Ce matin un banc de brume septembruaire était posé sur Annemasse. Le soleil montant lui faisait des tuyaux d’orgue avec ses rayons, ou des pieds de travers, en éventail. L’air était presque frais.
On est en août. Août qui donne une dernière fois la mesure de l’été dans un cri brûlant. Août dont la rondeur généreuse va encore rouler sur l’Europe. Un grand ballon mou d’air chaud remonte d’Afrique. Il est déjà sur l’Espagne et le pays basque. Il caresse les Landes jusqu’à la Vendée. 38° près de Bordeaux. 34° à Carpentras. Genève est encore dans une bulle respirable avec 24° seulement.
Mais cela vient. Le grand ballon mou est entraîné, comme avalé par le grand aspirateur stratosphérique formé de Xenja (encore elle) à l’ouest et l’anticyclone Achim centré sur la Belgique.
L’air chaud du sud est aspiré. Irrésistiblement.
Et le ciel! Superbe! Et la lumière! Ivresse! Une gueule de bois dans les rétines.
Vite, vite, il faut s’en mettre plein les yeux. Se gaver de lumière hors de toute mesure. L’emmagasiner dans nos mémoires. La garder dans la peau. C’est le dernier grand cri de l’été. Dans deux semaines la lumière aura changé, l’air aussi. Les belles journées de septembre parleront d'autre chose.
Alors faisons comme si de rien n’était. Vite, profitons goulument de ce soleil, de cette chaleur. Plongeons dans l’été comme si c’était encore la juilletterie. Rien ne bouge. Rien ne change.
Rien que le soleil, le ciel et la chaleur vibrante.
L’été aoûteux.
L’été qui lâche tout ce qui lui reste de bonheur.