En une seconde comment identifier la gauche de la droite? La gauche soutient les plus faibles et la droite promeut la liberté. C’est évidemment trop court pour résumer la question. Mais il y a une trace de vrai: la gauche s’est assigné la mission de donner une part de pouvoir à ceux qui n’en avaient pas. Et la droite de défendre la liberté individuelle.
Au XIXe siècle les socialistes étaient partisans de cette même liberté au nom de la résistance à la toute-puissance de l’Etat et de la religion. Depuis, le collectivisme a en partie atténué la profondeur du libéralisme socialiste. La puissance de l’Etat est même invoquée aux fin de tenir un rôle d’arbitre entre les partenaires sociaux et d’imposer des régulations au libéralisme. Et comme le souligne Edgar Morin, la philosophie de Marx vaut presque religion: il annonce un nouveau monde, paradisiaque grâce à l’égalitarisme, propose la révolution comme une apocalypse et met le prolétariat sur un piédestal comme un nouveau messie.
La droite, elle, en soutenant la liberté, pense évidemment à la liberté d’entreprendre. Cette liberté comprend les grandes entreprises, mais aussi l’artisanat et toute activité personnelle tant qu’elle ne contrevient pas aux lois. Sur ce point la critique de la gauche envers la droite est de faire la part belle aux dirigeants économiques, au détriment de la population. La droite répond que quand il y a contrôle sur l’économie (en économie planifiée) c’est également un petit groupe de dirigeants politiques qui décident et que la liberté d’entreprendre est intimement liée avec la liberté de choix de sa propre vie.
La gauche reproche au libéralisme et au capitalisme de vendre pour vendre et de créer des besoins qui n’existent pas, au moyen entre autres de la publicité. La droite affirme que les principaux besoins auxquels l’économie répond sont des besoins de base: se nourrir, s’habiller, se loger, se déplacer, s’instruire, se divertir.
La droite dit satisfaire des besoins fondamentaux et naturels. Par exemple la voiture a pris autant de place à cause à la fois du sentiment subjectif de liberté et des nécessités objectives de la mobilité et des échanges, qui font partie également des libertés fondamentales et des besoins. Autour de la voiture c’est toute une industrie qui s’est développée. La gauche ne peut s’opposer frontalement à cette industrie: trop de gens seraient au chômage. Mais elle freine le développement, en rendant par exemple très difficile la circulation urbaine. D’un point de vue pragmatique elle n’a pas tort: l’encombrement des villes est en soi un frein et une cause de pollution. Par contre si l’accès au centre de nombreuses villes est de plus en plus souvent limité, il faut donner en compensation d’autres moyens facilitant les déplacements.
Mais limiter la circulation automobile c’est à terme limiter l’achat de voitures et donc la force d’une industrie et les emplois qui y sont rattachés. Rouler moins, avoir moins d’autos, c’est tôt ou tard avoir moins de travail, moins de richesses et moins de liberté. Enfin, sur ce point il y a les pays d’Asie et d’Afrique qui n’attendent que d’avoir une voiture par habitant, comme nous. Hé oui, c’est aussi leur liberté.
La liberté est donc, entre autres, d’aller où bon nous semble avec les moyens que nous choisissons. Les avancées des sociétés libérales nous ont fait sortir d’un passé où changer de ville supposait une autorisation. La formation des nations garantit cette liberté de se déplacer à l’intérieur d’un Etat. Les communautés d’Etats (Amérique du nord, Europe) élargissent cette liberté de mouvement et d’établissement. Mais plus nous sommes nombreux et plus le «vivre ensemble» demande à être géré: transports publics, rues piétonnes, volume sonore dans les rues, ne se gèrent pas par hasard. Il y faut une volonté politique. Qui à un moment se confronte à la notion de liberté.
La liberté est-elle totalement compatible avec un grand nombre d’humains? Jusqu’où l’organisation d’un pays peut-elle supporter les déplacements sans les réguler? Imaginons par exemple que 100 millions d’européens du nord décident d’habiter sur la côte sud espagnole. Comment le pays pourrait-il gérer cela? Bien sûr cela n’arrive pas. Les grandes migrations prennent du temps. Elles présupposent que les conditions économiques sont favorables dans la région d’émigration. On n’imagine pas 100 millions de personnes allant vivre dans un désert, sans travail, sans eau ni agriculture. Mais si cela arrivait suite par exemple à une catastrophe climatique majeure, qu’adviendrait-il de la liberté?
Dans le domaine de l’économie il est beaucoup question ces dernières années de démocratie. Les employés ne seraient pas libres parce qu’ils n’ont pas le pouvoir sur l’entreprise. De plus les aléas d’une direction peut priver des milliers de personnes de leur emploi et jeter des régions entières dans la précarité. Il est tentant de vouloir prendre le contrôle et de planifier l’économie. Mais qui décidera, et au nom de quoi? Il y aura forcément une direction nommée par l’Etat, avec constitution d’une nouvelle oligarchie dirigeante.
