Trois grosses poires à l’envers. Trois grosses poires posées sur la queue, sur la mer. Ça ne se trouve pas partout. Il faut le bon endroit. Et de bonnes conditions. Ah, les conditions...

«Je t’aimerai sans conditions», dit l’amoureux à l’amoureuse. «Et l’aspirateur?» lui demande-t-elle. L’aspirateur? L'aspirateur... La tête basse il repart sans rien dire. Avant qu’il ait disparu elle court: «Ne pars pas, je me moque bien de l’aspirateur!» Elle ouvre grands ses bras. Il s’arrête. Se retourne. La regarde avec cet étrange expression dubitative que l’on voit parfois sur le visage de certains amoureux.

«Pourquoi as-tu cette étrange expression dubitative que l’on voit parfois sur le visage de certains amoureux?» lui demande-t-elle. «Et le balai?» lui répond-il.


Trois poires sur la mer. Ce n’est pas du Satie. On l’entend bien. Satie c’est du piano. Là ce n’est pas du piano.

Trois poires sur la mer. Le long, le long, le long des golfes ☇ pas très clairs. Trois poires, ou trois Mongols fiers. Des ballons à air chaud. Enfin, cela y ressemble. 

C’est à San Diego. Libre dans sa tête. Derrière sa fenêtre.

Ce n’est pas la lutte finale, c’est la fête nationale. Indépendance Day. 4th of July. Fourse offe Julie.

C’est l’été en Californie. L’été toutes les folies sont permises.

Enfin celle-ci n’était pas vraiment voulue.

Derrière, la ville. Devant, l’océan. Le Pacifique. Au milieu, le port. Dans le port, un feu d’artifice. Prévu pour 18 minutes. 18 minutes!

Sauf que... Sauf que, problème technique: tout explose en même temps. En 25 secondes. 25 secondes d’une intensité rare: toutes les hauteurs, toutes les couleurs et toutes les sortes de feu mélangées.

25 secondes, et plus rien.

Ils auraient dû regarder d’abord Agence Tous Risques: «J’aime quand un plan se déroule sans accroc!».





Erik Satie, «Trois morceaux en forme de poire» (extrait):