Le 17 juin on votera pour ou contre la nouvelle prison à environ 67 millions de francs. Pourtant rien n’a été débattu. Aucun projet n’est disponible, aucune étude sur le principe et le lieu: la zone de l’aéroport. La seule trace disponible à ce sujet est la proposition de motion M 1958 déposée le 28 mai 2010 par un groupe de députés radicaux demandant la création provisoire de 250 places de détention administrative en agrandissement du centre de Frambois.
Il faut noter qu’Olivier Jornot, qui avait soutenu ce texte, estime par ailleurs que la détention administrative n’est pas réellement efficace en l’absence d’accord de réadmission avec le pays d’origine (encore faut-il que le détenu s’identifie formellement). La motion a été votée par le Grand Conseil genevois le 1er septembre 2011. Cette proposition radicale des conteneurs-prison a été reprise par M. Stauffer qui suggère de les mettre sur la zone de l’aéroport. Ce qui suppose donc de construire une nouvelle prison.
A Frambois on passerait de 20 à 250 places. Ce qui est un saut considérable. Il ne suffit pas «d’empiler» des conteneurs, il faut l’infrastructure sanitaire, l’intendance, les soins, la surveillance, c’est-à-dire un gros investissement. Dans une prison existante donc sans créer de toutes pièces une nouvelle prison, l’expérience néo-zélandaise de Rimutaka a coûté 3,123 millions de CHF pour 60 lits en conteneurs, un prix relativement bas (52‘000 CHF par lit). Si le site doit être entièrement créé le coût est multiplié.
Dans la proposition Stauffer c’est bien d’une nouvelle prison qu’il s’agit. On ne peut installer 250 conteneurs-prisons sur l'aéroport comme ça, au hasard, sans sanitaires, sans gardiens ni surveillance, et sous les yeux de millions de touristes qui décollent et atterrissent à Genève. Il faudra donc construire tous les aménagements d’une prison sur l’aéroport comme je le détaillais ici.
En effet 250 conteneurs-prison ne s’entreposent pas comme des pièces de Lego dans un coin d’une chambre d’enfant. Aucun chiffrage n’accompagne cette proposition. L’image 1 montre une implantation de conteneurs en Grèce, le camp Amygdaleza, pour des requérants d’asile. Le nombre de conteneurs à Genève représenterait au moins le double de ce que l’on voit ici. L’image 2 représente un dessin d’une petite implantation de conteneurs prisons. Les unités de gardiennage, de surveillance, d’administration, d’intendance ne sont pas représentés ici.
Donc la proposition Stauffer engagera Genève à dépenser environ 67 millions pour une nouvelle prison, sur une partie de l’aéroport à réaffecter, puis à engager ensuite des dépenses annuelles de 63 millions de francs annuels pour assurer la surveillance et la maintenance (350 CHF de coût journalier d’un détenu multiplié - ou 280 CHF à Frambois - par environ 500 détenus comme le candidat le suggère). Tout cela sans même que le projet de nouvelle prison ait été discuté par les députés et accepté. Et sans garantie de résultat, c'est-à-dire de départ définitif du délinquant. A ce prix la prime au départ de 4‘000 CHF mérite d’être examinée. Si les 500 délinquants visés la recevaient, cela ne coûterait que 2 millions aux citoyens. A réfléchir.
A part cela, c'est quand-même bien pratique que les méchants soient si reconnaissables.
Crédits: Adelaïdenow, Disney, Stauffer.
Commentaires
Tous ces criminels ( si on avait des couilles ), on les mettrait dans un avion et on les jetterait dans le vide au dessus de leur pays d'origine avec un parachute ouvert.
Il faut se débarrasser comme on peut des criminels que leurs pays d'origine (Algérie) n'accepte pas de reprendre.
Heureusement qu'elles vous font défaut, Victor...
Décidément notre Victor national n'est pas au bon endroit ni à la bonne époque ! Moi, je l'aurais bien vu au Chili, à partir du 11 septembre 1973, je pense qu'il aurait pu briguer un poste carrément sympatoche dans la fonction publique.
Et qui a dit qu'on ne peut pas combiner les deux? les conteneurs plus la prime au départ (qui ne concerne de toute manière, si j'ai bien compris, qu'un nombre limité de clandestins). Ces conteneurs auraient le mérite d'éviter de libérer sur le champ, faute de place, tous les multirécidivistes qui sont arrêtés par la police, de les mettre de ce fait hors d'état de nuire pour une certaine période. Ce serait toujours ça de gagné. Et cela éviterait: 1) le sentiment d'impunité totale de cette population; 2) le découragement des policiers devant un travail de Sisyphe.
