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Constitution: les affiches de la campagne (3)

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Exemple d’une série d’affiches déclinées par le PDC et le PLR. Plusieurs extraits du projet de Constitution sont cités et présentés comme des éléments nouveaux. Visuellement l’affiche ne paie pas de mine: mise en page à l’esthétique très formelle ressemblant à un extrait du Code civil, beaucoup d’espace vide (mais ce qui manque attire), pas d’accroche réellement percutante. Pourtant cette affiche fonctionne bien et le graphisme est en réalité très étudié.

La première raison est qu’il suffit d’en voir deux ou trois pour constater que le texte change. Cela aiguise la curiosité et donne envie de lire à chaque fois. Par cette répétition elle est dotée d’un pouvoir de contact supérieur aux autres. Ensuite le mot «nouveauté» rajoute l’envie de lire pour savoir ce qui change et les raisons d’avoir lancé cette consultation. Le placard jaune, outre qu’il rappelle les couleurs genevoises, attire l’oeil avec mesure. L’ensemble minimaliste intrigue. Enfin l’extrait de Constitution est à chaque fois en caractères plus grands que le reste et rajoute à l’envie de lire. Cette série est probablement la plus pédagogique de l’ensemble et c’est sa force. Elle ouvre un débat. Le citoyen peut se sentir concerné et faire sa propre opinion.





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Ici on est en plein drame post-apocalyptique. Mad Max n’est pas loin. On pourrait aussi entendre Johnny chanter «Noir c’est noir». Le trait est forcé, caricatural. C'est une provocation. En effet le petit gibier ne saigne jamais autant, les arbres n’ont pas perdu branches et feuilles et le ciel comme les villes ne sont pas si sombres. Il fallait une dose de pathos, on l’a! Elle est faite pour toucher les enfants, qui vont tenter de faire fléchir leurs parents: «Papa, Maman, pour la nature et les animaux votez non s’il vous plaît!» Cette simplicité excessive (seulement 2 couleurs, plus le fond blanc) a son charme et son public. On dirait un tableau d’hiver d’un peintre du nord. Affiche visuellement accrocheuse mais repoussante. Elle risque de provoquer le refus du message plus que le refus de la Constitution. Trop de message négatif nuit au message, en particulier sur une affiche où l'on ne développe pas ni ne nuance le propos.



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L’autre affiche des défenseurs des animaux est radicalement différente. Rien de spécial à dire sur le texte. Graphisme assez classique, pas d’originalité visuelle. Ce qui frappe ici est la photo des chasseurs visant un vol de perdrix. On veut dénoncer la chasse. Problème: la photo est terriblement sympathique. Teintes chaleureuses, soleil d’automne, paysage paisible, fraternité des hommes, et pas un seul animal blessé, tombant ou à terre! On ne voit ni mort, ni sang et l’on ne ressent pas de danger. Sans les fusils on irait bien se promener avec eux. Et les fusils étant très petits sur l'image, ils ne provoquent pas le choc souhaité. La photo donne plutôt envie. Affiche contradictoire: le message négatif s'accouple à une image positive.






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L’élément percutant ici est l’escargot, cet immense escargot en train de sortir de l’affiche. Les images style BD sont souvent attractives. Elles sont très accessibles car simples à comprendre, elles appellent l’enfant en nous - et l’enfant ne s’oppose en général pas aux messages visuels. Les dessins de ce style visent donc à faire admettre le message par l’émotion ou par une disponibilité sans esprit critique (pas d'opposition) et en inhibant la réflexion. Cela peut marcher sur quelques personnes déjà vaguement acquises, mais je doute de l'efficacité d'une telle affiche.

Ici l’escargot suit immédiatement le mot «rétrograde». Quel lien? Le gastropode n’avance pourtant pas à reculons. Il inspire la lenteur plus que le recul. L’image n’est pas cohérente avec le texte. Pour le reste la couleur est déprimante. Elle rappelle vaguement le fuchsia féministe (et ne me demandez pas pourquoi elles ne veulent plus voir les petites filles en rose quand elles-mêmes ont choisi cette variante de pourpre!), mais en plus grise. La police d’écriture est vieux style. Une affiche un peu bricolée au graphisme passéiste. Autre chose. Les opposants se sont donné le mot: «rétrograde». Il fait partie de la collection des mots clivés, comme réactionnaire ou progressiste, qui laisseraient entendre que le progrès est toujours bon et que le passé est mauvais. Etonnant de constater que ce langage existe encore, alors que les écologistes disent que le progrès irréfléchi a été destructeur et que la gauche, anciennement progressiste, est devenue conservatrice. La réalité s'est inversée par rapport à ces mots, qui du coup perdent le pouvoir magique que l'on attend d'eux. Ce genre de mot est un procès d’intention, pas un argument. Un automatisme intellectuel. On n’a rien dit quand on a dit rétrograde. A bannir donc si l’on veut être crédible.




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Une dernière pour aujourd’hui. J’ai failli éclater de rire en la découvrant. Au moins elle est amusante. Toxique! Voilà bien un mot très excessif, et inapproprié pour désigner un texte constitutionnel. Avec une redondance: le mot «toxique» plus le symbole de la tête de mort, auquel on a rajouté une deuxième fois le mot toxique. Si vous n’avez toujours pas compris...

Redondance, couleurs, graphisme centré, message excessif, pas d’argument, seulement de l’émotion jetée à la figure: on retrouve une certaine familiarité avec les affiches du MCG ou de l’UDC. Affiche coup de poing style «Je ne pense pas mais je gueule». Si éloignée des qualificatifs possibles pour un texte de ce genre qu’elle risque de produire l’effet contraire. Son seul véritable atout à mes yeux: provoquer le rire par l’excès manifeste.



A suivre.

Catégories : Politique 0 commentaire

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