On pourrait imaginer une direction élue chaque année par les employés. La rotation annuelle éviterait que des privilèges ne s’installent. Mais on élira qui et sur quelles compétences? Et comment privilégier un développement à long terme de l’entreprise avec des dirigeants non formés qui changent tout le temps?
Autre problème: plus on contrôle et dirige un secteur de la société plus d’autres secteurs seront dirigés. Si par exemple un gouvernement décide quelles industries doivent se développer, et comment, cela signifie que ce gouvernement décide de ce dont nous avons besoin. Il s’immisce dans la vie des gens. Le libéral pense que l’Etat est là pour organiser et prendre en charge uniquement ce que les individus ne peuvent gérer par eux-même, comme par exemple une armée. Les collectivistes pensent que l’Etat est là pour régler les problèmes des gens à leur place, considérant que l’égoïsme et l’individualisme ne sont capable que de générer des inégalités.
Liberté et égalité: voici un couple moderne dont le mode d’emploi n’est pas encore achevé.
A suivre.
Commentaires
"La droite défend les libertés individuelles" Très drôle : la droite défend ceux qui les finances, à savoir les grandes entreprises. Le reste n'est que brodage pour amener les électeurs à voter pour eux.
La liberté est le pouvoir qu'obtient en naissant un être humain. Cette aspiration qui est dans le coeur des hommes depuis si longtemps ne peut être résumée par une direction physique ou politique. La liberté est un choix. Pour utiliser son pouvoir il suffit d'utiliser son libre arbitre. Sa direction est aléatoire elle dépend que de l'homme. Que l'on vote à gauche ou droite quand on fait son choix on fait appel à elle. Par conséquent, elle ne peut être résumée par deux idéologies qui l'interprète à sa manière afin de prêcher pour son église.
En étant militant à un parti on s'enferme dans une idée dès lors nos choix sont retreints et par conséquent on dévie du sens liberté. La droite libérale d'aujourd'hui(dont j'ai fait partie) est tournée vers la liberté d'entreprendre. Ces 100 dernières années on peut voir qu'elle veut donner plus de pouvoir aux personnes morales que physique. La liberté d'entreprendre a été mis aux oubliettes pour devenir la liberté d'entreprise aux dépend de l'individu. La commercialisation de la cigarette, alors que c'est un poison, est une liberté d'entreprise protégé par des lois. Cet exemple, que je n'ai pas pris aux hasards, alors que je suis fumeur moi-même, démontre même que la valeur de rendement est plus importante que la santé humaine. Dès lors en tant que fumeur, je dis je suis libre de fumer. Hélas non car mon cerveau est conditionné à être esclave d'un produit commercialisé. Non la droite ne prône pas la liberté en tant que telle. Elle prône la liberté d'entreprise. Le principe de liberté d'entreprendre à la base de la droite n'est pas éloigné de la liberté d'entreprendre des anarchistes. Mais ce n'est pas le sujet. La droite n'est rien de plus qu'un concept de liberté ou une approche.
Les valeurs de gauche ont émergée, avec le temps et avec le peuple. Elles ont été tous simplement étouffées remixées pour finir par être dirigées par des gens de milieux similaires que ceux de la droite. La différence c'est qu'ils veulent se donner une bonne conscience et une belle image. Il y a bien entendu des hommes d'exceptions de gauche et de droite mais on pourrait reprocher aux autres d'être encore plus faux-culs ou débiles. Cette direction si mal définie ne mérite même pas un développement. Pointer Marx en avant me fait doucement rire car son discours de gauche a été vivement combattu par des hommes de gauche. Malheureusement l'histoire retient cette homme tout comme nos enfants retiennent la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Autant dire que c'est une belle blague dans les deux cas.
Ces deux bords étant si récents et en constante évolution, il serait malheureux de comparer ou d'assimiler la LIBERTE à ces idéologies qui nous enferment dans une direction. La liberté en réalité cette toutes les directions et aucune à la fois. Lorsque l'un homme comprend ce que c'est la liberté non seulement il veut la gagner, en jouir, la transmettre et surtout la faire comprendre aux autres. Notre société si avancée technologiquement a manqué son rendez-vous avec le sens du mot liberté. Puisse espérer qu'une mise à jour de ce pouvoir puisse avoir lieu un jour.
Bien à vous.
Merci pour ce commentaire, Plume noire. J'y reviens demain.
