La campagne électorale française trottine entre Hollande qui esquive et s’expose peu, et Sarkozy qui tourne comme une toupie. Une presque routine. Une lagune calme avec un ouistiti qui court d’arbre en arbre et un flamand rose qui ne bouge pas.
Le choix se fait entre l’anti-Chirac, l’hyperactif, en plein désamour, et le neo-Chirac, l’immobile, celui qui est aimé par défaut. Mais la campagne parle-t-elle des grandes difficultés actuelles du pays? Peu, si peu. Il n’est quasiment pas question du chômage, de relance de l’économie, de fiscalité, de partage des richesses, de simplification administrative, de réduction de l’Etat pléthorique. C’est une campagne sans aucune créativité. Comme si on jouait «Petit Papa Noël» alors que le Titanic coule.
On promet d’aller chercher un peu d’argent chez les français de l’étranger, ou chez ceux qui gagnent plus d’un million. Des mesurettes qui n’apporteront que très peu d’argent supplémentaire et qui ne solutionneront en rien la situation.
Personne ne parle vraiment de la crise et de perspective d’avenir. Personne n’apporte de vision alors que l’horizon est bouché. Personne ne donne envie de se prendre en main. On prend des deux côtés les français pour des enfants. Pas d’analyse, pas de thématisation, pas d’approfondissement des enjeux. Quelques touches, et on laisse chacun inventer le reste. En réalité chacun va voter pour soi-même, c’est-à-dire pour ce qu’il met dans le non-dit des programmes des candidats.
A l’étranger on parle de déni. Les candidats, mais peut-être les français dans leur ensemble, ne parlent pas des choses qui fâchent ou qui troublent. Un peu comme un malade à qui on annonce une tumeur cancéreuse et qui dit ensuite à ses proches qu’il s’est simplement fait une bosse. Chaque candidat est piégé dans son jeu: Sarkozy largué, cassé, épuisé, sans inspiration, et Hollande qui absorbe sans broncher, qui sait que laisser pourrir le servira. Plus il est flou plus il a de chances de gagner. Le neo-Chirac en route vers l’Elysée.
Après 5 ans où la France s’est époumonnée, a grondé, s’est fâchée, a discuté comme jamais depuis longtemps, voici le retour de l’anesthésiste. Avec recul, j’imagine que dans quelques années on regrettera peut-être l’effervescence des années Sarkozy, à défaut d’approuver son action.
Il a forcé à se redéfinir, et les réactions à sa politique ont montré que le pays est en panne intellectuellement. On a entendu quelques couplets rabâchés sur le racisme, sur la xénophobie, quelques indignations de circonstance, mais pas ou si peu de vraie analyse et de nouvelles propositions pour moderniser et le pays et sa pensée. Le marasme est partout. Un marais barométrique comme disent les météorologues.
C’est probablement la plus terrible révélation du sarkozysme: la panne intellectuelle française, qui est au niveau de l’insulte (il n’y a qu’à voir les blogs), du déni, de la resucée de vieilles théories inadaptées, d’indignations trop peu étayées. Que l’on critique Nicolas Sarkozy est normal: on peut juger négativement son bilan, refuser son orientation politique, tâcler ses méthodes. Après tout on ne préside pas un pays sans être surexposé - et chez lui, surexposé est encore un euphémisme.
Mais Je me demande ce qu’il y a de plus, de non politique, de fantasmatique, d’irrationnel dans la détestation de Nicolas Sarkozy au point parfois de l’avoir vu traité de Hitler - ce qui est totalement absurde. C’est peut-être cela qui fait si mal avec Sarkozy: il révèle, même inconsciemment, par sa manière d’être, la panne intellectuelle et l’impossibilité de changer les codes rigides de la France actuelle. Même quand Hollande dit que la tradition de la République est qu’il n’y ait qu’un seul débat entre les deux tours, il fait preuve d’un conservatisme crasse. Aucune audace. Giscard d’Estaing était un conceptuel qui a été élu à une époque où la France bouillonnait intellectuellement. Il était le miroir de ce bouillonnement. Sarkozy est le miroir de la sclérose intellectuelle. La répétition des poncifs ne fait d’adeptes que ceux qui sont déjà convaincus.
Si la France avait pris en main certains thèmes problématiques, comme la sécurité - et prendre en main n’est pas seulement augmenter les peines de prison - elle serait aujourd’hui plus paisible. Entre la gauche qui ne voulait pas y toucher, et la droite qui ne traite qu’en bout de chaîne (la réponse pénale) sans traiter les causes, les problèmes se perpétuent. Au lieu de cela les politiciens instrumentalisent ou nient.
La France ne regarde plus le monde en face. Elle pense trop peu et rabâche des schémas stéréotypés. Elle campe dans le déni, attitude qui n’est pas exclusive à la France mais qui semble y avoir trouvé un terrain très propice.
Voici ce qu’en dit The Economist et ce que commentent quelques français:
Commentaires
mdrrr Homme Libre, Sarkozy le ouistiti bien trouvé!!!
dsl, c'est trop tentant:
http://penseescritiques.files.wordpress.com/2010/06/abou-2plumes.jpg?w=700
il renifle Marine mdrrr!!!
bizzzouxxx!!!
Ah Sarah, je ne sais pas où vous trouvez à chaque fois des liens si opportuns!!!! MDR!!!!
Merci, cela me fait du bien de vous lire!
Bizzzouxxx XXL !!!