La saga Eva Joly continue. On devrait lui décerner la palme de l’originalité, voire du plus bel enlisement de la campagne présidentielle 2012. Son déficit d’image est tel qu’elle sort une autobiographie pour tenter de le combler: «Sans tricher», édition Les Arènes.
Suffisait-il d’être candidate d’un mouvement qui a fait plus de 16% de voix aux dernières européennes pour être entendue? Visiblement pas. Les écolos n’ont sans doute pas voulu du star system représenté par Nicolas Hulot. Mais il semble que les français veulent voter autant pour une personne que pour des idées ou un programme. Ils veulent savoir à qui ils vont confier les cinq années à venir. Et une bonne parties des voix d’EELV aux européennes étaient des voix socialistes. Normal puisque le parti écologiste est un appendice du PS.
Eva Joly a donc écrit son autobiographie pour se faire mieux connaître. Nul doute que les français vont être passionné par la vie d’Eva alors que le crise les prend à la gorge. Ça leur changera les idées.
«Sans tricher». On ne pouvait attendre moins de celle qui passe pour la Madame Propre des candidats. Elle aurait pu ajouter: «Et sans rien contrôler». Parce que voilà, des experts «indépendants» viennent de rendre un avis favorable sur ses mesures budgétaires.
Formidable. Sauf que - bang bang! - le JDD (Journal du dimanche) met les pieds dans le plat:
«Mercredi dernier, Eva Joly se félicitait des résultats de l'évaluation de son budget par quatre experts – affiliés à l'OFCE, mais qui avaient réalisé cette étude à titre indépendant. Sauf que depuis, les choses ont largement évolué. A part Gaël Callonnec qui était présent à la conférence de presse, les autres économistes (Paul Malliet, Frédéric Reynès et Yasser Y. Tamsamani) ont déclaré vendredi qu'ils n'avaient "ni participé, ni signé, ni contribué directement ou indirectement au travail d’évaluation proposé par Europe Ecologie - Les Verts". Avant de préciser : "Ce travail est la responsabilité pleine et entière de Gaël Callonnec et n’engage que lui.»
Ce monsieur Callonnec est de surcroît investi comme candidat pour les législatives. Investi par qui? Par EELV... Bravo l’indépendance!
Donc le «collège d’experts» se dégonfle. Trois sur quatre nient avoir réalisé un quelconque audit malgré les affirmations du parti, et le seul indépendant est Vert comme pas mûr.
«Sans tricher»? Heu... je ne voyais pas la chose comme ça.
Il paraît qu’elle n’en savait rien. C’est Cécile Duflot, contorsionniste, qui l’affirme, renouvelant ici son numéro:
«La secrétaire nationale d'EELV explique sur le site de micro-blogging que le "modèle" a été "élaboré à 4", mais que la "simulation" a été faite "par un seul économiste".»
Sauf que - bang bang, balle dans le pied! - et comme dit plus haut: « les autres économistes (Paul Malliet, Frédéric Reynès et Yasser Y. Tamsamani) ont déclaré vendredi qu'ils n'avaient "ni participé, ni signé, ni contribué directement ou indirectement au travail d’évaluation».
Et «d'assurer que ni elle, ni Eva Joly ne connaissaient les "détails du travail". La candidate était pourtant présente lors de la conférence de presse de présentation.»
Résumons: les français ne savent rien - ou presque rien - d’Eva Joly. Candide comme pas deux, Eva Joly ignore tout de ce qui se passe autour d’elle. Et ceux qui affirmaient sciemment que quatre experts l’encensent on oublié le titre du livre d’Eva Joly: «Sans tricher». Eva Joly ne triche pas: ils trichent pour elle.
Bang bang!
Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu une formation politique ayant une légitime prétention à être représentée livrer une campagne aussi incohérente.
Bref, avec tout ça, 3% d’intentions de vote, c’est encore bien payé.
Commentaires
Vraiment bien fait ton article, j'attend d'en lire plus. Bonne continuation et à bientôt :)