Bonsoir John, le rôle de l'Etat se limite à donner la direction à prendre et non à diriger l'économie. Un exemple crucial d'aujourd'hui est celui de l'énergie. Continuer de faire confiance au nucléaire au risque de tout perdre pour des millénaires ou privilégier les énergies renouvelables au risque de ne pas arriver à créer notre optimum d'énergie nécessaire pour faire fonctionner l'économie et donc la société? Les choix prioritaires doivent être décidés par le Gouvernement sur la base d'un discours démocratique large, tenant compte des points de vue différents. Au final, un bon gouvernement sera plébiscité par le peuple. Un moins bon risque de se retrouver sur la touche. C'est une règle démocratique élémentaire pour que le monde avance en liberté. Cela ne signifie pas que l'Etat est parfait, loin de là. L'Amérique, la plus grande et puissante démocratie au monde, connaît des dérives surréalistes et franchement délirantes. Mais elle finit toujours par produire un recentrage des opinions afin de sauver la liberté de la dictature.
Bonjour tout le monde je vous propose un moment de détente : un article aussi vulgaire qu'inintéressant d'une féministe attardée :)
http://actufeministe.blogspot.com/2011/12/reponse-les-femmes-ne-servent-plus-rien.html
Avec plaisir hommelibre, c'est toujours un plaisir de philosopher avec dese gens qui savent le faire.
merci de ce lien kasilar, cette Wernaers Camille un niveau d'étude pareil et être aussi bornée et butée.
" 'apporte sur ce blog des informations alternatives. Violences conjugales, violences sexuelles, différence de salaires, publicités sexistes "
elle apporte des informations !!! la bonne blague, elle ne se rends même pas compte quelle n'est qu'un relais de la propagande mensongére féministe.
Plume noire: d'accord avec vous sur le fait que la liberté n'appartient au fond à personne. Le contraire serait d'ailleurs paradoxal. Mon questionnement est: qui, par ses principes politique, propose les conditions de la liberté?
Les choix et orientations politiques jouent un rôle dans le déploiement des conditions de la liberté. Mais qu'est-ce que la liberté? La liberté de mouvement dont je parle dans le billet est paradoxalement très grande et très restreinte. Très grande parce que les moyens de mobilité le permettent, parce que les frontières sont assez ouvertes, et parce que la sécurité est plutôt bonne sur les chemins. Mais très restreinte parce que la propriété privée exclut le droit de visiter des jardins, des parcs privés; parce que l'on ne peut pas vivre sans une identité répertoriée et inscrite sur un papier; parce que l'on ne peut plus dormir librement sur une plage ou en camping sauvage.
De même on a une liberté de parole développée, mais de plus en plus de lois qui encadrent cette liberté.
En ce qui concerne la liberté d'entreprendre je ne partage pas le point de vue selon lequel le libéralisme donne la priorité aux personnes morales. Les personnes physiques ont en occident un haut degré de liberté par rapport à d'autres pays ou d'autres époques. La personne morale, ou l'entreprise, est une des formes actuelles de la prospérité, et la prospérité octroie une forme de liberté que la pauvreté ne permet pas. Je ne crois pas que le libéralisme soit contraire à l'humain. Pour vivre avec notre niveau de bien-être en occident (voiture, chauffage, électricité, téléphone, hifi, voyages, ski, etc), il faut une prospérité qui est donnée par la santé de l'économie. Pour moi la liberté de l'entreprise va avec ces libertés individuelles et avec une plus grande sécurité. Il me semble même que les société très portées sur le commerce et prospères ont connu plus de développements culturels, intellectuels, artistiques, que les sociétés très militaires ou religieuses.
Mais dans mon esprit cette liberté d'entreprendre doit être cadrée, donc limitée dans sa liberté. Taxes, droit du travail, respect des lois font partie des contraintes sans lesquelles la liberté ne se résume plus qu'à quelques individus.
Au fond, structurellement, j'ai le sentiment qu'il n'y a pas une très grande différence de gestion de la liberté à gauche ou à droite. Partout il y a des contraintes, des cadres, des lois, des limitations, qui servent à garantir une liberté maximale pour le plus grand nombre.
En fait ce thème est complexe. Je n'en ai pas encore écrit la suite. Je ne savais pas ce que j'attendais pour l'écrire, hier. Avec les remarques faites dans les commentaires, je vois que j'avais besoin de prendre en compte des questionnements que je n'avais pas encore imaginés, ou pas sous cet angle. Ça ne va pas me faciliter la tâche! Mais je ne suis pas pressé pour écrire la suite.
J'ai conscience que ce que je vous réponds n'aborde de loin pas tout ce que vous avez posé dans votre commentaire. J'y reviendrai donc certainement.
