Un astéroïde de quelques dizaines de mètres de diamètre pourrait rayer une grande ville de la carte du monde et provoquer la mort de millions de personnes. Ce n’est pas la fin des dinosaures ni un changement climatique mais c’est considérable.
Il suffit de se rappeler la chute et l’explosion dans l’atmosphère d’un corps céleste dans la Toungouska en Sibérie, le 30 juin 1908, pour constater la réalité du risque: l’explosion a détruit une région de forêt de 40 km de diamètre. Soit l’équivalent de plusieurs centaines de bombes d’Hiroshima.
En 1994 la collision des morceaux de la comète Shoemaker-Lévy avec Jupiter a fait prendre conscience au monde scientifique et politique du danger pour les humains. En juillet 2009 un autre objet s’est écrasé sur Jupiter. Même si depuis les débuts de l’histoire connue aucune autre collision grave n’est à signaler sur Terre, le risque existe potentiellement.
Des télescopes sont déjà à l’affut des astéroïdes, ces débris de la formation du système solaire, mais ils ne suffisent pas à la tâche. En 2000 le congrès américain a demandé à la Nasa une étude sur les astéroïdes géocroiseurs - qui sont à proximité de la Terre - de plus de 1 km de diamètre. Une nouvelle demande a été faite en 2010 de recenser les géocroiseurs de plus de 140 mètres de diamètre. Pour cela il faut un système d’observation dédié. Une fondation privée, la fondation B612 (du nom de l’astéroïde du Petit Prince) s’est engagée sur le projet et envisage le lancement d’un nouveau télescope spatial pour 2017 ou 2018.
Il s’agit d’un satellite doté d’un télescope à infrarouge. Il sera envoyé sur une orbite proche de celle de Vénus et, dos au soleil, il photographiera en permanence la région de l’orbite terrestre. En infrarouge beaucoup d’étoiles ne seront pas visibles. Par contre les astéroïdes lui renverront la lumière du soleil et il en décèlera la chaleur sur fond de ciel froid. A chaque tour de soleil, pendant cinq ans, il notera les objets qui ont bougé et enverra ses clichés sur Terre pour être analysés. On connaîtra assez précisément le nombre d’astéroïdes de plus de 140 mètres (il y en aurait 26’000 dans l’environnement de la Terre!), leur grosseur et leur trajectoire.
Il sera plus facile alors d’anticiper sur le risque et de tenter d’éviter une collision éventuelle.
La fondation privée doit encore réunir des fonds pour ce projet Sentinel, soit plusieurs centaines de millions de dollars. Cette fondation a déjà signé un accord de coopération avec la Nasa pour services réciproques, soit l’usage d’antennes de la Nasa par le télescope Sentinel, et la mise à disposition des images qu’il prendra après.
Les astéroïdes représentent également un autre intérêt pour les humains: ils sont riches en matériaux rares qui pourraient un jour être exploités. La mission Osiris Rex de la Nasa, vers l’astéroïde 1999 RQ36, devrait rapporter en 2023 un échantillon d’astéroïde de 60 grammes. Soit beaucoup plus que la sonde japonaise Hayabusa. Une mission habitée est aussi évoquée pour la prochaine décennie. Enfin la mission européenne Don Quijote prévoit de tenter de percuter un astéroïde pour en dévier la trajectoire. J’y reviendrai.
Image 1: Université de Hawaï. 2: Fondation B612.
Sur la vidéo ci-dessous on voit année après année le nombre d’astéroïdes découverts, jusqu’en 2010, où l’on constate que la Terre est entourée de manière très proche d’une sorte de petit nuage de ces corps célèstes.
Commentaires
De belles frayeurs , il y en a plus régulièrement qu'on ne le dit , ça ne fait bizarrement pas les gros titres.
Deux exemples récents.
http://phys.org/news69155101.html
ou bien
http://en.wikipedia.org/wiki/2008_TC3
On peut aussi citer l'explosion de 10 Kilotonnes au dessus de Lugo en Italie , ou un autre en 2002 au dessus de la Méditerranée ayant explosé encore plus puissamment.
Là aussi ce sont des désintégrations relativement faibles dans l'atmosphère , souvent en milieux déserts , mais quand même...
Je suppose que ça n'interesse pas beaucoup les gens de savoir si leur quartier ou leur ville ont failli être dévastés.
Savoir détecter les astéroïdes susceptibles de venir s'écraser sur notre bonne vieille Terre est de toute évidence un projet intéressant.
Une fois ces détections réalisées, encore faut-il avoir les moyens de dévier les objets de leur trajectoire dévastatrice. Et pour l'instant, le solutions éventuellement envisagées ne sont pas aussi rassurantes qu'on voudrait parfois nous le faire croire.
En conclusion, faire de la prévention c'est bien, faire de la détection précoce, ce n'est pas mal non plus. Il faut cependant vivement encourager les scientifiques à trouver rapidement des solutions capables de nous éviter le pire.
Savoir détecter les astéroïdes susceptibles de venir s'écraser sur notre bonne vieille Terre est de toute évidence un projet intéressant.
Une fois ces détections réalisées, encore faut-il avoir les moyens de dévier les objets de leur trajectoire dévastatrice. Et pour l'instant, le solutions éventuellement envisagées ne sont pas aussi rassurantes qu'on voudrait parfois nous le faire croire.
En conclusion, faire de la prévention c'est bien, faire de la détection précoce, ce n'est pas mal non plus. Il faut cependant vivement encourager les scientifiques à trouver rapidement des solutions capables de nous éviter le pire.
@ Nemotyrannus:
Je découvre celle de Norvège. Bigre!... De quoi faire un gros trou.
Pour le désintérêt de voir son quartier en bouillie, est-ce une fatalité - on n'y peut rien? Ou est-ce un risque trop ténu? De manière générale je trouve que l'on n'accorde pas assez de place aux ciel et à l'univers. Mais cela vient peu à peu.
@ Michel:
Les solutions ne sont en effet pas évidentes. L'intérêt d'une détection préventive est d'avoir plus de temps pour réagir. La déviation de trajectoire par un objet qui interférerait avec l'astéroïde est très lente. La collision est aléatoire dans son résultat. C'est je projet Don Quijote.
Tout dépend aussi de la taille de l'objet. Mais on a raison d'essayer. Un jour ce sera peut-être utile.
Oublié de dire que ce billet en résume un autre paru dans le numéro de septembre de Ciel & Espace.