Chacun voit le monde et le raconte à sa manière. L’objectivité est relative aux yeux et à la pensée de l’observateur. D’accord. On espère toutefois, dans un monde où la représentation des faits joue un rôle aussi important que les faits eux-mêmes, que les sources d’information soient assez fiables pour oser des développements ou prendre quelque position.
En ce sens la presse devrait être un outil de réelle information. Les journalistes sont payés pour faire ce travail sur l’information. On attend d’eux qu’ils cherchent, creusent, déshabillent l’info brute pour en souligner toute la morphologie.
Je reviens sur mon billet d’il y a deux jours et sur le supposé écart salarial entre femmes et hommes à l’Etat de Vaud. C’est un cas d’école qui mérite d’être complété et détaillé. On est ici clairement devant un travail d’information qui n’a soit pas été fait, soit a été bâclé, soit est délibérément confus dans un but qu’il reste à éclaircir. Pour mémoire l’article de Justin Favrod, dont je parle dans mon billet, mentionnait sans analyse une étude selon laquelle il y aurait un écart salarial dans l’administration, en défaveur des femmes.
La notion d’écart salarial est comprise dans le public comme une différence entre deux personnes de même niveau et ancienneté, au même poste, mais n’ayant pas le même salaire. D’où le slogan connu: «A travail égal, salaire égal». D’où également la journée annuelle de revendication: «Equal pay day». L’écart salarial signifie initialement que les hommes et les femmes ne sont pas payés à l’identique pour un même poste, au même niveau de formation, de compétence et d’ancienneté.
D’ailleurs certains commentaires qui figurent sous l’article montrent clairement le sens que le public donne à cette expression:
«Je suis pour que dans l'administration cela soit à travail égal, salaire égal! Au niveau des cadres il faut rééquilibrer les salaires en baissant celui des hommes, afin qu'il soit à flot avec celui des femmes!»
«D'accord à travail salaire égal...»
Au point même où un homme en vient à dénigrer les hommes en général: «Pourtant les femmes se comportent peut-être statistiquement de façon plus responsable que les hommes ... à creuser ! rien qu'à voir ce qui se passe dans le monde.» Le but est atteint: Les femmes sont victimes et les hommes exploiteurs, profiteurs ou irresponsables. Bravo le stéréotype!
L’auteur de l’article connaît très bien ce qu’est un écart salarial puisqu’il précise: «Théoriquement et légalement, à poste et expérience identiques dans l’administration hommes et femmes gagnent le même salaire.» Enfin la photo qui illustre l’article (image 1, cliquer pour agrandir) montre une jeune femme tenant en main un tract où il est écrit: «Les femmes cadres gagnent 30% de moins». (Tiens, maintenant c'est 30%. Quelle inflation gallopante!...).
La notion d’écart salarial signifie donc bien: différence de salaire entre deux personnes au même poste, à même compétence et ancienneté. Et l’on sait que l’Etat de Vaud paie ses employés selon une grille formée de 18 échelons. Il ne peut y avoir de différence dans un échelon, que l’on soit homme ou femme. «Les femmes cadres gagnent 30% de moins»? Mensonge.
Il se passe que cette notion d’écart salarial a été étendue. En réalité il n’est pas question d’écart salarial, soit de différence des salaires (notion individuelle) dans un même poste, mais de la moyenne des revenus globaux tous secteurs, postes et niveaux confondus. Cela veut simplement dire qu’il y a plus de femmes dans des postes ou des professions qui gagnent moins. C’est donc un tout autre problème que l’écart salarial.
Alors pourquoi utiliser l’expression «écart salarial» pour désigner deux choses différentes? C’est une astuce rhétorique pour induire une désinformation. Le journaliste montre qu’il sait ce dont on parle à propos d’écart salarial, mais maintient une confusion qui fausse la représentation que le public se fait de la réalité. C’est un enfumage. Je pense que c’est délibéré puisque 24heures n’a pas publié le commentaire que j’ai posté pour corriger cette info et pointant vers mon billet.
Les raisons de cette confusion me sont inconnues. Ne disposant pas d’éléments à ce sujet je m’abstiens de tout procès d’intention. Toutefois prétendre, comme sur l'image 3, que les femmes sont comme les hommes - mais seulement moins chères, est malveillant et mensonger. Le féminisme politique pratique bien une intoxication de masse.
