Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des salopes à Kafka: le chaos du viol

Trois actus à penser aujourd’hui: les salopes à Genève, une tunisienne violée par des policiers et Horst Arnold. Trois actus liées. La première est la marche des salopes à Genève, avec 200 participantes selon La Tribune de Genève en ligne.

salope,slutwalk,femmes,hommes,féminisme,viol,fausse accusation,horst arnold,loïc sécher,J’entends bien que le mot salope est provocateur. Il faut le prendre au second degré. Toutefois n'aurait-il pas un effet repoussant? Dénoncer le viol est légitime. C’est un crime grave, un chaos dans la vie d’une personne. Mais la provocation est-elle ici opportune? S’habiller de manière à provoquer sexuellement pour stigmatiser le viol est presque une incitation. La médiatisation est assurée. Mais pas le respect.

J’ai déjà dit ce que je pense de l’incident à l’origine des ces marches des salopes et je n’y reviens pas. Je rajoute un chiffre: 112. En 2010 en Suisse il y a eu 112 condamnations pour viol. C’est le seul chiffre sûr (en espérant qu’il n’y ait pas trop d’erreurs judiciaires dans ces condamnations). On entend dire que seul un  viol sur 3 est dénoncé, ou un sur 10. On n’en sait rien. Les enquêtes de victimisation sont contaminées par le discours ambiant qui fait que tout rapport peut potentiellement être perçu comme un viol. Donc 112, chiffre statistique des condamnations en Suisse. Soit 0,3% de toutes les condamnations pour crime ou délit pénal (environ 30'000 par an). Soit 0,0025 % d’hommes condamnés sur près de 4 millions d’habitant mâles (mineurs compris). Une femme a 1 risque sur environ 40’000 de subir un viol dans l’année (mineures comprises). En France ce sont approximativement les mêmes pourcentages, avec environ 1'800 condamnations par année. Soit, heureusement, un crime peu fréquent. Mais toujours de trop, évidemment.

Toujours de trop et c’est pour cette raison qu’il faut le dénoncer. La dénonciation publique oblige à sortir ce crime de l’ombre et c’est une bonne chose. Ainsi pour la tunisienne violée par deux policiers. Manifestations de rue à Tunis, couverture médiatique mondiale: sa souffrance ne sera pas inutile.

Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il n’y a pas eu de manifestation de rue pour Loïc Sécher, innocenté après 7 ans de prison pour une fausse accusation de viol. Pas plus que pour Antonio Medeira, condamné à 12 ans pour une autre fausse accusation. Deux cas parmi beaucoup d’autres où la supposée victime, prise de remords, a reconnu son mensonge. Pas de manifestation non plus pour Horst Arnold, dont la vie a tourné en histoire kafkaïenne du jour au lendemain. Une descente aux enfers.

Ce professeur de biologie allemand a été accusé de viol par une collègue en août 2001. salope,slutwalk,femmes,hommes,féminisme,viol,fausse accusation,horst arnold,loïc sécher,Christophe Bourdoiseau  raconte son histoire dans Le Matin du jour. La prétendue victime était connue pour être mythomane et pour inventer des histoires surréalistes. Sans preuve, sans ADN, sans rapport médical, Horst Arnold avait été condamné à 5 ans de prison. Pourquoi? Parce qu’il est un homme et donc a priori suspect. Le sexisme est partout.

En 2006 la justice rouvre le dossier. En 2011 il est finalement innocenté. Mais, après avoir tout perdu dans le chaos de cette fausse accusation: son travail sa famille, sa réputation, ses amis et sa santé, vivant de l’aide sociale. Il décède d’un infarctus peu après. On saura dans quelques semaines si l’accusatrice passera ou non en jugement. Peu de risques: c’est très rare. Les accusatrices n’étant en général pas inquiétées en cas d’acquittement ou de fausse accusation avérée, c’est comme si l’on doutait de la parole de l’homme même innocenté.

Non, il n’y a personne pour manifester contre ce crime sordide. Crime que je nomme viol moral. Il n’y a pas de salope pour monter en ligne dans la rue et dénoncer l’innommable destruction de la vie d’hommes. Les fausses accusations ne sont pas rares et les cas remplissent de plus en plus les faits divers. Le seul tort de ces victimes est d’être des hommes dans une société qui ne respecte plus le sexe masculin.


J’ai écrit en 2006 un livre sur l’expérience d’une fausse accusation. J’ai vu l’autre sexisme, l’autre féminisme. J’en témoigne. Ce livre qui n’a pas eu d’audience tant le sujet dérange. Trop en avance pour être accepté. On m’a déjà suggéré de le réécrire pour terminer le témoignage, avec les suites judiciaires, professionnelles et personnelles. J’ai mis en suspens mes autres projets littéraires et ai commencé à le repenser. Ce n’est pas simple de réécrire un livre déjà existant. Je veux en changer plusieurs parties pour l’actualiser et le compléter. J’enlèverai les aspect techniques, chiffrages et autres que l’on peut en partie retrouver dans Féminista: ras-le-bol. La partie témoignage sera enrichie d’un regard critique sur la société actuelle, regard qu’une telle épreuve, qu’une expérience si unique, appelle nécessairement. Si tout va bien ce sera pour 2013.

Catégories : société 6 commentaires

Commentaires

  • donc il ne faut, içi aussi, que voir les yeux ?

    Quelles regles sur la provo ?

    un peu d'evolution les vieux !

  • @T-Rex

    Faut toujours qu'il y ait des réactionnaires à deux balles qui ne comprenant pas la forme de l'article se permettent de la ramener inutilement

    Sinon revenons à l'article :
    "On entend dire que seul un viol sur 3 est dénoncé, ou un sur 10. On n’en sait rien. "
    Quid des rackets, meurtres, et autres crimes plus ou moins odieux ?

  • "Le seul tort de ces victimes est d’être des hommes dans une société qui ne respecte plus le sexe masculin."

    Et qui paradoxalement pousse les femmes à adopter un comportement en étant digne.

  • "Le seul tort de ces victimes est d’être des hommes dans une société qui ne respecte plus le sexe masculin."

    Et paradoxalement qui pousse lesfemmes à avoir une attitude et une mode de vie masculine

  • Pourquoi avoir effacé mes commentairs ?

  • La provo n'est pas un mode de communication nouveau. Je pense aux dadaïstes, aux surréalistes, aux hippies, aux situationnistes, etc. Ce n'est pas une question d'évolution. Je trouve que ces slutwalk ressemblent surtout à ces rassemblements punk.

Les commentaires sont fermés.