Ce serait simple si le pôle Nord était une pancarte plantée dans la neige: «Ici, pôle Nord magnétique» ou encore: «Extrémité septentrionale de la grosse orange bleue». En réalité c’est possible pour le pôle géographique qui dispose d’un lieu fixe, soit l’extrémité de tous les méridiens. Mais cela ne suffit pas pour le pôle magnétique. Parce qu’il bouge. Et même de plus en plus vite depuis 1990.
Le pôle Nord magnétique est le lieu d’où sortent les lignes du champ magnétique qui reviennent ensuite par le pôle Sud. Ce champ est produit par des mouvements du noyau liquide de la Terre. Il se déplace naturellement de quelques kilomètres par année soit une quarantaine de mètres par jour. Pendant des décennies il se situait dans l’archipel du nord du Canada. Mais depuis 1990 son mouvement s’est accéléré à environ 55 km par année. Il file actuellement vers les terres de Sibérie. Son décalage est tel que l’aérodrome de Tampa en Floride a été fermé une semaine pour refaire toutes les signalisation, les pilotes se basant sur le nord magnétique pour leur approche. Dans le même temps l’intensité de ce champ magnétique diminue.
Faut-il s’inquiéter du glissement du nord magnétique? Une inversion des pôles se prépare-t-elle et si oui à quoi faut-il s’attendre?
Le magazine Science et Avenir de mars propose un dossier sur ce risque. Mais d’abord il faut savoir que le déplacement actuel, bien qu’accéléré, ne signifie pas automatiquement qu’une inversion soit à redouter rapidement. Il semble que les inversions passées ont eu lieu progressivement, sur des milliers d’années.
Cela devrait laisser le temps aux humains de s’y préparer et d’anticiper les conséquences. Mais quelles seraient-elles si d’aventure une inversion survenait dans un délai rapide de quelques mois ou années?
Le champ magnétique est un bouclier qui protège la Terre et ses habitants contre les rayons cosmiques en provenance de la galaxie (explosions de supernovae par exemple) et des jets de plasma solaire (image 2 Nasa).
Si le pôle Nord migrait vers le sud il y aurait une période d’instabilité, avant que l’émission du champ ne se cale sur le pôle Sud. L’émergence magnétique étant un endroit peu protégé contre les rayonnements cosmiques et contre les tempêtes solaires, des régions jusque là stables deviendraient à risque. Les éruptions solaires comme celle qui a eu lieu cette semaine perturberaient la ionosphère dans des régions très habitées et sur des trajets fréquentés de transport aérien ou maritime. (L'ionosphère est une couche haute de l'atmosphère de la Terre, caractérisée par sa forte conductibilité électrique, et vitale pour les transmissions à distances: téléphones, GPS, etc). Les communications pourraient être interrompues, les avions ne pourraient plus emprunter les même routes, les satellites ne seraient plus contrôlables, les bateaux perdraient leur route.
Dans l’hémisphère sud une anomalie magnétique, signalée par une région positive alors que la polarité devrait être négative, perturbe déjà les satellites quand ils passent dans son voisinage. Les dégâts sur les satellites auraient d’importantes conséquences. Nous vivons aujourd’hui avec un large éventail de satellites qui conditionnent notre vie quotidienne. Les télécommunications bien sûr, mais aussi la météo, les GPS, l’auscultation des variations climatiques, magnétiques, géologiques de la planète, la pollution, sans parler des satellites militaires ou destinés à l’exploration de l’univers. Sans ionosphère et donc sans satellites, les pays très dépendants de l’électronique (la plupart) deviennent aveugles.
Les pannes d’électricité géantes comme au Québec en 1989 deviendraient habituelles, perturbant la vie des gens ainsi que les entreprises, les réseaux informatiques, les transports. Les pipe-lines sont protégés de la corrosion par un système électromagnétique. Lors d’orages magnétiques cette protection est inefficace. Une perturbation durable ou trop répétée du champ magnétique provoqueraient à terme des catastrophes écologiques et la rupture d’approvisionnement de régions entières du globe en gaz et pétrole.
A cause d’une diminution de la protection magnétique de la Terre, ou de vastes régions du globe, la couche d’ozone serait attaquée par des particules solaires. La couche diminuera au point de rendre la vie très problématique en différentes régions. C’est déjà le cas à Punta Arena au sud du Chili, ville de 120’000 habitants, à la verticale d’un vaste trou d’ozone. Les habitants restent confinés chez eux entre 11h et 15h. Aux autres heures de la journée les enfants doivent sortir avec de la crème solaire sans quoi ils attrapent des coups de soleil en quelques minutes. Certains chercheurs émettent l’hypothèse que Neandertal a disparu à cause de cancers de la peau dus à une baisse de la couche d’ozone dans leur régions d’habitat.
Mais rassurons-nous. Nous n’en sommes pas là. Le déplacement actuel du Nord magnétique, bien qu’accéléré, n’est pas de nature à déclencher ces catastrophes. Par contre l’idée que cela puisse survenir illustre bien la fragilité dans laquelle se trouve la technologie, présente de plus en plus dans tous les domaines d’activité humaine et dans tous les pays.
Commentaires
aie aie aie,si on perd le nord, y'a de quoi être déboussolé,on va tous courir à poil dans les près sans trouver Rome, façon Benny Hill mdrrr!!!
bizzzouxxx!!!
Bonsoir Homme Libre,
l'hypothèse disparition Néandertal-cancer de la peau me semble tout à fait tirée par les cheveux, le reste semble logique, grave mais pas dramatique. Considérant que ce changement de pôle, s'il a lieu, se fera extrêmement lentement, les solutions surgiront au fur et à mesure que les problèmes se poseront je crois...mais nous ne serons pas là pour le vérifier, snif!
Bonne soirée.
Bonsoir Colette,
L'hypothèse pour Neandertal est pourtant proposée sérieusement. Leur peau claire les aurait rendus sensibles aux UV. De plus ils vivaient alors dans les régions pouvant être affectées par un changement de la couche d'ozone. C'est toute leur immunité qui aurait été affaiblie.
J'ai aussi un doute: la dernière inversion des pôles daterait d'il y a près de 800'000 ans. Or Neandertal a disparu il y a environ 30'000 ans.
Sur l'inversion elle-même, elle fait partie des éléments anxiogènes de 2012. Il faut donc bien rappeler qu'elle est lente, si elle a lieu, et que nous aurons largement le temps de nous y adapter le temps venu.
Bonne soirée.
Bonsoir Sarah,
Ben dites donc, le déplacement du pôle vous donne des idées... Je crois que je devrais en parler plus souvent...
:-))))
Avec vous je ne vais pas perdre le nord... je vais carrément perdre la boule...
;-)))
Bizzzouxxx!!!
J'ai vraiment apprécié la lecture de vos messages. Ils sont tous bien écrit et instructif.