Donc un indice de plus, Djinus, vous êtes totalement gauchiste, tendance anarchiste, vous aimez les criminels.
@Monsieur Winteregg,
Votre analyse est un peu rapide, vu de l'extérieur. Mais est-ce réellement une analyse ?
Certes, djinus fait un parallèle désagréable entre les pratiques de certaines dictatures sud-américaines de droite(sans parachute) et votre idée couillue (avec parachute). C'est certainement injuste et exagéré.
Votre interprétation du positionnement politique et affectif de la personne qui écrit sous le pseudo "djinus" me semble également du genre excessif !
Comme l'histoire des parachutes, d'ailleurs. Vous savez bien que les relations internationales se gèrent avec d'autres parties du corps que celles par vous évoquées.
Est-ce que vous vous attendiez à des commentaires enthousiastes allant dans votre sens ? :-)))
@ In Vino Veritas:
Je découvre que ce sont initialement les radicaux qui ont proposé l'aéroport! En effet j'ai trouvé ceci:
"Le Concordat est acquis à la cause de l'agrandissement de Frambois", a rappelé Isabel Rochat. La motion radicale prévoit d'installer des conteneurs en bout de piste de l'aéroport ou dans la zone industrielle voisine."
http://www.rts.ch/info/suisse/3367362-plus-de-patrouilles-policieres-a-geneve.html
Mais alors pourquoi n'en réclament-ils pas la paternité? Et pourquoi eux non plus n'ont-ils pas tenté la moindre évaluation du coût?
La prime est en effet limitée à un certain nombre de délinquants. De plus elle n'est pas un système contraignant: elle marche sur un volontariat. Ce qui en limite la portée, en effet.
Le problème des conteneurs est le coût d'installation et d'exploitation. Et le lieu proposé. Mais l'avantage est que le système n'a pas besoin de se fonder sur un volontariat.
Quoi qu'il en soit, à 250 places comme le proposent les radicaux, ou à 500 et plus comme le propose M. Stauffer, l'idée des conteneurs en tel nombre suppose une nouvelle infrastructure. On se trouve devant un projet de nouveau centre de rétention. Pour comparaison Champ-Dollon a été construite pour 270 places.
Si l'on peut admettre qu'il y a un peu moins de contraintes pour un centre de rétention administrative que pour une prison - ce qui fait baisser un peu le coût journalier du détenu - l'infrastructure nécessaire devra être réalisée. Si l'on ajoute qu'avec 20 résidents Frambois a connu des émeutes, qu'en sera-t-il avec 250 ou 500?
Je comprends bien l'exaspération qu'il y a à voir des délinquants laissés en plein air et recommencer indéfiniment. Mais les 250 ou 500 places en conteneurs ne seront pas une solution rapide, ni bon marché.
@ Calendula
Entre Djinus (anciennement Djinius) et moi il y a une histoire vieille d'environ 5 ans.
Nous nous envoyons régulièrement des piques ...
OK, Victor Winteregg, je comprends mieux
J'avais bien écrit "vu de l'extérieur" et il y avait donc un intérieur.
Votre complicité piquante est donc plutôt marrante et les parachutes étaient à prendre au deuxième degré, dès le départ, comme je le pensais.
Certes je comprends vos réserves quant au coût du projet, et quant à son efficacité relative. Mais laissez-moi juste ajouter deux choses:
1) les projets qu'on ne se décide pas à réaliser en temps et heure finissent par coûter très cher, surtout lorsque l'on se retrouve contraints de rattraper les retards accumulés, mis dos au mur par une situation de crise. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'on ne doit plus les faire. Ainsi du CEVA, qu'on aurait dû construire il y a cent ans, mais qui va nous coûter bonbon aujourd'hui, car toujours nécessaire mais plus suffisant vu l'explosion du trafic pendulaire.
Nous manquons de places de rétention, tout comme de places de prison à Champ-Dollon, puisque l'augmentation de la criminalité n'a pas été anticipée. Pourtant, il faudra bien faire quelque chose un jour, et comme une bonne partie de la population en a plus qu'assez, il y a des chances pour que Stauffer impose à terme sa solution, faute d'alternatives.
2) Bien sûr, une bonne partie des détenus administratifs seront relâchés à terme, en l'absence d'accords de réadmission, voire même à défaut d'avoir pu les rattacher formellement à telle nationalité. Néanmoins, le fait de pouvoir les neutraliser pendant une certaine durée, le maximum que la loi nous permette (je ne sais pas combien de temps ça ferait, mais sûrement plus qu'une après-midi), constituerait une forme de harcèlement plus ou moins dissuasif, qui rendrait notre ville un peu moins attractive pour cette forme de petite criminalité.