Ah, une chose concernant la cigarette: voilà un exemple de point de vue que je ne partage pas. C'est vrai que la cigarette n'est pas un produit de santé. Mais personne n'oblige le fumeur à fumer. Les amérindiens fumaient, on a fumé de longue date. Les cigarettiers réponde à une demande, ils ne la créent pas. Peut-être influent-ils sur cette demande ensuite, par la publicité. Et encore: depuis que j'ai cessé de fumer, mon oeil n'est attiré par aucune pub pour le tabac, je n'y pense même pas, et si je suis près de gens qui fument je n'ai l'impression d'avoir reçu en moi un message subliminal qui m'inciterait à fumer.
En fait, mais je sors un peu du débat: je prends le parti de nous voir libres, et choisissant notre vie - y compris les influences. Je n'aime pas donner le pouvoir à d'autres sur moi. Je ne suis pas très "Chomskyien".
@leclercq:
Avez vous remarqué la présence de pierre griffet, l'éternel troll qui a essayé de prendre ces marques ici même et qui a fini même par agacer homme libre?
Voir les commentaires :)
"Je n'aime pas donner le pouvoir à d'autres sur moi"
Ca je l'ai vu chez aucun politique de mon vivant.
Pourquoi ne vous présentez vous pas pour 2012 homme libre, promis je vote pour vous :-))
Bonjour homme libre,
Je voulais par ces quelques lignes vous dire que je vous répondrai sur votre position. Le débat sur la liberté étant plus que rare j'y reviendrai. Je préfère prendre tranquillement le temps pour vous répondre.
En attendant je vous donne un exemple de liberté. A l'Ile Maurice il y a toujours moyen de survivre en se sortant les pouces du c... Vous êtes à la maison sans travail, rien ne vous empêche de faire à manger et de vendre la nourriture dans la rue ou au marché. Une bicyclette suffit parfoit. Sinon le microcrédit peut facilement aider. Ici nous sommes soumis à tellement de lois, de norme et d'autorisation que la liberté d'entreprendre est limitée par les moyens financiers qui deviennent au bout du compte faramineux. Ce que je veux dire par là c'est qu'avec une petite idée on peut se débrouiller ici on est très vite bloqué et malheureusement, la prise de risque des banques n'est pas chez le citoyen mais dans des titres douteux.
Plume noire,
Pas de souci, prenons notre temps, cela me va bien aussi. J'apprécie de vous lire.
Je vous rejoins sur votre dernier commentaire: pas assez de soutien aux petits. Il faut bosser comme des fous et parfois sacrifier sa vie pour se lancer. C'est vrai que les investissements financiers vont vers les entreprises déjà installées, et de préférence de grande taille.
Ce n'est pas forcément à tort. Je lisais ce matin que Samsung va investir près de 40 milliards de CHF pour se développer, en embaucher 26000 personnes dans le monde.
Je pense que les banques privilégie les grosses boîtes aussi par rapport à l'emploi. C'est logique: les salariés épargnent aussi dans les banques.
Mais un soutien plus marqué aux petits entrepreneurs serait aussi un coup de pouce à l'économie, et la liberté en sortirait certainement grandie. Le microcrédit est une réussite il semble, et cela apprend aux gens à se battre pour réussir. Cela développe des qualités personnelles et sociales, c'est un plus.
Pour relancer un peu ce débat ou je m'étais permis de vous répondre sur un autre post (celui sur Jean Dujardin), je constate tous les jours encore que la liberté n'est ni de gauche ni de droite. Elle dépend seulement d'individus.
Je pense que pour alimenter ce débat il nous faut réagir sur l'actualité et comparé les individus et les partis (ou peut être organiser un débat dans un endroit approprié avec des intervenants et des blogueurs pourquoi pas). Je pense néanmoins qu'il y a des gens qui luttent pour la liberté à gauche comme à droite. Mais de manière général je ne pense pas que les idéologies de gauche et de droite luttent pour la Liberté. L'histoire a démontré que se sont les hommes qui prennent leur liberté et par les idéologies.
Aux plaisirs
Bonjour Plume noire,
L'idée d'un ou de plusieurs grands débat est motivante. Je trouve en général que l'on ne va pas assez au bout des débats et qu'il reste trop de résidus non digérés.
Je vous rejoins dans l'idée que ce sont beaucoup les humains qui portent la liberté. A toutes les époque il a fallu des humains engagés pour faire avancer les libertés publiques.
Je n'abandonne pour autant pas mon questionnement (auquel je n'apporte pas ou pas encore de réponse) à savoir quelles sont les formes de gouvernance ou de culture qui apportent le plus de liberté.
Mais il faut aussi redéfinir la liberté, la contextualiser. Cela peut déjà faire débat! J'y reviendrai. Pour le moment cela me va aussi d'échanger ainsi pas à pas avec vous.