Par contre je maintiens les questions que je posais dans mon précédent billet sur ce sujet:
L’étude précise que les femmes représentent 63,9% des fonctionnaires. 2/3 de femmes, 1/3 d'hommes. Deux questions dès lors:
- s’il y a globalement plus de femmes que d’hommes dans l'administration, il est très probable qu’il y en ait davantage dans les postes moins rémunérés; quelle incidence ce fait a-t-il sur la moyenne des salaires?
- pourquoi l’Etat de Vaud engage-t-il plus de femmes que d’hommes, dans une activité professionnelle plus sécurisée que dans le privé? Y a-t-il une discrimination à l’embauche? Laisse-t-on délibérément les activités du secteur privé, plus précaires, pour les hommes?
Commentaires
il suffirait peut-être de diminuer le nombre de femmes cadres,leur nombre semble écraser les hommes .N'oublions pas qu'un homme quittant son foyer n'a peut-être pas très envie de se retrouver nez à nez avec une femme pour peu qu'elle soit aussi en pré-ménopause/qui peut débuter dés 36 ans/ comme son épouse,bonjour l'ambiance !
et l'emfumage c'est fait pour ça
http://www.wk-rh.fr/actualites/detail/38180/pole-emploi-s-engage-pour-l-egalite-hf.html
"Afin de supprimer les écarts injustifiés de rémunération entre les hommes et les femmes, Pôle emploi définit une méthode visant « à comparer, toutes choses égales par ailleurs, la différence de salaire ». En pratique, la mesure d’appréciation de l’égalité professionnelle s’effectuera en comparant le salaire des femmes avec le salaire médian des hommes à même fonction, même emploi générique ou repère, même tranche d’âge et même tranche d’ancienneté, calculée sur des effectifs significatifs. Ces éléments seront fournis après la signature de l’accord aux commissions égalité professionnelle.
"Afin de supprimer les écarts injustifiés de rémunération entre les hommes et les femmes"
il faudrait déjà prouver que ces écarts injustifiés existent bel et bien.
Par la suite, un rapport de situation comparée régional et national leur sera adressé annuellement. Lorsqu’un écart résiduel d’au moins 5 % aura été constaté par la direction générale adjointe des RH, un examen sera réalisé par la DRH de l’établissement. À l’issue de cet examen, une mesure d’ajustement de salaire à effet du 1er janvier 2011 sera mise en œuvre en juillet 2011. Elle sera définie pour les salariées concernées, sans rétroactivité au titre des périodes antérieures au 1er janvier 2011. Cette mesure, précise l’accord, prend la forme, selon la situation de l’agent, d’un, voire deux échelons supplémentaires, dans la limite du nombre d’échelons restant à atteindre dans son niveau de qualification."
si je comprends pour les femmes concernées c'est plus la peine quelles prouvent quelque chose au travail, le salaire et les échelonts vonts arriver tout seuls.
il y en a qui réfléchissent un peu.
"nico chicago
Le probleme de ces etudes sur la comparaison du salaire des femmes et des hommes est qu'il part du principe que a niveau d'etude et/ou experience equivalent on doit avoir le meme salaire. Ce postulat de base qui semble etre utilise est totalement faux et absurde.
Il est bien evident que en ayant un bac plus 5 d'ecole d'ingenieur et en travaillant dans la finance on va gagner beaucoup plus qu'une personne avec 5 ans d'etudes dans une fonction RH ou marketing.
Les femmes s'orientent plus vers des fonctions moins remuneratrices. Cet element explique une grande partie de l'ecart de remuneration"
http://plus.lefigaro.fr/article/les-salaires-des-femmes-sont-19-moins-eleves-20100811-261308/commentaires?page=2
il y a qui ne voit pas d'exemples dans leur entreprises.
moi-meme
je ne le crois pas. Je travaille avec plein de femmes et elle touchent le meme salaire. Ceux qui ont une anciennete superieure gagnent plus que moi.
Concernant la diplomation...le milieu educatif favorise les filles: plus d'aide a la reussite scolaire, plus de mesures pour combatre le decrochage, plus d'aide psychologique, plus de comprehension de la part des profs. Regardez les chifres de decrochage scolaire...
Le 11/08/2010 à 20:01 Alerter
en réalité on peut intérroger qui on veut, personne n'a d'exemple concret et fiable à fournir, sur cette soi-disant importante discrimination, moi j'ai constaté la même chose que le monsieur ci-dessus.
des femmes en BE même diplome, même échelon qui est annexé au diplôme, même nombre d'années de présence, même salaire.