Alors, si vous voyez d'autres solutions, moins coûteuses et plus efficaces, je suis preneur. Mais dans le cas contraire, je ne vois pas de raison ne pas tenter "la prison à 67 millions", comme vous la nommez. Comparé au coût du CEVA (puisque j'en ai parlé plus haut), 67 millions c'est une paille!
@In Vino Veritas,
Si je vous ai bien compris, vous pensez qu'on va avoir besoin ET du plan Maghreb ET de la nouvelle prison. Je le pense également.
Champ-Dollon est scandaleusement surpeuplée et on est vraiment au pied du mur.
Le plan Maghreb est une des solutions imaginées pour résoudre une certaine partie d'un problème plus vaste.
La levée de boucliers contre ce plan fait qu'on ne s'occupe pas du dossier le plus douloureux : le surpeuplement carcéral et la manque de place et de moyens pour faire face à la nouvelle criminalité.
Ca coûtera de toute façon cher au contribuable. C'est pour cela qu'il faudrait construire quelque chose de mieux que des containers à l'aéroport.
J'ai bien compris qu'il y a urgence, mais est-ce une raison pour faire du provisoire mal fichu qui durera, comme toujours, au-delà du temps prévu ? (Dans un tout autre registre : j'ai fréquenté les anciens bâtiments de la Gradelle, puis ceux de la place Sturm, en tant que collégienne...).
N'y a-t-il vraiment aucune autre solution que des containers à l'aéroport ?
Peut-être que le plan Maghreb est une mauvaise idée, mais il a le mérite de sortir des schémas figés et on pourrait au moins l'essayer, sans faire un scandale. S'il permet d'éloigner un certain nombre de personnes, le risque vaut la peine d'être pris.
Les millions exigés par la construction d'une nouvelle prison s'ajoutent à un budget qui est déjà bien serré, justement à cause du CEVA, mais avons-nous vraiment le choix ?
Youri:
Je suis content de vous voir toujours là!
@ In Vino Veritas:
Ce qui m'étonne le plus est que cette idée soit jetée comme ça tant par les radicaux que par Eric Stauffer, sans étude, comme si c'était simple genre Yaka, alors qu'à l'évidence c'est un gros projet. Pareil pour la proposition de fermer les petite douanes la nuit. D'abord c'est du ressort de la confédération et non du canton, ensuite ce serait inutile sans en même temps la présence de garde-frontières volants, d'autant que les petits chemins hors douanes sont nombreux. Rien qui puisse être appliqué rapidement.
Je conviens volontiers qu'il n'y a pas beaucoup de solutions. On ne peut pas ramener les délinquants à la frontière ou l'aéroport d'un pays dont on ne sait pas s'ils sont issus.
On n'explore cependant pas assez une des pistes qui diminuerait déjà le nombre de délinquants: la légalisation du cannabis. Je me suis déjà exprimé favorablement sur ce sujet. Je sais qu'il n'emporte de loin pas l'adhésion des suisses et suissesses mais ce serait pourtant une décision rationnelle. Le trafic serait rapidement tari, tout en rapportant de l'argent à l'Etat pour des campagnes de prévention et des prises en charge des addictions. On laisse l'alcool et le tabac en vente libre. Si on les interdisait la contrebande serait florissante. Dans les pays qui expérimentent la légalisation la consommation n'augmente pas.
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2010/09/14/drogues-la-guerre-perdue-de-la-prohibition.html
Nous savons tous que les addictions ne sont pas bonnes pour la santé. Mais nous savons aussi qu'elles accompagnent les sociétés, et au final c'est à l'individu de décider de sa vie.
Cette suggestion ne touche cependant pas tous les délits.
Utiliser les deux approches, soit la prime au départ et la rétention, oui. Mais j'insiste sur le point qu'un centre de rétention est coûteux, qu'il n'est pas une garantie de résultats, et qu'au fond il met ensemble des délinquants et non simplement des requérants d'asile comme à Frambois. Je crois que ceux qui ont proposé initialement les conteneurs sur l'aéroport n'ont pas plus que M. Stauffer pris la mesure de l'importance de l'installation. Je trouve qu'il y a une grande légèreté dans cette proposition. Je veux bien être convaincu du contraire mais personne ne chiffre le projet et n'envisage l'ensemble des installations à réaliser. J'ai vu qu'un appel d'offre a été lancé en mars pour semble-t-il l'agrandissement de Frambois mais je n'ai pas pu obtenir le cahier des charges.
On peut aussi redurcir le code pénal et supprimer les jours-amendes. Il faudra de toutes façons construire au moins une nouvelle prison assez grande.
Ce qu'il me semble est qu'il n'y aura pas de réponse rapide à l'efficacité sûre.