sur Jallais et Angers avec ses snuff-movies, son gendarme maquereau, son gratin bourgeois encagoulé et ses enfants reconnus sur les CD-ROM de Zandvoort …
-Mais aussi et surtout venir dans l’urgence à la rescousse des notables et magistrats toulousains de l’affaire Alègre empêtrés dans leur maison de Noé … maison ou il y avait « des petits garçons et des petites filles sans poitrine attachées à des anneaux » et d’où l’on parlait dans le même temps de la petite Marion d’Agen séquestrée par des pédophiles gouines avant d’être égorgée par Alègre chez les notables de la maison de Noé.»
Juge Burgaud, à Outreau, pour savoir qui était aux commandes et qui t’a savonné la planche, tu devrais peut-être le demander à ton ancien Ministre de la Justice, Dominique Perben, il semblerait être juge et partie dans cette affaire….
Quant à toi, Nicolae Sarkozy, avec l’affaire « des crimes sataniques de la gare de Perpignan » tu finiras comme les Ceausescu.