"En pratique, la mesure d’appréciation de l’égalité professionnelle s’effectuera en comparant le salaire des femmes avec le salaire médian des hommes à même fonction, même emploi générique ou repère, même tranche d’âge et même tranche d’ancienneté, calculée sur des effectifs significatifs. Ces éléments seront fournis après la signature de l’accord aux commissions égalité professionnelle.
Par la suite, un rapport de situation comparée régional et national leur sera adressé annuellement. Lorsqu’un écart résiduel d’au moins 5 % aura été constaté par la direction générale adjointe des RH, un examen sera réalisé par la DRH de l’établissement. À l’issue de cet examen, une mesure d’ajustement de salaire à effet du 1er janvier 2011 sera mise en œuvre en juillet 2011. Elle sera définie pour les salariées concernées, sans rétroactivité au titre des périodes antérieures au 1er janvier 2011. Cette mesure, précise l’accord, prend la forme, selon la situation de l’agent, d’un, voire deux échelons supplémentaires, dans la limite du nombre d’échelons restant à atteindre dans son niveau de qualification."
et pour les hommes qui onts un écart de plus de 5% rien n'est prévu !!!
"un examen sera réalisé par la DRH de l’établissement." un examen qui consiste en quoi, et la drh , pourquoi pas le drh.
et la on a droit à la théorie "GENDER" de la part de louis maurin diecteur de l'observatoire des inégalités.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1611&id_mot=27
"Justement, quelle est l’influence sur le monde du travail des différences d’éducation entre les sexes ? Est-ce que cela engendre une forme de reproduction ?
Cela commence à l’école maternelle. Au moment de l’arrivée dans la carrière, il est déjà beaucoup trop tard. Suivant le sexe des enfants, on les éduque avec des représentations différentes de la société. Cela tient à la structure sexuée de la société, inscrite en profondeur - il est logique que cela ne change pas du jour au lendemain, d’autant que les acteurs eux-mêmes reproduisent les schémas : si je veux offrir une poupée à mon fils et des Lego à ma fille, ils risquent de ne pas apprécier, donc j’anticipe et je ne leur offre pas ces jouets-là... et je produis de la reproduction. En même temps, il est frappant qu’il y ait si peu d’efforts des politiques publiques pour contrecarrer cela."
il prône l'indifférenciation hommes femmes "égalia" quoi.
avec tous les dégats que ça peut engendrer.
http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2011/06/29/suede-egalia-un-pas-vers-la-folie.html
pourquoi mettre en place ce type de lois.
""En pratique, la mesure d’appréciation de l’égalité professionnelle s’effectuera en comparant le salaire des femmes avec le salaire médian des hommes à même fonction, même emploi générique ou repère, même tranche d’âge et même tranche d’ancienneté, calculée sur des effectifs significatifs. Ces éléments seront fournis après la signature de l’accord aux commissions égalité professionnelle.
Par la suite, un rapport de situation comparée régional et national leur sera adressé annuellement. Lorsqu’un écart résiduel d’au moins 5 % aura été constaté par la direction générale adjointe des RH, un examen sera réalisé par la DRH de l’établissement. À l’issue de cet examen, une mesure d’ajustement de salaire à effet du 1er janvier 2011 sera mise en œuvre en juillet 2011. Elle sera définie pour les salariées concernées, sans rétroactivité au titre des périodes antérieures au 1er janvier 2011. Cette mesure, précise l’accord, prend la forme, selon la situation de l’agent, d’un, voire deux échelons supplémentaires, dans la limite du nombre d’échelons restant à atteindre dans son niveau de qualification."
alors que visiblement le probléme n'est pas là
""Le problème de fond
n’est manifestement pas dans la discrimination
salariale au sens strict, qui pèse relativement
peu face aux facteurs structurels de l’écart ; son
élimination totale laisserait, toutes choses égales
par ailleurs, un écart de 19 %. Peut-on dire
alors que l’explication vaut raison, et que la discrimination
à l’encontre des femmes n’est pas
un problème sur le marché du travail ? Ce serait négliger que les sources les plus importantes de
l’inégalité constatée sont liées à des phénomènes
de ségrégation, eux-mêmes largement issus
de normes sociales et de leur traduction dans
le partage des tâches domestiques et familiales
entre les femmes et les hommes"
Dominique Meurs* et Sophie Ponthieux* *
chercheuse à l'INSEE